Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas

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Tempête. Deux novellas: краткое содержание, описание и аннотация

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines.
J. M. G. Le Clézio

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Pendant des semaines, Bibi et moi avons joué à la marchande. De fait, les gens venaient du voisinage, ou bien des créanciers, pour se servir, et c’était moi que Monsieur Badou avait chargée de vendre. Je discutais les prix, je tenais tête, et je gardais l’argent en billets, en cedis ghanéens, en francs CFA ou même en dollars, enroulés dans des élastiques, que je cachais dans le lit de Bibi, et chaque soir nous faisions les comptes et nous apportions la recette à Monsieur Badou, très cérémonieusement, nous étions ses vraies vendeuses, ses trésorières. Bizarrement, maintenant que nous étions ruinés, tout allait mieux dans cette famille. Il n’y avait plus de disputes dans la chambre des parents, ni de pleurnicheries. Moi je dormais sous la moustiquaire avec Bibi, dans le même lit, comme autrefois quand elle était petite et qu’elle avait peur du noir.

Après, ç’a été la débandade.

Je me souviens de cet été-là, il pleuvait tous les après-midi. J’ai compris que le départ était proche quand les visites se sont succédé à la maison, les amis des Badou, les vagues parents, une tante Alma qui était missionnaire au Cameroun, des cousins venus de France, toutes sortes de gens que nous n’avions jamais vus auparavant. Et tous ces gens emportaient quelque chose, même un huissier venu faire l’inventaire qui était reparti avec une collection de petites cuillers en argent appartenant à Chenaz. L’école était fermée, nous étions toujours dans leurs jambes, Bibi et moi, nous les surveillions, plusieurs fois nous nous sommes accrochées aux meubles, aux objets, pour qu’ils ne partent pas trop vite. Bibi a sauvé ses poupées à tête de porcelaine qui avaient appartenu à sa grand-mère, et moi j’ai récupéré un jeu d’échecs, même si je ne savais pas jouer à ce jeu, j’aimais bien les cavaliers en bois d’ébène, et l’échiquier en marqueterie, je l’ai caché sous le lit de Bibi, pour que Madame Badou ne le reprenne pas.

Et puis à cette époque arrivaient les rumeurs de guerre en Côte d’Ivoire, les rebelles, Gbagbo en prison, les chrétiens contre les musulmans, il paraît qu’on évacuait les étrangers vers les autres pays, au Burkina Faso, en Guinée, et même au Maroc, les lycées français accueillaient les enfants étrangers. J’ai pensé qu’un jour il faudrait prendre ses valises et s’en aller comme des voleurs. Comme des mendiants. Où est-ce qu’on irait ? Tous ces pays africains, ça n’était pas pour nous. Est-ce que dans ces pays-là on accueille les mendiants ?

Juste avant les vacances, on en avait parlé à la Nativité. Les filles, Wendy, Lizbeth, Françoise Gélin, Mireille Forester, Cécile, les jumelles Audrey et Alix Perl, Zohra Wengé, Dinah, Aïcha Ben Kassem, Melanie Chan Tam Chan, et les garçons du lycée international, Ramón, Simon d’Avrincourt, et Jackie le métis aux jolis yeux clairs, nous avons promis de nous retrouver quoi qu’il advienne, de nous écrire, même si nous savions que c’était un mensonge, que nous ne nous reverrions sans doute jamais.

Avec Bibi, nous sommes allées nous promener dans la ville basse, pour voir les arbres et les chauves-souris pendues aux branches. L’eau de la lagune était trouble à cause de la pluie, les routes étaient encombrées de voitures et de camions, de charrettes à bras. On aurait dit que tout le monde déménageait, peut-être que la guerre arrivait et que tous les étrangers allaient partir pour l’autre bout du monde. C’était le père de Jackie qui conduisait la voiture, une sorte de gros quatre-quatre blanc avec le symbole des Nations unies peint sur la portière. Le père de Jackie travaillait dans les bureaux, il allait bientôt repartir pour le Congo. J’aimais bien Jackie, un peu avant les vacances il m’avait invitée à sa fête d’anniversaire, nous avions fumé de la beu en cachette sur le toit de la maison, et puis on s’était embrassés, c’était la première fois qu’un garçon mettait sa langue dans ma bouche. Je l’aimais bien parce que lui non plus n’avait pas de mère, elle était partie quand il avait six ans, mais je ne lui ai pas parlé de moi. Je crois qu’à ce moment j’avais une très grande hâte de partir, d’en finir avec l’Afrique, pour commencer une vie nouvelle en France, en Belgique ou n’importe où.

Nous avons franchi la frontière en octobre, c’était un tourbillon, la queue des Africains à six heures du matin sur le tarmac de Roissy, le vent froid déjà, les nuages, la pluie fine qu’on ne voit pas tomber, la policière en uniforme qui bâille en regardant les papiers, pourquoi est-ce que je n’ai pas de passeport, seulement un certificat de naissance écrit en anglais, un carnet de vaccination et des bulletins scolaires de l’école des sœurs, une attestation de perte de document et une autre de demande de passeport, et les Badou avec leurs passeports français tout neufs, et la foule qui pousse, qui veut entrer, puis qui monte le long corridor, Bibi et moi avec nos sacs à dos bourrés de colifichets, de photos-souvenirs, et les bagages qu’il faut traîner, le taxi qui nous emmène sur les autoroutes, les lumières des voitures encore allumées, les essuie-glaces qui balaient la pluie. Bibi s’est endormie sur mon épaule, la bouche ouverte, une mèche de cheveux blonds collée sur sa joue comme quand elle était toute petite.

Malraux, Disney, au Kremlin-Bicêtre, c’était notre nouveau monde. Un endroit bizarre, à moitié accroché à un tertre, des immeubles alentour, des rues qui ont l’air d’aller nulle part, sauf l’autoroute avec son bruit de fleuve en crue, et le grand cimetière de l’autre côté. Au début Bibi et moi nous nous bouchions le nez quand nous passions par là, on faisait ça autrefois devant le cimetière sur la route de l’école à Takoradi. Et puis tous ces gens, dans le métro, dans les bus, à pied dans les rues, ces gens qui ne s’arrêtaient jamais. Très vite on a appris qu’il fallait effacer le passé. Pour moi c’était facile, parce que ça faisait longtemps que je n’avais plus de vie. Tout ça là-bas était frappé d’irréalité. Mais pour Abigaïl (elle ne voulait plus que je l’appelle Bibi) c’était presque insurmontable. Quand elle revenait du collège du 14-Juillet, elle s’enfermait dans sa chambre avec ses poupées, ses photos, avec les magazines de mode que Chenaz ramenait du boulot, car la Madame Badou avait trouvé à travailler comme secrétaire chez un dentiste de la rue Friant, qui était aussi son amant. Monsieur Badou, lui, n’avait plus sa place parmi nous. Après un passage par Paris il était allé vivre en Belgique, il était devenu factotum dans un restaurant populaire au bord de la mer du Nord. Il avait bien essayé de reprendre Bibi, mais Chenaz n’avait pas voulu, elle avait fait une croix sur leur histoire commune, elle avait même demandé le divorce. Tout ça pour moi n’avait pas beaucoup d’importance. C’étaient les trucs et les machins des adultes, qui ne se soucient que d’eux-mêmes. Mais celle qui m’attristait, c’était Bibi, parce que je voyais bien qu’elle ne s’en remettait pas. Je restais avec elle après l’école, je la regardais tourner les pages des magazines ou bien tresser les cheveux de ses poupées comme si elle avait encore dix ans. On parlait un peu, on faisait semblant d’être encore là-bas, dans la maison blanche, avec le jardin et la guenon Chuchi, la chienne Zaza, le chien-loup et les oiseaux, et que ça devait durer toujours. Un jour on se réveillerait, et tout serait comme avant.

Elle s’endormait dans mes bras, je caressais ses cheveux soyeux. Je lui chuchotais des histoires. Dehors, il y avait cette ville que nous ne connaissions pas, ces gens que nous ne connaissions pas. Nous étions dans un rêve où tout était encore possible. Il suffisait de baisser le store, d’allumer la télé, et de laisser le monde s’éteindre.

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