Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Les grands cargos glissent lentement sur les bassins noirs. Ils vont vers la porte du port, ils vont chercher la mer. Lalla s’amuse à les suivre en courant le long des quais, le plus loin qu’elle peut. Elle ne peut pas lire leurs noms, mais elle regarde leurs drapeaux, elle regarde les taches de rouille sur leurs coques, et leurs gros mâts de charge repliés comme des antennes, et leurs cheminées sur lesquelles il y a des dessins d’étoiles, de croix, de carrés, de soleils. Devant les cargos, le bateau pilote avance en se dandinant comme un insecte, et quand les cargos entrent dans la haute mer, ils font marcher leur sirène, juste une fois ou deux, comme cela, pour dire au revoir.

L’eau du port est belle aussi, et Lalla s’installe souvent, le dos contre un bollard, les jambes pendant au-dessus de l’eau. Elle regarde les taches de pétrole irisées qui font et défont leurs nuages, et toutes les choses bizarres qui dérivent à la surface, les bouteilles de bière, les peaux d’orange, les sacs de plastique, les bouts de bois et de corde, et cette sorte de mousse brune qui vient on ne sait d’où, qui s’effile comme une bave le long des quais. Quand un bateau passe, il y a le clapotis de son sillage qui avance en s’écartant, en cognant contre les quais. Le vent souffle de temps en temps très fort, fait des rides sur les bassins, des frissons, trouble les reflets des cargos.

Certains jours d’hiver, quand il y a beaucoup de soleil, Radicz le mendiant vient voir Lalla. Il marche lentement le long des quais, mais Lalla le reconnaît de loin, elle sort de sa cachette entre les bâches et elle siffle entre ses doigts, comme autrefois les bergers dans le pays du Hartani. Le garçon arrive en courant, il s’assoit à côté d’elle au bord du quai, et ils restent un moment sans rien dire, à regarder l’eau du port.

Puis le jeune garçon montre à Lalla quelque chose qu’elle n’avait jamais remarqué : à la surface de l’eau noire, il y a de petites explosions silencieuses qui font des ondes. D’abord Lalla regarde en l’air, parce qu’elle croit que ce sont des gouttes de pluie. Mais le ciel est bleu. Alors, elle comprend : ce sont des bulles qui viennent du fond, et qui éclatent à la surface de l’eau. Ensemble ils s’amusent à regarder les explosions des bulles :

« Là ! Là !… Encore, encore ! »

« Là, regarde ! »

« Et là !… »

D’où viennent ces bulles ? Radicz dit que ce sont les poissons qui respirent, mais Lalla pense que ce sont plutôt les plantes, et elle pense à ces herbes mystérieuses qui bougent lentement au fond du port.

Après cela, Radicz sort sa boîte d’allumettes. Il dit que c’est pour fumer, mais en réalité ce n’est pas fumer qu’il aime ; ce qui lui plaît, c’est brûler les allumettes. Quand il a un peu d’argent à lui, Radicz va dans un bureau de tabac et il achète une grosse boîte d’allumettes, sur laquelle on voit une gitane qui danse. Il va s’asseoir dans un coin tranquille, et il gratte ses allumettes, l’une après l’autre. Il fait ça très vite, juste pour le plaisir de voir la petite tête rouge qui s’embrase en faisant son bruit de fusée, et ensuite la belle flamme orange qui danse au bout du petit bâton de bois, à l’abri dans le creux de ses mains.

Sur le port, il y a beaucoup de vent, et Lalla doit faire comme une tente en écartant les pans de son manteau, et elle sent la chaleur âcre du phosphore qui pique ses narines. Chaque fois que Radicz craque une allumette, tous les deux ils rient très fort, et ils essaient de prendre le petit bout de bois à tour de rôle. Radicz montre à Lalla comment on fait brûler toute l’allumette, en léchant le bout de ses doigts et en prenant le bout carbonisé. Ça fait un petit chuintement quand Lalla prend l’allumette par le charbon encore rouge, et ça brûle son pouce et son index, mais ça n’est pas une brûlure désagréable ; elle regarde la flamme qui dévore toute l’allumette, et le charbon qui se tord comme s’il était vivant.

Ensuite ils fument, une cigarette pour deux, le dos appuyé contre la bâche bleue, et le regard dans le vague, du côté de l’eau sombre du port et du ciel couleur de poussière de ciment.

« Tu as quel âge ? » demande Radicz.

« Dix-sept ans, mais j’aurai bientôt dix-huit », dit Lalla.

« Moi je vais avoir quatorze ans le mois prochain », dit Radicz.

Il réfléchit un peu, les sourcils froncés.

« Tu as déjà… couché avec un homme ? »

Lalla est surprise par la question.

« Non, enfin oui, pourquoi ? »

Radicz est tellement préoccupé qu’il en oublie de donner la cigarette à Lalla ; il tire bouffée sur bouffée, sans avaler la fumée.

« Moi je n’ai pas fait ça », dit-il.

« Pas fait quoi ? »

« Je n’ai pas couché avec une femme. »

« Tu es trop jeune. »

« Ce n’est pas vrai ! » dit Radicz. Il s’énerve et bégaie un peu. « Ce n’est pas vrai ! Moi, mes amis ils ont tous fait ça, et il y en a même qui ont une femme à eux, et ils se moquent de moi, ils disent que je suis pédé, parce que je n’ai pas de femme. »

Il réfléchit encore, en fumant sa cigarette.

« Mais ça m’est égal ce qu’ils disent. Moi je crois que ça n’est pas bien de coucher avec une femme, comme ça, juste pour — pour faire le malin, pour rigoler. C’est comme les cigarettes. Tu sais, je ne fume jamais devant les autres, là-bas, à l’hôtel, alors ils croient que je n’ai jamais fumé et ça les fait rigoler aussi. Mais c’est parce qu’ils ne savent pas, mais moi, ça m’est égal, je préfère qu’ils ne sachent pas. »

Maintenant il donne à nouveau la cigarette à Lalla. Le mégot est presque entièrement consumé. Lalla prend juste une bouffée, puis elle l’écrase par terre, sur le quai.

« Tu sais que je vais avoir un bébé ? »

Elle ne sait pas bien pourquoi elle a dit cela à Radicz. Lui la regarde un bon moment sans rien répondre. Il y a quelque chose de sombre dans ses yeux, mais tout d’un coup, cela s’éclaire.

« C’est bien », dit-il sérieusement. « C’est bien, je suis bien content. »

Il est si content qu’il ne peut plus rester assis. Il se lève. Il marche devant l’eau, puis il revient vers Lalla.

« Tu viendras me voir là-bas, là où j’habite ? »

« Si tu veux », dit Lalla.

« Tu sais, c’est loin, il faut prendre l’autocar, et puis marcher longtemps, vers les réservoirs. Quand tu voudras, on ira ensemble, parce qu’autrement tu te perdrais. »

Il s’en va en courant. Le soleil est descendu maintenant il n’est plus très loin de la ligne des grands immeubles qu’on voit à l’autre bout des quais. Les cargos sont toujours immobiles, pareils à de grandes falaises rouillées, et les vols des mouettes passent devant eux lentement, dansent au-dessus des mâts.

Il y a des jours où Lalla entend les bruits de la peur. Elle ne sait pas bien ce que c’est, comme des coups lourds frappés sur des plaques de tôle, et aussi une rumeur sourde qui ne vient pas par les oreilles, mais par la plante des pieds et qui résonne à l’intérieur de son corps. C’est la solitude, peut-être, et la faim aussi, la faim de douceur, de lumière, de chansons, la faim de tout.

Dès qu’elle franchit la porte de l’hôtel Sainte-Blanche, après avoir fini son travail, Lalla sent la lumière trop claire du ciel qui tombe sur elle, qui la fait trébucher. Elle enfonce le plus qu’elle peut sa tête dans le col de son manteau marron, elle couvre ses cheveux jusqu’aux sourcils avec le foulard gris d’Aamma, mais la blancheur du ciel l’atteint toujours, et aussi le vide des rues. C’est comme une nausée, qui monte du centre de son ventre, qui vient dans sa gorge, qui emplit sa bouche d’amertume. Lalla s’assoit vite, n’importe où, sans chercher à comprendre, sans se soucier des gens qui la regardent, parce qu’elle a peur de s’évanouir encore une fois. Elle résiste de toutes ses forces, elle essaie de calmer les battements de son cœur, les mouvements de ses entrailles. Elle met ses deux mains sur son ventre, pour que la chaleur douce de ses paumes traverse sa robe, entre en elle, jusqu’à l’enfant. C’est comme cela qu’elle se soignait autrefois, quand venaient les terribles douleurs, au bas de son ventre, comme une bête qui rongeait par l’intérieur. Puis elle se berce un peu, d’avant en arrière, comme cela, assise sur le rebord du trottoir à côté des autos arrêtées.

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