Alexandre Jardin - L'île des gauchers

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Dans un archipel du Pacific Sud, ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite peu de droitiers. Cette minuscule société fondée par des utopistes français en 1885, s'est donnée pour but de répondre à une question d'importance: comment fait-on pour aimer? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. Voilà ce que vient chercher dans l'île des Gauchers lord Jeremy Cigogne. À trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux...

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C'est ainsi qu'elle avait fait la connaissance d'une libraire enjouée qui l'avait initiée à l'art de fréquenter les romans, avec passion, désinvolture et sans craindre de sauter parfois quelques chapitres rasoirs ; cela n'avait rien à voir avec la vertueuse obligation de lire les ouvrages comme il faut de sa prime jeunesse. Charlotte s'était également laissé entraîner par un couple de musiciens avec qui, depuis, elle découvrait la vitalité du jazz américain, cette trépidation qui la transportait et l'affranchissait de sa retenue. Elle s'était même mise à la trompette bouchée, elle, la fille de bourgeois catholiques pour qui la musique était affaire de liturgie ! Bref, quand elle s'habillait de blanc, Charlotte avait le sentiment de se remettre dans le cours de sa vie, de laisser respirer en elle la délurée imprévisible, cette toupie qui était peut-être sa part la plus authentique, la moins gauchie par les rigidités de son éducation lilloise.

Plus Jeremy l'écoutait, plus il sentait que cette jeune femme éveillait chez lui une énergie assoupie, un entrain qui le faisait renouer avec sa sauvagerie primitive, ce goût inné pour la liberté que lui avait légué son grand-père lord Philby, l'ex-homme-singe. La semi-clandestinité de cette conversation l'aidait à rompre avec le personnage amidonné qu'il jouait dans sa vie officielle d'époux, de médecin, de chairman de la Royal Geographical Society ; ses raideurs d'Anglais se dissipaient. Il se surprit même à rire d'un rire débraillé, presque un hennissement de jubilation et, alors qu'en public il se gouvernait toujours, il s'abandonna, parla sans la contrainte de bon goût qu'il s'imposait ordinairement, en oubliant le caractère singulier qu'il s'était forgé pendant ses quatorze années d'exil. Il se risqua même à être banal dans ses propos ; ce qu'il ne se permettait jamais vraiment. Lord Cigogne se maintenait dans une exigence permanente, se surveillait à chaque instant, comme s'il eût craint constamment d'écorner plus encore l'image abîmée qu'il se faisait de sa personne. Mais là, porté par le plaisir qu'il avait à être avec cette étourdie grisante un jour blanc, Jeremy quitta par degrés la distance qu'il maintenait habituellement avec ses interlocuteurs ; il avait toujours redouté une empathie excessive et craignait par-dessus tout d'être submergé par le monde des autres. Charlotte l'aida à sortir de ses gonds par ses remarques ironiques sur son excessif self-control ; ses moqueries affectueuses faisaient mouche. Elle y allait sans manières, avec une drôlerie qui ne cessait de le déconcerter, de l'amuser. En face d'elle, il se découvrait différent, dans une vérité qui le surprenait.

Cigogne regardait cette femme avec un trouble dont il ne se croyait plus susceptible pour une autre que la sienne ; jamais il n'avait eu jusque-là le cœur de commettre une infidélité. Certes, il aimait Emily avec feu ; mais cette Charlotte mettait tout son être, sans oublier ses sens, dans un désordre exquis. Elle se plaisait à lui plaire, le considérait avec cette gourmandise charmante qu'ont les femmes qui raffolent des hommes, qui savent leur faire sentir leur virilité par des riens, des nuances de regards, une façon d'être qui grise. Ses sourires l'entretenaient dans un égarement qui, à chaque seconde, aggravait son embarras.

En Cigogne se livrait un émouvant combat entre le penchant qui l'occupait et sa trouille de découvrir avec Charlotte une émotion essentielle, une liberté dont il ne pourrait plus se passer. Mais déjà il savait qu'il ne dépendait plus que des circonstances. S'il avait encore la volonté de différer, il n'avait plus celle de se dérober ; car il pressentait que cette liaison qui se dessinait était porteuse d'illuminations, d'explosions intérieures qu'il ne devait pas éviter, s'il ne voulait pas s'éviter lui-même tout au long de sa vie. Jeremy flairait confusément que le côté officiel de son mariage lui interdisait l'accès à la partie clandestine de sa nature ; seule la plongée dans une histoire illégale lui donnerait le loisir de rencontrer l'envers de son caractère de façade. L'adultère relevait soudain dans son esprit du rite initiatique, du passage obligé ; et Charlotte lui semblait être celle qui saurait le dévoiler à ses propres yeux. De toute évidence, ce rôle n'avait pas l'air de la chagriner, ni de contrarier ses sens.

- Si nous allions prendre un bain de minuit ? lança-t-elle soudain.

Il était minuit moins cinq ; le Carême gaucher touchait à sa fin.

- Oui, ail right..., s'entendit-il murmurer.

Ce n'était pas lord Cigogne qui venait de répondre mais cette partie ombreuse qu'il dissimulait dans son cœur et qui ne demandait qu'à vivre. Peu porté sur les retardements, son corps préférait des remords futurs aux regrets d'avoir laissé échapper cette occasion, ce rendez-vous avec lui-même, et avec ses instincts. Sans parler, ils quittèrent le café Colette déserté par les clients gauchers, à l'approche du changement de date. Quand ils montèrent dans sa voiture, ils n'avaient toujours pas frotté leurs minois ; ils avaient même maintenu entre eux une distance qui disait soudain leur gêne, leur timidité maladroite. Sous la capote du tilbury, Cigogne voulut hâter la manœuvre, lui embrasser un peu les lèvres ; elle eut un mouvement de recul et, soudain, lui assena une réplique qui le glaça :

- Mais... qu'est-ce qui vous arrive ? Pour qui me prenez-vous ?

- I beg your pardon, fit-il en réintégrant illico sa raideur britannique.

Alors Charlotte partit dans un fou rire et, sans justifier sa plaisanterie, le bascula en arrière pour mieux l'enfourcher. Un cri échappa à Cigogne ; le cheval se mit en route, au petit trot, et engagea le tilbury dans l'avenue Musset, déserte. Minuit sonna. Effrayé par les cloches de l'hôtel de ville qui sonnaient à tout va le terme du Carême, le cheval détala au galop et remonta l'avenue. Les mains de Jeremy n'étaient déjà plus disponibles pour le guider.

L'étalon s'élança dans un embarquement qui faillit les faire chavirer tout à fait, ralentit son allure afin de mieux maîtriser sa puissance, écuma sans faiblir, et galopa longtemps, longtemps, en prenant des chemins délicieux, inconnus de Cigogne et de Charlotte ; puis il ralentit sa cadence, marcha au pas, s'ébroua, avant de repartir le nez au vent, à nouveau fringant, comme fouetté par la fraîcheur nocturne, dans une nuit sans fin, grisé par cette liberté qu'il prenait, et dont il jouissait sans trop s'essouffler, loin de sa routine. Une ruade, un coup de cul marquèrent sa joie de vivre, enfouie, qui émergeait, l'emballait tout à coup, puis il tempéra son ardeur et revint à une allure plus paisible. Il était fourbu, sur une petite route qui longeait le rivage de la côte nord, mouillé par son effort, heureux d'avoir goûté cette liberté de yearling.

Charlotte avait lu Flaubert ; cette course lui en rappela une autre, dans une ville normande. Laquelle préféra-t-elle, la sienne ou celle de la Bovary ?

16

Le lendemain, lord Cigogne se réveilla chez lui dans une émotion vive où se mêlaient une exaltation frénétique et une anxiété extrême. Ce qu'il redoutait était bien arrivé : il se sentait plus vivant qu'il ne l'avait jamais été, dans une révolution intérieure qui le poussait soudain à réinventer radicalement son existence ; et cela grâce à Charlotte, cette jeune femme qui avait affranchi l'homme révolté et joyeux qui piétinait en lui, cet insoumis qui ne rêvait que d'imprudences vivifiantes, de liquider tout ce qui bridait sa liberté toute neuve.

Que tout cela fût né d'une autre femme que la sienne l'affolait. Un événement considérable, magnifique, s'était produit dans son existence et, pour la première fois, son Emily ne pouvait y être mêlée. Dans sa naïveté, il eut aimé l'associer à cette manière de révélation ; bien qu'il sût la chose impossible. Cigogne ne voyait pas comment rallonger la sauce de son mariage avec l'énergie qu'il s'était découverte dans l'adultère. Lucide, il convenait avec désespoir que cette réoxygénation de l'être ne pouvait se produire que dans une liaison parallèle. Il avait beau raffoler de l'esprit de son Emily, elle n'était plus celle qui réveillait sa vitalité. Il avait désormais un besoin essentiel de refaire l'amour avec Charlotte, d'entretenir avec et par elle son feu sacré, sa nouvelle rage.

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