Alexandre Jardin - L'île des gauchers

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Dans un archipel du Pacific Sud, ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite peu de droitiers. Cette minuscule société fondée par des utopistes français en 1885, s'est donnée pour but de répondre à une question d'importance: comment fait-on pour aimer? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. Voilà ce que vient chercher dans l'île des Gauchers lord Jeremy Cigogne. À trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux...

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- Puis-je ajouter une chose ? demanda-t-il.

- Faites.

- Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je souhaiterais préparer dès à présent le Christmas Pudding pour Noël prochain. Je le préfère rassis, voyez-vous... enfin, c'est affaire de goût ! N'est-ce pas ?

Refroidie, Emily opina du bonnet et retourna sur ses pas. Après tout, ce que venait de dire Algernon était vrai. Accepter que l'autre usât de sa liberté ne relevait pas nécessairement de la complaisance et, peut-être y avait-il même quelque chose de sublime dans cette attitude, un nouvel amour à trouver en elle, qui se soucierait moins de rafler de la tendresse que d'en donner. Confusément, elle sentit que cette épreuve pouvait l'élever, la conduire vers un progrès si elle parvenait à se défaire de sa rage. Il fallait qu'elle eût besoin de Cigogne parce qu'elle l'aimait et non qu'elle l'aimât parce qu'elle avait besoin de lui. Il y avait là une conversion nécessaire à opérer, sous peine de mal aimer perpétuellement.

- Mum, tu me mets au lit ? lui demanda Ernest en glissant sa petite main dans la sienne.

Elle prit son petit dernier dans ses bras en songeant que cet amour nouveau était également bon pour ses enfants, pour tous ceux qui partageaient les élans de son cœur ; et soudain, alors qu'elle revenait vers leur demeure, Emily éprouva comme un soulagement, une détente profonde en aimant son fils, et au-delà son mari, de cet amour gratuit qui ne fait pas commerce des sentiments, qui ne pose pas de conditions, qui est la seule vraie jouissance faramineuse sur cette terre. Dans son émotion, elle sentit clairement que l'amour n'est pas constitué par l'objet sur lequel il se porte mais par ce talent qu'a le cœur de se remplir en se donnant ; oui, c'était cela qu'elle éprouvait, très exactement : plus elle aimait Cigogne tel qu'il était, et non tel qu'elle eût voulu qu'il fût pour la rassurer, plus elle était pleine de vie, de paix, de tendresse passionnée pour lui, mais aussi pour tous ses prochains, et pour cette nature australe qui l'environnait. En aimant ainsi, Emily avait le sentiment de se relier au monde, et à elle-même, dans un plaisir exorbitant. Peut-être était-ce cela que les jours blancs devaient faire découvrir à ceux qui continuaient à porter des vêtements de couleur.

- Mummy, pourquoi tu pleures ?

- Je t'aime, mon chéri...

- Moi je m'aime que tu m'aimes... Mais il est où, daddy ?

15

Lord Cigogne entra dans Port-Espérance à la tombée de la nuit ; les réverbères de la cité pionnière s'allumaient un à un. Le long de l'avenue Musset il y avait du monde, des chapeaux australiens avec des Gauchers en dessous qui se prélassaient aux terrasses des grands cafés élégants. Des cavaliers défilaient, des stockmen de l'intérieur des terres, des chariots aussi, une cohue de carrioles. On eût dit une population de western éprise de galanterie française, placée par erreur dans un décor colonial d'Océanie. On sentait dans l'air tiède une expectative, une tension qui n'était plus celle du Carême gaucher, faite de légèreté, de cajoleries piquantes, de sensualité badine ; cette soirée était la dernière avant que l'interdit ne fût levé. Encore quelques heures et les corps seraient à nouveau libres de retrouver une intimité sensuelle, de fêter leurs retrouvailles.

Cigogne laissa son tilbury dans une rue adjacente à l'avenue Musset et, avec le sentiment d'être libre, descendit la grande artère, au milieu des robes, des épaules nues des femmes, des couples qui promenaient leur insouciance. Que Jeremy fût vêtu de blanc ne passait pas inaperçu ; deux femmes croisèrent son regard. L'une baissa les yeux pour les mieux relever avec cet air de trouble fugitif qui signifie qu'on vous a distingué. L'autre s'essaya à lui sourire, par en dessous ; mais ces échanges furent moins marqués que pendant le Carême. Le temps n'était plus aux joutes désinvoltes ; minuit approchait.

Jeremy n'avait pas le cœur à plaire, pas plus qu'à déplaire. Il goûtait simplement le plaisir qu'il y a à se sentir affranchi des mille obligations qui ligotent un homme de trente-huit ans, à barboter dans cet état où tout était possible, comme à vingt ans ; mais le fait de ne les plus avoir lui faisait apprécier davantage encore l'illusion de cette liberté. En se baladant en blanc, il avait l'impression de faire à nouveau rouler les dés de son sort. Tout pouvait arriver. Un signe du destin suffirait à faire de lui un chercheur d'or, un trafiquant de perles ou un voleur de femmes.

La houle des passants le poussa peu à peu vers le café Colette. Assoiffé, il choisit une table, commanda ce qu'il buvait à l'approche de ses vingt ans : du cidre, un grand verre ; quand tout à coup il aperçut la jeune étourdie qui l'avait émoustillé, il y avait peu, à la terrasse de ce même café. Charlotte, puisque tel était son prénom, vagabondait d'un pas léger sur l'avenue, vêtue de blanc elle aussi. Son corset finement cousu soutenait d'honnêtes appas ; ses bras et ses épaules étaient nus, suffisamment pour faire désirer de voir le reste de sa peau. À son tour, elle prit conscience qu'elle avait été vue. Un instant elle hésita et, soudain, se dirigea droit vers lui ! Vaguement inquiet, Cigogne se cala au fond de son fauteuil. La beauté spectaculaire de certaines femmes l'avait toujours jeté dans un malaise paralysant.

Sans rien demander, elle s'assit à sa table et siffla le reste de son verre de cidre.

- C'est délicieux d'être effrontée, vous ne trouvez pas ?

- Si je vous trouve délicieuse de l'être ? !

- Prenez-le comme vous voudrez, répondit Charlotte en souriant.

Puis elle ajouta :

- Ordinairement, je me tiens dans une certaine réserve. Oh, je sais, vous n'allez pas me croire ! Mais c'est vrai. Je ne suis culottée que pendant le Carême, ou lors de mes jours blancs ; et alors là je m'en donne à cœur joie ! Je quitte ma nature timide, d'un coup, vlan ! Je me lâche ; ça fait un bien fou. Vous devriez essayer !

Elle avait la politesse d'être charmante, une physionomie animée et cette grâce qu'on ne rencontre que chez les êtres inachevés et vifs, dans les débuts d'une vie où rien n'est encore barré. La conversation roula sur elle. Cette jeune héritière d'une dynastie industrielle du Nord avait quitté son jus familial deux ans auparavant, sur un coup de tête. Les physiques lugubres des siens l'accablaient, tout comme les bons sentiments qu'on voulait lui voir éprouver. La priait-on de sourire ? C'était pour plaire à des sinistres bien nés qui ne sortaient de leur torpeur digestive, une fois l'an, que pour toucher les coupons de leurs rentes. Les plus réveillés étaient dominés par la passion de l'argent ; toute leur personne allait dans cette direction. Cette exaltation paraissait la seule qu'ils pussent éprouver. Le détachement du réel où elle était dans son grand monde lillois lui avait donné la sensation d'avoir perdu tout contact avec l'univers sensible, celui qui procurait les émotions que sa nature ardente réclamait ; là-bas, elle faisait semblant de vivre dans un vide élégant. Pouponner un jour aux côtés d'un bourgeois prudent et déjà sans prostate lui avait semblé un destin peu enviable. Pour se sauver de l'ennui, elle s'était enfuie en sautant dans le lit d'un Gaucher désireux d'immigrer sur l'île d'Hélène. Loin de ses bases, elle était devenue ambidextre.

Ses jours blancs étaient les grandes vacances qu'elle s'inventait. Quand elle enfilait ses vêtements blancs, Charlotte disait s'autoriser à bousculer ses peurs, à tutoyer les mille appréhensions qui la tenaient habituellement dans une réserve ennuyeuse. Elle osait alors suivre ses impulsions, jouer l'imprudente. Descendre l'avenue Musset devenait une aventure, l'occasion de rencontres qui la conduisaient à découvrir des gens et, au-delà, des univers, des facultés qui sommeillaient en elle.

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