Alexandre Jardin - L'île des gauchers

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Dans un archipel du Pacific Sud, ignoré des géographes, l'île des Gauchers abrite peu de droitiers. Cette minuscule société fondée par des utopistes français en 1885, s'est donnée pour but de répondre à une question d'importance: comment fait-on pour aimer? Sur cette terre australe, le couple a cessé d'être un enfer. Voilà ce que vient chercher dans l'île des Gauchers lord Jeremy Cigogne. À trente-huit ans, cet aristocrate anglais enrage de n'avoir jamais su convertir sa passion pour sa femme Emily en un amour véritable. À trop vouloir demeurer son amant, il n'a pas su devenir son époux...

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- C'est le Carême ! Elles sont intenables, libres, désinvoltes, pendant quarante jours...

C'est ainsi que Jeremy apprit ce qu'était le Carême gaucher et à quel marivaudage il donnait lieu. Pendant quarante jours, les femmes avaient le droit de tenter les hommes sans que ces derniers eussent celui de les culbuter ; mais le jour de Pâques, chacun s'accordait à tenir pour nul et non avenu les regards et les paroles échangés pendant le Carême. Enfin, on s'y efforçait... Cette légèreté de ton se ressentait dans les propos frivoles, les attitudes équivoques qui se multipliaient, à l'abri de cette règle qui écartait la gravité d'un engagement des corps ; tout cela ensorcelait Cigogne, le replongeait dans l'univers badin des salons français du XVIII esiècle, non pas ceux des froids libertins mais ceux de cette société qui pratiquait les choses de l'amour comme on joue au croquet, loin des pesanteurs des passions véritables. Cet air grisant, plus léger que celui qu'il respirait avec Emily, lui donnait les dix-huit ans qu'il n'avait jamais eus.

La jeune étourdie ressortit enfin du magasin, repassa devant lui et lâcha sur la table sa bourse encore pleine ; elle n'avait prélevé que ce qui lui était nécessaire pour acheter le joli foulard noué autour de ses cheveux.

- Merci ! fit-elle en le payant d'un large sourire.

Puis elle ajouta :

- Je m'appelle Charlotte !

Et elle disparut à l'angle de la rue, d'un pas aérien ; sa présence de papillon, libre d'évoluer selon son caprice, flotta un temps dans l'imagination de Cigogne. Sa silhouette frêle se reconstituait dans son esprit comme en songe, attisait les appétits de Jeremy. Ce qu'il fallait pour être heureux, là, en cet instant ! Il était traversé par un goût délicieux car sans conséquences, exempté des complications qui vont avec les amours installées. Charlotte... son nom resta attaché à cette sensation d'ivresse.

Cigogne expédia ses quelques clients, leur prescrivit des pages d'auteurs nocifs à haute dose, comme Montherlant, mais efficaces à doses homéopathiques pour soigner les esprits souffrant d'une mièvrerie excessive, ou les cas graves de myopie qui coupent de la réalité. Puis, sans tarder, il retourna à Emily Hall, plein du désir de faire naître entre lui et sa femme cette légèreté qu'il avait respirée en ville, fille d'un interdit malicieux.

En route, sur la piste de terre rouge qui longeait le lagon, à l'ombre d'un bois de mélèzes tropicaux, il se félicita d'avoir eu assez d'inconscience pour émigrer sur cette terre australe qui offrait de connaître toutes les facettes de l'amour. Ce jeu frivole qu'il avait vu dans le café Colette était assez nouveau pour lui. Dans la société anglaise dont il était issu, les femmes ne s'aventuraient guère à plaire trop nettement ; elles mettaient à se faire remarquer cette réserve sans laquelle on les eût blâmées, cette timidité due également à la crainte où elles étaient de se sentir obligées de se donner si elles y parvenaient trop bien. Il y avait comme un risque qui planait entre les hommes et les femmes, un risque qui limitait les plaisirs de la cour, les resserrait dans les sinistres bornes de la décence victorienne. Etrangement, l'interdiction de toucher Emily aiguisait les appétits de Cigogne, et lui faisait hâter le trot de l'étalon qui tirait son tilbury.

Emily Hall apparut au détour d'un virage, un peu au-dessus des rives sablonneuses et blanches de la baie, sur cette colline verte du bout du monde qui était un petit morceau d'Ecosse, placé là comme pour eux, dans l'immensité du Pacifique Sud. La façade en bois était à présent montée, comme l'essentiel de la structure du bâtiment principal. Algernon avait déjà installé des festoon-blind, ces stores bouillonnés anglais qui habillaient les bow-windows du rez-de-chaussée très cosy. Il avait également placé l'armure du premier lord Philby dans le petit salon de l'appartement de Cigogne et insisté pour que l'on élevât deux colonnes blanches de part et d'autre de chacune des portes d'entrée, surmontées d'un petit fronton, de façon que la maison eût un petit air géorgien. Hélas, Algernon n'avait pas trouvé en ville de menuisier disposé à leur fabriquer des fenêtres à guillotine ; ils avaient dû se contenter de fenêtres classiques. Si les portes ne s'étaient pas ouvertes vers la gauche, et en tournant le dos aux couleurs du lagon, ainsi qu'aux palétuviers qui le bordaient, on se serait vraiment cru face à une demeure perdue dans les Highlands, en plein été. Ce jour-là, le drapeau britannique flottait dans la chaleur alizéenne ; l'illusion était parfaite.

Au milieu de la baie, lord Cigogne aperçut sir Lawrence, debout sur le pont de son ketch en acajou, dans le plus simple appareil. Sa raideur et son maintien dénonçaient son origine anglaise ; bien que nul accessoire ne permît de le situer, il était bien un fils de cette aristocratie buveuse de thé fascinée par elle-même, et par ses rites. Curieusement, sa nudité ne choquait plus Cigogne ; sur cette île gauchère, tout était si singulier... De loin, ils échangèrent un signe de la main (gauche), avec dignité. Son bateau voguait sur les eaux tièdes du lagon ; de toute évidence, lord Tout-Nu avait rendu visite aux habitants d'Emily Hall, et il s'en allait comme il était venu.

En arrivant, Cigogne allait embrasser Emily quand elle lui tendit la main gauche, avec un sourire plein de malice ; déséquilibré, il hésita un instant, voulut lui baiser l'intérieur du poignet avec un tendre respect ; elle s'y opposa et lui donna une vigoureuse poignée de main, avant d'ajouter :

- Sir Lawrence m'a mise au courant, au sujet de ce Carême... Darling, il faudra te priver de mes faveurs pendant quarante jours !

Sur ces mots, elle fit pivoter ses talons et retourna à ses travaux de décoration, à l'intérieur, en laissant rouler ses hanches d'une façon qu'il ne lui avait jamais vue faire ! Cette fille de pasteur était habituellement si fâchée avec les artifices et les minauderies de la féminité ordinaire que Jeremy en resta pantois. Emily tourna la tête et lui jeta un coup d'œil furtif, accompagné d'un sourire fripon ; puis elle disparut.

Toute la journée, elle prit plaisir à découvrir ces attitudes un tantinet provocantes qu'eût feint de réprouver Mrs Pendleton, sa mère. Emily ne s'abandonnait à rien de vulgaire, mais elle cherchait, et trouvait avec des gestes touchants, cette façon d'être qui parle aux sens des hommes, plus qu'à leur esprit, cette féminité affichée, lourde de promesses, qu'elle avait toujours refusée à son corps ; et elle y parvenait avec une aisance qui la surprenait elle-même. Que tout cela fût un jeu, presque une plaisanterie, l'aidait à se départir de sa retenue ; et qu'elle fût certaine de n'avoir pas l'obligation de se donner ensuite la libérait de ses ultimes appréhensions, dans un climat de divertissement badin sur lequel ne pesait pas la perspective d'une étreinte prévisible. Les vingt mille kilomètres qui la séparaient de sa mère y étaient également pour beaucoup. Loin de Mrs Pendleton, Emily s'abandonnait à une frivolité qui, à Londres, lui semblait interdite. Sur les rives de la Tamise, ces jeux de la séduction sensuelle appartenaient au monde faux de sa mère, le rouge à lèvres lui paraissait un mensonge supplémentaire dans le catalogue de ceux qui faisaient toute la vie de Mrs Pendleton. Légère, Emily jouait enfin avec la femelle qu'elle sentait palpiter dans son corps ; elle l'apprivoisait, se lâchait avec enjouement.

Les enfants ne s'aperçurent de rien, sauf peut-être Laura qui, du haut de ses quinze ans, flairait que sa mère était dans de curieuses dispositions. La petite famille continuait de s'atteler aux travaux de décoration d'Emily Hall. Le changement d'esprit d'Emily ne se signalait que par des regards appuyés, des frôlements, des allusions coquines qui, chaque fois, jetaient lord Cigogne dans un trouble inconnu. Il demeurait effaré par la liberté que s'accordait soudain Emily ; jamais en Angleterre il ne l'avait vue manifester un tel chien. Un instant, cela lui fit peur, tout en le charmant ; car ce réveil soudain d'une féminité corsetée lui mettait dans l'esprit des craintes pour les suites de ce Carême gaucher. Que deviendrait plus tard cette Emily sexy, plus encline à jouir des effets de son pouvoir sur les hommes ? L'époux jaloux, fébrile depuis l'incartade avec Debussy sur l'île du Silence, remâchait son anxiété, tout en goûtant ces manières nouvelles qui agaçaient ses désirs. Qu'une maîtresse se comportât ainsi ne lui aurait pas déplu ; mais que son épouse s'octroyât une telle licence le rendait nerveux.

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