Marc Levy - Si c'était à refaire

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Andrew Stilman, grand reporter au New York Times, vient de se marier.
Le 9 juillet 2012 au matin, il court le long de l’Hudson River quand il est soudainement agressé. Une douleur fulgurante lui transperce le dos, il s’effondre dans une mare de sang.
Andrew reprend connaissance le 9 mai 2012... Deux mois plus tôt, deux mois avant son mariage.
À compter de cette minute, il a soixante jours pour découvrir son assassin, soixante jours pour déjouer le destin.
De New York à Buenos Aires, il est précipité dans un engrenage vertigineux. Une course contre la montre, entre suspense et passion, jusqu’au dénouement... à couper le souffle.

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Je suis profondément désolé de tout ce qui vous est arrivé.

Salutations sincères,

Andrew Stilman

P.-S : Vérifiez par vous-même, mais sur les images de ce parc que j'ai pu consulter sur Internet, il m'a semblé apercevoir une aire de jeux pour enfants...

Andrew glissa son mot dans une enveloppe, recopia l'adresse du destinataire et la déposa dans le panier qui recueillait le courrier en partance.

En retournant à son poste, il ne put s'empêcher de songer aux derniers mots de Capetta au sujet de sa femme.

« À votre place, je ne prendrais pas ses menaces à la légère. »

Et Chicago ne se trouvait qu'à deux heures d'avion de New York...

Son téléphone sonna, la réceptionniste l'informa qu'un visiteur l'attendait à l'accueil au rez-de-chaussée.

Andrew se dirigea vers l'ascenseur. Dans la cabine, il fut parcouru d'un violent frisson et ressentit une douleur sourde au bas du dos.

*

– Vous n'avez pas très bonne mine, constata l'inspecteur Pilguez.

– La fatigue sûrement, je ne sais pas ce que j'ai, je suis frigorifié.

– C'est étrange, vous êtes en sueur.

Andrew se passa la main sur le front.

– Vous voulez vous asseoir un instant ? suggéra Pilguez.

– Sortons, j'ai besoin de prendre l'air, dit Andrew.

Mais, soudain, la douleur se fit telle qu'il ne put faire un pas de plus. Pilguez le retint dans sa chute alors que ses jambes se dérobaient.

Lorsque Andrew recouvra ses esprits, il était allongé sur une banquette dans le hall. Pilguez était à côté de lui.

– Vous reprenez des couleurs. Vous m'avez fait peur, je vous ai vu partir d'un coup. Vous faites souvent ce genre de malaise ?

– Non, enfin, avant, cela ne m'arrivait jamais.

– C'est le stress, mon vieux, soupira Pilguez. Je sais de quoi je vous parle, on perd tous ses moyens quand on a la trouille. Le cœur palpite, les oreilles bourdonnent, on s'enfonce dans de la ouate, les sons se font distants et paf, on se retrouve le cul par terre. Vous nous avez fait une petite crise d'angoisse.

– Peut-être bien.

– Avez-vous parlé de votre histoire à quelqu'un d'autre que moi ?

– À qui voulez-vous que je raconte ce qui m'arrive, qui me croirait ?

– Vous n'avez pas d'amis ?

– Bien sûr que si !

– De nombreux amis sur qui vous pouvez compter en toutes circonstances ? demanda Pilguez d'un air goguenard.

Andrew soupira.

– D'accord, je suis plutôt solitaire, mais Simon est comme un frère, et mieux vaut une amitié sincère que des camaraderies superficielles.

– L'un n'empêche pas l'autre. Vous devriez parler à ce Simon et partager avec lui votre histoire. Il vous reste huit semaines pour trouver votre assassin.

– Merci de me le rappeler. J'y pense du matin au soir et du soir au matin. Et même si j'arrivais à l'oublier un instant, cette douleur aussi revient me rappeler l'échéance qui approche.

– Plus les jours passeront, plus vous aurez besoin de compter sur quelqu'un.

– C'est votre façon de me dire que vous me laissez tomber ?

– Ne faites pas cette tête-là, Stilman, c'est juste un conseil. Je n'ai aucune intention de vous lâcher, mais il faudra bien que je retourne chez moi. J'ai une vie, une femme qui m'attend et je ne suis qu'un policier à la retraite. Je continuerai à mener mon enquête à New York jusqu'à votre départ pour l'Argentine. Après, il y a le téléphone, et puis je me suis mis à l'internet récemment. Avec toutes ces années passées à taper des rapports sur des machines à écrire, je pianote plutôt bien. En attendant, je veux que vous alliez tout raconter à votre ami, et c'est un ordre.

– Pourquoi êtes-vous venu me voir ce matin, vous avez du neuf ?

– La liste des gens susceptibles de vous en vouloir s'est allongée hier soir, et cela n'arrange pas nos affaires. Je vais me mettre sur la piste de l'ex-Mme Capetta. De votre côté, intéressez-vous de plus près aux états d'âme de votre collègue Freddy Olson. J'aimerais aussi en savoir plus sur votre patronne.

– Je vous l'ai déjà dit, vous faites fausse route avec Olivia.

– Si ma vie était en jeu, je peux vous assurer que je n'ignorerais personne. D'ailleurs, je suis désolé de remettre ça sur le tapis, mais il y a quelqu'un d'autre sur ma liste.

– Qui donc ?

– Votre femme, que vous avez plaquée le lendemain de son mariage.

– Valérie serait incapable de faire du mal à une mouche.

– Normal, elle est vétérinaire. Mais elle aurait pu être tentée de faire du mal à un homme qui lui en a beaucoup causé. Vous n'imaginez pas combien humiliation et imagination s'accordent quand il s'agit de se venger. Et puis, elle côtoie des policiers à longueur de journée.

– Et alors ?

– S'il était venu à l'idée de mon épouse de me faire la peau, elle aurait été plus inventive qu'un scénariste de séries policières.

– Vous vous êtes piqué au jeu, inspecteur, ou vous me croyez vraiment, maintenant ?

– Ne jouons pas sur les mots, Stilman, vous serez toujours plus fort que moi dans ce domaine. Suivez-moi.

– Où allons-nous ?

– Sur les lieux d'un crime qui n'a pas encore eu lieu.

14.

– Vous l'avez loué ? demanda Andrew quand Pilguez lui fit signe de monter à bord d'un Ford 4 × 4 noir garé devant le journal.

– C'est un prêt.

– Avec une radio de police, siffla Andrew. Où avez-vous déniché cette voiture ?

– Mettez votre ceinture et refermez la boîte à gants. C'est tout de même un monde de se croire tout permis comme ça. Si j'avais été toubib, je me serais fait prêter une ambulance, ça vous va comme réponse ?

– Je n'étais encore jamais monté dans une voiture de flic.

Pilguez regarda Andrew et sourit.

– D'accord, j'ai compris, dit-il en se penchant vers la boîte à gants.

Il attrapa le gyrophare, le posa sur le tableau de bord et enclencha la sirène.

– Ça vous plaît, comme ça ?

– Beaucoup, répondit Andrew en s'accrochant à son fauteuil alors que Pilguez accélérait.

Dix minutes plus tard, l'inspecteur garait la Ford au croisement de Charles Street et du West End Highway.

Andrew le guida vers l'allée où il avait pour habitude de faire son jogging matinal. Ils s'arrêtèrent à la hauteur du Pier n o 4.

– C'est là que ça s'est passé, rien que de me trouver ici relance la douleur.

– C'est psychosomatique ! Respirez à fond, ça vous fera le plus grand bien. Quand vous repensez à ce rêve prémonitoire, vous arrivez à identifier l'arme du crime ? demanda Pilguez en parcourant l'horizon du regard.

– Ce n'était pas un rêve prémonitoire !

– D'accord, ça s'est produit et ça se produira encore si nous perdons notre temps à nous disputer.

– On m'a attaqué dans le dos. Quand j'ai compris ce qui m'arrivait, je baignais déjà dans mon sang.

– Il venait d'où, ce sang ?

– Je le crachais par la bouche et le nez.

– Essayez de vous souvenir, rien au niveau du ventre ?

– Non, pourquoi ?

– Parce qu'une balle tirée à bout portant fait plus de dégâts à son point de sortie qu'à son point d'impact. Si on vous avait tiré dessus, vos intestins se seraient retrouvés projetés sur le bitume, vous vous en seriez rendu compte.

– Et si l'on m'avait visé de beaucoup plus loin, avec un fusil à lunette par exemple ?

– C'est justement ce que je regardais. Aucune toiture de l'autre côté du Highway n'offre un point de vue suffisamment plongeant pour que l'on puisse atteindre un coureur parmi d'autres à une telle distance. Et puis, vous m'avez bien dit que vous étiez mort un 10 juillet ?

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