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Marc Levy: Sept jours pour une éternité…

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Marc Levy Sept jours pour une éternité…

Sept jours pour une éternité…: краткое содержание, описание и аннотация

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Marc Levy, roi du best-seller depuis Et si c'était vrai…, est de retour avec Sept jours pour une éternité! San Francisco aujourd'hui. Lucas est le genre beau brun ténébreux un peu vénéneux sur les bords; Zofia est une belle plante ingénue à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. À qui s'en remettre pour que ces deux-là se rencontrent? Au destin, forcément, qui s'en charge aux alentours de la quarantième page. Tous deux sont envoyés du ciel: Lucas est le délégué sur terre du diable, ici nommé le Président, et Zofia l'émissaire de Monsieur, c'est-à-dire Dieu en personne. Lucas et Zofia vont jouer sur le plan singulier la partie que le diable et Dieu jouent à l'échelle universelle. Le diable a plus d'un tour dans son sac et Dieu sait tout, par définition. Le seul impondérable c'est ce fichu Destin qui pousse page après page Lucas dans les bras de Zofia et fait croître entre eux un attachement très spécifique aux humains: l'amour. Sur fond de péripéties policières et d'une intrigue pas tout à fait nécessaire mettant en scène des promoteurs immobiliers véreux (l'auteur était architecte avant d'être romancier à succès, peut-être y a-t-il ici un règlement de comptes par la bande), Marc Levy signe une fable moderne, bien troussée, sur l'amour. Joueur, il multiplie à loisir les métaphores et les situations cocasses entre les anges et les démons. Les droits de Et si c'était vrai… ont été achetés par Spielberg pour une adaptation hollywoodienne. Nous ne serions pas étonné que Sept jours pour une éternité trouve également preneur!

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Marc Levy Sept jours pour une éternité Le hasard cest la forme que prend - фото 1

Marc Levy

Sept jours pour une éternité…

Le hasard, c’est la forme que prend Dieu pour passer incognito

Jean Cocteau

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Il y eut un soir, il y eut un matin:

Premier Jour

Allongé sur son lit, Lucas regarda la petite diode de son beeper qui clignotait frénétiquement. Il referma son livre et le posa juste à côté de lui, ravi. C'était la troisième fois en quarante-huit heures qu'il relisait cette histoire et de mémoire d'enfer aucune lecture ne l'avait autant régalé.

Il caressa la couverture du bout du doigt. Ce dénommé Hilton était en passe de devenir son auteur culte. Il reprit l'ouvrage en main, bien heureux qu'un client l'ait oublié dans le tiroir de la table de nuit de cette chambre d'hôtel et le lança d'un geste assuré dans la valise ouverte à l'autre bout de la pièce. Il regarda la pendulette, s'étira et quitta le lit. «Allez, lève-toi et marche», dit-il, enjoué. Face au miroir de l'armoire, il resserra le nœud de sa cravate, ajusta la veste de son costume noir, reprit ses lunettes de soleil sur le petit guéridon près de la télévision et les rangea dans la poche haute de son complet. Le beeper attaché au passant de la ceinture de son pantalon ne cessait de vibrer. Il repoussa du pied la porte de l'unique placard et se dirigea vers la fenêtre. Il écarta le voile grisâtre et immobile pour étudier la cour intérieure, aucune brise ne viendrait chasser la pollution qui envahissait le bas de Manhattan et s'étendait jusqu'aux limites de TriBeCa* (*Quartier au sud de Manhattan). La journée serait caniculaire, Lucas adorait le soleil, et qui mieux que lui savait combien il était nocif? Sur les terres de sécheresse, n'autorisait-il pas la prolifération de toutes sortes de germes et de bactéries, n'était-il pas plus intraitable que la grande faucheuse pour trier les faibles des forts? «Et la lumière fut!» fredonna-t-il en décrochant le téléphone. Il demanda à la réception que l'on prépare sa note, son voyage à New York venait d'être écourté, puis il quitta la chambre.

Au bout du couloir, il déconnecta l'alarme de la porte qui s'ouvrait sur l'escalier de secours.

Arrivé dans la courette, il récupéra le livre avant de se délester de sa valise dans un grand container à ordures et s'engagea d'un pas léger dans la ruelle.

Dans la petite rue de SoHo aux pavés disjoints, Lucas guettait d'un œil gourmand un balconnet en fer forgé, qui ne résistait plus à la tentation de s'effondrer que par la grâce de deux rivets rouillés. La locataire du troisième étage, jeune mannequin aux seins trop bien sculptés, au ventre insolent et aux lèvres pulpeuses, était venue s'installer dans sa chaise longue, ne se doutant de rien et c'était parfait ainsi. Dans quelques minutes (si sa vue ne le trompait pas, et elle ne le trompait jamais), les rivets céderaient. La ravissante se retrouverait alors trois étages en contrebas, le corps disloqué. Le sang qui s'écoulerait de son oreille entre les interstices des pavés soulignerait la terreur peinte sur son visage. Son joli minois resterait ainsi figé jusqu'à ce qu'il se décompose dans une boîte en sapin où la famille de la demoiselle l'aurait enfermé avant de larguer le tout sous une dalle de marbre et quelques litres de larmes inutiles. Un rien du tout, qui ferait au plus quatre lignes mal rédigées dans le journal du quartier et coûterait un procès au gérant de l'immeuble. Un responsable technique de la mairie perdrait son emploi (il faut toujours un coupable), un de ses supérieurs enterrerait l'affaire, en concluant que l'accident aurait tourné au drame si des passants s'étaient trouvés sous le balconnet. Comme quoi il y avait un Dieu sur cette terre, et finalement c'était bien là le vrai problème de Lucas.

La journée aurait pu parfaitement bien commencer si, à l'intérieur de cet appartement coquet, un téléphone n'avait sonné et si l'idiote qui l'occupait n'avait laissé son portable dans sa salle de bains. La stupide tête de linotte se leva pour aller le chercher: décidément, il y avait plus de mémoire dans un Mac que dans la cervelle d'un mannequin, se dit Lucas, déçu.

Lucas serra les dents et ses mâchoires grincèrent, comme celles du camion d'ordures qui descendait vers lui, faisant trembler la rue sur son passage. Dans un claquement sec et franc, l'assemblage métallique s'arracha de la façade et dégringola. À l'étage inférieur, une fenêtre explosa, pulvérisée par un morceau de la rambarde. Un gigantesque mikado de poutrelles de fer rouillées, habitations troglodytes de colonies de bacilles du tétanos, s'abattait sur le pavé. L'œil de Lucas s'éclaira à nouveau, un longeron de métal aiguisé filait vers le sol à une vitesse vertigineuse. Si ses calculs immédiats se révélaient justes, et ils l'étaient toujours, rien n'était perdu. Il s'engagea nonchalamment sur la chaussée, forçant le conducteur de la benne à ralentir. La poutrelle traversa la cabine de la benne à ordures et vint se ficher dans le thorax du chauffeur, le camion fit une terrible embardée. Les deux éboueurs, juchés sur leur plate-forme arrière, n'eurent pas le temps de crier: l'un fut happé par la gueule béante de la benne et aussitôt broyé par les mandibules qui officiaient, imperturbables, l'autre fut projeté au-devant et glissa, inerte, sur le macadam. L'essieu avant passa sur sa jambe.

Dans sa course, le Dodge percuta un réverbère qu'il expédia en l'air. Les fils électriques désormais dénudés eurent la bonne idée de frétiller jusqu'au caniveau gorgé d'eau sale. Une gerbe d'étincelles annonça le formidable court-circuit qui affecta tout le pâté de maisons. Dans le quartier, les feux de croisement se mirent en berne, aussi noirs que le complet de Lucas. Au loin, on pouvait déjà entendre les fracas des premières collisions aux carrefours abandonnés à eux-mêmes. À l'intersection de Crosby Street et de Spring, le choc de la benne folle et d'un taxi jaune fut inévitable. Heurté par le travers, le Yellow Cab vint s'encastrer dans la devanture de la boutique du musée d'Art moderne. «Une compression de plus pour leur vitrine», murmura Lucas. L'essieu avant du camion escalada une voiture en stationnement, les optiques désormais aveugles pointaient vers le ciel. La lourde benne se tordit dans un bruit de tôles déchirées, avant de se coucher sur le flanc. Les tonnes de détritus qu'elle contenait dégueulèrent de ses entrailles et la chaussée se couvrit d'un tapis d'immondices. Au vacarme du drame consommé succéda un silence de mort. Le soleil continuait tranquillement sa course vers le zénith, la chaleur de ses rayons aurait vite fait de rendre l'atmosphère du quartier pestilentielle.

Lucas ajusta le col de sa chemise, il avait une sainte horreur que les pans dépassent de son veston. Il contempla l'étendue du désastre tout autour de lui. Il était à peine neuf heures à sa montre, et, finalement, c'était une très belle journée qui commençait.

La tête du chauffeur de taxi reposait sur le volant, actionnant le klaxon qui résonnait à l'unisson de la corne des remorqueurs dans le port de New York, un endroit si joli quand il faisait beau comme en ce dimanche de fin d'automne. Lucas s'y rendait. De là, un hélicoptère le déposerait à l'aéroport de LaGuardia, son avion décollait dans soixante-six minutes.

*

Le quai 80 du port marchand de San Francisco était désert, Zofia raccrocha lentement le combiné du téléphone et sortit de la cabine. Les yeux plissés par la lumière, elle contempla la jetée opposée. Un essaim d'hommes s'y affairait autour de gigantesques containers. De leur nacelle, les grutiers haut perchés dans le ciel dirigeaient un ballet subtil de flèches qui se croisaient à la verticale d'un immense cargo en partance pour la Chine. Zofia soupira, même douée de la meilleure volonté du monde, elle ne pouvait pas tout faire seule. Elle avait bien des dons, mais pas celui d'ubiquité.

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