Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1995, ISBN: 1995, Издательство: Éditions Gallimard, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

La quarantaine: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La quarantaine»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

La quarantaine — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La quarantaine», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

J’ai retrouvé dans ma poche le morceau de fer rouillé que m’a donné Choto, lorsque je suis entré pour la première fois au village paria. Je ne sais pourquoi je l’ai gardé, comme un talisman. Tout ce qui s’est passé auparavant me semble maintenant irréel, une légende, une rumeur qui s’efface. J’ai la même certitude que les gens assis sur la plage, je ressens le même bonheur: tout doit être nouveau.

C’est une nuit infinie, chaque instant se confond à l’autre, comme s’il ne devait jamais y avoir de jour. Les flammes s’amenuisent, vacillent, repartent, avec cette couleur vert d’eau près des braises, et les tourbillons de fumée. Plus loin, le long de la plage, des feux se sont éteints, d’autres se sont allumés. Il y a des silhouettes qui vont et viennent, des hommes, des femmes, d’un foyer à l’autre. La voix qui chantait tout à l’heure s’est tue, puis voici qu’elle reprend, continuant le même chant, la même plainte. Dans le ciel au-dessus de nous les étoiles girent lentement. Sirius est près de l’horizon, le Seigneur Shukra s’est couché. Quand nous étions dans la grotte, je m’en souviens, Surya avait dessiné sur ma peau avec de la cendre l’image des sept Rishis qu’on voit au ras de l’horizon, et elle m’avait parlé aussi des Jinnats, et de la grande tache de payasa, le riz au lait des immortels. Cette nuit, c’est nous qui avons inventé des constellations sur la plage, comme si nous avions renversé l’univers. Alors nous dérivons lentement sur notre radeau de lave, dans la nuit, au hasard, les yeux brûlants à force de lire l’avenir dans les flammes. Ceux qui sont partis aujourd’hui sur le schooner, où sont-ils? Là-bas, sur l’autre rive, dans quel camp, endormis dans leurs abris? Dans la touffeur des grands arbres de l’Intendance, dont parlait Jacques, sur les quais du port, ou bien dans les huttes de paille de Powder’s Mill, serrés comme des oiseaux capturés, rompus par le vent, le soleil, et la pierre noire marquée sur leur peau.

Sur Plate, je ne le savais pas, nous avons vécu dans la compagnie des morts. Dans notre bouche la cendre des bûchers, saupoudrant nos habits, nos cheveux. Et puis ce regard inconnu, ce regard sans paupières qui ne cesse de nous traverser, mêlé à la lumière, ce regard des oiseaux qui balaie l’horizon, l’œil du vent sur les rochers, la parole du vent et de la mer, le long frisson de la vague née à l’autre bout de l’Océan, cette vibration incessante.

Suryavati m’a rejoint au bout de la plage. Elle se serre contre moi, je sens la chaleur de son souffle dans la nuit. Nous sommes retournés lentement à notre place, sur la plate-forme des bûchers. D’autres gens sont venus s’asseoir près de notre feu, un couple d’immigrants. La femme est si jeune, presque une enfant, ses yeux brillent d’un éclat minéral à la lueur des braises. Quand elle se lève, à notre arrivée, je vois qu’elle est enceinte, bien près d’accoucher. Surya est très douce avec elle, elle lui parle, elle lui apporte du thé, elle l’aide à s’accommoder sur la terre, à l’endroit où c’est le plus agréable, au vent.

Surya me parle aussi, ou bien est-ce avec une voix intérieure, un murmure, une chanson pour dormir. Les contes de son enfance, que lui racontait Ananta, la légende de la reine Lakshmibay.

Moi aussi, je me suis couché par terre, en regardant le feu, le ciel noir où tourbillonnent les chauves-souris. Je n’ai plus de désir de vengeance. Tout ce qui en moi avait été endurci par les années d’attente, dans le dortoir froid de la pension Le Berre, à Rueil-Malmaison, toute cette cohorte de souvenirs et de mots que je portais comme des pierres, maintenant s’est effacée.

La nuit est longue, elle s’ajoute à toutes les nuits, au glissement des jours sur les îles de pierre, au mouvement de la mer, et je m’éloigne de ce feu qui me brûlait, qui m’avait armé au cœur.

Jacques, quand il a quitté Rueil-Malmaison pour aller en Angleterre, j’ai pensé que je pouvais en mourir. Quand je l’ai revu, l’été suivant, je ne l’ai pas reconnu. Ce visage étranger, adulte, ces petites lunettes cerclées d’acier à travers lesquelles il regardait le monde comme à la loupe. J’ai voulu mourir, la nuit où je suis sorti du dortoir, en chemise, pour marcher dans les congères, dans la cour de l’école, puis immobile contre le mur, jusqu’à ce que je tombe, et Flécheux affolé qui appelait. J’écoutais la rumeur très douce de la mer à Anna, le grondement des vagues qui traversait la terre tout entière et le pavé de la cour, jusqu’à moi, pour me chercher, me ramener.

Je n’ai plus de vengeance. Que m’importe Alexandre Archambau, que me font les Patriarches, les membres distingués du club de la Synarchie et leur motto arrogant, «Ordre, Force et Progrès»? Maintenant je l’ai compris: ils ne sont là que pour un bref instant, déjà le vent qui vient de l’autre bout de la terre souffle sur eux et les efface, le grondement de l’Océan recouvre leur voix. La vérité est simple et belle, elle est dans la lumière qui étincelle sur les dalles de basalte, dans la puissance de la mer, dans cette nuit illuminée le long de la baie des Palissades, comme un miroir de l’infini. Ce qui est vrai, c’est le visage très doux et ancien de cette femme, la douceur des gestes de l’homme qui est auprès d’elle, leur enfant qui doit naître bientôt. L’amour de Surya, son souffle tranquille contre ma poitrine, le sang qui palpite dans sa gorge, le goût des cendres sur ses cheveux, sur ses lèvres. Sa voix quand elle dit mon nom, un nom lent et secret comme une chanson, bhaii, frère. La Yamuna qu’elle porte en elle, le fleuve où est née Ananta, et son frère Yama, fils du soleil, marqué au front d’une goutte de santal comme l’œil de la mémoire. Cette chanson qu’elle fredonne maintenant, avant de s’endormir, les yeux ouverts, à la lueur du brasier qui se contracte peu à peu. Pour moi, ou pour l’enfant qui va naître, l’enfant qu’elle porte dans son ventre. Lalli, la chanson de Kala, qui est entré sans bruit dans la maison. Il enlève ses chaussures, il allume sa lampe, et il dit à son aide, dans un murmure: Litara, veille et n’oublie pas de jeter la boule de terre s’il vient un danger… Kaja chamaa, un jat te guette! Thip Jaa! Cache-toi! Lalli Lug Gaya! Chhurm, kala lug gaya !Ton vol est fini, et le voleur est mort!

Notre feu n’est plus qu’un tas de braises rougeoyantes. Sur la plage, il y a une grande paix, comme après la tempête. La mer est lente et puissante.

Les moustiques sont revenus. La fumée ne les éloigne plus. Surya s’est enveloppée dans son grand châle rouge.

Assis de l’autre côté des braises, le jeune Indien évente sa femme pendant qu’elle dort, avec un pan de sa chemise.

Je me suis couché contre Surya, pour sentir la chaleur de son corps, son souffle dans le creux de mon épaule. Ensemble nous glissons sur la mer, vers l’autre bout du temps. Je n’ai jamais vécu d’autre nuit que cette nuit, elle dure plus que toute ma vie, et tout ce qui a été avant elle n’a été qu’un rêve.

Elles partent

Elles partent, elles vont disparaître. Un instant encore, je voudrais les voir, les retenir, telles quelles, Ananta et Giribala, assises à même le débarcadère, entre les racines du grand arbre de l’Intendance. Il y a beaucoup d’immigrants autour d’elles, certains assis à l’ombre, leurs ballots devant eux, les autres allant et venant, l’air à la fois impatient et effrayé, dans leurs habits étranges, les femmes drapées dans leurs saris roses, de grands anneaux de cuivre aux bras et aux chevilles, leur bijou incrusté dans la narine comme une goutte d’or. Les hommes maigres et brûlés par le soleil, leur visage noirci de barbe, leurs yeux brillants comme des galènes.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «La quarantaine»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La quarantaine» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Jean-Marie Le Clézio - Poisson d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Ourania
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Étoile errante
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Désert
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Printemps et autres saisons
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - La ronde et autres faits divers
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Diego et Frida
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - The African
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Coeur brûle et autres romances
Jean-Marie Le Clézio
Jean-Marie Le Clézio - Fièvre
Jean-Marie Le Clézio
Отзывы о книге «La quarantaine»

Обсуждение, отзывы о книге «La quarantaine» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x