Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Surya et moi marchons aussi sur le chemin. Il n’y a plus personne sur la rive de la Quarantaine, seulement le vieux Mari. Le voyage ne le concerne pas. Il doit rester pour accueillir les prochains immigrants. Il est assis sur son rocher, à l’ombre du mur de l’ancienne infirmerie, il mâche sa feuille de bétel, son regard bleuté tourné vers le lagon.

Suryavati s’est retournée tout à coup. Elle regarde fixement l’îlot Gabriel, un moment j’ai cru qu’elle voulait se souvenir. Puis elle dit: «Sarah? Est-ce qu’elle est les autres?» Jacques est arrêté sur le chemin, il est en conversation avec Bartoli. Comme je m’approche, il dit, d’un ton anxieux: «L’embarquement des passagers va commencer, il faut que tu viennes tout de suite. Il paraît que Véran est déjà sur le bateau.» Ce n’est pas le sort des passagers de l’ Ava qui me préoccupe. Je pense à Suryavati, je sens à nouveau une colère impuissante. Comme je lui parle de Sarah Metcalfe, restée prisonnière de l’îlot Gabriel, Jacques hausse les épaules.

Ses yeux sont embués derrière ses verres, ses mains tremblent. «Il faut retourner la chercher très vite, le bateau n’attendra pas.» Il retourne vers Suzanne, essaie de la convaincre de partir sans lui pour la baie des Palissades. Elle s’éloigne à contrecœur, portant le sac de voyage trop lourd, son ombrelle tombée sur son épaule. Elle marche avec Bartoli et Murriamah. Le garçon Pothala est resté avec nous. Son regard brille d’une lueur étrange. C’est la perspective de la chasse à la folle qui l’attire.

Nous sommes remontés dans la plate, manœuvrée par Surya. Pothala est à la godille. Il rame avec force, j’imagine qu’il est le fils d’un pêcheur bengali. Mari est resté à l’ombre de son mur. Son regard pâle n’a même pas bougé quand nous avons poussé la plate vers la passe.

Dès que nous touchons Gabriel, Jacques, Surya et moi nous courons à la recherche de Sarah, vers la pointe sud. Pothala a suivi un autre chemin à travers les broussailles. Nous ne crions pas, pour ne pas effrayer la pauvre folle. Devant l’île Plate, le bateau est toujours attaché à son ancre, coiffé de son panache de fumée noire, avec ses machines au ralenti. L’embarquement a sans doute déjà commencé. Il n’y a aucun bruit sur Gabriel. On dirait une île morte. Les pailles-en-queue ont fui ailleurs, ils ont sans doute rejoint les autres oiseaux autour de Pigeon House Rock. Ou bien ils se sont terrés dans leurs trous, effrayés par les trépidations du garde-côte.

Pothala est déjà à la pointe sud. Il est accroupi sur un rocher. J’imagine qu’il a dû entrer dans la tanière, comme s’il chassait une bête. Suryavati passe devant lui sans rien dire, elle descend dans le chaos, elle écarte la porte d’épines. Elle appelle: «Sarah!»

Il n’y a personne. L’antre est vide. Sur la pierre plate, à l’entrée, il y a encore les restes de riz que Surya a déposés hier. Les oiseaux n’y ont pas touché. En me penchant, je vois la couche de Sarah, un drap sali de cendres et de terre, et son sac entrouvert, qui contient ses maigres effets: un peigne indien, quelques roupies et une poignée d’annas, un volume rouillé de l’Ancien Testament, un paquet de lettres tachées par les embruns. La vue de ces dépouilles est à la fois dérisoire et triste, comme ces choses insignifiantes qu’on retrouve dans une maison en deuil. Sur le sol, à côté de la couche, un calepin noir, lié par un galon rouge attire mon regard. C’est le précieux carnet que John Metcalfe emportait partout avec lui, dans lequel il consignait toutes ses observations et ses découvertes.

Sur la couverture, sur une étiquette, de la main penchée et régulière de Sarah, avec laquelle elle recopiait chaque soir les noms étranges des plantes, il y a écrit: Flat Island, 28 may 1891 — La date de clôture du cahier est restée en blanc. C’est la date à laquelle nous sommes entrés dans la Quarantaine, et celle que Sarah a écrite, de la même main, sur la planche qu’elle a plantée dans la terre, là où John a été transformé en cendres.

J’ai laissé l’argent et les lettres, et j’ai pris le calepin noir. Il me semble que John l’a laissé juste pour moi, pour que je me souvienne, que je continue après lui les leçons de botanique. Je me souviens de ce qu’il disait, quand nous marchions à la recherche de l’indigotier: «Ce sont les plantes qui sauveront les hommes.»

À la pointe sud, le vent arrache des copeaux d’écume. Les vagues sont puissantes, elles déferlent sur les écueils en montrant leur ventre vert d’émeraude. Je sens qu’il faut faire vite. Le bateau doit rouler entre ses amarres, il ne tiendra pas longtemps. Où est la folle?

Suryavati la cherche dans l’éboulement des roches noires, près de l’endroit où nous avions notre abri. Elle avance en silence, comme si Sarah était un oiseau, qu’il ne fallait pas l’effrayer. Peut-être qu’elle aussi voudrait bien se cacher, laisser partir le bateau avec tout ce monde. Sarah doit avoir raison, nous devrions retourner dans notre faille, à l’abri, vivre le reste de notre vie avec les pailles-en-queue. Oublier Maurice, comme Maurice nous avait oubliés.

J’entends la voix de Jacques. Il s’impatiente, il a quitté la plate et il s’est avancé sur la pente du piton pour nous dire de revenir. Le vent hache ses paroles, n’arrivent jusqu’à nous que des bribes incompréhensibles: Hé!.. Ho!.. J’imagine Suzanne, debout sur la plage, tournée vers le chemin du cimetière, attendant de nous voir arriver, et les gens qu’on embarque dans la yole.

J’ai fait le tour de Gabriel, précédé de Pothala furetant dans les broussailles comme un chien de chasse. Sarah n’est nulle part. Peut-être s’est-elle réfugiée en haut du piton, sous les ciments du sémaphore. Mais impossible: les oiseaux lui font peur. Ils l’auraient dénoncée en piquant sur elle, en criant. J’arrive près des glacis. Les pailles-en-queue tournent au-dessus de moi en criaillant, deviennent menaçants. Pothala n’ose plus approcher. Déjà nous sommes des étrangers, des ennemis. Ce sont eux qui nous chassent.

Pothala a oublié Sarah. Il rampe parmi les rochers, à la recherche des plumes rouges fabuleuses. S’il pouvait, il essaierait de capturer les pailles-en-queue, d’arracher leurs brins.

Nous sommes redescendus vers la plage. Jacques est déjà remonté dans la barque. Il crie: «Alors? Vous l’avez trouvée?» Je secoue la tête. Il a une voix dure, il dit: «Tant pis, on ne peut plus attendre.» Il ajoute, avec mauvaise conscience: «Elle est peut-être déjà partie.»

À ce moment même, Surya apparaît sur le chemin des campements, soutenant Sarah Metcalfe. La jeune femme marche lentement, en titubant. La chaleur, le manque de nourriture ont fait d’elle une infirme. Elle ne résiste même plus quand Jacques la hisse à bord de la plate. Elle se couche dans le fond, enveloppée dans ses chiffons.

Suryavati est la dernière à embarquer. Tandis que la plate, lourdement chargée, dérive doucement à travers la passe, elle reste tournée vers le rocher sombre de Gabriel. Il me semble que je sens un regard qui nous suit, depuis le campement et les citernes. Peut-être simplement l’œil endurci des oiseaux qui tournoient autour du sémaphore. Dans le brouhaha de la mer qui gonfle le lagon, j’entends cette vibration lointaine, ce souffle, comme si tous ceux que nous abandonnons étaient encore vivants.

Il y a de grands tourbillons dans la passe. Pothala a du mal à maintenir le cap vers le môle. Tandis que nous glissons au-dessus de la forêt noire des coraux, à un moment, j’ai vu passer une ombre, qui rôde et nous suit comme un chien furieux. J’ai reconnu le tazor, le maître du lagon. Il me semble qu’il y a maintenant une éternité qu’il m’a laissé passer dans son domaine. Aujourd’hui, pour lui aussi, je redeviens un étranger.

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