Jean-Marie Le Clézio - La quarantaine

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«Que reste-t-il des émotions, des rêves, des désirs quand on disparaît? L’homme d’Aden, l’empoisonneur de Harrar sont-ils les mêmes que l’adolescent furieux qui poussa une nuit la porte du café de la rue Madame, son regard sombre passant sur un enfant de neuf ans qui était mon grand-père? Je marche dans toutes ces rues, j’entends le bruit de mes talons qui résonne dans la nuit, rue Victor-Cousin, rue Serpente, place Maubert, dans les rues de la Contrescarpe. Celui que je cherche n’a plus de nom. Il est moins qu’une ombre, moins qu’une trace, moins qu’un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l’imagination, un rebond du cœur, pour mieux m’envoler. D’ailleurs je prends demain l’avion pour l’autre bout du monde. L’autre extrémité du temps.»

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Avant l’aube, tout devient parfaitement calme. Même les pailles-en-queue ont cessé de caqueter. La mer commence à descendre, le lagon se vide par la passe avec une rumeur paisible de rivière. Dans la faille de basalte, Surya dort lovée contre moi, une forme tiède et vivante dans la froideur du petit matin.

Le 7 juillet, au matin

Le bateau est revenu. Jacques l’avait prévu: la saison de la coupe va commencer à Maurice, les planteurs vont avoir besoin de tous les bras. Shitala, la déesse froide, a quitté les îles. Peut-être qu’elle n’avait plus rien à manger.

Je n’ai pas vu arriver le schooner. Il est mouillé depuis l’aube devant la passe, au large de la baie des Palissades. Je ne me souvenais pas qu’il était si grand. Quand nous l’avions aperçu, la première fois, du haut du pont de l ’Ava, cet après-midi pluvieux dans la rade de Port-Louis, il nous avait semblé insignifiant, à peine une barque de pêche abâtardie, avec son gréement de goélette et cette cheminée disproportionnée qui crachait un nuage de fumée noire, plutôt semblable aux vieux remorqueurs dans le port de Londres.

Il vire lentement sur son ancre devant le volcan. Il a quelque chose d’inquiétant, très noir, sans port d’attache ni chiffre, sans pavillon. Sa machine tourne au ralenti et, malgré cela, nous entendons résonner dans tout le lagon les coups des bielles, comme une locomotive en attente. C’est un bruit que j’avais oublié. J’ai les oreilles pleines du fracas des vagues sur le récif, jour et nuit, et des cris des oiseaux, du hurlement continu du vent dans les roches. Ce bruit-là est un bruit de mécanique, un bruit d’homme, étrange, puissant, étranger à notre île.

Les oiseaux sont paniqués. Ce sont eux qui ont donné l’alarme, avant même que nous ayons pu distinguer les trépidations du bateau. Ils se sont envolés tous ensemble, ils ont tourné et tourné au-dessus de la passe en criant. Un instant, j’ai cru qu’une tempête était en train d’arriver. Ou bien que l’émeute avait repris à Palissades, que les coolies s’apprêtaient à traverser le lagon pour nous couper la gorge. Jacques et Bartoli étaient en état d’alerte, ils se préparaient à construire des chicanes. Quand j’ai débouché sur la plage, j’ai vu Murriamah et Pothala immobiles. À côté d’eux, Suryavati était debout devant le lagon, elle regardait le bateau.

Alors le passeur est arrivé, poussant la vieille plate avec sa palanque. Il n’a pas enfoncé le nez de la barque dans le sable, mais il a mis simplement la perche, pour l’immobiliser en attendant.

Je suis sur la plage, à côté de Surya. En face, sur le rivage de Plate, les bâtiments de la Quarantaine semblent toujours aussi abandonnés. Il y a des enfants qui courent le long du rivage, des femmes qui appellent. Surya dit:

«C’est aujourd’hui, nous allons partir d’ici.»

Elle dit cela d’une voix un peu étouffée, comme si elle avait peur. Moi aussi, je ressens de la crainte. J’ai envie d’aller me cacher à l’autre bout de l’île, comme Sarah, dans notre faille au milieu des rochers. Le schooner est très grand sur la mer d’un bleu pur. C’est une image irréelle. On dirait qu’il n’y a personne à bord. Seulement le bruit de sa machine qui cogne sourdement, et la fumée qui tourbillonne au-dessus de la haute cheminée, un grondement qui fait peur, le souffle d’un monstre chimérique.

«Nous allons partir…» Elle répète cela. Elle serre très fort ma main. Elle est mince et frêle, encore près de l’enfance, son visage sombre creusé par l’inquiétude. Elle ressemble à Ananta. Un instant, j’ai eu une idée puérile, je crois que je l’ai dite à haute voix: et si nous restions? Nous allons nous cacher dans notre faille, au pied des nids des pailles-en-queue, et personne n’ira nous chercher là. Dans la cohue, on croira que nous avons embarqué. Tout le monde sera si pressé de monter à bord du bateau. Surma n’a pas répondu.

J’entends la voix de Jacques, il crie d’impatience, il rassemble tout ce qu’ils ont. Suzanne doit chercher sa sacoche de voyage, son chapeau, son ombrelle. De l’autre côté du lagon, les femmes se dépêchent dans les plantations, elles ramassent les papayes, les giraumons, des enfants ont pris les lampes dans les maisons vides de la Quarantaine, les vieilles assiettes émaillées, les bouteilles vides, tout ce qu’ils ont pu trouver.

Jacques et Suzanne sont enfin arrivés sur la plage. Jacques porte sa serviette de médecin, contenant ses bistouris et son stéthoscope, et le sac de voyage de Suzanne. J’imagine qu’elle y a rangé à la hâte tous ses papiers, pêle-mêle, et le petit livre bleu des poèmes de Longfellow, au milieu des vêtements. Jacques aide Suzanne à monter dans la plate. Murriamah et Pothala sont déjà assis à l’arrière, dans l’eau, à même le fond. Une personne de plus et la plate coulera définitivement. Jacques a repoussé la barque vers le large. Il est pieds nus, son pantalon roulé jusqu’aux genoux. Il a attaché ses souliers autour de son cou par les lacets, comme autrefois, quand il allait courir dans les champs autour d’Anna. Il est si impatient de voir partir la barque qu’il ne s’est même pas soucié du sort de Surya. Mais j’ai vu Suzanne qui faisait une drôle de grimace, dans le soleil du matin, comme si elle voulait s’excuser de partir si vite.

Bartoli est du second voyage. Lui n’emporte rien. Il a abandonné dans la hutte le sac de riz. Son visage épais transpire déjà, il jette autour de lui des regards inquiets. Quand nous sommes installés au centre de la plate, Jacques monte à la proue, il s’empare de la longue perche. Le vieux Mari guide la barque à la godille.

Malgré la marée basse, le courant est si violent que la plate s’est mise encore de travers. Jacques essaie de ramer avec la perche et ne réussit qu’à faire embarquer un peu plus. Debout à la poupe, Mari rame lentement, son regard d’aveugle tourné vers la haute mer. Comme lors du premier passage, il y a quelque chose de comique dans ce voyage de travers, où tout peut à chaque instant se transformer en naufrage. Les cris aigus du passeur ne suffisent pas à redresser la barque, et c’est Surya qui s’empare de la perche. Jacques s’est assis un peu en arrière sans protester. Surya est debout sur le bord, elle plonge la perche au plus profond, réussit à toucher une patate et, d’une seule poussée, elle nous renvoie vers la rive de Plate.

Sur le môle en ruine, Suzanne nous attend. Elle a ouvert pour la première fois son ombrelle frangée de dentelle qu’elle avait sur le pont de l ’Ava quand nous glissions sur la mer Rouge. Avec sa longue robe boutonnée jusqu’au cou, ses cheveux courts, et ses bottines à la main, elle n’a plus rien de la malade que Surya baignait chaque soir au baume de l’île Plate, et qui paraissait vaciller sur le seuil de la vie. Elle semble une jeune aventurière, prête à partir pour le bout du monde, Ménie Muriel Dowie. Elle rit et bat des mains quand la plate touche les pierres du môle. Elle a posé son ombrelle et ses bottines pour nous aider à débarquer les affaires, le sac de voyage, la bonbonne de Condys fluide que Jacques n’a pas voulu abandonner sur Gabriel. Surya et moi, nous n’avons rien que nos habits, et le petit sac de vacoa et le harpon pour la pêche aux ourites. Je n’ai même plus de chaussures. Je suis comme un naufragé, sans passé, sans bagages. Semblable aux pierres de Gabriel, usé par le vent et le sel, noirci et endurci par le soleil.

Jacques me regarde à peine. Il a pris le bras de Suzanne et il l’entraîne sur le chemin, vers le haut de l’escarpement, où les immigrants sont rassemblés. Suzanne s’est retournée, il me semble que je lis dans son regard un regret, un déchirement, tandis qu’elle s’éloigne du lagon. Mais peut-être que c’est moi qui lui prête ces sentiments.

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