Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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— « Sa dignité d’homme… », répéta-t-elle, pensive.

Elle avait soudain conscience — et elle en était confuse — d’avoir atteint sa vingtième année sans rien savoir du labeur et de la misère du monde. Entre la masse des travailleurs et elle, jeune bourgeoise de 1914, les cloisons de classes étaient aussi étanches que celles qui séparaient les castes de la civilisation antique… « Tous les riches que je connais ne sont pourtant pas des monstres », se dit-elle, naïvement. Elle pensait à ces œuvres protestantes auxquelles participait sa mère, et qui « faisaient la charité » à des familles nécessiteuses… Elle se sentit rougir de confusion. La charité ! Elle comprenait maintenant que ces miséreux, qui sollicitaient une aumône, n’avaient rien de commun avec les travailleurs exploités, qui revendiquaient le droit de vivre, et leur indépendance, et leur « dignité ». Ces miséreux-là n’étaient pas le peuple, comme elle l’avait cru sottement : ils n’étaient que les parasites du monde bourgeois ; presque aussi étrangers du monde ouvrier évoqué par Jacques, que ces dames patronnesses qui les visitaient ! Jacques venait de lui révéler le prolétariat.

— « La dignité de l’homme », répéta-t-elle, une seconde fois ; et son accent témoignait qu’elle donnait à ces mots tout leur sens.

— « Oh ! » fit-il, « les premiers résultats seront fatalement dérisoires… Le travailleur, que la révolution aura affranchi, se ruera d’abord vers les satisfactions les plus égoïstes ; disons même : les plus basses… Il faut en prendre son parti : ces appétits inférieurs doivent d’abord être assouvis, pour que soit possible le progrès véritable… intérieur… » Il hésita, avant d’ajouter : « … la culture spirituelle… »

Son timbre s’était voilé. Une angoisse, qu’il connaissait bien, lui étreignait la gorge. Il poursuivit cependant :

— « Nous devons consentir, hélas, à cette nécessité : que la révolution des institutions précède de loin celle des mœurs. Mais il ne faut pas… non… nous n’avons pas le droit de douter de l’homme… Ses tares, je les vois bien ! Mais je crois, je veux croire, qu’elles sont, en grande partie, la conséquence de la société actuelle… Il faut lutter contre les tentations du pessimisme, il faut arriver à croire en l’homme !… Il y a, il doit y avoir, en l’homme, une secrète, une indestructible aspiration vers la grandeur… Et il faut souffler patiemment sur cette petite braise enfouie dans les cendres, pour qu’elle s’attise… pour qu’elle flambe, peut-être, un jour ! »

Elle approuva, d’une brusque inclinaison de tête. Son visage était plus que jamais énergique ; son regard, plein de gravité.

Il sourit de plaisir :

— « Mais les transformations sociales, c’est pour plus tard… Au plus urgent, d’abord : aujourd’hui, il s’agit d’empêcher la guerre ! »

Il songea tout à coup au rendez-vous de Stefany, et jeta un coup d’œil vers la pendule d’albâtre. Elle était arrêtée. Il consulta sa montre, et se dressa d’un bond :

— « Déjà huit heures ? » fit-il, comme s’il sortait d’un rêve. « Et je dois être dans un quart d’heure à la Bourse ! »

Il eut soudain conscience du tour inattendu et sévère qu’avait pris leur entretien. Il craignit d’avoir déçu Jenny, et voulut s’excuser.

— « Non, non », interrompit-elle aussitôt. « Je veux savoir ce que vous pensez sur tout… Je veux connaître votre vie… Comprendre… » Et son accent passionné semblait dire : « En vous confiant ainsi, en vous montant à moi tel que vous êtes, vous me donnez la meilleure preuve de votre tendresse, celle à laquelle j’attache le plus de prix ! »

— « Demain », reprit-il, en gagnant la porte, « je viendrai de meilleure heure, voulez-vous ? Aussitôt après le déjeuner. »

Elle eut un sourire qui l’illumina jusqu’au fond des prunelles. Elle aurait voulu répondre : « Oui, venez, soyez là, le plus possible… C’est seulement quand vous êtes là que je me sens vivre ! »

Mais elle rougit, se tut et le suivit à travers l’appartement.

Devant la porte du salon, qui était entrebâillée, il s’arrêta :

— « Vous permettez ? Ça me rappelle tant de souvenirs… »

Les volets étaient clos. Elle entra avant lui et ouvrit la fenêtre. Elle avait une façon à elle de marcher, de traverser une pièce, d’aller droit vers la chose qu’elle voulait faire, sans brusquerie, avec une fermeté douce et inflexible.

Une odeur d’étoffe et d’encaustique s’élevait des rideaux en pile, des tapis roulés, du parquet. Jacques regardait tout, en souriant. Il se souvenait de sa première visite avec Antoine… Jenny, boudeuse, était allée s’accouder au balcon ; et lui, il était resté là, dans cet angle, sottement planté devant cette vitrine. Il n’avait pas besoin de soulever la toile qui la couvrait aujourd’hui pour revoir les bonbonnières, les éventails, les miniatures, tous ces bibelots qu’il avait contemplés, ce jour-là, par contenance, et qu’il avait retrouvés fidèlement à la même place, des années de suite… Les différentes images de Jenny au cours de ces années-là se superposaient devant ses yeux comme des calques sur un dessin original. Il se rappelait ses attitudes de fillette, de jeune fille, ses sautes d’humeur, ses élans avortés, ses brusques rougeurs, ses demi-confidences…

Il se retourna vers elle, et sourit. Devinait-elle ce qu’il pensait ? Peut-être. Elle ne disait rien. Il la contempla quelques secondes, en silence. Il la retrouvait là, aujourd’hui, dans ce même salon, maîtresse d’elle-même, comme jadis, sans timidité, mais sans abandon, avec ce regard franc, un peu dur, ce visage lisse et mystérieux…

— « Jenny, montrez-moi aussi la chambre de votre mère, voulez-vous ? »

— « Venez », dit-elle, sans marquer de surprise.

Il la connaissait aussi, dans ses moindres détails, cette chambre aux murs couverts de portraits, de photographies, avec son grand lit de damas vert voilé de guipure ! Daniel l’y faisait entrer, après avoir frappé à la porte. Le plus souvent, M mede Fontanin, sous la lumière rose de l’abat-jour, dans l’une des deux bergères qui encadraient la cheminée, lisait, au coin du feu, quelque ouvrage de morale, quelque roman anglais. Elle posait alors son livre ouvert sur ses genoux, et accueillait les deux jeunes gens avec un sourire rayonnant, comme si rien ne pouvait lui causer plus de joie que cette visite. Elle faisait asseoir Jacques en face d’elle, l’interrogeait sur sa vie, ses études, avec un regard encourageant. Et si Daniel s’avisait de vouloir relever les bûches croulantes, sa mère, avec un geste joueur, lui enlevait prestement les pincettes des mains : « Non, non », disait-elle en riant, « laisse, tu ne connais pas les mœurs du feu ! »

Il dut faire un effort pour s’arracher à tous ces souvenirs.

— « Allons », dit-il, en gagnant la porte.

Elle le reconduisit dans l’antichambre.

Il la considéra soudain avec une telle gravité qu’une peur irraisonnée s’empara d’elle, lui fit baisser le front.

— « Avez-vous jamais été heureuse, ici ? vraiment heureuse ? »

Consciencieusement, avant de répondre, elle fouilla le passé, revécut, en quelques secondes, les années écoulées, son enfance inquiète et scrupuleuse, son enfance avertie, concentrée, muette. Il y avait bien quelques lueurs dans cette grisaille : la tendresse de sa mère, l’affection de Daniel… Pourtant, non… Heureuse, vraiment heureuse ? Non, jamais.

Elle releva les yeux, et secoua négativement la tête.

Elle le vit respirer profondément, relever sa mèche d’un geste résolu, et brusquement sourire. Il ne dit rien ; il n’osait pas lui promettre le bonheur ; mais, sans cesser de sourire et de la regarder jusqu’au fond des prunelles, il prit ses deux mains, comme il avait fait en arrivant, et y posa ses lèvres. Elle ne détachait pas les yeux de lui. Elle sentait son cœur battre, battre…

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