Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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Il parlait avec circonspection, s’efforçant d’être véridique sans trop l’inquiéter. Les questions qu’elle lui posa, et où perçait un fond d’incrédulité, laissaient voir que les soucis politiques tenaient peu de place dans la vie de Jenny. L’éventualité d’une guerre, d’une de ces guerres comme en enseignent les manuels d’histoire, ne parvenait guère à l’effrayer. L’idée que, en cas d’un conflit, Daniel se trouverait aussitôt fort exposé, ne lui vint même pas à l’esprit. Elle ne songeait qu’aux complications matérielles qui pouvaient en résulter pour sa mère.

— « Il est bien probable », se hâta de dire Jacques, « que M mede Fontanin renoncera en cours de route à son projet. Attendez-vous à la voir revenir. »

— « Vous croyez ? » fit-elle vivement. Et elle rougit.

Elle lui confessa qu’elle avait été, malgré tout, assez heureuse de ce départ, qui retardait l’heure des explications. Non pas, s’empressa-t-elle d’ajouter, qu’elle craignît de se heurter à une désapprobation. Mais elle redoutait plus que tout d’avoir à parler d’elle, d’avoir à mettre à nu ses sentiments.

— « Il faudra vous en souvenir, Jacques », ajouta-t-elle en le regardant avec sérieux. « J’ai besoin d’être devinée… »

— « Moi aussi », fit-il en riant.

La conversation prenait un tour plus intime. Il l’interrogea sur elle, la forçant à des précisions, l’aidant à s’analyser. Elle y consentait sans trop d’efforts. Elle ne se cabrait pas devant ses questions ; peu à peu, elle lui savait même un certain gré de les avoir posées ; et elle s’étonnait, la première, d’éprouver une sorte de plaisir à se départir, pour lui, de son habituelle réserve. C’est que personne, jamais, ne s’était penché vers elle avec ce regard chaud et prenant ; personne ne lui avait jamais parlé avec un tel souci de ne pas la froisser, un si manifeste désir de la comprendre. Une tiédeur inconnue l’enveloppait ; il lui semblait qu’elle avait jusqu’alors vécu cloîtrée, et que les limites de sa clôture, reculant soudain, lui découvraient un horizon insoupçonné.

Jacques souriait, à tout instant, sans motif. Plus encore qu’à Jenny, c’était à son propre bonheur qu’il souriait. Il en demeurait tout étourdi. Il avait oublié l’Europe : rien n’existait plus, qu’elle et lui. Tout ce qu’elle disait, même d’insignifiant, lui apparaissait riche de confidence, d’intimité, soulevait en lui des élans de gratitude éperdue. Une conviction nouvelle s’implantait dans son esprit, et le gonflait de fierté : que leur amour n’était pas seulement quelque chose de rare et de précieux, mais constituait une aventure absolument exceptionnelle, sans précédent. Le mot « âme » revenait à tout moment sur leurs lèvres ; et, chaque fois, ce terme vague, mystérieux, retentissait en eux avec une vibration particulière, comme un mot magique, chargé de secrets qui n’étaient connus que d’eux seuls.

— « Savez-vous ce qui m’étonne ? » s’écria-t-il, tout à coup. « C’est d’être si peu étonné ! Je sens que, au fond de moi, je n’ai jamais douté de ce qui nous attendait ! »

— « Moi non plus ! »

C’était aussi faux pour elle que pour lui. Mais, plus ils y songeaient, et plus il leur paraissait, à tous deux, qu’ils n’avaient pas un seul jour cessé d’espérer.

— « Et je trouve tout naturel d’être ici… » reprit-il, « J’éprouve, près de vous, la sensation d’être enfin dans mon vrai climat ! »

— « Moi aussi ! »

(Pour l’un et pour l’autre, c’était une tentation voluptueuse, à laquelle ils cédaient à tout instant, de se sentir à l’unisson, de se proclamer identiques en tout.)

Elle avait changé de siège, et elle était venue s’asseoir en face de lui, dans une pose presque nonchalante. Déjà son amour semblait la transformer physiquement : se révéler dans ses attitudes, lui donner comme une grâce, une souplesse, inaccoutumées. Jacques épiait avec ravissement cette métamorphose. Il caressait du regard le jeu des ombres sur le buste mobile, l’ondulation des muscles sous l’étoffe, le rythme de la respiration. Il ne se rassasiait pas du spectacle de ces deux mains agiles, qui se cherchaient, se frôlaient et se séparaient, et se rejoignaient de nouveau, comme des colombes amoureuses. Elle avait de très petits ongles, ronds, bombés, et blancs, — « pareils à des moitiés de noisettes », songea-t-il.

Un moment, il se pencha :

— « Je découvre, figurez-vous, un tas de choses merveilleuses… »

— « Quoi donc ? »

Pour écouter, elle avait posé le coude sur le bras du fauteuil, et appuyait le menton sur sa paume ; les doigts épousaient la courbe de la joue ; l’index, libre, jouait mollement avec les lèvres, ou bien s’allongeait un instant jusqu’à la tempe.

Il dit, en la regardant de tout près :

— « Dans le plein jour, vos prunelles ont vraiment l’éclat de deux petites pierres bleues, deux saphirs clairs… ».

Elle sourit, gênée, et baissa la tête. Puis elle se redressa, et, comme par jeu, pour lui rendre la pareille, elle l’examina à son tour avec attention :

— « Et moi je trouve que vous avez changé, Jacques, depuis hier. »

— « Changé ? »

— « Oui, beaucoup. »

Elle avait pris un air énigmatique. Il la pressa de questions. Enfin, à travers bien des hésitations, des à-peu-près, des retouches, il finit par comprendre ce qu’elle n’osait pas dire : depuis l’arrivée de Jacques, elle avait l’intuition qu’il était dominé par une préoccupation secrète, étrangère à leur amour.

D’un coup de main, il rebroussa la mèche qui lui barrait le front :

— « Tenez », dit-il, sans préambule, « voilà quelle a été ma vie depuis hier. »

Il lui conta tout au long sa nuit dans les jardins des Tuileries, sa matinée à l’Humanité, sa visite à Antoine. Il multipliait les détails, décrivant, avec une complaisance de romancier, les lieux, les êtres, rapportant les propos de Stephany, de Gallot, de Philip, de Rumelles, précisant ses propres réactions, confessant ses inquiétudes, ses espoirs, s’appliquant à lui donner une idée de la lutte qu’il menait contre la menace de guerre.

Elle écoutait, sans perdre un mot, haletante, désorientée. Brutalement, elle se trouvait jetée, non seulement au centre de l’existence de Jacques, mais en pleine crise européenne, face à face avec des problèmes effrayants et qui lui étaient inconnus. L’édifice social chancelait soudain. Elle éprouvait la panique de ceux qui voient, dans un tremblement de terre, crouler autour d’eux les murs, les toits, tout ce qui assurait protection, sécurité, et qui semblait indestructible.

Quant à l’activité personnelle de Jacques dans cet univers qu’hier encore elle ignorait, elle n’en saisissait qu’imparfaitement la portée ; mais elle avait besoin, pour justifier pleinement son amour, de placer Jacques très haut ; elle ne doutait pas que ses buts fussent nobles ; que les hommes dont il citait les noms — ce Meynestrel, ce Stefany, ce Jaurès — fussent dignes d’une estime exceptionnelle. Leurs espoirs devaient être légitimes, puisque Jacques les partageait.

Jacques était lancé. L’attention de Jenny le soutenait, le grisait.

— « … nous autres, révolutionnaires… » dit-il.

Elle leva les yeux, et il y lut de la surprise.

C’était la première fois qu’elle entendait une voix sympathique prononcer avec ce religieux respect le mot de « révolutionnaire », qui éveillait, dans son esprit, l’image d’individus à mine louche, capables d’incendier et de piller les quartiers riches pour assouvir de bas appétits : des hommes sans aveu, qui cachent des bombes sous leur veste, et contre lesquels la société n’a d’autre recours que la déportation.

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