Roger du Gard - Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]

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Les Thibault — Tome II [La Mort du père — L'Eté 1914]: краткое содержание, описание и аннотация

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A travers les destins de Jacques Thibault, idéaliste et révolté, et d'Antoine, sérieux, conservateur, deux frères que tout oppose, Roger Martin du Gard nous entraîne dans une vaste fresque sociale et historique.
Après l'interminable agonie de leur père, Jacques, bouleversé, découvre que l'homme qu'il croyait dur et sans tendresse aimait ses fils. Dans cette famille en deuil, l'Histoire fait soudain irruption lorsque se profile le spectre de la guerre après l'attentat de Sarajevo. Devenu socialiste aux côtés de Jaurès, Jacques tente en vain de convaincre son frère de l'imminence du conflit et de ses répercussions dramatiques…
Les Thibault,

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Alors, il se mit à parler du socialisme, de son adhésion à l’Internationale.

— « Ne croyez pas que c’est un élan naïf de générosité qui m’a jeté dans le parti de la révolution. J’y suis arrivé après de longs doutes, et dans une grande détresse, dans une grande solitude morale. Quand vous m’avez connu, je voulais croire à la fraternité humaine, au triomphe de la vérité, de la justice ; mais j’imaginais ce triomphe facile, tout proche. J’ai vite découvert mon illusion, et tout s’est obscurci en moi. J’ai traversé, à cette époque-là, les pires moments de ma vie. Je me suis laissé sombrer… J’ai touché le fond, le bas-fond… Eh bien, c’est l’idéal révolutionnaire qui m’a sauvé », continua-t-il, songeant avec une gratitude émue à Meynestrel. « C’est l’idéal révolutionnaire qui a soudain élargi, illuminé mon horizon, donné une raison de vivre à cet être réfractaire et inutile que j’étais, depuis mon enfance… J’ai compris qu’il était absurde de croire que le triomphe de la justice était facile et proche, mais qu’il était plus absurde encore, et criminel de désespérer ! J’ai compris surtout qu’il y avait une façon active de croire à ce triomphe ! Et que ma révolte instinctive pouvait devenir efficace, si elle se donnait pour tâche de travailler, avec d’autres révoltés comme moi, à l’évolution sociale ! »

Elle écoutait, sans interrompre. Son atavisme protestant la prédisposait assez bien, d’ailleurs, à cette idée que la société ne doit pas être soumise à un rigoureux conformisme ; et aussi qu’un être a pour devoir d’exalter sa personnalité, et de pousser jusqu’aux dernières conséquences une action qui lui est dictée par sa conscience. Jacques se sentait compris. Dans le silence de Jenny, il percevait le frémissement d’une intelligence aux aguets, équilibrée et saine, mal entraînée sans doute aux débats spéculatifs, mais apte à s’élever librement au-dessus des préjugés ; et, derrière cette réserve dont elle ne se départait pas, il sentait palpiter une sensibilité sous pression, prête à épouser, et à servir, toute grande cause qui fût vraiment digne d’un sacrifice total.

Cependant, elle ne put retenir une moue incrédule, et presque désapprobatrice, en entendant Jacques affirmer que cette société capitaliste où elle vivait sans penser à mal, était la consécration d’une inacceptable injustice. Sans y avoir beaucoup réfléchi, elle acceptait l’inégalité des conditions comme une conséquence inévitable de l’inégalité des natures.

— « Ah ! » s’écria-t-il, « ce monde des déshérités, Jenny ! Je suis sûr que vous ne vous le représentez pas tel qu’il est ! Sans quoi vous ne secoueriez pas ainsi la tête… Vous ignorez qu’il y a, tout près de vous, une multitude de malheureux pour lesquels vivre n’est rien d’autre que de peiner jour après jour, l’échine courbée sous le travail, sans salaire convenable, sans sécurité d’avenir, sans possibilité d’espérance ! Vous savez bien qu’on extrait du charbon, qu’on construit des manufactures, mais pensez-vous quelquefois à ces millions d’hommes qui, leur vie durant, étouffent dans les ténèbres des mines ? à ces millions d’autres qui s’usent les nerfs dans le vacarme mécanique des usines ? ou même à ces demi-privilégiés des campagnes, dont la tâche quotidienne est de gratter le sol, dix, douze, quatorze heures par jour, selon les saisons, pour vendre, à des intermédiaires qui les grugent, le produit de toute cette sueur ? C’est ça, la peine des hommes ! J’exagère ? Nullement ! Je parle de ce que j’ai vu… Pour ne pas crever de faim, à Hambourg, j’ai dû faire le manœuvre, avec cent autres pauvres diables poussés par la même nécessité que moi : se procurer du pain. Pendant trois semaines, j’ai obéi, du matin au soir, à des chefs d’équipe, pareils à des gardes-chiourme, qui criaient : “Soulevez ces poutres ! Portez ces sacs ! Traînez ces brouettes de sable !” À la nuit, nous quittions le port, avec notre maigre paie, pour nous jeter sur la nourriture, sur l’alcool, fourbus, englués de crasse, le corps vide, le cerveau vide, assommés de fatigue au point d’être sans révolte ! Car c’est peut-être ça, le plus affreux : pour la plupart, ces malheureux n’ont même pas le soupçon de l’injustice sociale dont ils sont les victimes ! On se demande vraiment où ils puisent la force de subir, comme une chose naturelle, leur effroyable vie de bagnards ! J’ai pu m’évader de cet enfer, moi, parce que j’avais la chance de connaître plusieurs langues, parce que j’étais capable de bâcler un article de journal… Mais les autres ? Ils continuent là-bas leur besogne de forçats ! Ces choses-là, Jenny, avons-nous le droit d’accepter qu’elles existent, qu’elles puissent durer, qu’elles soient la condition normale des hommes sur la terre ?

« Tenez, les usines ! J’ai travaillé, un moment, à Fiume, comme manutentionnaire, dans une fabrique de boutons. J’étais l’esclave d’une machine qu’il fallait alimenter, sans interruption, de dix secondes en dix secondes ! Impossible de distraire une minute sa pensée ou sa main… Un geste, toujours le même, qu’il fallait répéter pendant des heures. Sans vraie fatigue, je veux bien. Mais, je vous jure, je sortais de là plus abruti par l’imbécillité de ce travail, que je ne l’étais à Hambourg, après avoir coltiné deux heures de suite des sacs de ciment, dont la poussière me rongeait les yeux et me desséchait le gosier !… J’ai vu, dans une savonnerie italienne, des femmes dont la tâche consistait à soulever et à transporter, toutes les dix minutes, des caisses de savon en poudre qui pesaient quarante kilos ; et, pendant le reste du temps, elles restaient debout à tourner une manivelle : une manivelle si dure que, pour la mettre en mouvement, elles devaient s’arc-bouter du pied contre le mur. Et elles fournissaient huit heures par jour de ce travail… Je n’invente rien ! J’ai vu, dans une pelleterie de Prusse, des filles de dix-sept ans qu’on employait à brosser des peaux, du matin au soir ; et ces petites avalaient tant de poils qu’il leur fallait, pour continuer leur besogne, aller, plusieurs fois par jour, vomir dehors… Et pour quel pauvre salaire ! Car il est admis partout que la femme soit, à fatigue égale, moins payée que l’homme… »

— « Pourquoi ? » demanda-t-elle.

— « Parce qu’on suppose qu’elle a un père, ou un mari, pour l’aider à vivre… »

— « C’est souvent vrai », dit-elle.

— « Hé non ! Si ces malheureuses sont obligées de travailler, n’est-ce pas justement parce que, dans notre société, l’homme ne gagne pas assez pour entretenir convenablement ceux dont il a la charge ?

« Je vous cite des cas de travailleurs étrangers. Mais vous n’avez qu’à aller un de ces matins à Ivry, à Puteaux, à Billancourt… Vous verrez, avant sept heures, le défilé des femmes qui viennent déposer leurs enfants à la crèche, pour être libres d’aller trimer aux ateliers. Les patrons qui ont organisé ces crèches (aux frais de l’usine) se persuadent, et de bonne foi peut-être, qu’ils sont les bienfaiteurs de leurs ouvriers… Vous imaginez ce qu’est l’existence d’une mère de famille qui, avant de fournir ses huit heures de travail manuel, s’est levée à cinq heures du matin pour faire le café, laver et habiller ses petits, ranger un peu la chambre, et arriver à sept heures à son travail ? Est-ce que ça n’est pas monstrueux ? Et pourtant, ça existe ! Et c’est au prix de ces vies sacrifiées que prospère la société capitaliste !… Vraiment, Jenny, est-ce que nous pouvons tolérer ça ? Est-ce que nous pouvons supporter plus longtemps que la société capitaliste prospère aux dépens de ces millions de vies sacrifiées ? Non !… Mais, pour que tout ça, et le reste, puisse être modifié, il faut que l’autorité change de mains : il faut que le pouvoir politique soit conquis par le prolétariat. Comprenez-vous, maintenant ? Voilà le sens de ce mot qui semble tant vous effrayer : Révolution… Il faut qu’une organisation nouvelle et toute différente de la société permette à l’homme, non plus seulement de subsister, mais de vivre ! Il faut rendre à l’individu, non seulement sa part matérielle des bénéfices du travail, mais cette part de liberté, de loisir, de bien-être, sans laquelle il ne peut pas se développer dans sa dignité d’homme… »

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