Romain Rolland - Jean-Christophe Tome I

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Vaste roman cyclique, ce roman fleuve est un signe d'amour et d'espoir adressé à la génération suivante. Le héros, un musicien de génie, doit lutter contre la médiocrité du monde. Mêlant réalisme et lyrisme, cette fresque est le tableau du monde de la fin du XIXème siècle au début du vingtième.

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«Il est, dit George Sand, des génies malheureux auxquels l’expression manque, qui emportent dans la tombe l’inconnu de leur méditation, comme disait un membre de cette grande famille de muets ou de bègues illustres: Geoffroy Saint-Hilaire.» – Jean-Michel appartenait à cette famille. Il ne parvenait pas plus à s’exprimer en musique qu’en parole; et toujours il se faisait illusion: il eût tant aimé à parler, à écrire, à être un grand musicien, un orateur éloquent! C’était sa plaie secrète; il n’en disait rien à personne, il ne se l’avouait pas à lui-même, il tâchait de n’y pas penser; mais il y pensait malgré lui, et cela lui mettait la mort dans l’âme.

Pauvre vieux homme! En rien, il ne parvenait à être lui-même tout à fait. Il y avait en lui tant de beaux et puissants germes; mais ils n’arrivaient pas à leur croissance. Une foi profonde, touchante, dans la dignité de l’art, dans la valeur morale de la vie; mais elle se traduisait, le plus souvent, d’une façon emphatique et ridicule. Tant de noble orgueil; et, dans la vie, une admiration presque servile des supérieurs. Un si haut désir d’indépendance; et, en fait, une docilité absolue. Des prétentions à l’esprit fort; et toutes les superstitions. La passion de l’héroïsme, un courage réel; et tant de timidité! – Une nature qui s’arrête en chemin.

*

Jean-Michel avait reporté ses ambitions sur son fils; et Melchior promit d’abord de les réaliser. Il avait, dès l’enfance, de grands dons pour la musique. Il apprenait avec une facilité remarquable, et de bonne heure il acquit, comme violoniste, une virtuosité qui fit de lui pendant longtemps le favori, presque l’idole des concerts de la cour. Il jouait aussi fort agréablement du piano et d’autres instruments. Il était beau parleur, bien fait, quoiqu’un peu lourd, – le type de ce qui passe en Allemagne pour la beauté classique: un large front inexpressif, de gros traits réguliers, et une barbe frisée: un Jupiter des bords du Rhin. Le vieux Jean-Michel savourait les succès de son fils; il était en extase devant les tours de force du virtuose, lui qui n’avait jamais su jouer proprement d’aucun instrument. Ce n’était certes pas Melchior qui eût été en peine pour exprimer ce qu’il pensait. Le malheur est qu’il ne pensait rien; et il ne s’en souciait même pas. Il avait tout juste l’âme d’un comédien médiocre, qui soigne ses inflexions de voix, sans s’occuper de ce qu’elles expriment, et surveille avec une vanité anxieuse leur effet sur le public.

Le plus curieux, c’est que chez lui, malgré son souci constant de l’attitude en scène, comme chez Jean-Michel, malgré son respect craintif des conventions sociales, il y avait toujours quelque chose de saccadé, d’inattendu, d’hurluberlu, qui faisait dire aux gens que tous les Krafft étaient un peu timbrés. Cela ne lui nuisit pas d’abord; il semblait que ces excentricités mêmes fussent la preuve du génie qu’on lui prêtait; car il est entendu, parmi les gens de bon sens, qu’un artiste n’en saurait avoir. Mais on ne tarda pas à être fixé sur le caractère des ces extravagances: la source ordinaire en était la bouteille. Nietzsche dit que Bacchus est le dieu de la musique; et l’instinct de Melchior était du même avis; mais, en ce cas, son dieu fut bien ingrat: loin de lui donner les idées qui lui manquaient, il lui enleva le peu de celles qu’il avait. Après son absurde mariage (absurde aux yeux du monde, et par conséquent aux siens), il s’abandonna de plus en plus. Il négligea son jeu, – si sûr de sa supériorité qu’en peu de temps il la perdit. D’autres virtuoses survinrent, qui lui succédèrent dans la faveur publique: cela lui fut amer; mais, au lieu de réveiller son énergie, ses échecs achevèrent de le décourager. Il se vengeait, en déblatérant contre ses rivaux avec ses compagnons de cabaret. Il comptait, dans son absurde orgueil, succéder à son père, comme directeur de musique: un autre fut nommé. Il se crut persécuté, et prit des airs de génie méconnu. Grâce à la considération dont jouissait le vieux Krafft, il garda sa place de violon à l’orchestre; mais il perdit peu à peu presque toutes ses leçons en ville. Et si ce coup était le plus sensible à son amour-propre, il l’était encore plus à sa bourse. Depuis quelques années, les ressources du ménage avaient bien diminué, par suite de revers de fortune. Après avoir connu une réelle abondance, la gêne était venue et croissait de jour en jour. Melchior refusait de s’en apercevoir; il n’en dépensait pas un sou de moins pour sa toilette et son plaisir.

Il n’était pas un mauvais homme, mais un homme demi-bon, ce qui est peut-être pire, faible, sans aucun ressort, sans force morale, au reste se croyant bon père, bon fils, bon époux, bon homme, et peut-être l’étant, si pour l’être il suffit d’une bonté facile, qui s’attendrit aisément, et de cette affection animale, qui fait qu’on aime les siens, comme une partie de soi. On ne pouvait même pas dire qu’il fût très égoïste: il n’avait pas assez de personnalité pour l’être. Il n’était rien. Terrible chose dans la vie que ces gens qui ne sont rien! Comme un poids inerte qu’on abandonne en l’air, ils tendent à tomber, il faut absolument qu’ils tombent; et ils entraînent dans leur chute tout ce qui est avec eux.

*

Ce fut au moment où la situation de la famille devenait le plus difficile, que le petit Christophe commença à comprendre ce qui se passait autour de lui.

Il n’était plus seul enfant. Melchior faisait un enfant à sa femme chaque année, sans s’inquiéter de ce qui en arriverait plus tard. Deux étaient morts en bas âge. Deux autres avaient trois et quatre ans. Melchior ne s’en occupait jamais. Louisa, forcée de sortir, les confiait à Christophe, qui avait maintenant six ans.

Il en coûtait à Christophe: car il devait renoncer pour ce devoir à ses bonnes après-midi dans les champs. Mais il était fier qu’on le traitât en homme, et il s’acquittait de sa tâche gravement. Il amusait de son mieux les petits, en leur montrant ses jeux; et il s’appliquait à leur parler, comme il avait entendu sa mère causer avec le bébé. Ou bien il les portait dans ses bras, l’un après l’autre, comme il avait vu faire; il fléchissait sous le poids, serrant les dents, pressant de toute sa force le petit être contre sa poitrine, pour qu’il ne tombât pas. Les petits voulaient toujours être portés, ils n’en étaient jamais las; et quand Christophe ne pouvait plus, c’étaient des pleurs sans fin. Ils lui donnaient bien du mal, et il était souvent fort embarrassé d’eux. Ils étaient sales et demandaient des soins maternels. Christophe ne savait que faire. Ils abusaient de lui. Il avait envie parfois de les gifler; mais il pensait: «Ils sont petits, ils ne savent pas»; et il se laissait pincer, taper, tourmenter, avec magnanimité. Ernst hurlait pour rien; il trépignait, il se roulait de colère: c’était un enfant nerveux, et Louisa avait recommandé à Christophe de ne pas contrarier ses caprices. Quant à Rodolphe, il était d’une malice de singe; il profitait toujours de ce que Christophe avait Ernst sur les bras, pour faire derrière son dos toutes les sottises possibles; il cassait les jouets, renversait l’eau, salissait sa robe, et faisait tomber les plats, en fouillant dans le placard.

Si bien que lorsque Louisa rentrait, au lieu de complimenter Christophe, elle lui disait, sans le gronder, mais d’un air chagrin, en voyant les dégâts:

– Mon pauvre garçon, tu n’es pas bien habile.

Christophe était mortifié, et il avait le cœur gros.

*

Louisa, qui ne laissait échapper aucune occasion de gagner un peu d’argent, continuait à se placer comme cuisinière dans les circonstances exceptionnelles, les repas de noces ou de baptême. Melchior feignait de n’en rien savoir: cela froissait son amour-propre; mais il n’était pas fâché qu’elle le fît, sans qu’il le sût. Le petit Christophe n’avait encore aucune idée des difficultés de la vie; il ne connaissait d’autres limites à sa volonté que celle de ses parents, qui n’était pas bien gênante, puisqu’on le laissait pousser à peu près au hasard; il n’aspirait qu’à devenir grand, pour pouvoir faire tout ce qu’il voulait. Il n’imaginait pas les contraintes où l’on se heurte à chaque pas; et surtout il n’eût jamais pensé que ses parents ne fussent pas entièrement maîtres d’eux-mêmes. Le jour où il entrevit pour la première fois qu’il y avait parmi les hommes des gens qui commandent et des gens qui sont commandés, et que les siens et lui n’étaient pas des premiers, tout son être se cabra: ce fut la première crise de sa vie.

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