Romain Rolland - Jean-Christophe Tome III
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Il se fût perdu, s’il avait pu l’être. Par bonheur, il avait, comme les êtres de son espèce, un ressort, et un recours contre la destruction, que les autres n’ont pas: sa force d’abord, son instinct de vivre, de ne pas se laisser mourir, plus intelligent que son intelligence, plus fort que sa volonté. Et il avait aussi, à son insu, l’étrange curiosité de l’artiste, cette impersonnalité passionnée, que porte en lui tout être doué vraiment du pouvoir créateur. Il avait beau aimer, souffrir, se donner tout entier à toutes ses passions: il les voyait. Elles étaient en lui, mais elles n’étaient pas lui. Une myriade de petites âmes gravitaient obscurément en lui, vers un point fixe, inconnu et certain: tel, le monde planétaire qu’aspire dans l’espace un gouffre mystérieux. Cet état perpétuel de dédoublement inconscient se manifestait surtout dans les moments vertigineux, où la vie quotidienne s’endort, et où surgit des abîmes du sommeil et de la nuit le regard du sphinx, la face multiforme de l’Être. Surtout depuis un an, Christophe était obsédé par des rêves, où il sentait nettement, dans une même seconde, avec une illusion absolue, qu’il était à la fois plusieurs êtres différents, souvent lointains, séparés par des pays, par des mondes, par des siècles. Dans l’état de veille, Christophe en conservait le trouble hallucinant, sans avoir le souvenir de ce qui l’avait causé. C’était comme la fatigue d’une idée fixe disparue, dont la trace persiste, sans qu’on puisse la comprendre. Mais tandis que son âme se débattait douloureusement dans le réseau des jours, une autre âme assistait en lui, attentive et sereine, à ces efforts désespérés. Il ne la voyait pas; mais elle jetait sur lui la réverbération de sa lumière cachée. Cette âme était avide et joyeuse de tout sentir, de tout souffrir, d’observer et de comprendre ces hommes, ces femmes, cette terre, cette vie, ces désirs, ces passions, ces pensées, même torturantes, même médiocres, même viles; – et cela suffisait à leur communiquer un peu de sa lumière, à sauver Christophe du néant. Elle lui faisait sentir que – il ne savait comment – il n’était pas seul tout à fait. Cet amour de tout être et de tout connaître, cette seconde âme, opposait son rempart aux passions destructrices.
Mais si elle suffisait à lui maintenir la tête au dessus de l’eau, elle ne lui permettait pas d’en sortir avec ses seules forces. Il ne parvenait pas à voir clairement en soi, à se maîtriser et à se recueillir. Tout travail lui était impossible. Il traversait une crise intellectuelle, la plus féconde de sa vie: – toute sa vie future y était déjà en germe; – mais cette richesse intime ne se traduisait, pour le moment, que par des extravagances; et les effets immédiats d’une telle surabondance ne différaient pas de ceux de la stérilité la plus indigente. Christophe était submergé par sa vie. Toutes ses forces avaient subi une formidable poussée, et grandi trop vite, toutes à la fois, tout d’un coup. Sa volonté seule n’avait pas grandi aussi vite; et elle était affolée par cette foule de monstres. La personnalité craquait de toutes parts. De ce tremblement de terre, de ce cataclysme intérieur, les autres ne voyaient rien. Christophe lui-même ne voyait que son impuissance à vouloir, à créer, et à être. Désirs, instincts, pensées sortaient les uns après les autres, comme des nuages de soufre des fissures d’un volcan; et il se demandait toujours:
– Et maintenant, que sortira-t-il? Qu’adviendra-t-il de moi? Sera-ce toujours ainsi, ou sera-ce tout à fait fini? Ne serai-je rien, jamais?
Et voici que surgissaient maintenant les instincts héréditaires, les vices de ceux qui avaient été avant lui. – Il s’enivra.
Il rentrait à la maison, sentant le vin, riant, accablé.
La pauvre Louisa le regardait, soupirait, ne disait rien, et priait.
Mais, un soir qu’il sortait d’un cabaret., aux portes de la ville, il aperçut sur la route, à quelques pas devant lui, l’ombre falote de l’oncle Gottfried, son ballot sur le dos. Depuis des mois, le petit homme n’était pas revenu au pays, et ses absences se faisaient toujours plus longues. Christophe le héla, tout heureux. Gottfried, courbé sous son fardeau, se retourna; il regarda Christophe, qui se livrait à une mimique extravagante, et il s’assit sur une borne pour l’attendre. Christophe, la figure animée, s’approcha, en exécutant une sorte de gambade, et il secoua la main de l’oncle avec de grandes démonstrations d’affection. Gottfried le regarda longuement, puis il dit:
– Bonjour, Melchior.
Christophe crut que l’oncle se trompait, et il éclata de rire.
– Le pauvre homme baisse, pensa-t-il, il perd la mémoire.
Gottfried avait en effet l’air vieilli, ratatiné, rapetissé, rabougri; il respirait d’un petit souffle pénible et court. Christophe continuait à pérorer. Gottfried remonta son ballot sur ses épaules, et se remit silencieusement en marche. Ils revinrent, côte à côte, Christophe gesticulant et parlant à tue-tête, Gottfried toussotant, se taisant. Et comme Christophe l’interpellait, Gottfried l’appela encore Melchior. Cette fois, Christophe lui demanda.
– Ah çà! qu’est-ce que tu as à m’appeler Melchior? Je m’appelle Christophe, tu le sais bien. As-tu, oublié mon nom?
Gottfried, sans s’arrêter, leva les yeux vers lui, le regarda, secoua la tête, et dit froidement:
– Non, tu es Melchior, je te reconnais bien.
Christophe s’arrêta, atterré. Gottfried continuait de trottiner, Christophe le suivit, sans répliquer. Il était dégrisé. En passant près de la porte d’un café-concert, il alla aux mornes glaces qui reflétaient les becs de gaz de l’entrée et les pavés déserts, il se regarda: il reconnut Melchior. Il rentra, bouleversé.
Il passa la nuit, – une nuit d’angoisse, – à s’interroger, à se fouiller l’âme. Il comprenait maintenant. Oui, il reconnaissait les instincts et les vices qui avaient levé en lui: ils lui faisaient horreur. Il songea à la veillée funèbre, auprès de Melchior mort, aux engagements pris, et il repassa en revue sa vie, depuis: il les avait tous trahis. Qu’avait-il fait depuis un an? Qu’avait-il fait pour son Dieu, pour son art, pour son âme? Qu’avait-il fait pour son éternité? Pas un jour qui n’eût été perdu, gâché, souillé. Pas une œuvre, pas une pensée, pas un effort durable. Un chaos de désirs se détruisant l’un l’autre. Vent, poussière, néant… Que lui avait servi de vouloir? Il n’avait rien fait de ce qu’il avait voulu. Il avait fait le contraire de ce qu’il avait voulu. Il était devenu ce qu’il ne voulait pas être: voilà le bilan de sa vie.
Il ne se coucha point. Vers six heures du matin, il faisait nuit encore, – il entendit Gottfried qui se préparait à partir. – Car Gottfried n’avait pas voulu s’arrêter davantage. En passant par la ville, il était venu, suivant son habitude, embrasser sa sœur et son neveu: mais il avait annoncé que, le lendemain matin, il se remettrait en marche.
Christophe descendit. Gottfried vit sa figure blême, creusée par une nuit de douleur. Il lui sourit affectueusement, et lui demanda s’il voulait l’accompagner un peu. Ils sortirent ensemble, avant l’aube. Ils n’avaient pas besoin de parler: ils se comprenaient. En passant près du cimetière, Gottfried dit:
– Entrons, veux-tu?
Jamais il ne manquait de faire visite à Jean-Michel et à Melchior, quand il venait au pays. Christophe n’était pas entré là depuis un an. Gottfried s’agenouilla devant la fosse de Melchior, et dit:
– Prions, pour qu’ils dorment bien, et qu’ils ne nous tourmentent pas.
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