Romain Rolland - Jean-Christophe Tome III

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Vaste roman cyclique, ce roman fleuve est un signe d'amour et d'espoir adressé à la génération suivante. Le héros, un musicien de génie, doit lutter contre la médiocrité du monde. Mêlant réalisme et lyrisme, cette fresque est le tableau du monde de la fin du XIXème siècle au début du vingtième.

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Il allait le soir chez elle. Il trouvait là Myrrha, qui logeait dans la même maison. Myrrha ne lui gardait pas rancune, elle lui tendait sa main caressante et molle, causait de choses indifférentes ou lestes, et s’éclipsait discrètement. Jamais les deux femmes n’avaient semblé meilleures amies, que depuis qu’elles avaient moins de raisons de l’être: elles étaient toujours ensemble. Ada n’avait rien de secret pour Myrrha, elle lui racontait tout; Myrrha écoutait tout: elles semblaient y prendre autant de plaisir l’une que l’autre.

Christophe était mal à l’aise dans la société de ces deux femmes. Leur amitié, leurs entretiens baroques, leur liberté d’allures, la façon crue dont Myrrha surtout voyait les choses et en parlait, – (moins en sa présence toutefois, que quand il n’était pas là; mais Ada le lui répétait), – leur curiosité indiscrète et bavarde, constamment tournée vers des sujets niais ou d’une sensualité assez basse, toute cette atmosphère équivoque et un peu animale le gênait terriblement, l’intéressait pourtant; car il ne connaissait rien de semblable. Il était perdu dans la conversation de ces deux petites bêtes, qui se parlaient chiffons, se disaient des coq-à-l’âne, riaient d’une façon inepte, et dont les yeux brillaient de plaisir, quand elles étaient sur la piste d’une histoire égrillarde. Il était soulagé par le départ de Myrrha. Ces deux femmes ensemble, c’était comme un pays étranger, dont il ne savait pas la langue. Impossible de se faire entendre: elles ne l’écoutaient même pas, elles se moquaient de l’étranger.

Quand il était seul avec Ada, ils continuaient de parler deux langues différentes; mais au moins faisaient-ils effort, l’un et l’autre, pour se comprendre. À vrai dire, plus il la comprenait, moins il la comprenait. Elle était la première femme qu’il connût. Car si la pauvre Sabine en était une, il n’en avait rien su: elle était toujours restée pour lui un fantôme de son cœur. Ada se chargeait de lui faire rattraper le temps perdu. Il tâchait à son tour de résoudre l’énigme de la femme: – énigme qui n’en est une peut-être, que pour ceux qui y cherchent un sens.

Ada n’avait nulle intelligence: c’était là son moindre défaut. Christophe en eût pris son parti, si elle l’avait pris aussi. Mais quoiqu’elle fût uniquement occupée de niaiseries, elle prétendait se connaître aux choses de l’esprit; et elle jugeait de tout avec assurance. Elle parlait musique, elle expliquait à Christophe ce qu’il connaissait le mieux, elle formulait des arrêts et des vetos absolus. Inutile d’essayer de la convaincre: elle avait des prétentions et des susceptibilités pour tout; elle faisait la renchérie, elle était têtue, vaniteuse; elle ne voulait – elle ne pouvait rien comprendre. Que ne consentait-elle à ne rien comprendre, en effet! Combien il l’aimait mieux, quand elle voulait bien se résigner à être ce qu’elle était, simplement, avec ses qualités et ses défauts, au lieu de chercher à en imposer aux autres et à elle-même!

En fait, elle se souciait fort peu de penser. Elle se souciait de manger, boire, chanter, danser, crier, rire, dormir; elle voulait être heureuse; et ç’eût été très bien déjà si elle y avait réussi. Mais quoique douée pour cela: gourmande, paresseuse, sensuelle, d’un égoïsme candide qui révoltait et amusait Christophe, bref, bien qu’elle eût à peu près tous les vices qui rendent la vie aimable à leur heureux possesseur, sinon à ses amis – (et encore, un visage heureux, du moins s’il est joli, ne rayonne-t-il pas du bonheur sur tous ceux qui l’approchent?) – malgré donc tant de raisons d’être satisfaite de l’existence et de soi, Ada n’avait même pas l’intelligence de l’être. Cette belle et forte fille, fraîche, réjouie, à l’air sain, d’une gaieté débordante et d’un féroce appétit, s’inquiétait de sa santé. Elle gémissait sur sa faiblesse, tout en mangeant comme quatre. Elle se plaignait de tout: elle ne pouvait plus se traîner, elle ne pouvait plus respirer, elle avait mal à la tête, elle avait mal aux pieds, aux yeux, à l’estomac, à l’âme. Elle avait peur de tout, elle était follement superstitieuse, elle voyait des signes partout: à table, les couteaux, les fourchettes en croix, le nombre des convives, la salière renversée: c’étaient alors toute une série de rites, qu’il fallait accomplir pour écarter le malheur. En promenade, elle comptait les corbeaux, et elle ne manquait pas d’observer de quel côté ils s’envolaient; elle épiait anxieusement le chemin, à ses pieds, et elle se lamentait quand elle y voyait passer, le matin, une araignée: alors elle voulait revenir, il n’y avait plus d’autre ressource, pour continuer la promenade, que de lui persuader qu’il était plus de midi, et qu’ainsi le présage s’était mué de souci en espoir. Elle avait peur de ses rêves: elle les racontait longuement à Christophe; elle cherchait, pendant des heures, un détail, quand elle l’avait oublié; elle ne lui faisait grâce d’aucun: une suite d’absurdités, où il était question de mariages baroques, de morts, de couturières, de princes, de choses burlesques et quelquefois obscènes. Il fallait qu’il écoutât, qu’il donnât son avis. Souvent, elle restait, des journées entières, sous l’obsession de ces images ineptes. Elle trouvait la vie mal faite, elle voyait crûment les choses et les gens, elle assommait Christophe de ses jérémiades; et ce n’était pas la peine qu’il eût quitté ses petits bourgeois moroses, pour retrouver ici l’éternel ennemi: le « trauriger ungriechischer Hypochondrist ».

Brusquement, au milieu de ces grogneries boudeuses, la gaieté reprenait, bruyante, exagérée; il n’y avait pas plus à la discuter, que la maussaderie d’avant: c’étaient des éclats de rire, qui, étant sans raison, menaçaient d’être sans fin, des courses à travers champs, des folies, des jeux d’enfant, un plaisir de faire des sottises, de tripoter la terre, les choses sales, les bêtes, les araignées, les fourmis, les vers, de les taquiner, de leur faire du mal, de les faire manger l’un par l’autre, les oiseaux par les chats, les vers par les poules, les araignées par les fourmis, sans méchanceté d’ailleurs, ou par un instinct du mal tout à fait inconscient, par curiosité, par désœuvrement. C’était un besoin inlassable de dire des niaiseries, de répéter cinquante fois des mots qui n’avaient aucun sens, d’agacer, d’irriter, de harceler, de mettre hors de soi. Et ses coquetteries, dès que paraissait quelqu’un, – n’importe qui, – sur le chemin!… Aussitôt elle parlait avec animation, riait, faisait du bruit, faisait des grimaces, se faisait remarquer; elle prenait une démarche factice et saccadée. Christophe pressentait avec terreur qu’elle allait dire des choses sérieuses. – Et en effet: cela ne manquait point. Elle devenait sentimentale. Elle l’était sans modération, comme elle était tout le reste; elle s’épanchait avec fracas. Christophe souffrait, il avait envie de la battre. Il ne lui pardonnait rien moins que de n’être pas sincère. Il ne savait pas encore que la sincérité est un don aussi rare que l’intelligence et la beauté, et qu’on ne saurait sans injustice l’exiger de tous. Il ne supportait pas le mensonge; et Ada lui en donnait bonne mesure. Elle mentait constamment, tranquillement, en face de l’évidence. Elle avait cette facilité étonnante d’oublier ce qui leur déplait, – ou même ce qui leur a plu, – qu’ont les femmes qui vivent au cours des heures.

Et malgré tout, ils s’aimaient, ils s’aimaient de tout leur cœur. Ada était aussi sincère que Christophe dans son amour. Pour ne pas reposer sur une sympathie de l’esprit, cet amour n’en était pas moins vrai; il n’avait rien de commun avec la passion basse. C’était un bel amour de jeunesse; et si sensuel qu’il fût, il n’avait rien de vulgaire, parce que tout était jeune en lui; il était naïf, presque chaste, lavé par l’ingénuité brûlante du plaisir. Bien que Ada ne fût pas, à beaucoup près, aussi ignorante que Christophe, elle avait encore le divin privilège d’un cœur et d’un corps adolescents, cette fraîcheur des sens, limpide et vive comme un ruisseau, qui donne presque l’illusion de la pureté, et que rien ne remplace. Égoïste, médiocre, insincère dans la vie ordinaire, – l’amour la rendait simple, vraie, presque bonne; elle arrivait à comprendre la joie que l’on pouvait trouver à s’oublier pour un autre. Christophe le voyait avec ravissement; et il aurait voulu mourir pour elle. Qui peut dire tout ce qu’une âme aimante apporte, dans son amour, de ridicule et touchante illusion! Et l’illusion naturelle de l’amoureux était encore centuplée chez Christophe par le pouvoir illusoire, inné à tout artiste. Un sourire de Ada avait pour lui des significations profondes; un mot affectueux était la preuve de sa bonté de cœur. Il aimait en elle tout ce qu’il y avait de bon et de beau dans l’univers. Il l’appelait son moi, son âme, son être. Ils pleuraient d’amour ensemble.

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