Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Après la consigne de la gare, et avant d’aller retrouver Pauline, Albert se rendait au Lutetia, ce qui le mettait dans un état effroyable. Pour passer inaperçu, un palace parisien…

— Ne t’inquiète pas ! avait écrit Édouard. Plus c’est visible, moins on le voit. Regarde Jules d’Épremont ! Personne ne l’a jamais vu, et pourtant, tout le monde lui fait confiance.

Il avait éclaté de l’un de ces rires chevalins qui vous faisaient dresser les cheveux sur la tête.

Albert avait d’abord compté les semaines, puis les jours. Mais maintenant, depuis qu’Édouard, sous son vrai-faux nom d’Eugène Larivière, était descendu commettre ses excentricités dans un grand hôtel, il comptait les heures et même les minutes qui les séparaient du départ, fixé le 14 juillet par le train quittant Paris pour Marseille à 13 heures et permettant d’attraper, le lendemain, le SS D’Artagnan de la Compagnie des messageries maritimes à destination de Tripoli.

Trois billets.

Ce soir-là, ses dernières minutes dans le ventre de la banque furent aussi difficiles à vivre qu’un accouchement, chaque pas lui coûta, puis, enfin, il fut dehors. Devait-il réellement y croire ? Le temps était beau, sa sacoche lourde. À droite, pas d’échafaud ; à gauche, pas de compagnie de gendarmerie…

Rien d’autre que, sur le trottoir opposé, la petite silhouette mince de Louise.

Cette vision lui fit un choc, un peu comme lorsque vous croisez dans la rue un commerçant que vous n’avez vu que derrière son étal, vous le reconnaissez mais vous sentez que ce n’est pas dans l’ordre des choses. Louise n’était jamais venue le chercher. Il se demanda, en traversant précipitamment la rue, de quelle manière elle avait trouvé l’adresse de la banque, mais cette petite passait son temps à écouter, elle devait même en savoir long sur leurs affaires.

— C’est Édouard…, dit-elle. Il faut venir tout de suite.

— Quoi, Édouard, qu’est-ce qu’il y a ?

Mais Louise ne répondit pas, elle avait levé la main et arrêté un taxi.

— Hôtel Lutetia.

Dans la voiture, Albert posa sa sacoche entre ses pieds. Louise regardait droit devant elle, comme si elle conduisait le taxi. Une chance pour Albert, Pauline, de service ce soir-là, finirait tard, et comme elle reprenait le lendemain de bonne heure, elle dormirait « chez elle ». Pour une domestique, ça signifiait chez les autres.

— Mais enfin…! demanda Albert au bout d’un moment. Qu’est-ce qu’il a Éd…

Il surprit le regard du chauffeur dans le rétroviseur et se reprit précipitamment :

— Qu’est-ce qu’il a, Eugène ?

Le visage de Louise était voilé, comme celui des mères ou des épouses angoissées.

Elle se tourna vers lui, écarta les mains. Elle avait les yeux mouillés.

— On dirait qu’il est mort.

Albert et Louise traversèrent le hall du Lutetia d’un pas qu’ils espéraient normal. Rien de plus voyant. Le liftier fit semblant de ne pas remarquer leur nervosité, il était jeune, mais déjà très professionnel.

Ils trouvèrent Édouard par terre, le dos appuyé contre son lit, les jambes allongées. Très mal en point, mais pas mort. Louise réagit avec son sang-froid habituel. La chambre empestait le vomi, elle ouvrit une à une toutes les fenêtres et fabriqua des serpillières avec tout ce qu’elle trouva de serviettes dans la salle de bains.

Albert se mit à genoux et se pencha vers son ami.

— Eh ben alors, mon vieux ? Ça va pas ?

Édouard dodelinait de la tête, ouvrait et fermait les yeux spasmodiquement. Il ne portait pas de masque, la béance de son visage exhalait une odeur putride si intense qu’elle contraignit Albert à reculer. Il prit une longue inspiration puis saisit son camarade sous les aisselles et parvint à le coucher sur le lit. Un type qui n’a pas de bouche, pas de mâchoires, rien qu’un trou et les dents du haut, vous ne savez pas comment faire pour lui tapoter les joues. Albert obligea Édouard à ouvrir les yeux.

— Tu m’entends ? répétait-il. Dis, tu m’entends ?

Et comme il n’obtenait aucune réaction, il passa directement à la manière forte. Il se leva, fila à la salle de bains et remplit un grand verre d’eau.

Lorsqu’il se retourna pour revenir à la chambre, il fut tellement surpris qu’il lâcha le verre et, pris d’un malaise, dut s’asseoir par terre.

Accroché au dos de la porte comme une robe de chambre à une patère, un masque.

Un visage d’homme. Celui d’Édouard Péricourt. Le vrai Édouard. Celui d’avant, parfaitement reproduit ! Il ne manquait que les yeux.

Albert perdit la conscience de l’endroit où il se trouvait, il était dans la tranchée, à quelques pas des marches en bois, harnaché pour l’attaque, tous les autres gars sont là, devant et derrière lui, tendus comme des arcs, prêts à bondir vers la cote 113. Là-bas, le lieutenant Pradelle surveille les lignes ennemies à la jumelle. Devant lui, il y a Berry et, devant Berry, ce type qu’il n’a jamais beaucoup fréquenté, qui se retourne, Péricourt qui lui sourit, un sourire lumineux. Albert lui trouve l’air d’un môme qui va faire une connerie, il n’a même pas le temps de lui répondre, Péricourt s’est déjà retourné.

C’était exactement ce visage qu’il avait ce soir-là devant lui, moins le sourire. Albert en resta tétanisé, il ne l’avait jamais revu, forcément, sauf en rêve, et il était là, émergeant de la porte, comme si Édouard allait apparaître tout entier, tel un fantôme. La chaîne de toutes les images se déclencha, les deux soldats tués d’une balle dans le dos, l’attaque de la cote 113, le lieutenant Pradelle qui le tamponne brutalement à l’épaule, le trou d’obus, la marée de terre qui vient le recouvrir.

Albert hurla.

Louise apparut à la porte, affolée.

Il s’ébroua, fit couler de l’eau, s’en frotta le visage, remplit de nouveau le verre et, sans plus regarder le masque d’Édouard, repassa dans la chambre et alla le déverser entièrement, d’un seul coup, dans la gorge de son camarade, qui aussitôt se redressa sur ses coudes, se mit à tousser comme un damné, comme lui-même autrefois avait dû tousser en revenant à la vie.

Albert lui pencha le torse en avant pour le cas où il vomirait encore, mais non, la quinte de toux mit un long moment avant de s’éteindre. Édouard avait repris ses esprits, il était épuisé si l’on en jugeait par ses yeux cernés et l’abandon de tout son corps qui plongea de nouveau dans un état second. Albert écouta sa respiration qu’il trouva normale. Sans souci de la présence de Louise, il déshabilla son camarade et le coucha dans les draps. Le lit était si large qu’il put s’asseoir près de lui d’un côté sur un oreiller, Louise de l’autre côté.

Ils restèrent tous deux posés là, comme des serre-livres. Chacun tenait une main d’Édouard qui s’endormit avec un inquiétant bruit de gorge.

D’où ils étaient, Louise et Albert pouvaient voir, sur la grande table ronde au milieu de la pièce, la longue seringue fine, le citron coupé en deux et, sur une feuille, des résidus de poudre marron, comme de la terre, le briquet à amadou dont l’étoupe recourbée et nouée avait l’air d’une virgule sous un mot.

Au pied de la table, le garrot en caoutchouc.

Ils restèrent sans parler, perdus dans leurs pensées. Albert n’était pas très savant en la matière, mais le produit ressemblait fort à ce qu’on lui avait proposé naguère, lorsqu’il cherchait de la morphine. C’était l’étape d’après : l’héroïne. Pour se la procurer, Édouard n’avait même pas eu besoin d’intermédiaire…

Curieusement, Albert se demanda À quoi je sers, alors ? comme s’il regrettait de n’avoir pas eu, en plus de tout, cette affaire-là à gérer.

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