Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Vingt fois Henri avait cassé quelque chose dans des circonstances semblables, un vase, un meuble, une vitre, un bibelot. Au lieu de quoi, ce soir-là, il se leva, sortit et ferma lentement la porte de la chambre de son épouse.

Prenant le couloir, il vit apparaître des images de la Sallevière telle qu’il l’avait vue quelques jours plus tôt, avec l’immense façade admirablement restaurée, les horticulteurs qui avaient commencé à redessiner le vaste jardin à la française, les peintres qui s’apprêtaient à attaquer les plafonds des salles et des chambres, on allait restaurer les angelots et les boiseries…

Assommé par la suite de lâchages survenus en quelques heures, Henri faisait des efforts désespérés pour donner corps à ce cataclysme, mais il n’y arrivait pas, c’étaient des mots, des images, rien de réel.

Tout perdre ainsi, aussi vite qu’il l’avait gagné, il ne parvenait pas à le concevoir.

Il y parvint enfin par la grâce d’un mot prononcé à voix haute, alors qu’il était seul dans le couloir :

— Je suis mort.

37

Avec les derniers dépôts, le compte bancaire du Souvenir Patriotique annonçait un solde positif de cent soixante-seize mille francs. Albert fit un rapide calcul, il fallait jouer fin, ne pas organiser de sorties trop massives, mais il y avait un tel volume d’affaires, dans cette banque, qu’il n’était pas rare qu’on échangeât sept ou huit millions dans la journée et que les caisses alimentées par un nombre impressionnant de commerces et de grands magasins parisiens voient quotidiennement passer des flux de quatre à cinq cent mille francs, parfois davantage.

Depuis la fin juin, Albert ne vivait plus dans sa propre peau.

Le matin, entre deux nausées, et déjà aussi épuisé qu’après l’attaque d’une position allemande, il se rendait au travail dans un état proche de l’implosion ; il n’aurait pas été surpris que, sur le parvis de l’établissement, la justice ait installé dans la nuit un échafaud pour le guillotiner sans procès devant le personnel réuni au grand complet, M. Péricourt en tête.

Toute la journée, il évoluait dans une torpeur brumeuse, les voix lui parvenaient avec un énorme retard ; quand on lui parlait, il fallait traverser son mur d’angoisse. Albert vous regardait comme si vous l’aviez percuté avec le jet d’une lance à incendie. « Hein, quoi ? » étaient toujours ses premiers mots, on n’y faisait plus attention, on le connaissait.

Dans le cours de la matinée, il déposait sur le compte du Souvenir Patriotique les règlements parvenus la veille et, de la vapeur bouillonnante qui lui noyait le cerveau, il tentait d’extraire le montant de ce qu’il allait prélever en espèces. Puis, lorsque commençait le roulement des employés à chaque caisse pour la pause de midi, il profitait de chaque passage à un guichet pour effectuer ses débits en signant d’une main fébrile Jules d’Épremont, comme si le client s’était présenté lui-même à la banque à l’heure du déjeuner. Au fur et à mesure des prélèvements, il fourrait les billets dans sa sacoche qui enflait jusqu’à être, en début d’après-midi, quatre fois plus ventrue que le matin.

À deux reprises, le soir, en se dirigeant vers la porte à tambour et en s’entendant héler par un collègue, ou parce qu’il avait cru percevoir de la suspicion dans le regard d’un client, il avait commencé à pisser dans son pantalon et avait dû héler un taxi pour rentrer à la maison.

Les autres fois, il passait la tête sur le trottoir avant de sortir, histoire de vérifier que l’échafaud absent le matin n’avait pas été dressé dans la journée devant sa station de métro, sait-on jamais.

Dans son cartable, qui servait à la plupart des employés à transporter leur déjeuner, Albert rapportait ce soir-là quatre-vingt-dix-neuf mille francs en grosses coupures. Pourquoi pas cent mille, une question de superstition penserez-vous, eh bien, pas du tout : une affaire d’élégance. C’était de l’esthétique — de comptable, évidemment, il faut relativiser —, mais de l’esthétique tout de même, parce que, avec cette somme, le Souvenir Patriotique pouvait s’enorgueillir d’avoir escroqué un million cent onze mille francs. Pour Albert, c’était joli tous ces 1 qui se suivaient. Le minimum fixé par Édouard était donc très largement dépassé et, à titre plus personnel, c’était, pour Albert, un jour de victoire. Nous étions le samedi 10 juillet, il avait sollicité de sa direction un congé exceptionnel de quatre jours à l’occasion de la fête nationale et, comme à l’heure de la réouverture de la banque, le 15 juillet, il serait normalement sur le bateau en route pour Tripoli, ce jour-là était son dernier à la banque. Comme lors de l’armistice de 1918, sortir vivant de cette aventure le laissait pantois. Un autre que lui se serait cru immortel. Mais Albert n’arrivait pas à s’imaginer une seconde fois survivant ; le moment de l’embarquement pour les colonies avait beau approcher, il n’y croyait pas vraiment tout à fait.

— À la semaine prochaine, monsieur Maillard !

— Hein ? Quoi ? Euh… Oui, bonsoir…

Puisqu’il était encore vivant et que le million emblématique était atteint et même dépassé, Albert se demandait s’il ne serait pas judicieux de changer les billets de train et de bateau, et d’anticiper le départ. Mais sur cette question, il était plus déchiré que sur le reste.

Partir, oui, très vite, tout de suite même si cela avait été possible… Mais Pauline ?

Cent fois, il avait essayé de lui parler, autant de fois il avait renoncé. Pauline était merveilleuse, du satin dehors et du velours dedans, et savante à un point ! Mais elle était de ces filles du peuple avec lesquelles on fait les bourgeoises. Le mariage en blanc, l’appartement, les enfants, trois, peut-être quatre, c’était là tout l’horizon. Si cela n’avait tenu qu’à lui, une petite vie tranquille avec Pauline et des enfants, quatre pourquoi pas, Albert aurait été d’accord, il aurait même bien aimé garder son emploi à la banque. Mais maintenant qu’il était un escroc patenté, et bientôt, si Dieu le voulait, de niveau international, cette perspective s’évanouissait et avec elle Pauline, le mariage, les enfants, l’appartement et la carrière bancaire. Il ne restait qu’une solution : tout lui avouer, la décider à partir avec lui, dans trois jours, avec un million de francs en grosses coupures dans une valise, un copain au visage ouvert en deux comme une pastèque et la moitié de la police française à leurs trousses.

Autant dire, impossible.

Ou partir seul.

Quant à demander conseil à Édouard, c’était parler à un mur. Finalement, même s’il l’aimait infiniment, et pour toutes sortes de raisons très contradictoires, Albert trouvait Édouard assez égoïste.

Il passait le voir tous les deux jours, entre la mise à l’abri des fonds et les retrouvailles avec Pauline. L’appartement de l’impasse Pers étant maintenant déserté, Albert n’avait pas jugé prudent d’y laisser la fortune sur laquelle leur avenir reposait. Il avait cherché une solution, il aurait pu louer un coffre dans une banque, mais il n’avait pas confiance, il avait préféré la consigne de la gare Saint-Lazare.

Chaque soir il retirait sa valise, s’installait dans les toilettes du buffet pour y mettre le revenu de la journée, puis il la rendait à l’employé. Il passait pour un représentant de commerce. En gaines et corsets, avait-il déclaré, il n’avait pas trouvé autre chose. Les employés lui adressaient des œillades complices auxquelles il répondait par un petit signe modeste qui, évidemment, accroissait encore sa réputation. Pour le cas où il aurait fallu détaler à toute vitesse, Albert avait également déposé un immense carton à chapeau qui contenait le cadre avec la tête de cheval dessinée par Édouard, dont il n’avait jamais réparé la vitre et, par-dessus, enveloppé dans du papier de soie, le masque du cheval. Obligé de partir précipitamment, il savait qu’il laisserait plutôt la valise de billets que ce carton.

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