Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Il s’en tint à ce qu’il pouvait raconter sans risquer de ruiner totalement son image. Mais même en s’en tenant au strict nécessaire, ce qu’il disait était vraiment déplaisant pour lui-même. Les cercueils trop petits, le personnel incompétent, avide, tous ces étrangers qui ne parlaient même pas le français… Et la difficulté de la tâche aussi ! On ne s’imagine pas ! Mais il fallait le reconnaître : des Boches dans des sépultures françaises, des cercueils remplis de terre, des petits trafics sur place, il y avait eu des rapports, il avait cru bien faire en proposant un peu d’argent au fonctionnaire, une maladresse, bien sûr, mais enfin…

Madeleine hochait la tête, très concentrée. Selon elle, tout ne pouvait pas être de sa faute.

— Mais enfin, Henri, pourquoi serais-tu le seul responsable dans cette affaire ? C’est trop facile…

Henri était très étonné, par lui-même d’abord, d’être capable de dire toutes ces choses, de reconnaître qu’il s’y était mal pris ; étonné par Madeleine ensuite, qui l’écoutait avec tant d’attention et qui, à défaut de le défendre, comprenait ; étonné par leur couple enfin, car c’était la première fois depuis qu’ils se connaissaient qu’ils se comportaient ensemble comme des adultes. Ils parlaient sans colère, sans passion, comme s’ils échangeaient sur des travaux à effectuer dans la maison, s’entretenaient d’un voyage ou d’un problème domestique, la première fois qu’ils se comprenaient en somme.

Henri la regarda différemment. Ce qui frappait, c’était bien sûr sa poitrine d’un volume stupéfiant. Elle portait une chemise de nuit légère, on voyait les aréoles de ses seins, sombres, larges, épanouies, ses épaules rondes… Henri s’arrêta un instant pour la contempler, elle sourit, ce fut une seconde intense, une seconde de communion, il eut terriblement envie d’elle, cette bouffée de désir lui fit un bien immense. La brutalité de ce besoin sexuel tenait aussi à l’attitude maternelle, protectrice, qu’adoptait Madeleine et qui donnait envie de se réfugier en elle, d’y être accueilli, de s’y fondre. Le sujet était grave, sérieux, mais sa manière d’écouter avait quelque chose de léger, de simple et de rassurant. Insensiblement, Henri se détendit, sa voix devint plus paisible, son débit moins pressé. En la regardant, il pensa : Cette femme est la mienne. Et il en ressentit une fierté nouvelle et inattendue. Il tendit la main, la posa sur son sein, elle sourit gentiment, la main glissa le long de son ventre, Madeleine se mit à respirer fort, on aurait dit une respiration douloureuse. Il y avait un peu de calcul dans le geste d’Henri parce qu’il avait toujours su y faire avec Madeleine, mais ce n’était pas seulement cela. C’était comme des retrouvailles avec quelqu’un qu’il n’aurait jamais vraiment rencontré. Madeleine écarta les jambes, mais elle le retint en saisissant son poignet.

— Ce n’est pas vraiment le moment, souffla-t-elle, tandis que sa voix hurlait le contraire.

Henri approuva lentement, il se sentait fort, retrouvait de sa confiance.

Madeleine tassa les oreillers dans son dos en reprenant son souffle, chercha une position et, quand elle l’eut trouvée, poussa un soupir de regret et caressa pensivement, en l’écoutant, les veines saillantes et bleues, il avait de si belles mains.

Henri se concentra, il fallait bien revenir au sujet :

— Léon m’a lâché. Je ne peux espérer aucune aide de son père.

Madeleine fut piquée, choquée que Léon ne l’aide pas, il était bien dans l’affaire, non ?

— Non, justement, dit Henri, il n’y est plus. Ferdinand non plus.

Les lèvres de Madeleine s’arrondirent sur un ah silencieux.

— Ce serait trop long à t’expliquer, trancha-t-il.

Elle sourit, son mari était de retour. Intact. Elle lui caressa la joue.

— Mon pauvre amour…

Elle lui parlait d’une voix douce, intime.

— Cette fois, c’est du sérieux, alors ?

Il ferma les yeux en signe d’assentiment, les rouvrit, puis se lança :

— Ton père refuse toujours de m’aider, mais…

— Oui, et si je le lui demandais à nouveau, il refuserait encore.

Henri gardait la main de Madeleine dans la sienne, mais leurs bras étaient maintenant retombés sur leurs genoux. Il devait la convaincre. Qu’elle refuse était rigoureusement impossible, impensable. Le vieux Péricourt avait voulu l’humilier, maintenant qu’il y était parvenu, il avait (Henri chercha le mot) le devoir, c’est ça ! le devoir de se montrer réaliste ! Car enfin, qu’avait-il à gagner à voir son nom jeté dans le ruisseau si un scandale éclatait ? Non, pas exactement un scandale, il n’y avait pas matière à cela, disons, un incident ? On pouvait comprendre qu’il ne veuille pas courir au secours de son gendre, mais ça ne lui coûterait pas grand-chose de faire plaisir à sa fille, non ? Il ne cessait de s’entremettre auprès des uns et des autres, et dans des affaires qui ne le touchaient pas de si près ! Madeleine en convint :

— C’est vrai.

Mais Henri percevait bien, en elle, un fond de résistance. Il se pencha.

— Tu ne veux pas intervenir auprès de lui… parce que tu crains qu’il refuse, c’est cela ?

— Oh non ! répondit précipitamment Madeleine, ce n’est pas du tout cela, mon chéri !

Elle dégagea sa main et la posa sur son ventre, les doigts légèrement écartés. Et elle lui sourit.

— Je n’interviendrai pas parce que je ne veux pas intervenir. En fait, Henri, je t’écoute mais tout cela ne m’intéresse absolument pas.

— Je comprends bien, consentit Henri. D’ailleurs, je ne te demande pas de t’y intéresser, je t…

— Non, Henri, tu ne comprends pas. Ce ne sont pas tes affaires qui ne m’intéressent pas, c’est toi.

Elle avait dit cela sans rien changer à son attitude, toujours simple, souriante, intime, terriblement proche. La douche fut si froide qu’Henri douta d’avoir bien entendu.

— Je ne comprends pas…

— Mais si, mon amour, je suis certaine que tu as parfaitement saisi. Ce n’est pas ce que tu fais qui m’indiffère, c’est ce que tu es.

Il aurait dû se lever à l’instant et partir, mais le regard de Madeleine le retenait. Il n’avait pas envie d’en entendre plus, mais il était captif de la situation, comme un prévenu contraint par le juge d’écouter sa condamnation.

— Je n’ai jamais eu beaucoup d’illusions sur ce que tu étais, expliqua Madeleine. Ni sur ce que nous serions. J’ai été amoureuse un moment, je le reconnais, mais j’ai très vite compris comment tout cela finirait. J’ai seulement fait durer parce que j’avais besoin de toi. Je t’ai épousé parce que j’avais l’âge, que tu me l’as proposé et qu’Aulnay-Pradelle, ça sonnait joliment. Si ça n’avait pas été aussi ridicule d’être ta femme, sans cesse humiliée par tes aventures, j’aurais bien aimé m’appeler ainsi. Tant pis.

Henri s’était levé. Cette fois, il ne se drapa pas dans un honneur de circonstance, ne chercha pas à argumenter, à surenchérir dans le mensonge : Madeleine parlait d’un ton trop sobre, ce qu’elle disait était définitif.

— Ce qui t’a sauvé jusqu’ici, c’est que tu es très beau, mon amour.

Du fond de son lit, les mains sur son ventre, elle admirait son mari qui allait sortir de la chambre et elle lui parlait comme s’ils se quittaient pour la nuit, sur un échange intime et tendre.

— Je suis certaine que tu m’as fait un très joli bébé. Je n’ai jamais espéré plus de ta part. Maintenant qu’il est là (elle tapota gentiment son ventre qui répondit par un son mat), tu peux devenir ce que tu veux, et même rien du tout, cela m’est tout à fait égal. C’est une déception, mais je m’en suis remise parce que j’ai ma consolation. Pour toi, si j’en juge par le peu que j’en sais, je pense que sonne l’heure d’une catastrophe dont tu ne te relèveras pas. Mais elle ne me concerne plus.

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