Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Il avait montré son livret militaire à l’accueil, il était obligatoire de déclarer son identité, même si la police venait assez rarement vérifier les hôtels de ce standing. Eugène Larivière. Le nom ne disait rien à personne. Il sonnait même un peu faux, trouvait-on… Personne ne voulait y croire. Un livret militaire, ajoutait la responsable des lingères, rien de plus facile à falsifier.

Hormis ses rares sorties nocturnes qui intriguaient, Monsieur Eugène passait son temps dans la grande suite du sixième étage avec, pour toute visite, une étrange et silencieuse petite fille à l’air sérieux d’une gouvernante, avec qui il était arrivé. Il aurait pu se servir d’elle pour s’exprimer, mais non, elle aussi était muette. Douze ans peut-être. Elle apparaissait en fin d’après-midi, passait toujours bien vite devant la réception, sans saluer personne, mais on avait eu le temps de remarquer combien elle était jolie, un visage triangulaire avec des pommettes hautes, des yeux noirs très vifs. Habillée modestement, très proprement, on sentait qu’elle avait un peu d’éducation. Sa fille, disaient les uns. Adoptée plutôt, suggéraient les autres, sur ce sujet non plus on ne savait rien. Le soir, il commandait toutes sortes de mets exotiques, mais toujours avec du bouillon de viande et des jus de fruits, des compotes, des sorbets, des plats liquides. Puis vers vingt-deux heures, on la voyait redescendre, calme et grave ; elle prenait un taxi à l’angle du boulevard Raspail et demandait toujours le prix avant de monter. Quand le tarif lui semblait excessif, elle négociait, mais, arrivé à destination, le chauffeur se rendait compte qu’avec l’argent qu’elle avait dans sa poche, elle aurait pu payer la course trente fois son prix…

Devant la porte de la suite occupée par Monsieur Eugène, la femme de chambre sortit le citron de son tablier et le posa en équilibre sur le plateau d’argent, ensuite elle sonna, tapota sa tenue afin d’être certaine de faire bonne impression et attendit. Rien. Elle frappa une seconde fois, plus discrètement, elle voulait bien servir mais pas déranger. Toujours rien. Et puis si. Une feuille passée sous la porte : « Laissez le citron ici, merci ! » Elle fut déçue, mais pas bien longtemps parce qu’à l’instant où elle se penchait pour déposer son plateau avec son citron, elle vit glisser vers elle un billet de cinquante francs. Elle l’empocha et détala aussitôt, comme un chat effrayé qu’on lui reprenne une arête de poisson.

Édouard entrouvrit la porte, passa la main, tira le plateau, referma, alla jusqu’à la table, posa le citron, attrapa un couteau et coupa le fruit en deux.

Cette suite était la plus grande de l’hôtel ; les larges fenêtres, qui donnaient sur le Bon Marché, dominaient tout Paris, il fallait beaucoup d’argent pour avoir le droit d’être là. La lumière tomba en faisceaux serrés sur le jus du citron qu’Édouard pressa délicatement dans une cuillère à soupe, au fond de laquelle il avait déposé la quantité suffisante d’héroïne, c’était joli, cette couleur, ce jaune irisé, presque bleuté. Deux sorties de nuit pour trouver ça. À un prix… Pour qu’Édouard se rende compte du tarif, il fallait vraiment que ce soit cher. Ça n’avait d’ailleurs pas d’importance. Sous son lit, le havresac de démobilisé contenait des poignées de billets arrachés de la valise d’Albert, cette fourmi qui entassait en prévision de leur départ. Si le personnel de ménage en avait profité pour se servir, Édouard ne s’en serait pas aperçu, et puis, il fallait bien que tout le monde vive.

Départ dans quatre jours.

Édouard remua avec précaution la poudre brune et le jus de citron, vérifiant qu’il ne restait pas de particules cristallisées, non dissoutes.

Quatre jours.

Au fond, il pouvait se l’avouer, il n’avait jamais cru à ce départ, jamais vraiment. Toute cette merveilleuse histoire de monuments, chef-d’œuvre de drôlerie, cette mystification comme on ne pouvait en rêver plus tonique ni plus joyeuse, lui avait permis de passer le temps, de se préparer à mourir, mais pas plus. Il ne s’en voulait même pas d’avoir entraîné Albert dans cette histoire folle, convaincu que, tôt ou tard, chacun y trouverait son bénéfice.

Après avoir remué avec soin la poudre, il tenta, malgré les tremblements de ses mains, de poser la cuillère en équilibre sur la table sans en renverser le contenu. Il prit le briquet, tira l’étoupe et commença à rouler la molette sous son pouce, provoquant des étincelles qui finiraient par allumer la mèche. En attendant, puisqu’il fallait être patient, tout en roulant la molette sans s’arrêter, il regarda l’immense suite. Il s’y sentait vraiment chez lui. Il avait toujours vécu dans de grandes pièces ; ici, le monde était à sa dimension. Dommage que son père ne puisse le voir dans ce décor de luxe parce que, somme toute, Édouard avait fait fortune bien plus vite que lui et par des moyens pas forcément plus sales. Il ne savait pas exactement de quelle manière son père s’était enrichi, mais il était persuadé que derrière toute richesse se cachaient quelques crimes, inévitablement. Lui, au moins, n’avait tué personne, tout juste s’il avait aidé quelques illusions à disparaître, accéléré l’effet inévitable du temps, rien d’autre.

L’étoupe se mit enfin à se consumer, la chaleur se dégagea, Édouard posa la cuillère, et le mélange commença à frémir, grésillant légèrement ; il fallait être très attentif, tout se jouait là. Lorsque le mélange fut prêt, Édouard dut attendre qu’il refroidisse. Il se leva, s’avança jusqu’aux fenêtres. Une belle lumière régnait sur Paris. Il ne portait pas de masque lorsqu’il était seul et surprit son image dans les vitres, pareille à celle qu’il avait découverte en 1918, lorsqu’il était hospitalisé et qu’Albert avait cru qu’il voulait simplement un peu d’air. Quel choc.

Édouard se détailla. Il n’était plus bouleversé, on s’habitue à tout, mais sa tristesse, elle, restait intacte, la faille qui s’était ouverte en lui n’avait fait, au fil du temps, que s’agrandir, s’agrandir encore et toujours. Il avait trop aimé la vie, voilà le problème. À ceux qui n’y tenaient pas autant, les choses devaient paraître plus simples, tandis qu’à lui…

Le mélange était arrivé à bonne température. Pourquoi l’image de son père continuait-elle à le hanter ?

Parce que leur histoire ne s’était pas terminée.

Cette idée arrêta Édouard dans son geste. Comme une révélation.

Toute histoire doit trouver sa fin, c’est dans l’ordre de la vie. Même tragique, même insupportable, même dérisoire, il faut une fin à tout, et avec son père, il n’y en avait pas eu, tous deux s’étaient quittés ennemis déclarés, ne s’étaient jamais revus, l’un était mort, l’autre non, mais personne n’avait prononcé le mot de la fin.

Édouard serra le garrot autour de son bras. Tandis qu’il poussait le liquide dans sa veine, il ne put s’empêcher d’admirer cette ville, d’admirer encore cette lumière. Le flash qui le saisit lui coupa la respiration, la lumière explosa sur sa rétine, jamais il n’en avait espéré de plus sublime.

36

Lucien Dupré débarqua juste avant le dîner, Madeleine était déjà descendue et venait de s’installer. Henri absent, elle dînerait seule, son père avait commandé son repas dans sa chambre.

— Monsieur Dupré…

Madeleine étant terriblement civilisée, on l’aurait jurée sincèrement contente de le voir. Ils étaient face à face dans l’immense vestibule et Dupré, tout raide avec son manteau sur le dos et son chapeau à la main, ressemblait, à cause du sol en damier noir et blanc, à un pion sur un jeu d’échecs, ce qu’il était vraisemblablement.

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