Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Depuis quand Édouard prenait-il de l’héroïne ? Albert se trouvait dans la situation de ces parents dépassés qui n’ont rien vu venir et se trouvent soudain devant le fait accompli, mais trop tard.

À trois jours du départ…

Qu’est-ce que cela changeait d’ailleurs, trois jours avant ou après ?

— Vous allez partir ?

Le petit esprit de Louise avait suivi le même trajet, elle avait posé la question d’une voix pensive et lointaine.

Albert répondit par un silence. C’était « oui ».

— Quand ? demanda-t-elle, toujours sans le regarder.

Albert ne répondit pas. Ça voulait dire « bientôt ».

Louise se tourna alors vers Édouard et, de son index tendu, elle fit ce qu’elle avait fait le premier jour : elle suivit rêveusement la plaie béante, les chairs boursouflées et rougeoyantes comme une muqueuse à ciel ouvert… Puis elle se leva, alla enfiler son manteau, revint vers le lit, du côté d’Albert cette fois, se pencha et l’embrassa sur la joue, longuement.

— Tu viendras me dire au revoir ?

De la tête Albert répondit « Oui, bien sûr ».

Ça voulait dire « non ».

Louise fit signe qu’elle comprenait.

Elle l’embrassa de nouveau et quitta la chambre.

Son absence provoqua un grand trou d’air, comme on en connaît en aéroplane, paraît-il.

38

C’était tellement exceptionnel que M lle Raymond en resta suffoquée. Pour tout dire, depuis qu’elle travaillait pour le maire d’arrondissement, ça ne s’était même jamais vu. Trois fois qu’elle traversait la pièce sans qu’il la reluque, bon, ça encore…, mais trois fois qu’elle faisait le tour de son bureau sans qu’il fourre la main sous sa jupe, index dressé…

Depuis quelques jours, Labourdin n’était plus lui-même, regard vitreux, bouche pendante, M lle Raymond aurait exécuté la danse des sept voiles, il ne s’en serait pas aperçu. Il avait le teint blanc, se déplaçait lourdement, comme un homme qui s’attend à une attaque cardiaque d’un instant à l’autre. Tant mieux, pensait-elle. Crève, charogne. La soudaine déliquescence de son patron était le premier réconfort qu’elle connaissait depuis son embauche. Une bénédiction.

Labourdin se leva, enfila lentement sa veste, prit son chapeau et sortit de son bureau sans un mot. Un pan de sa chemise ressortait par-dessus le pantalon, le genre de détail qui transforme n’importe quel homme en pouilleux. Dans sa démarche pesante, il y avait quelque chose du bovin qui part à l’abattoir.

À l’hôtel Péricourt, on lui annonça que Monsieur n’était pas là.

— Je vais attendre…, dit-il.

Puis il poussa la porte du salon, s’effondra dans le premier canapé, l’œil vide, et c’est dans cette position que, trois heures plus tard, M. Péricourt le trouva.

— Qu’est-ce que vous faites là, vous ? demanda-t-il.

L’entrée de M. Péricourt le plongea dans la confusion.

— Ah ! Président… président…, dit Labourdin en essayant de se lever.

Voilà tout ce qu’il trouva, persuadé qu’avec ce mot de « président », il avait tout dit, tout expliqué.

Malgré son agacement, M. Péricourt avait vis-à-vis de Labourdin des bontés d’agriculteur. « Expliquez-moi ça », lui disait-il parfois avec cette patience qu’on ne prodigue qu’aux vaches et aux imbéciles.

Mais ce jour-là, il resta glacial, contraignant Labourdin à redoubler d’énergie pour s’extraire du canapé et expliquer, comprenez bien, président, rien ne laissait supposer, vous-même, j’en suis certain, et tout le monde, comment imaginer une chose pareille, etc.

Son interlocuteur laissa couler le flot de mots inutiles. Il n’écoutait d’ailleurs plus. Pas la peine d’aller plus loin. Labourdin, lui, poursuivait ses lamentations :

— Ce Jules d’Épremont, président, imaginez-vous qu’il n’existe pas !

Il en était presque admiratif.

— Enfin, quoi ! Un membre de l’Institut qui travaille aux Amériques, comment ça peut ne pas exister ! Ces esquisses, ces dessins admirables, ce projet sublime ont bien été réalisés par quelqu’un, tout de même !

Arrivé à ce stade, Labourdin avait impérativement besoin d’une relance, faute de quoi son esprit se mettrait à tourner en boucle, ça pouvait durer des heures.

— Et donc, il n’existe pas, résuma M. Péricourt.

— C’est ça ! clama Labourdin, sincèrement heureux d’être si bien compris. L’adresse, 52, rue du Louvre, imaginez-vous qu’elle n’existe pas non plus ! Et savez-vous ce que c’est ?

Silence. Quelles que soient les circonstances, Labourdin raffolait des devinettes, les crétins adorent les effets.

— La poste ! rugit-il. Le bureau de poste ! Il n’y a pas d’adresse, c’est une boîte postale !

Il était ébloui par la finesse du stratagème.

— Et c’est maintenant que vous vous en apercevez…

Labourdin interpréta le reproche comme un encouragement.

— Exactement, président ! Remarquez (il leva l’index pour souligner la subtilité de son approche), j’avais un petit doute. Certes, on avait reçu le récépissé, une lettre tapée à la machine qui expliquait que l’artiste était aux Amériques, et tous ces dessins que vous connaissez, mais enfin, moi…

Il fit alors une moue dubitative accompagnée d’un mouvement de tête destiné à exprimer ce que les mots étaient impuissants à traduire : sa profonde perspicacité.

— Et vous avez payé ? coupa M. Péricourt, glacial.

— Mais, mais, mais, mais… comment voulez-vous ? Bien sûr, président, que nous avons payé !

Il était formel.

— Sans règlement, pas de commande ! Et sans commande, pas de monument ! On ne pouvait pas faire autrement ! Nous avons réglé l’acompte au Souvenir Patriotique, bien obligés !

Joignant le geste à la parole, il extirpa de sa poche une sorte de journal. M. Péricourt le lui arracha. Il le feuilleta nerveusement. Labourdin ne le laissa pas même poser la question qu’il avait sur les lèvres.

— Cette société, elle n’existe pas ! hurla-t-il. C’est une société…

Il s’arrêta brutalement. Ce mot, qu’il avait pourtant tourné et retourné depuis deux jours, venait de lui échapper.

— C’est une société…, reprit-il, parce qu’il avait remarqué que son cerveau fonctionnait un peu comme un moteur d’automobile, plusieurs coups de manivelle, et parfois, ça redémarrait. Imaginaire ! C’est ça, imaginaire !

Il sourit de toutes ses dents, passablement fier d’avoir surmonté cette adversité linguistique.

M. Péricourt continuait de feuilleter le mince catalogue.

— Mais, dit-il, ce sont là des modèles industriels.

— Euh… oui, risqua Labourdin, qui ne voyait pas où le président voulait en venir.

— Labourdin, nous, nous avons commandé une œuvre originale, non ?

— Aaahhhhh ! hurla Labourdin, qui avait oublié cette question, mais se souvenait d’avoir préparé la réponse. Exact, cher président, très originale, même ! C’est que, voyez-vous, M. Jules d’Épremont, membre de l’Institut, est l’auteur à la fois de modèles industriels et d’œuvres comme qui dirait « sur mesure » ! Il sait tout faire, cet homme-là !

Il se rappela alors qu’il parlait d’un être purement fictif.

— Enfin… il savait tout faire, ajouta-t-il en baissant la voix, comme s’il s’agissait d’un artiste mort et, de ce fait, dans l’impossibilité d’honorer une commande.

En feuilletant les pages du catalogue et en regardant les modèles présentés, M. Péricourt prenait la dimension de l’escroquerie : nationale.

Le scandale allait être terrible.

Sans égard pour Labourdin qui remontait son pantalon à deux mains, il tourna les talons, regagna son bureau et se trouva face à l’étendue de son échec.

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