Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Tout autour de lui, les dessins encadrés, les esquisses, les projections de son monument hurlaient son humiliation.

Ce n’était pas tant l’argent dépensé, ni même, pour un homme comme lui, de s’être fait gruger, non, ce qui le retournait, c’est qu’on se fût moqué de son malheur. Son argent, sa réputation, passe encore, il en avait de reste et le monde des affaires lui avait appris combien la rancune est mauvaise conseillère. Mais ridiculiser son malheur revenait à mépriser la mort de son fils. Comme lui-même autrefois. Ce monument aux morts, au lieu de réparer tout le mal qu’il avait infligé à son fils, venait doubler la mise. L’expiation espérée tournait au grotesque.

Le catalogue du Souvenir Patriotique proposait une gamme d’articles industriels avec une promotion alléchante. Combien en avait-on vendu de ces monuments imaginaires ? Combien de familles avaient versé de l’argent pour ces chimères ? Combien de communes s’étaient fait voler comme au coin d’un bois, victimes de leur naïveté ? Qu’on pût avoir l’audace, qu’on pût même avoir l’idée de détrousser tant de gens malheureux, c’était proprement renversant.

M. Péricourt n’était pas un homme suffisamment généreux pour se sentir proche des victimes qu’il pressentait en nombre, ni avoir envie de leur venir en aide. Il ne pensait qu’à lui, à son malheur à lui, à son fils à lui, à son histoire à lui. Ce dont il souffrait, c’était d’abord que le père qu’il n’avait pas été, jamais il ne parviendrait à le devenir. Mais, de manière plus égotiste encore, il était vexé comme s’il avait été visé personnellement : ceux qui avaient payé pour ces modèles industriels avaient été les dindons d’une mystification générale, tandis que lui, avec sa commande d’un monument sur mesure, se sentait l’objet d’une extorsion individuelle.

Cette défaite blessait intensément son orgueil.

Fourbu, écœuré, il s’assit à son bureau et rouvrit le catalogue qu’il avait, sans y penser, froissé entre ses mains. Il lut attentivement la longue lettre que l’escroc adressait aux maires des villes et des villages. Propos astucieux, rassurants, d’allure tellement officielle ! M. Péricourt s’arrêta un instant sur l’argument qui, probablement, avait assuré la réussite de l’abus de confiance, cette remise exceptionnelle, forcément très attractive pour les budgets modestes, l’effet d’aubaine… Et même, cette date du 14 juillet si symbolique…

Il releva la tête, tendit le bras et consulta son calendrier.

Les escrocs laissaient peu de temps aux clients pour réagir ou vérifier à qui ils avaient affaire. Pour peu qu’ils aient reçu un récépissé en bonne et due forme en échange de leur commande, ils n’avaient pas de raisons de s’inquiéter avant le 14 juillet, date du terme de la prétendue promotion. Nous étions le 12. Ce n’était plus qu’une question de jours. Puisque personne ne parlait d’eux, les escrocs attendraient à coup sûr d’avoir raflé les dernières avances avant de s’enfuir. Quant aux clients, les plus avisés ou les plus suspicieux chercheraient bientôt à vérifier que leur confiance avait été bien placée.

Qu’allait-il alors se passer ?

Le scandale éclaterait. Dans un jour ou deux, ou trois. Ce n’était peut-être même qu’une question d’heures.

Et ensuite ?

Les journaux rivaliseraient d’émotion, la police serait sur les dents ; les députés, outragés au nom de la nation, se draperaient dans leur vertu patriotique…

— Foutaises, murmura M. Péricourt.

Et quand bien même on retrouverait ces voyous, qu’on les arrêterait, ce serait quoi, trois, quatre années d’instruction, un procès, d’ici là tout le monde se serait calmé.

Même moi, pensa-t-il.

Cette idée ne l’apaisa pas : demain ne comptait pas, c’est aujourd’hui qu’il souffrait.

Il referma le catalogue, le lissa du plat de la main.

Jules d’Épremont et ses complices, lorsqu’ils seraient arrêtés (s’ils l’étaient un jour), cesseraient d’être des individus. Ils deviendraient des phénomènes d’actualité, des curiosités, comme Raoul Villain l’avait été, comme Landru le devenait.

Livrés à la furie générale, les coupables n’appartiendraient plus à leurs victimes. Et lui, Péricourt, qui pourrait-il haïr lorsque ces bandits seraient la propriété de tout le monde ?

Pire, son nom se retrouverait au centre de ce procès ! Et si, par malheur, il avait été le seul à commander une œuvre sur mesure, serait-il le seul dont on dirait : voyez celui-là, il a mis cent mille francs dans le commerce, le voilà Gros-Jean comme devant ! Il suffoqua à cette idée car il passerait, aux yeux de tous, pour un pigeon, un jobard. Lui, l’industriel couronné de succès, le banquier redouté, s’était fait estamper dans les grandes largeurs par des escrocs de bas étage.

Les mots lui manquaient.

La blessure d’amour-propre l’aveugla.

Il se passa en lui quelque chose de mystérieux et de définitif : les hommes qui avaient commis ce crime, il les voulait, comme rarement il avait désiré quelque chose, avec une ardeur folle. Il ne savait pas ce qu’il en ferait, mais il les voulait, voilà tout.

Des crapules. Une bande organisée. Avaient-ils déjà quitté le pays ? Peut-être pas.

Pouvait-on les retrouver avant la police ?

Il était midi.

Il tira le cordon et ordonna que l’on appelle son gendre qu’il vienne.

Toutes affaires cessantes.

39

Henri d’Aulnay-Pradelle entra dans le vaste bureau de poste de la rue du Louvre en milieu d’après-midi et choisit un banc permettant d’observer les rangées de boîtes postales qui tapissaient le mur, non loin du monumental escalier conduisant à l’étage.

La boîte n o 52 était située à une quinzaine de mètres de lui. Il fit mine de s’absorber dans la lecture de son journal, mais comprit vite qu’il ne pourrait pas rester à cette place bien longtemps. Avant de relever la boîte, les margoulins devaient sans doute observer un long moment pour voir s’il n’y avait rien d’anormal et ils ne devaient certainement pas passer en milieu de journée, mais plutôt le matin. Enfin, maintenant qu’il se trouvait sur les lieux, il se voyait englué dans la pire de ses craintes : il y avait aujourd’hui, pour les escrocs, davantage de risques à venir chercher les derniers paiements qu’à prendre un train pour l’autre bout de l’Europe ou un bateau pour l’Afrique.

Ils ne viendraient pas.

Or le temps lui était compté.

Cette idée lui ruina le moral.

Quitté par son personnel, lâché par ses associés, renié par son beau-père, abandonné par sa femme, sans plus aucune perspective face à la catastrophe qui s’annonçait… Il avait vécu les trois pires jours de son existence jusqu’à cet appel in extremis, ce coursier venu le chercher en urgence, ce mot griffonné sur une carte de visite de Marcel Péricourt : « Venez me voir immédiatement. »

Le temps de prendre un taxi, d’arriver boulevard de Courcelles, de croiser Madeleine à l’étage… Toujours à sourire aux anges, celle-là, une oie en train de pondre. Même pas l’air de se souvenir qu’elle l’avait froidement condamné deux jours plus tôt.

— Ah, on t’a trouvé, mon chéri ?

Comme soulagée. Quelle salope. Elle avait envoyé le coursier le chercher jusque dans le lit de Mathilde de Beausergent, c’était à se demander comment elle était informée.

— On ne t’a pas interrompu avant l’orgasme, j’espère ! demanda Madeleine.

Et comme Henri passait devant elle sans répondre, elle ajouta :

— Ah oui, tu montes voir papa… Encore une affaire d’hommes, ce que vous pouvez être pénibles…

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