Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

Здесь есть возможность читать онлайн «Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2013, ISBN: 2013, Издательство: Éditions Albin Michel, Жанр: Историческая проза, Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Au revoir là-haut»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

Au revoir là-haut — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Au revoir là-haut», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Puis elle croisa les mains sur son ventre et revint à son activité préférée qui consistait à deviner si c’était les pieds qui faisaient ces bosses, ou les talons, ou les coudes, il remuait comme un poisson, ce petit animal-là ; elle adorait parler avec lui.

À mesure que le temps passait, que les innombrables clients se pressaient aux guichets, que s’ouvraient toutes les boîtes postales sauf celle qu’il surveillait, Henri changea de position, de banc, d’étage, monta où l’on pouvait fumer en scrutant le rez-de-chaussée. Cette inaction le tuait à petit feu, mais que faire d’autre ? Il se remit à maudire le vieux Péricourt, par la faute duquel il poireautait là, impuissant. Il l’avait trouvé très affecté. Cet homme mourrait debout, mais l’épuisement se lisait sur toute sa personne, ses épaules tassées, ses cernes violets… Il y avait quelque temps qu’il donnait des signes de faiblesse, mais son état paraissait s’être encore dégradé. Au Jockey, on murmurait que, depuis son malaise de novembre dernier, il n’était plus vraiment le même. Le docteur Blanche, un vrai sphinx pourtant, baissait les yeux lorsqu’on parlait de Marcel Péricourt, c’était tout dire. Indice qui ne trompait pas, en Bourse, certaines actions de son groupe avaient été données à la baisse. Depuis, elles étaient remontées, mais tout de même…

Qu’Henri soit ruiné quand le vieux crabe viendrait à caner, c’est-à-dire trop tard, était insupportable. Si seulement il pouvait passer l’arme à gauche maintenant plutôt que dans six mois ou dans un an… Certes, le testament était verrouillé, tout comme le contrat de mariage, mais Henri conservait une confiance indéfectible dans sa capacité à obtenir ce qu’il voulait des femmes, qualité qui ne s’était démentie qu’avec la sienne (un comble). Mais si cela était nécessaire, il puiserait dans ses réserves, et Madeleine, il n’en ferait qu’une bouchée ; la fortune du vieux, il en aurait sa part, parole de soldat. Quel gâchis. Il en avait trop voulu ou trop vite… Inutile de revenir sur le passé, c’était ainsi, Henri était un homme d’action, pas du genre à se lamenter.

— Vous allez au-devant de gros ennuis, avait dit le vieux Péricourt lorsque Henri s’était assis devant lui, tenant encore à la main la carte de visite qui lui intimait l’ordre de venir.

Henri n’avait pas répondu parce que c’était vrai. Ce qui était encore rattrapable — les petits problèmes dans les cimetières — devenait, avec l’accusation de corruption de fonctionnaire, une difficulté quasiment insurmontable.

Quasiment. C’est-à-dire pas totalement insurmontable.

Or, justement, si Péricourt le réclamait, s’il s’abaissait à le demander, s’il allait jusqu’à le faire chercher dans le lit d’une de ses maîtresses, c’est qu’il avait terriblement besoin de lui.

De quoi s’agissait-il pour qu’il en soit réduit à l’appeler, lui, Henri d’Aulnay-Pradelle, dont il ne prononçait le nom qu’avec dédain ? Henri n’en avait pas la moindre idée, sauf qu’il était là, dans le bureau du vieux, assis et non plus debout, qu’il n’avait rien sollicité. Une lueur venait de se profiler, un espoir. Il ne posa aucune question.

— Sans moi, vos ennuis sont insolubles.

Henri commit une première erreur due à son amour-propre, il se permit une petite moue sceptique. M. Péricourt réagit avec une violence que son gendre ne lui connaissait pas.

— Vous êtes mort ! hurla-t-il. Vous entendez ? Mort ! Avec ce que vous avez sur le dos, l’État va tout vous prendre, vos biens, votre réputation, tout, vous ne vous en relèverez pas ! Et vous finirez en prison.

Henri appartenait à cette espèce d’hommes qui, après une erreur tactique majeure, sont capables de manifester une excellente intuition. Il se leva et sortit.

— Restez là ! cria M. Péricourt.

Sans l’ombre d’une hésitation, Henri fit demi-tour, traversa la pièce d’un pas décidé, planta ses mains à plat sur le bureau de son beau-père, se pencha et dit :

— Alors, arrêtez de m’emmerder. Vous avez besoin de moi. Je ne sais pas pour quoi, mais que les choses soient claires, quoi que vous me demandiez, mes conditions seront les mêmes. Le ministre est à vous ? Très bien, alors vous intervenez personnellement auprès de lui, vous faites balancer à la poubelle tout ce qui m’incrimine, je ne veux plus aucune charge contre moi.

Après quoi, il reprit sa place dans le fauteuil, croisa les jambes, on aurait juré qu’il était au Jockey et attendait que le majordome lui apporte son verre de fine. N’importe qui, dans cette situation, aurait tremblé, se demandant ce qu’en échange on allait exiger de lui, mais pas Henri. Depuis trois jours qu’il remuait la déconfiture à laquelle il était promis, il se sentait prêt à tout. Dites-moi qui il faut tuer.

M. Péricourt dut tout expliquer : sa commande d’un monument aux morts, l’escroquerie à l’échelle du pays, mais dont il était peut-être la victime la plus conséquente, la plus en vue. Henri eut le bon goût de ne pas sourire. Et il commençait à comprendre ce que son beau-père allait lui demander.

— Le scandale est imminent, expliqua Marcel Péricourt. Si la police les arrête avant qu’ils s’enfuient, tout le monde va s’emparer d’eux, le gouvernement, la justice, les journaux, les associations, les victimes, les anciens combattants… Je ne le veux pas. Trouvez-les.

— Que voulez-vous en faire ?

— Cela ne vous regarde pas.

Henri fut certain que Péricourt n’en savait rien lui-même mais ce n’était pas son affaire.

— Pourquoi moi ? demanda-t-il.

Il se mordit aussitôt la langue mais c’était trop tard.

— Pour trouver ces crapules, il faut une crapule du même acabit.

Henri encaissa la gifle. M. Péricourt regretta son insulte non parce qu’il était allé trop loin mais parce qu’elle risquait d’être contre-productive.

— De plus, le temps presse, ajouta-t-il d’une voix plus conciliante. C’est une affaire d’heures. Et je n’ai que vous sous la main.

Vers dix-huit heures, après une douzaine de changements de position, il dut se rendre à l’évidence : la stratégie de l’attente au bureau de poste du Louvre ne fonctionnerait pas. Du moins, pas ce jour-là. Et personne ne pouvait dire s’il y aurait un lendemain.

Quelle solution avait Henri, hormis attendre à la poste du Louvre l’hypothétique venue des clients de la boîte postale n o 52 ? L’imprimerie qui avait fabriqué le catalogue ?

— N’y allez pas, avait dit Péricourt. Vous allez devoir poser des questions, et si la nouvelle se répand qu’on s’inquiète de cette imprimerie, on remontera à ses clients, à cette société, à l’escroquerie, et ce sera le scandale.

Si ce n’était l’imprimerie, restait la banque.

Le Souvenir Patriotique avait reçu des règlements de ses clients, mais pour savoir à quelle banque avaient été versés les fonds collectés, il fallait du temps, des autorisations, toutes choses dont Henri ne disposait pas.

Il en revenait toujours là : le bureau de poste ou rien.

Il obéit à son tempérament et choisit la transgression. Malgré l’interdiction de M. Péricourt, il se fit conduire à l’imprimerie Rondot, rue des Abbesses.

Dans le taxi, il feuilleta une fois de plus le catalogue du Souvenir Patriotique que son beau-père lui avait remis… La réaction de M. Péricourt dépassait celle d’un homme d’affaires aguerri victime d’une escroquerie, il en faisait une question personnelle. Alors, de quoi s’agissait-il ?

Le taxi resta bloqué un long moment rue de Clignancourt. Henri referma le catalogue, vaguement admiratif. Il allait à la recherche d’escrocs chevronnés, une bande structurée, expérimentée, contre laquelle il avait peu de chances parce qu’il possédait peu d’éléments et disposait d’encore moins de temps. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine admiration pour la qualité de cette arnaque. Ce catalogue confinait au chef-d’œuvre. S’il n’avait été aussi tendu vers un résultat dont sa vie dépendait, il en aurait souri. Au lieu de quoi, il se jura que s’il s’agissait de sa peau contre la leur, il allait arroser cette petite bande à la grenade offensive, au gaz moutarde, à la mitrailleuse, s’il le fallait. Qu’on lui laisse seulement un trou de souris pour passer, il ferait un carnage. Il sentit ses abdominaux, ses pectoraux se durcir, ses lèvres se serrer…

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Au revoir là-haut»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Au revoir là-haut» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Pierre Lemaitre - Sacrifices
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Rosy & John
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Les grands moyens
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Alex
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Travail soigné
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Couleurs de l'incendie
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Robe de marié
Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre - Cadres noirs
Pierre Lemaitre
N. Hammerschmidt - Haut an Haut
N. Hammerschmidt
Отзывы о книге «Au revoir là-haut»

Обсуждение, отзывы о книге «Au revoir là-haut» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x