Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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De faux monuments aux morts…
Allons-nous vers un scandale national ?

Trente lignes seulement, mais entre « La conférence de Spa se prolonge sans aboutir », le bilan de la guerre : « L’Europe a perdu 35 millions d’hommes » et le maigre « Programme des festivités du 14 Juillet », dont on rebattait les oreilles qu’il n’aurait rien à voir avec le 14 Juillet précédent qui resterait inégalé, forcément, l’information attira les regards.

Qu’annonçait l’article ? Rien. Ce fut sa force, l’imaginaire collectif eut tout le loisir de s’y engouffrer. On ignorait tout, mais on s’était laissé dire que « peut-être » des communes « auraient » commandé des monuments aux morts à une société « dont on pourrait craindre » qu’elle ne fût une « société de paille ». Impossible de se montrer plus circonspect.

Henri d’Aulnay-Pradelle fut dans les premiers à le lire. Il descendait de taxi et, en attendant l’ouverture de l’imprimerie (il n’était pas sept heures du matin), il acheta Le Petit Journal , tomba sur l’entrefilet, de rage faillit jeter le quotidien dans le caniveau, mais se reprit. Il lut, relut, pesa chaque mot. Il lui restait encore un peu de temps, cela le rassura. Mais pas beaucoup, ce qui décupla sa rage.

L’ouvrier en blouse déverrouillait la porte de l’imprimerie, Henri était déjà sur ses talons, bonjour, il tendit le catalogue du Souvenir Patriotique, vous avez imprimé ça, qui sont vos clients, mais ce n’était pas le patron.

— Tenez, il arrive, le voilà.

Un homme dans la trentaine, portant sa gamelle, le type de l’ancien contremaître qui a épousé la patronne, tenait Le Petit Journal roulé à la main, mais, une chance, ne l’avait pas encore ouvert. Henri impressionnait ces hommes-là parce que tout chez lui respirait « le Monsieur », le genre de client qui ne regarde pas au prix, exigeant et riche. Aussi, lorsque Henri demanda s’il pouvait s’entretenir avec lui, mais comment donc, répondit l’ancien ouvrier, et tandis que les typographes, imprimeurs, compositeurs entamaient leur journée, il désigna la porte vitrée du bureau où il recevait les clients.

Les ouvriers reluquaient discrètement, Henri se tourna pour n’être pas vu, sortit d’emblée deux cents francs et les posa sur la table.

Les ouvriers ne voyaient que le dos du client, lequel avait des gestes calmes, il repartit d’ailleurs bientôt, l’entretien n’avait pas duré, c’était mauvais signe, il n’avait pas passé commande. Et pourtant le patron vint les rejoindre avec un air de satisfaction d’autant plus surprenant qu’il n’aimait pas rater une affaire. Il avait reçu quatre cents francs, il n’en revenait pas, juste pour expliquer au monsieur qu’il ne connaissait pas le nom de son client, un homme de taille moyenne, nerveux, inquiet aurait-on dit, agité, qui avait payé en monnaie sonnante et trébuchante la moitié à la commande, le reste la veille de la livraison, mais on ne savait pas où était allée la marchandise parce qu’un commissionnaire était venu chercher les paquets ; il tirait une charrette avec un seul bras, un sacré gaillard.

— Il est de par ici.

Voilà tout ce qu’Henri avait obtenu. On ne le connaissait pas personnellement, ce commissionnaire à la charrette, mais on l’avait déjà vu ; un bras unique aujourd’hui n’avait rien d’exceptionnel mais faisant métier de tirer une charrette, c’était plus rare.

— Peut-être pas d’ici vraiment, avait dit l’imprimeur, je veux dire, il n’est pas du quartier, mais il doit être des environs…

Il était sept heures et quart.

Dans le hall, essoufflé, exsangue, près de l’apoplexie, Labourdin se planta devant M. Péricourt.

— Président, président (sans même dire bonjour), sachez que je n’y suis absolument pour rien !

Il tendit Le Petit Journal comme s’il était enflammé.

— Quelle catastrophe, président ! Mais je vous donne ma parole…

Comme si sa parole avait jamais compté pour quelque chose.

Il était proche des larmes.

M. Péricourt saisit le journal et alla s’enfermer dans son bureau. Labourdin resta dans le hall, incertain de la conduite à tenir, devait-il partir, y avait-il quelque chose à faire ? Mais il se souvint que le président lui disait souvent : « Ne prenez jamais d’initiative personnelle, Labourdin, attendez toujours qu’on vous dise… »

Il décida d’attendre les ordres, s’installa dans le salon, la bonne apparut, celle dont il avait, quelque temps plus tôt, pincé les tétons, la petite brune, bien excitante. Elle se tint à distance pour lui demander s’il désirait quelque chose.

— Du café, dit-il de guerre lasse.

Labourdin n’avait le cœur à rien.

M. Péricourt relut l’article, le scandale éclaterait ce soir, demain. Il abandonna le journal sur son bureau, sans colère, trop tard. On aurait juré qu’il perdait un centimètre à chaque mauvaise nouvelle, ses épaules tombaient, son échine ployait, il rapetissait.

En s’asseyant à son bureau, il vit le journal à l’envers. L’étincelle provoquée par cet article serait suffisante pour allumer la mèche, songea-t-il.

Avec raison d’ailleurs : dès qu’ils eurent connaissance de l’entrefilet de leur confrère du Petit Journal , les reporters du Gaulois , de L’Intransigeant , du Temps , de L’Écho de Paris s’étaient précipités, on avait commandé des taxis, appelé des contacts. L’administration, interrogée, demeura muette, signe qu’il y avait anguille sous roche. Tout le monde resta sur le pied de guerre, certain que lorsque l’incendie se déclarerait, la prime reviendrait à ceux qui se trouveraient aux avant-postes.

La veille, lorsqu’il avait ouvert la luxueuse boîte du Bon Marché, écarté le papier de soie et découvert l’ensemble ahurissant qu’Albert avait acheté pour lui, Édouard avait poussé un cri de joie. Dès le premier coup d’œil, il avait adoré. Il y avait un pantalon court kaki descendant aux genoux, une chemise beige, une ceinture avec des franges comme on en voyait aux vestes de cow-boys sur les illustrations, de grandes chaussettes montantes couleur ivoire, une veste marron clair, des chaussures de brousse et un chapeau à bords démesurés, censé protéger d’un soleil dont il y avait beaucoup à craindre. Le tout avec des poches partout, c’en était affolant. Une tenue de safari pour bal masqué ! Il ne manquait que la cartouchière et le fusil d’un mètre quarante pour faire de lui un Tartarin plus vrai que nature. Il l’avait enfilé aussitôt et avait rugi de bonheur en s’admirant dans la glace.

C’est dans cette tenue invraisemblable que le personnel du Lutétia le vit lorsqu’on lui livra sa commande : un citron, du champagne et du bouillon de légumes.

Il le portait encore lorsqu’il se fit une injection de morphine. Il ne connaissait pas l’effet de la succession morphine-héroïne-morphine, peut-être catastrophique, allez savoir, mais dans l’immédiat, il en ressentit un mieux-être, une détente, un calme.

Il se tourna vers la malle de voyage, le modèle globe-trotter, puis alla ouvrir la fenêtre en grand. Il nourrissait une passion spéciale pour le ciel d’Île-de-France qui, à son avis, ne devait pas avoir beaucoup d’équivalents. Il avait toujours aimé Paris, il ne l’avait quittée que pour partir à la guerre et n’avait jamais envisagé de vivre ailleurs. Même aujourd’hui, c’était curieux. L’effet des drogues, sans doute : rien n’est tout à fait réel ni tout à fait certain. Ce que vous voyez n’est pas exactement la réalité, vos pensées sont volatiles, vos projets ressemblent à des mirages, vous habitez dans un rêve, dans une histoire qui n’est pas tout à fait la vôtre.

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