Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut: краткое содержание, описание и аннотация

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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— Ça va ? demanda-t-il, inquiet.

Pourquoi portait-il l’ensemble acheté au Bon Marché, une tenue destinée aux colonies ? À Paris, elle n’allait pas du tout, c’était même assez ridicule.

Édouard bougea la tête comme s’il sortait de l’eau. Effet des drogues ? La béance dans son visage était bien plus rouge qu’à l’accoutumée, avec la gorge écarlate et le fond tapissé d’un bouillonnement incessant, comme un caramel en train de cuire. Lorsqu’il poussait un cri, Édouard expulsait de la salive en quantité telle que vous étiez obligé de vous reculer pour vous protéger.

Albert ne posa pas de question. L’actualité, l’urgence, c’était le journal.

— Lis !

Édouard se redressa, lut, s’éveilla tout à fait, puis jeta le journal en l’air en hurlant « Rrââââhhh ! », ce qui, chez lui, était un signe de jubilation.

— Mais, balbutia Albert, tu ne te rends pas compte ! Ils savent tout, ils vont nous trouver maintenant !

Édouard, bondissant du lit, saisit sur la grande table ronde la bouteille de champagne qui reposait dans son seau à glace et s’en versa une quantité phénoménale dans la gorge, le bruit que ça faisait ! Il se mit à tousser violemment en se tenant le ventre, mais continuait de danser et de hurler, rrââââhhh !

Comme dans certains couples, parfois les rôles s’inversaient. Édouard, découvrant le désarroi de son camarade, attrapa le grand bloc de conversation et écrivit :

— T’inquiète pas ! ON PART !

Il n’a vraiment aucun sens des responsabilités, pensa Albert. Il brandit le journal.

— Mais lis, bon Dieu !

À ces mots, Édouard se signa fiévreusement à plusieurs reprises, il adorait cette blague. Puis il reprit son crayon :

— Ils ne savent RIEN !

Albert hésita mais il fut obligé de le reconnaître : l’article était très vague.

— C’est possible, admit-il, mais le temps joue contre nous !

Avant la guerre, il avait vu cela à la Cipale : des cyclistes qui se poursuivaient, on ne savait plus lequel courait après l’autre, ça électrisait le public. Aujourd’hui, Édouard et lui devaient courir le plus vite possible avant que la mâchoire du loup leur attrape l’échine.

— Il faut partir, on attend quoi ?

Des semaines qu’il le disait. Pourquoi attendre ? Édouard avait atteint son million, alors quoi ?

— On attend le bateau, écrivit ce dernier.

C’était une évidence, et pourtant Albert n’y avait pas pensé : quand bien même ils seraient partis immédiatement pour Marseille, le bateau n’appareillerait pas pour autant deux jours plus tôt.

— Changeons les billets, déclara Albert, allons ailleurs !

— Pour se faire remarquer…, nota Édouard.

C’était elliptique, mais évident. À un moment où la police serait à leur recherche et où les journaux se gorgeraient de cette affaire, Albert pouvait-il, sans risque, dire à l’employé de la Compagnie maritime : « Je devais partir pour Tripoli, mais si vous avez un départ pour Conakry un peu plus tôt, ça me va, tenez, je paie la différence en liquide » ?

Sans compter Pauline…

Il blêmit soudain.

Et s’il lui avouait la vérité et que, scandalisée, elle allait le dénoncer ? « Comme c’est mal ! » avait-elle dit. « Comme c’est méchant ! »

La suite du Lutetia devint d’un coup silencieuse. De toutes parts, Albert se sentait piégé.

Édouard lui prit l’épaule affectueusement, le serra contre lui.

Pauvre Albert, semblait-il dire.

Le patron de l’imprimerie de la rue des Abbesses avait profité de la pause du midi pour ouvrir le journal. Tandis qu’il fumait sa première cigarette et que sa gamelle réchauffait, il lut l’entrefilet. Et il s’affola.

Ce monsieur arrivé dès l’aurore et maintenant, le journal, bon Dieu de bois, la réputation de son établissement avait tout à perdre dans cette histoire, puisque c’était lui qui avait imprimé ce catalogue… On allait l’assimiler à ces bandits, on le déclarerait complice. Il écrasa sa cigarette, éteignit son réchaud, enfila sa veste, appela son premier commis, il devait s’absenter et comme le lendemain était férié, à jeudi.

Henri, lui, sautait toujours d’un taxi à l’autre, infatigable, colérique, ombrageux, posant ses questions de plus en plus abruptement, obtenant de moins en moins de réponses. Alors il se fit plus doucereux, effort immense. Il sillonna la rue du Poteau vers quatorze heures, puis retour rue Lamarck, avant les rues d’Orsel, Letort, il distribuait des pourboires, dix francs, vingt francs, rue du Mont-Cenis, trente francs à une femme péremptoire qui lui dit que celui qu’il cherchait s’appelait M. Pajol et demeurait rue Coysevox. Henri fit chou blanc, il était quinze heures trente.

Pendant ce temps, l’article du Petit Journal avait entamé son lent travail de sape. On s’était téléphoné ici et là, as-tu le journal ? En début d’après-midi, quelques lecteurs de province commencèrent à appeler les rédactions, expliquèrent qu’ils avaient souscrit pour un monument, se demandant si ce n’était pas d’eux qu’on parlait, puisqu’il était question de victimes.

Au Petit Journal , on afficha une carte de France, on piqua des épingles de couleur sur les villes et les villages d’où provenaient les appels, c’était d’Alsace, de Bourgogne, de Bretagne, de Franche-Comté, de Saint-Vizier-de-Pierlat, de Villefranche, de Pontiers-sur-Garonne, et même d’un lycée d’Orléans…

À dix-sept heures, on obtint enfin d’une mairie (jusqu’alors aucune n’avait voulu répondre ; à l’image de Labourdin, les édiles claquaient des dents), le nom et l’adresse du Souvenir Patriotique, ainsi que celle de l’imprimerie.

On se planta avec stupéfaction devant le 52, rue du Louvre, pas d’entreprise ; on courut rue des Abbesses. À dix-huit heures trente, le premier reporter qui arriva trouva porte close.

À la parution des quotidiens de fin de journée, on ne disposait pas de beaucoup plus d’éléments, mais ce qu’on savait paraissait suffisant pour se montrer plus affirmatif que le matin.

On affichait des certitudes :

DES MERCANTIS ONT VENDU
DE FAUX MONUMENTS AUX MORTS
On ignore l’importance de l’escroquerie

Encore quelques heures à travailler, appeler, répondre, interroger, et les journaux de la soirée purent se montrer franchement catégoriques :

MONUMENTS : LA MÉMOIRE BAFOUÉE DE NOS HÉROS !
Des milliers de souscripteurs anonymes grugés
par des profiteurs sans scrupules
SCANDALEUSE VENTE
DE FAUX MONUMENTS AUX MORTS
Combien de victimes ?
HONTE AUX VOLEURS DE MÉMOIRE !
Des escrocs très organisés ont vendu par centaines
des monuments aux morts totalement imaginaires
SCANDALE DES MONUMENTS AUX MORTS :
ON ATTEND LES EXPLICATIONS DU GOUVERNEMENT !

Le garçon d’étage qui monta les journaux que M. Eugène avait commandés le trouva en grande tenue coloniale. Avec des plumes.

— Comment ça, avec des plumes ? lui demanda-t-on dès sa sortie de l’ascenseur.

— Eh bien oui, expliqua le jeune homme lentement pour faire durer le suspense. Avec des plumes !

Il tenait dans sa main les cinquante francs que lui avait valus sa course, tout le monde n’avait d’yeux que pour ce billet, mais cette histoire de plumes, tout de même, on voulait savoir.

— Comme des ailes d’ange, dans le dos. Deux grandes plumes, vertes. Très grandes.

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