Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut

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« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. » Sur les ruines du plus grand carnage du XX
siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…
Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,
est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.
Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

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Rue Caulaincourt, place de Clichy, Saint-Lazare, on contourne la Madeleine. Tout est décoré pour le 14 Juillet. En sa qualité de héros national, Henri apprécie. Sur le pont de la Concorde, il pense aux Invalides tout proches d’où, demain, on tirera le canon. Pour autant, ne pas perdre de l’œil le taxi de la petite qui aborde le boulevard Saint-Germain puis remonte la rue des Saints-Pères. Henri s’applaudit mentalement, la gosse s’engouffre, je vous le donne en mille, au Lutetia.

Merci mon prince. Henri a laissé au taxi deux fois ce qu’il a accordé à Coco, quand on est heureux, on ne compte pas.

La fillette, ici, a ses habitudes, pas la moindre hésitation, le temps de payer la course, elle jaillit sur le trottoir, le chasseur la salue de la tête, Henri reste une seconde à réfléchir.

Deux solutions.

Attendre la petite, la cueillir à la sortie, la plier en quatre dans sa poche, l’étriper sous la première porte cochère, apprendre ce qu’il veut savoir et balancer ses restes à la Seine. La chair fraîche, les poissons vont adorer.

Autre option : entrer dans la place, se renseigner.

Il entre.

— Monsieur…? demande le concierge.

— D’Aulnay-Pradelle (il tend une carte de visite), je n’ai pas réservé…

Le concierge saisit la carte. Henri écarte les mains d’un air impuissant et désolé, mais aussi complice, celui de l’individu qu’on va tirer d’embarras, du genre d’homme qui sait se montrer reconnaissant et, par avance, le fait savoir. Pour le concierge, seuls les bons clients ont cette attitude si fine, si… Entendez, les clients riches. Vous êtes au Lutetia.

— Je ne pense pas qu’il y ait de difficulté, monsieur… (il regarde la carte) d’Aulnay-Pradelle. Voyons… Une chambre ou une suite ?

Entre aristocrate et larbin, existe toujours un terrain d’entente.

— Une suite, dit Henri.

Tellement évident. Le concierge roucoule, mais silencieusement, il connaît son métier, il empoche les cinquante francs.

42

Le lendemain matin, dès sept heures, un monde fou s’entassait dans le métro, dans les tramways et les bus qui menaient du côté de Vincennes. Tout le long de l’avenue Daumesnil, des files entières de véhicules se pressaient, taxis, fiacres, chars à bancs, les cyclistes zigzaguaient, les piétons accéléraient le pas. Albert et Pauline, sans s’en rendre compte, offraient un curieux spectacle. Lui marchait le regard rivé au sol, on aurait dit un obstiné, quelqu’un de mécontent ou de soucieux, tandis qu’elle, les yeux au ciel, ne cessait de détailler, tout en avançant, le dirigeable captif qui se balançait lentement au-dessus du champ de manœuvres.

— Dépêche-toi, chou ! râlait-elle gentiment. Nous allons manquer le début !

Mais c’était dit sans intention, juste pour parler. Tout de même, les tribunes avaient été prises d’assaut.

— À quelle heure sont-ils donc arrivés, ces animaux-là ? s’exclama Pauline, admirative.

On voyait déjà, alignées en bon ordre, immobiles et frissonnantes, comme impatientes, les troupes spéciales et celles des Écoles, les troupes coloniales et, derrière, l’artillerie et la cavalerie. Comme il n’y avait plus de places qu’assez loin, des camelots astucieux cédaient des caisses en bois pour surélever les retardataires, les prix allaient de un à deux francs ; Pauline en négocia deux pour un franc cinquante.

Le soleil donnait déjà sur Vincennes. Les couleurs des toilettes des femmes et des uniformes tranchaient sur les redingotes noires et les hauts-de-forme des officiels. Sans doute l’effet habituel de l’imagination populaire, mais on trouva les élites bien préoccupées. Peut-être l’étaient-elles, certaines en tout cas, car toutes avaient lu Le Gaulois et Le Petit Journal aux premières heures ; cette affaire de monuments aux morts remuait tout le monde. Qu’elle éclate précisément le jour de la fête nationale ne semblait pas le fruit du hasard, c’était un signe, comme un défi. « La France injuriée ! » titraient les uns. « Nos Glorieux Morts insultés ! » enchérissaient les autres à grand renfort de majuscules. Car c’était désormais certain : une société, honteusement appelée le Souvenir Patriotique, avait vendu des centaines de monuments avant de s’évaporer avec la caisse ; on parlait d’un million de francs, voire deux, personne n’était capable d’évaluer les dégâts. La rumeur s’emparait du scandale, en attendant le défilé on échangeait des informations venues d’on ne savait où : c’était, à n’en pas douter, « encore un coup des Boches ! ». Non, prétendaient d’autres qui n’en savaient pas plus, mais les escrocs étaient partis avec plus de dix millions, c’était certain.

— Dix millions, te rends-tu compte ? demanda Pauline à Albert.

— À mon avis, c’est très exagéré, répondit-il d’une voix basse qu’elle n’entendit presque pas.

On réclamait déjà des têtes, l’habitude en France, mais aussi parce que le gouvernement « était mouillé ». LHumanité l’expliquait fort bien : « L’érection de ces monuments aux morts réclamant presque toujours la participation de l’État sous la forme d’une subvention, d’ailleurs odieusement modeste, qui croira que personne en haut lieu n’était au courant ? »

— En tout cas, assurait un homme derrière Pauline, il faut des sacrés professionnels pour faire un coup pareil.

À tous, l’extorsion de fonds semblait indigne, mais personne ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine admiration, quel culot !

— C’est vrai, disait Pauline, ils sont forts quand même, il faut reconnaître.

Albert n’était pas dans son assiette.

— Qu’est-ce qui se passe, chou ? s’enquit Pauline en lui mettant la main sur la joue. Tu t’ennuies ? C’est de voir les troupes et les militaires, ça remue des souvenirs, c’est ça ?

— Oui, répondit Albert, c’est ça.

Et il se disait, tandis que retentissaient les premiers accents de Sambre-et-Meuse joué par la garde républicaine et que le général Berdoulat, qui commandait le défilé, saluait de son épée le maréchal Pétain entouré d’un état-major d’officiers supérieurs : Dix millions de bénéfice, tu parles, on finira par me couper la tête pour le dixième de ce prix.

Il était huit heures, il avait rendez-vous avec Édouard à la gare de Lyon à midi et demi (« Pas plus tard, avait-il insisté, sinon, tu sais que je m’inquiéterai… »), le train pour Marseille partait à treize heures. Et Pauline serait seule. Et Albert, sans Pauline. Était-ce donc là tout le bénéfice ?

Défilèrent alors, sous les applaudissements, les polytechniciens, les saint-cyriens au casoar tricolore, la garde républicaine et les sapeurs-pompiers, après quoi vinrent les poilus en bleu horizon, ovationnés par la foule. On cria « Vive la France ! ».

Édouard se tenait face à un miroir lorsque retentirent les glorieux coups de canon tirés des Invalides. Il s’inquiétait, depuis quelque temps, de constater la rougeur carmin que prenaient les muqueuses au fond de sa gorge. Il se sentait fatigué. La lecture des journaux du matin ne lui avait pas procuré la même joie que la veille. Comme les émotions vieillissaient vite, et comme sa gorge, elle, vieillissait mal !

Lorsqu’il prendrait de l’âge, comment le verrait-on ? La béance occupait presque tout l’espace destiné aux rides, ne restait que le front. Édouard s’amusa à l’idée que les rides qui ne trouveraient pas leur place sur les joues absentes, autour des lèvres absentes, émigreraient toutes vers le front à la manière de ces rivières détournées qui cherchent une issue et prennent le premier chemin s’offrant à elles. Vieux, il serait un front labouré comme un terrain de manœuvres au-dessus d’une béance carmin.

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