4. Il cherche la preuve de la vérité dans les esprits et les intelligences supérieures , et par conséquent il connaît profondément la loi du mandat céleste. Il est cent générations à attendre le saint homme, et il n'est pas sujet à nos erreurs ; par conséquent il connait profondément les principes de la nature humaine.
5. C'est pourquoi le prince sage n'a qu'à agir, et pendant des siècles ses actions sont la loi de l'empire; il n'a qu'à parler, et pendant des siècles ses paroles sont la règle de l'empire. Les peuples éloignés ont alors espérance en lui; ceux qui l'avoisinent ne s'en fatigueront jamais.
6. Le Livre des Vers dit [24] :
«Dans ceux-là il n'y a pas de haine.
Dans ceux-ci il n'y a point de satiété.
Oh! oui, matin et soir
Il sera à jamais l'objet d'éternelles louanges!»
Il n'y a jamais eu de sages princes qui n'aient été tels après avoir obtenu une pareille renommée dans le monde.
Voila le vingt-neuvième chapitre. Il se rattache à ces paroles du chapitre précédent: Placé dans le rang supérieur [ou revêtu de la dignité impériale], il n'est point rempli d'orgueil . Il y est aussi parlé de la loi de l'homme.
[24] Livre Tcheou-soung , ode Tching-lou .
1. Le philosophe KHOUNG-TSEU rappelait avec vénération les temps des anciens empereurs Yao et Chun; mais il se réglait principalement sur la conduite des souverains plus récents Wen et Wou . Prenant pour exemple de ses actions les lois naturelles et immuables qui régissent les corps célestes au-dessus de nos têtes, il imitait la succession régulière des saisons qui s'opère dans le ciel; à nos pieds, il se conformait aux lois de la terre et de l'eau fixes ou mobiles.
2. On peut le comparer au ciel et à la terre, qui contiennent et alimentent tout, qui couvrent et enveloppent tout; on peut le comparer aux quatre saisons, qui se succèdent continuellement sans interruption; on peut le comparer au soleil et à la lune, qui éclairent alternativement le monde.
3. Tous les êtres de la nature vivent ensemble de la vie universelle, et ne se nuisent pas les uns aux autres; toutes les lois qui règlent les saisons et les corps célestes s'accomplissent en même temps sans se contrarier entre elles. L'une des facultés partielles de la nature est de faire couler un ruisseau; mais ses grandes énergies, ses grandes et souveraines facultés produisent et transforment tous les êtres. Voilà en effet ce qui rend grands le ciel et la terre!
Voilà le trentième chapitre. Il traite de la loi du ciel. (TCHOU-HI.)
1. Il n'y a dans l'univers que l'homme souverainement saint qui, par la faculté de connaître à fond et de comprendre parfaitement les lois primitives des êtres vivants, soit digne de posséder l'autorité souveraine et de commander aux hommes; qui, par sa faculté d'avoir une âme grande, magnanime, affable et douce, soit capable de posséder le pouvoir de répandre des bienfaits avec profusion; qui, par sa faculté d'avoir une âme élevée, ferme, imperturbable et constante, soit capable de faire régner la justice et l'équité; qui, par sa faculté d'être toujours honnête, simple, grave, droit et juste, soit capable de s'attirer le respect et la vénération; qui, par sa faculté d'être revêtu des ornements de l'esprit, et des talents que procure une étude assidue, et de ces lumières que donne une exacte investigation des choses les plus cachées, des principes les plus subtils, soit capable de discerner avec exactitude le vrai du faux, le bien du mal.
2. Ses facultés sont si amples, si vastes, si profondes, que c'est comme une source immense d'où tout sort en son temps.
3. Elles sont vastes et étendues comme le ciel; la source cachée d'où elles découlent est profonde comme l'abîme. Que cet homme souverainement saint apparaisse avec ses vertus, ses facultés puissantes, et les peuples ne manqueront pas de lui témoigner leur vénération; qu'il parle, et les peuples ne manqueront pas d'avoir foi en ses paroles; qu'il agisse, et les peuples ne manqueront pas d'être dans la joie.
4. C'est ainsi que la renommée de ses vertus est un océan qui inonde l'empire de toutes parts; elle s'étend même jusqu'aux barbares des régions méridionales et septentrionales; partout où les vaisseaux et les chars peuvent aborder, où les forces de l'industrie humaine peuvent faire pénétrer, dans tous les lieux que le ciel couvre de son dais immense, sur tous les points que la terre enserre, que le soleil et la lune éclairent de leurs rayons, que la rosée et les nuages du matin fertilisent; tous les êtres humains qui vivent et qui respirent ne peuvent manquer de l'aimer et de le révérer. C'est pourquoi il est dit: Que ses facultés, ses vertus puissantes l'égalent au ciel .
Voilà le trente et unième chapitre. Il se rattache au chapitre précédent; il y est parlé des énergies ou facultés partielles de la nature dans la production des êtres. Il y est aussi question de la loi du ciel. (TCHOU-HI.)
1. Il n'y a dans l'univers que l'homme souverainement parfait par la pureté de son âme qui soit capable de distinguer et de fixer les devoirs des cinq grandes relations qui existent dans l'empire entre les hommes; d'établir sur des principes fixes et conformes à la nature des êtres la grande base fondamentale des actions et des opérations qui s'exécutent dans le monde; de connaître parfaitement les créations et les annihilations du ciel et de la terre. Un tel homme souverainement parfait a en lui-même le principe de ses actions.
2. Sa bienveillance envers tous les hommes est extrêmement vaste; ses facultés intimes sont extrêmement profondes; ses connaissances des choses célestes sont extrêmement étendues.
3. Mais, à moins d'être véritablement très-éclairé, profondément intelligent, saint par ses œuvres, instruit des lois divines, et pénétré des quatre grandes vertus célestes [ l'humanité, la justice, la bienséance et la science des devoirs ], comment pourrait-on connaître ses mérites?
Voilà le trente-deuxième chapitre. Il se rattache au chapitre précédent, et il y est parlé des grandes énergies ou facultés de la nature dans la production des êtres; il y est aussi question de la loi du ciel. Dans le chapitre qui précède celui-ci, il est parlé des vertus de l'homme souverainement saint; dans celui-ci, il est parlé de la loi de l'homme souverainement parfait. Ainsi la loi de l'homme souverainement parfait ne peut être connue que par l'homme souverainement saint; la vertu de l'homme souverainement saint ne peut être pratiquée que par l'homme souverainement parfait; alors ce ne sont pas effectivement deux choses différentes. Dans ce livre, il est parlé du saint homme comme ayant atteint le point le plus extrême de la loi céleste; arrivé là, il est impossible d'y rien ajouter. (TCHOU-HI.)
1. Le Livre des Vers dit [25] :
«Elle couvrait sa robe brodée d'or d'un surtout grossier.»
Elle haïssait le faste et la pompe de ses ornements. C'est ainsi que les actions vertueuses du sage se dérobent aux regards, et cependant se révèlent de plus en plus chaque jour, tandis que les actions vertueuses de l'homme inférieur se produisent avec ostentation et s'évanouissent chaque jour. La conduite du sage est sans saveur comme l'eau, mais cependant elle n'est point fastidieuse; elle est retirée, mais cependant elle est belle et grave; elle paraît confuse et désordonnée, mais cependant elle est régulière. Le sage connaît les choses éloignées, c'est-à-dire le monde, les empires et les hommes, par les choses qui le touchent, par sa propre personne; il connaît les passions des autres par les siennes propres, par les mouvements de son cœur; il connaît les plus secrets mouvements de son cœur par ceux qui se révèlent dans les autres. C'est ainsi qu'il peut entrer dans le chemin de la vertu.
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