4. C'est pourquoi le sage conserve une âme toujours égale, en attendant l'accomplissement de la destinée céleste. L'homme qui est hors de la voie du devoir se jette dans mille entreprises téméraires pour chercher ce qu'il ne doit pas obtenir.
5. Le Philosophe a dit: L'archer peut être, sous un certain point de vue, comparé au sage: s'il s'écarte du but auquel il vise, il rentre en lui-même pour en chercher la cause.
Voilà le quatorzième chapitre.
1. La voie morale du sage peut être comparée à la route du voyageur, qui doit commencer à lui pour s'éloigner ensuite; elle peut aussi être comparée au chemin de celui qui gravit un lieu élevé en partant du lieu bas où il se trouve.
2. Le Livre des Vers dit [10] :
«Une femme et des enfants qui aiment l'union et l'harmonie
Sont comme les accords produits par le Khin et le Che .
Quand les frères vivent dans l'union et l'harmonie, la joie et le bonheur règnent parmi eux. Si le bon ordre est établi dans votre famille, votre femme et vos enfants seront heureux et satisfaits.»
3. Le Philosophe a dit: Quel contentement et quelle joie doivent éprouver un père et une mère à la tête d'une semblable famille!
Voilà le quinzième chapitre.
[10] Livre Siao-ya , ode Tchang-ti .
1. Le Philosophe a dit: Que les facultés des puissances subtiles du ciel et de la terre sont vastes et profondes!
2. On cherche à les apercevoir, et on ne les voit pas; on cherche à les entendre, et on ne les entend pas; identifiées à la substance des choses, elles ne peuvent en être séparées.
3. Elles font que, dans tout l'univers, les hommes purifient et sanctifient leur cœur, se revêtent de leurs habits de fête pour offrir des sacrifices et des oblations à leurs ancêtres. C'est un océan d'intelligences subtiles! Elles sont partout au-dessus de nous, à notre gauche, à notre droite; elles nous environnent de toutes parts!
4. Le Livre des Vers dit [11] :
«L'arrivée des esprits subtils
Ne peut être déterminée;
A plus forte raison si on les néglige.»
5. Ces esprits cependant, quelque subtils et imperceptibles qu'ils soient, se manifestent dans les formes corporelles des êtres; leur essence étant une essence réelle, vraie, elle ne peut pas ne pas se manifester sous une forme quelconque.
Voilà le seizième chapitre. On ne peut ni voir ni entendre ces esprits subtils ; c'est-à-dire qu'ils sont dérobés à nos regards par leur propre nature. Identifiés avec la substance des choses telles qu'elles existent, ils sont donc aussi d'un usage général. Dans les trois chapitres qui précèdent celui-ci, il est parlé de choses d'un usage restreint, particulier; dans les trois chapitres suivants, il est parlé de choses d'un usage général; dans ce chapitre-ci, il est parlé tout à la fois de choses d'un usage général, obscures et abstraites; il comprend le général et le particulier. (TCHOU-HI.)
[11] Livre Ta-ya , ode Y-tchi .
1. Le Philosophe a dit: Qu'elle était grande la piété filiale de Chun! il fut un saint par sa vertu; sa dignité fut la dignité impériale; ses possessions s'étendaient aux quatre mers[12]; il offrit les sacrifices impériaux à ses ancêtres dans le temple qui leur était consacré; ses fils et ses petits-fils conservèrent ses honneurs dans une suite de siècles[13].
2. C'est ainsi que sa grande vertu fut, sans aucun doute, le principe qui lui fit obtenir sa dignité impériale, ses revenus publics, sa renommée, et la longue durée de sa vie.
3. C'est ainsi que le ciel, dans la production continuelle des êtres, leur donne sans aucun doute leurs développements selon leurs propres natures, ou leurs tendances naturelles; l'arbre debout, il le fait croître, le développe; l'arbre tombé, mort, il le dessèche, le réduit en poussière.
4. Le Livre des Vers dit [14] :
«Que le prince qui gouverne avec sagesse soit loué!
Sa brillante vertu resplendit de toutes parts;
Il traite comme ils le méritent les magistrats et le peuple;
Il tient ses biens et sa puissance du ciel;
Il maintient la paix, la tranquillité et l'abondance en distribuant [les richesses qu'il a reçues];
Et le ciel les lui rend de nouveau!»
5. Il est évident par là que la grande vertu des sages leur fait obtenir le mandat du ciel pour gouverner les hommes.
Voilà le dix-septième chapitre. Ce chapitre tire son origine de la persévérance dans la voie droite, de la constance dans les bonnes œuvres; il a été destiné à montrer au plus haut degré leur dernier résultat; il fait voir que les effets de la voie du devoir sont effectivement très-étendus, et que ce par quoi ils sont produits est d'une nature subtile et cachée. Les deux chapitres suivants présentent aussi de pareilles idées. (TCHOU-HI.)
[12] C'est-à-dire, aux douze provinces ( Tcheou ) dans lesquelles était alors compris l'empire chinois. ( Glose .)
[13] Glose .
[14] Livre Ta-ya , ode Kia-lo .
1. Le Philosophe a dit: Le seul d'entre les hommes qui n'ait pas éprouvé les chagrins de l'âme fut certainement Wen-wang . Il eut Wang-ki pour père, et Wou-wang fut son fils. Tout le bien que le père avait entrepris fut achevé par le fils.
2. Wou-wang continua les bonnes œuvres de Taï-wang , de Wang-ki et de Wen-wang . Il ne revêtit qu'une fois ses habits de guerre, et tout l'empire fut à lui. Sa personne ne perdit jamais sa haute renommée dans tout l'empire; sa dignité fut celle de fils du Ciel [c'est-à-dire d'empereur]; ses possessions s'étendirent aux quatre mers. Il offrit les sacrifices impériaux à ses ancêtres dans le temple qui leur était consacré; ses fils et ses petits-fils conservèrent ses honneurs et sa puissance dans une suite de siècles.
3. Wou-wang était déjà très-avancé en âge lorsqu'il accepta le mandat du Ciel qui lui conférait l'empire. Tcheou-koung accomplit les intentions vertueuses de Wen-wang et de Wou-wang . Remontant à ses ancêtres, il éleva Taï-wang et Wang-ki au rang de roi, qu'ils n'avaient pas possédé, et il leur offrit les sacrifices selon le rite impérial. Ces rites furent étendus aux princes tributaires, aux grands de l'empire revêtus de dignités, jusqu'aux lettrés et aux hommes du peuple sans titres et dignités. Si le père avait été un grand de l'empire, et que le fils fût un lettré, celui-ci faisait des funérailles à son père selon l'usage des grands de l'empire, et il lui sacrifiait selon l'usage des lettrés; si son père avait été un lettré, et que le fils fût un grand de l'empire, celui-ci faisait des funérailles à son père selon l'usage des lettrés, et il lui sacrifiait selon l'usage des grands de l'empire. Le deuil d'une année s'étendait jusqu'aux grands; le deuil de trois années s'étendait jusqu'à l'empereur. Le deuil du père et de la mère devait être porté trois années sans distinction de rang: il était le même pour tous.
Voilà le dix-huitième chapitre.
1. Le Philosophe a dit: Oh! que la piété filiale de Wou-wang et de Tcheou-koung s'étendit au loin!
2. Cette même piété filiale sut heureusement suivre les intentions des anciens sages qui les avaient précédés, et transmettre à la postérité le récit de leurs grandes entreprises.
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