1 ...7 8 9 11 12 13 ...23 Voilà le troisième chapitre du Commentaire. Il explique ce que l'on doit entendre par placer sa destination définitive dans la perfection ou le souverain bien [8].
[4] C'est l'explication que donne le Ji-kiang , en développant le commentaire laconique de Tchou-hi : «L'homme est de tous les êtres le plus intelligent; s'il ne pouvait pas choisir le souverain bien pour s'y fixer, c'est qu'il ne serait pas même aussi intelligent que l'oiseau.»
[5] Le Ji-kiang s'exprime ainsi: « Tchou-tseu dit: Chaque homme possède en soi le principe de sa destination obligatoire ou de ses devoirs de conduite, et atteindre à sa destination est du devoir du saint homme.»
[6] Tcheou-koung , qui vivait en 1150 avant notre ère, l'un des plus sages et des plus savants hommes qu'ait eus la Chine.
[7] C'est l'explication que donnent de ce passage plusieurs commentateurs: «Par le partage des champs labourables et leur distribution en portions d'un li (un dixième de lieue carrée), chacun eut de quoi s'occuper et s'entretenir habituellement; c'est là le profit qu'ils en ont tiré.» (Commentaire, Ho-kiang .)
[8] Dans ce chapitre sont faites plusieurs citations du Livre des Vers , qui seront continuées dans les suivants. Les anciennes éditions sont fautives à cet endroit. Elles placent ce chapitre après celui sur le devoir de rendre ses intentions pures et sincères . (TCHOU-HI.)
Sur le devoir de connaître et de distinguer les causes et les effets.
1. Le Philosophe a dit: Je puis écouter des plaidoiries et juger des procès comme les autres hommes; mais ne serait-il pas plus nécessaire de faire en sorte d'empêcher les procès? Ceux qui sont fourbes et méchants, il ne faudrait pas leur permettre de porter leurs accusations mensongères et de suivre leurs coupables desseins. On parviendrait par là à se soumettre entièrement les mauvaises intentions des hommes. C'est ce qui s'appelle connaître la racine ou la cause .
Voila le quatrième chapitre du Commentaire. Il explique ce que l'on doit entendre par la racine et les branches ou la cause et les effets .
Sur le devoir de perfectionner ses connaissances morales en pénétrant les principes des actions.
1. Cela s'appelle connaître la racine ou la cause .
2. Cela s'appelle la perfection de la connaissance .
Voilà ce qui reste du cinquième chapitre du Commentaire. Il expliquait ce que l'on doit entendre par perfectionner ses connaissances morales en pénétrant les principes des actions ; il est maintenant perdu. Il y a quelque temps, j'ai essayé de recourir aux idées de Tching-tseu [autre commentateur du Ta hio , un peu plus ancien que Tchou-hi ] pour suppléer à cette lacune, en disant:
Les expressions suivantes du texte, perfectionner ses connaissances morales consiste à pénétrer le principe et la nature des actions , signifient que, si nous désirons perfectionner nos connaissances morales , nous devons nous livrer à une investigation profonde des actions, et scruter à fond leurs principes ou leur raison d'être; car l'intelligence spirituelle de l'homme n'est pas évidemment incapable de connaître [ou est adéquate à la connaissance ]; et les êtres de la nature, ainsi que les actions humaines, ne sont pas sans avoir un principe, une cause ou une raison d'être[9]. Seulement ces principes, ces causes, ces raisons d'être n'ont pas encore été soumis à d'assez profondes investigations. C'est pourquoi la science des hommes n'est pas complète, absolue; c'est aussi pour cela que la Grande Étude commence par enseigner aux hommes que ceux d'entre eux qui étudient la philosophie morale doivent soumettre à une longue et profonde investigation les êtres de la nature et les actions humaines, afin qu'en partant de ce qu'ils savent déjà des principes des actions, ils puissent augmenter leurs connaissances, et pénétrer dans leur nature la plus intime[10]. En s'appliquant ainsi à exercer toute son énergie, toutes ses facultés intellectuelles, pendant longtemps, on arrive un jour à avoir une connaissance, une compréhension intime des vrais principes des actions; alors la nature intrinsèque et extrinsèque de toutes les actions humaines, leur essence la plus subtile comme leurs parties les plus grossières, sont pénétrées; et, pour notre intelligence ainsi exercée et appliquée par des efforts soutenus, tous les principes des actions deviennent clairs et manifestes. Voilà ce qui est appelé la pénétration dos principes des actions ; voila ce qui est appelé la perfection des connaissances morales .
[9] Le Ji-kiang s'exprime ainsi sur ce passage: «Le cœur ou le principe pensant de l'homme est éminemment immatériel, éminemment intelligent; il est bien loin d'être dépourvu de tout savoir naturel, et toutes les actions humaines sont bien loin de ne pas avoir une cause ou une raison d'être également, naturelle.»
[10] Le commentaire Ho-kiang s'exprime ainsi: «Il n'est pas dit [dans le texte primitif] qu'il faut chercher à connaître, à scruter profondément les principes, les causes; mais il est dit qu'il faut chercher à apprécier parfaitement les actions: en disant qu'il faut chercher â connaître, à scruter profondément les principes, les causes, alors on entraîne facilement l'esprit dans un chaos d'incertitudes inextricables; en disant qu'il faut chercher à apprécier parfaitement les actions, alors on conduit l'esprit à la recherche de la vérité.»
Pascal a dit: «C'est une chose étrange que les hommes aient voulu comprendre les principes des choses, et arriver jusqu'à connaître tout! car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une présomption ou sans une capacité infinie comme la nature.»
Sur le devoir de rendre ses intentions pures et sincères.
1. Les expressions rendre ses intentions pures et sincères signifient: Ne dénature point tes inclinations droites, comme celles de fuir une odeur désagréable, et d'aimer un objet agréable et séduisant. C'est ce qui est appelé la satisfaction de soi-même. C'est pourquoi le sage veille attentivement sur ses intentions et ses pensées secrètes.
2. Les hommes vulgaires qui vivent à l'écart et sans témoins commettent des actions vicieuses; il n'est rien de mauvais qu'ils ne pratiquent. S'ils voient un homme sage qui veille sur soi-même, ils feignent de lui ressembler, en cachant leur conduite vicieuse et en faisant parade d'une vertu simulée. L'homme qui les voit est comme s'il pénétrait leur foie et leurs reins; alors à quoi leur a-t-il servi de dissimuler? C'est là ce que l'on entend par le proverbe: La vérité est dans l'intérieur, la forme à l'extérieur . C'est pourquoi le sage doit veiller attentivement sur ses intentions et ses pensées secrètes.
3. Thsêng-tseu a dit: De ce que dix yeux le regardent, de ce que dix mains le désignent, combien n'a-t-il pas à redouter, ou à veiller sur lui-même!
4. Les richesses ornent et embellissent une maison, la vertu orne et embellit la personne; dans cet état de félicité pure, l'âme s'agrandit, et la substance matérielle qui lui est soumise profite de même. C'est pourquoi le sage doit rendre ses intentions pures et sincères [11].
Voilà le sixième chapitre du Commentaire. Il explique ce que l'on doit entendre par rendre ses intentions pures et sincères .
[11] «Il est dit dans le King: Désirant rendre ses intentions pures et sincères, ils s'attachaient d'abord à perfectionner au plus haut degré leurs connaissances morales . Il est encore dit: Les connaissances morales étant portées au plus haut degré, les intentions sont ensuite rendues pures et sincères . Or l'essence propre de l'intelligence est d'être éclairée; s'il existe en elle des facultés qui ne soient pas encore développées, alors ce sont ces facultés qui sont mises au jour par le perfectionnement des connaissances morales; il doit donc y avoir des personnes qui ne peuvent pas véritablement faire usage de toutes leurs facultés, et qui, s'il en est ainsi, se trompent elles-mêmes. De cette manière, quelques hommes sont éclairés par eux-mêmes, et ne font aucun effort pour devenir tels; alors ce sont ces hommes qui éclairent les autres; en outre, ils ne cessent pas de l'être, et ils n'aperçoivent aucun obstacle qui puisse les empêcher d'approcher de la vertu. C'est pourquoi ce chapitre sert de développement au précédent, pour rendre cette vérité évidente. Ensuite il y aura à examiner le commencement et la fin de l'usage des facultés, et à établir que leur ordre ne peut pas être troublé, et que leurs opérations ne peuvent pas manquer de se manifester. C'est ainsi que le philosophe raisonne.» (TCHOU-HI.)
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