Charlotte Bronte - Charlotte Brontë - Jane Eyre (Édition intégrale)

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Charlotte Brontë : Jane Eyre (Édition intégrale): краткое содержание, описание и аннотация

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Jane, orpheline, est d'abord recueillie par sa tante, Mrs. Reed, tenue par une promesse faite à son mari avant sa mort. Jane Eyre est toutefois élevée en inférieure à ses cousins qui n'hésitent pas à la maltraiter, surtout son cousin John. À la suite d'une forte rébellion contre sa tante, précédée par une punition disproportionnée qui la fait tomber en syncope, Jane Eyre, dix ans, est envoyée en internat à Lowood.
L'histoire d'un enfant, d'une jeune fille, d'une femme ordinaire à l'exterieur, sublime de l'intérieur. Le récit d' une jeune femme qui n'a pas peur de se battre pour sa liberté, son indépendance, son bonheur.

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«Ne me parlez plus de cette enfant, John, lui dit-elle; je vous ai défendu de l'approcher; elle ne mérite pas qu'on prenne garde à ses actes; je ne désire voir ni vous ni vos soeurs jouer avec elle.»

J'étais appuyée sur la rampe de l'escalier, tout près de là. Je m'écriai subitement et sans penser à ce que je disais:

«C'est-à-dire qu'ils ne sont pas dignes de jouer avec moi.»

Mme Reed était une vigoureuse femme. En entendant cette étrange et audacieuse déclaration, elle monta rapidement l'escalier; plus prompte qu'un vent impétueux, elle m'entraîna dans la chambre des enfants et me poussa près de mon lit, en me défendant de quitter cette place et de prononcer une seule parole pendant le reste du jour.

«Que dirait mon oncle Reed, s'il était là ?» demandai-je presque involontairement.

Je dis presque involontairement; car ces paroles, ma langue les prononçait sans que pour ainsi dire mon esprit y eût consenti. Il y avait en moi une puissance qui parlait avant que je pusse m'y opposer.

«Comment ! s'écria Mme Reed, respirant à peine. Ses yeux gris, ordinairement froids et immobiles, se troublèrent et prirent une expression de terreur; elle lâcha mon bras, semblant douter si j'étais une enfant ou un esprit.

J'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter.

«Mon onde Reed est dans le ciel, continuai-je; il voit ce que vous faites et ce que vous pensez, et mon père et ma mère aussi; ils savent que vous m'enfermez tout le jour, et que vous souhaitez ma mort.»

Mme Reed se fut bientôt remise; elle me secoua violemment, et, après m'avoir donné un soufflet, elle partit sans ajouter un seul mot.

Bessie y suppléa par un sermon d'une heure; elle me prouva clairement que j'étais l'enfant la plus méchante et la plus abandonnée qui eût habité sous un toit. J'étais tentée de le croire, car je ne sentais que de mauvaises inspirations s'élever dans mon coeur.

Novembre, décembre et la moitié de janvier se passèrent. Noël et le nouvel an s'étaient célébrés à Gateshead avec la pompe ordinaire: des présents avaient été échangés, des dîners, des soirées donnés et reçus. J'étais naturellement exclue de ces plaisirs; toute ma part de joie était d'assister chaque jour à la toilette d'Éliza et de Georgiana, de les voir descendre dans le salon avec leurs robes de mousseline légère, leurs ceintures roses, leurs cheveux soigneusement bouclés. Puis j'épiais le passage du sommelier et du cocher; j'écoutais le son du piano et de la harpe, le bruit des verres et des porcelaines, au moment où l'on apportait les rafraîchissements dans le salon. Quelquefois même, lorsque la porte s'ouvrait, le murmure interrompu de la conversation arrivait jusqu'à moi.

Quand j'étais fatiguée de cette occupation, je quittais l'escalier pour rentrer dans la chambre solitaire des enfants; quoique cette pièce fût un peu triste, je n'y étais pas malheureuse; je ne désirais pas descendre, car personne n'aurait fait attention à ma présence. Si Bessie s'était montrée bonne pour moi, j'aurais mieux aimé passer toutes mes soirées près d'elle que de rester des heures entières sous le regard sévère de Mme Reed, dans une pièce remplie de femmes élégantes.

Mais Bessie, aussitôt que ses jeunes maîtresses étaient habillées, avait l'habitude de se rendre dans les régions bruyantes de la cuisine ou de l'office, et elle emportait ordinairement la lumière avec elle; alors, jusqu'au moment où le feu s'éteignait, je m'asseyais près du foyer avec ma poupée sur mes genoux, jetant de temps en temps un long regard tout autour de moi, pour m'assurer qu'aucun fantôme n'avait pénétré dans cette chambre demi-obscure. Lorsque les cendres rouges commençaient à pâlir, je me déshabillais promptement, tirant de mon mieux sur les noeuds et sur les cordons, et j'allais chercher dans mon petit lit un abri contre le froid et l'obscurité. J'emportais ma poupée avec moi. On a toujours besoin d'aimer quelque chose, et ne trouvant aucun objet digne de mon affection, je m'efforçais de mettre ma joie à chérir cette image flétrie et aussi déguenillée qu'un épouvantail.

C'est à peine si je puis me rappeler maintenant avec quelle absurde sincérité j'aimais ce morceau de bois qui me paraissait vivant et capable de sentir; je ne pouvais pas m'endormir sans avoir enveloppé ma poupée dans mon peignoir, et quand elle était bien chaudement, je me trouvais plus heureuse, parce que je la croyais heureuse elle-même.

Les heures me semblaient bien longues jusqu'au départ des convives. J'écoutais toujours si je n'entendrais point dans l'escalier les pas de Bessie; elle venait quelquefois chercher son dé et ses ciseaux, ou m'apporter pour mon souper une talmouse ou quelque autre gâteau. Elle s'asseyait près de mon lit pendant que je mangeais, et, quand j'avais fini, elle ramenait mes couvertures sur moi, et me disait, en m'embrassant deux fois: «Bonne nuit, mademoiselle Jane.» Alors Bessie me semblait l'être le meilleur, le plus beau, le plus doux de la terre; je souhaitais du fond de mon coeur la voir toujours aussi bonne et aussi aimable. Je désirais qu'elle ne me grondât plus, qu'elle cessât de m'imposer des tâches impossibles.

Bessie devait être une fille capable. Elle faisait adroitement tout ce qu'elle entreprenait, et je crois qu'elle racontait d'une manière remarquable, car les histoires dont elle amusait mon enfance m'ont laissé une impression profonde. Elle était jolie, si mes souvenirs sont exacts; c'était une jeune femme élancée, aux cheveux noirs, aux yeux foncés. Je me rappelle ses traits délicats, son teint blanc et transparent; mais son caractère était vif et capricieux. Cependant, bien qu'elle fût indifférente aux grands principes de justice, je la préférais à tous les autres habitants de Gateshead.

On était au 15 du mois de janvier, l'horloge avait sonné neuf heures. Bessie était descendue déjeuner, mes cousines n'avaient pas encore été appelées par leur mère. Éliza mettait son chapeau et sa robe la plus chaude pour aller visiter son poulailler. C'était son occupation favorite; mais ce qui lui plaisait plus encore, c'était de vendre ses oeufs à la femme de charge et d'amasser l'argent qu'elle en recevait. Elle avait des dispositions pour le commerce et une tendance singulière à thésauriser; car, non contente de trafiquer de ses oeufs et de ses poulets, elle cherchait à tirer le plus d'argent possible de ses fleurs, de ses graines et de ses boutures. Le jardinier avait ordre d'acheter à la jeune fille tous les produits de son jardin qu'elle désirait vendre, et Éliza aurait vendu les cheveux de sa tête si elle avait pu en tirer bénéfice. Quant à son argent, elle l'avait d'abord caché dans des coins, après l'avoir enveloppé dans de vieux morceaux de papier; mais quelques-unes de ces cachettes ayant été découvertes par la servante, Éliza craignit de perdre un jour tout son trésor, et elle consentit à le confier à sa mère en exigeant un intérêt de 50 ou 60 pour 100. Cet énorme intérêt, elle le touchait à chaque trimestre, et, pleine d'une anxieuse sollicitude, elle conservait dans un petit livre le compte de son argent.

Georgiana était assise devant une glace sur une chaise haute. Elle entremêlait ses cheveux de fleurs artificielles et de plumes fanées qu'elle avait trouvées dans une mansarde. Cependant je faisais mon lit, ayant reçu de Bessie l'ordre exprès de le finir avant son retour; car Bessie m'employait souvent comme une servante subalterne, pour nettoyer la chambre et épousseter les meubles. Après avoir étendu la courte-pointe et plié mes vêtements de nuit, j'allai à la fenêtre; quelques livres d'images et quelques jeux y avaient été oubliés. Je voulus les ranger, mais Georgiana m'ordonna durement de laisser ses affaires en repos. Me trouvant inoccupée, j'approchai mes lèvres des fleurs de glace qui obscurcissaient les carreaux, et bientôt je pus voir au dehors. Le sol avait été pétrifié par une rude gelée.

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