OLIBRIUS
La légende de sainte Marguerite se raconte en deux tableaux principaux ; née à Antioche, vierge, martyre, elle mourut en l’an 275 en Pisidie.
Après avoir enduré toutes sortes de tourments, le démon, prenant l’aspect d’un dragon, réussit à pénétrer dans sa prison pour la supprimer ; mais sainte Marguerite fit le signe de croix, ce qui permit de mettre en fuite le démon.
Venons-en au martyre et à ses circonstances. Marguerite dont le père païen avait fini, par ses persécutions, par faire mourir sa femme, se réfugia chez sa nourrice puis se convertit au christianisme.
Gardant les brebis au champ, Olibrius préfet d’Orient personnage énigmatique, vint à passer et remarqua la jeune fille. Il voulut bientôt l’épouser et la forcer d’abjurer sa religion. Marguerite refusa, ayant fait vœu de chasteté. Elle dut bientôt résister aux menaces, puis aux supplices dont Olibrius la menaça. Finalement, il la fit décapiter.
Ce martyre fut fort célèbre au XII esiècle et nombreux furent les mystères représentant les funestes épisodes vécus par sainte Marguerite, infligés par ce bravache d’Olibrius.
Il fallut attendre Bonaventure des Périers, auteur de contes philosophiques qui, en 1537, remit le mot d’olibrius dans le vocabulaire en lui donnant le sens d’original, d’excentrique, importun et bizarre.
OSTROGOTH
À partir du III esiècle après J.-C., la Pax Romana est rompue, l’Empire est la proie de peuplades venues du Nord et de l’Est.
Quittant leur Germanie natale, les Goths s’installent dans les riches provinces gallo-romaines. Leur rapacité et leur violence restèrent dans la mémoire populaire, aussi aujourd’hui encore qualifie-t-on familièrement d’ostrogoth un individu dont les manières évoquent celles d’un barbare.
PANIQUE
Dans la mythologie grecque, le premier des dieux rustiques se nommait Pan. Il présidait à la vie pastorale, puisqu’il était le dieu des troupeaux et des pâturages. Il était né en Arcadie, étant fils d’Hermès et de la fille de Dryops. Son culte commença par des sacrifices humains et se répandit dans l’Hellade avant de passer à Rome.
Il faisait partie du cortège de Dionysos, dirigeant les danses des nymphes à l’aide de sa célèbre flûte. Dieu de la fécondité et de la puissance sexuelle, Pan, toujours amoureux, poursuivait les nymphes et les jeunes garçons dans tous les lieux sauvages où ils pouvaient se réfugier. Toutes ces courses, la brutalité des désirs exprimés par Pan finirent par provoquer une espèce de peur ou d’épouvante, qui se trouvait bien exprimée par Rabelais dans le terme « terreur panique ».
C’est seulement au cours du XIX esiècle que le mot, qui était seulement adjectif, devint substantif ; son entrée dans le Dictionnaire de l’Académie s’effectua en 1835.
PARIA
Le mot portugais paria (venant du tamoul parayon), signifiant joueur de tambour ou homme de la dernière caste, était utilisé au début du XIX esiècle pour désigner un individu de la dernière classe sociale.
En 1821, une pièce de Delavigne, intitulée Le Paria , s’attacha à décrire un homme « hors caste » et fixa définitivement le sens du mot paria, homme repoussé et méprisé de ses semblables.
PATELIN (AIR)
La Farce de Maître Patelin ou Pathelin est une farce du XV esiècle qui met en scène un marchand de drap, Guillaume, et un berger, Agnelet ; ils sont en conflit et n’hésitent pas à plaider.
La pièce ayant été reprise en 1706, le terme patelin se détacha du théâtre pour passer dans le vocabulaire et qualifier un homme souple et artificieux, qui amène autrui à ses fins par des manières flatteuses et insinuantes.
PÉRONNELLE
Sous le règne de Louis XII, ce refrain « Avons point vu la péronnelle » connut un vif succès. La Péronnelle de la chanson réunit déjà les défauts qui continuent de la caractériser : la sottise, le bavardage, la vanité.
PHARISIEN
Les Pharisiens étaient membres d’une secte juive existant à l’époque de Jésus-Christ et dont l’attachement aux traditions des Anciens était particulièrement obtus. Ils prétendaient que ces traditions avaient été données à Moïse sur le Sinaï, en même temps que la lettre de la loi.
Ils expliquaient la loi par la tradition orale ; les Pharisiens se croyaient beaucoup plus pieux que les autres Juifs. Dès 1190, le terme de pharisien servait à désigner un faux dévot.
PHILISTIN
Les Philistins (dont le nom, d’origine incertaine, a créé celui de Palestine) étaient un peuple controversé qui, dans la Bible (voir ce mot), était combattu par Samson ; ils étaient, en quelque sorte, des « étrangers ».
Bien plus tard, les étudiants allemands, dans leur argot servant à désigner les personnes « étrangères » à l’université, c’est-à-dire ne l’ayant pas fréquentée, et n’ayant aucun diplôme, les qualifièrent de philistins. C’en était fait, le terme entra dans le dictionnaire en 1832 pour définir l’homme grossier à l’esprit étroit ou le profane en général.
PIPELET
Les Mystères de Paris d’Eugène Sue comportent une galerie de portraits, hauts en couleur, ainsi de Monsieur Pipelet, concierge parisien. Ce patronyme passa dans le langage courant pour désigner un gardien d’immeuble. Au féminin, la pipelette est une bavarde impénitente.
PLATONIQUE
Platon, le grand philosophe grec (427–347 av. J.-C.) a écrit Le Banquet , dans lequel le poète Agathon, qui vient d’obtenir un prix de tragédie, disserte sur l’amour.
À son tour, Socrate traite du sujet, s’élevant peu à peu à l’amour idéal, qui est une des formes du Beau. Dès le XIV esiècle, on faisait allusion à cette doctrine platonicienne, mais elle fut popularisée eu Occident, surtout aux XV eet XVI esiècles, entrant au dictionnaire dans le courant du XVIII e. Un amour platonique est un amour idéal, sans résultats pratiques.
PROTÉE
Dieu marin, Protée était le gardien des troupeaux de phoques, veaux marins et autres animaux de son père Poséidon, dieu de la mer. Effectuant consciencieusement son travail, Poséidon lui accorda le don de prophétie. Mais Protée était habitué au calme des eaux et au silence de la mer ; on n’arriva à le faire parler que par la violence. Aussi, pour échapper à ceux qui l’interrogeaient, Protée revêtait à volonté les formes les plus diverses. Il prenait les apparences les plus effrayantes et pour en tirer un oracle, il fallait le surprendre et le ligoter pendant son sommeil.
Ces métamorphoses successives finirent par être utilisées par un humaniste, Nicolas Rapin qui, en 1608, eut l’idée de désigner de ce mot l’homme qui a l’habitude de changer d’avis ou d’opinion. Talleyrand en est probablement le représentant le plus connu.
PURITAIN
Les Puritains étaient une secte, formée parmi les presbytériens d’Angleterre et d’Écosse les plus rigides ; ils étaient horrifiés de la légèreté des mœurs du règne d’Élisabeth et la révolution de 1648 leur doit beaucoup.
Persécutés par les Stuarts, ils dérangeaient par leur soif d’une religion « plus pure » et, dès 1582, Ronsard acceptait le terme dans le sens de celui qui affecte une austérité exagérée.
PYTHIE
Delphes s’appelait à son origine Pythia ; aussi, lorsque la prêtresse d’Apollon, qui rendait des oracles à Delphes, connut une grande renommée en raison de ses prédictions ou de ses interprétations, on commença à parler de la Pythie de Delphes.
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