À côté de récits et de contes décrivant la vie et les mœurs de Galicie ( Récits galiciens, Contes juifs , etc.), il publia des romans où se développait un érotisme de la volupté par la souffrance.
Deux textes sont particulièrement significatifs : Les Messalines de Vienne et La Vénus à la fourrure , où l’auteur décrit la volupté dans l’humiliation, les souffrances et les mauvais traitements infligés par la personne aimée.
Le terme de masochisme se forgea vers 1880, avant que ne survienne la mort de l’écrivain, en 1895.
MATAMORE
Le théâtre espagnol est riche en personnages de toutes couleurs et de toutes catégories, mais il en est un qui fait également référence à l’histoire du pays ; c’est celui qui « voulait tuer du Maure », le tueur de Maures, donc le matamore.
Sorte de capitan traîneur de sabre et coureur de filles, le personnage a fleuri sous tous les climats, mais de préférence dans les pays où brille le soleil, lui permettant de développer sa faconde naturelle.
Colérique, emporté, volontiers mégalomane, il est toutefois facile à neutraliser : une bonne réplique lui coupe la répartie. C’est un personnage utile dans des pièces enlevées et il a connu le succès dans le théâtre espagnol, italien et français (avec Scarron et Tristan l’Hermite).
Le nom a été introduit dans notre langue par Agrippa d’Aubigné en 1578, mais il est évident que le Matamore de L’Illusion comique , de Pierre Corneille, a puissamment contribué à lui donner son essor, en 1636.
Après l’avaleur, le bravache, le capitan, le fanfaron, le fier-à-bras, le rodomont, Scarron pouvait « lancer », en 1645, le fameux matamore, repris ensuite par Théophile Gautier.
MÉCÈNE
Le chevalier romain Caius Cilnius Maecenas est né en 69 av. J.-C. à Aretium (de nos jours, Arezzo) en Toscane. Noble, il acquit en Grèce les éléments d’une solide culture, se liant d’amitié en Apollonie avec Octave (futur empereur sous le nom d’Auguste).
Octave, installé à Rome, appela Mécène pour le rejoindre ; ce dernier sut à la fois devenir l’ami, le confident, le ministre capable de gérer certaines affaires de l’État.
Comme soldat, Mécène accompagna Octave dans ses campagnes et, comme ministre, il sut contribuer au développement des arts et de la philosophie ; il est vrai que sa fortune personnelle le lui permit plus aisément.
C’est donc pour le remercier de son aide qu’Horace dédia à Mécène quelques-unes de ses odes et Virgile ses Géorgiques . Nombreux furent ceux qui, dans le domaine des sciences, des lettres et des arts, ont été protégés et financièrement aidés par Mécène. Lorsque Clément Marot voulut, en 1526, qualifier le rôle d’un protecteur généreux aidant les écrivains et les artistes, le nom de Mécène vint tout de suite au bout de sa plume. Belle récompense pour celui qui dormait dans sa tombe depuis l’an 8 av. J.-C.
MÉGÈRE
Mégère était, avec Alecto et Tisiphone, une des trois Furies, les déesses de la vengeance.
De cette notion est né, dès 1480, le terme de mégère, qui qualifie aujourd’hui une femme méchante et emportée.
MENTOR
Fils d’Alkimos, ami fidèle d’Ulysse, Mentor fut chargé par ce dernier, qui partait pour le siège de Troie, de l’éducation de son fils Télémaque.
Athéna, déesse grecque des arts et des sciences, réussit à prendre la voix et le visage de Mentor et le guida de ses conseils, en lui évitant les embûches.
À la fin du XVII esiècle, Fénélon devint le précepteur du Dauphin et écrivit un ouvrage à visée pédagogique, intitulé Les Aventures de Télémaque , dont le sujet était emprunté à L’Odyssée . Le succès fut tel dans le public que les personnages, dont Fénelon avait gardé les noms, connurent la notoriété, en particulier le fameux mentor.
Suprême récompense, le mot qui signifia vite guide ou conseiller fut repris par le duc de Saint-Simon, qui assura définitivement sa carrière, aux alentours de 1700.
MESSALINE
Née en 25 ap. J.-C., Valéria Messalina était la fille de Valerius Messala Barbatus ; elle épousa l’empereur Claude dont elle eut deux enfants : Octavie et Britannicus.
Elle se révéla d’un tempérament fougueux et le nombre de ses amants n’est pas arrêté ; d’ailleurs, combien d’entre eux ont payé de leur vie les instants vécus avec Messaline ! Se mêlant de politique, avide de richesses et de pouvoir, elle décida de s’unir au consul Silius, au cours d’une orgie. L’empereur Claude réagit et ordonna une mission particulière à Narcisse, haut fonctionnaire, bien qu’ancien esclave : Messaline fut assassinée dans les Jardins de Lucullus. Elle avait vingt-trois ans. C’était en 48 ap. J.-C.
Dans son utilisation actuelle, le mot messaline désigne une femme qui mène une vie extrêmement dissolue.
On manque de précisions sur la date de fixation du nom usuel.
MOUCHARD
L’Histoire connaît un Philippe de Noailles, duc de Mouchy, mais le personnage qui nous intéresse ici n’est finalement qu’un lointain homonyme.
Au XVI esiècle vivait un professeur nommé Antoine de Mouchy qui enseignait philosophie et théologie à la Sorbonne. Comme les événements politiques mettaient en opposition le pouvoir et les calvinistes, le picard Antoine de Mouchy prit parti, se faisant appeler « Democharès ». Il le fit très activement, mettant un zèle infini à traquer les calvinistes qu’il soupçonnait. Pour mieux parvenir à ses fins, obtenir des résultats efficaces, il utilisa les services d’espions personnels.
Eux-mêmes démasqués, ces espions furent surnommés, du nom déformé de leur « patron », des mouchards. C’était en 1579. Le nom resta et la fonction a eu des représentants tout au long des siècles et quels que soient les régimes…
NARCISSE
On connaît un Narcisse, affranchi de l’empereur Claude dont il devint le confident, qui fit tuer Messaline avant d’être exilé sur l’ordre d’Agrippine qui le fit mettre à mort en 54 ap. J.-C.
Mais celui qui nous occupe ici est un personnage mythologique, fils du fleuve Céphise et de la nymphe Liriopé. Il était d’une remarquable beauté. Il en arriva à dédaigner la nymphe Écho qui, se mourant d’amour pour lui, fut alors changée en rocher, ne gardant que sa voix.
Narcisse se noya en contemplant dans l’eau sa propre image dont il était si profondément épris ! Il fut changé en une fleur qui porte dorénavant son nom. Le mot qualifie un homme épris de sa propre beauté, un « narcisse », seulement depuis le XVII esiècle. Entre-temps le mot fut pris vers 1363 pour désigner une plante monocotylédone, à pétales jaunes ou blancs.
Quant au terme narcissisme, qui fait florès dans le langage « psy », c’est avec le développement des théories psychanalytiques, vers 1920, qu’il s’est fixé. On n’ose ajouter « sur lui-même ».
NEMROD
Fondateur d’après la Genèse de l’Empire babylonien, il est considéré comme le premier tyran, grand amateur de massacres et de chasses.
Nemrod devint le modèle du chasseur.
OGRE
Orcus était une « divinité infernale » que le sermon de saint Éloi interdit d’évoquer et dont le nom finit par s’apparenter à celui des Hongrois, dans la forme hongre ou Oïgours.
De ces deux mots confondus et de l’idée ressentie des Hongrois dévastateurs et pillards du Moyen Âge, est né, vers 1740, celui d’ogre, devenu monstre imaginaire dans les contes de fées, puis personne méchante qui fait peur ou qui mange beaucoup.
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