HOMÉRIQUE
C’est la tradition qui a donné à Homère, le plus célèbre des poètes grecs, auteur de L’Iliade et de L’Odyssée , ce nom universel. Toute l’Antiquité a cru en son existence, Hérodote précisant qu’il vécut quatre siècles avant lui, vers l’an 900 av. J.-C.
Pas moins de sept villes se sont disputé l’honneur d’avoir vu naître Homère : Smyrne, Chios, Colophon, Salamine, Rhodes, Athènes et Argos.
La même tradition rapporte qu’Homère, devenu vieux, aveugle et pauvre, errait de ville en ville en chantant ses poèmes et qu’iL mourut à Ios, où un tombeau lui fut élevé.
L’Iliade , connue de l’Antiquité classique, est une épopée en 24 chants et 15 693 vers, racontant les effets funestes, pour les Grecs, de la colère d’Achille lors du siège de Troie.
Quant à L’Odyssée , c’est le récit des aventures d’Ulysse, après la prise de Troie, de son retour à Ithaque et de la conquête qu’il est amené à faire de son propre royaume.
Dans ce cycle gigantesque d’aventures, Homère prête aux dieux, dans L’Iliade , un rire énorme, devant les infortunes d’Héphaïstos, un rire qui allait être ensuite qualifié de… rire homérique, ce qualificatif s’appliquant par ailleurs à toutes choses présentant un caractère d’énormité.
JACOBIN
Des religieux de l’ordre de Saint-Dominique — les Dominicains — bâtirent leur premier couvent (à Paris) près de l’église Saint-Jacques. Ce nom se prononçant Jacobus en latin, l’habitude vint d’appeler ces religieux des Jacobins. Le terme désignait donc tous les religieux et religieuses qui suivaient la règle de saint Dominique.
Survinrent les événements de 1789. À Versailles, les députés patriotes de l’Ouest virent s’agréger à eux d’autres membres des États Généraux ; d’un club breton, on passa à un mouvement plus large.
En octobre, le club fut transféré à Paris avec l’Assemblée au « couvent des Jacobins Saint-Honoré », c’est-à-dire dans le couvent ci-dessus. Le groupe devint alors la « Société des amis de la Constitution séant aux Jacobins ».
Par simplification, on parla du club des Jacobins, qui prônait une égalité absolue ainsi qu’une centralisation des pouvoirs, en opposition avec les « fédéralistes » girondins.
Après avoir soutenu le Comité de Salut Public et Robespierre, la société fut définitivement dissoute en 1799.
Un jacobin est resté partisan de l’idée de centralisation et d’égalité rigoureuse de tous les citoyens ; ce fut d’ailleurs à nouveau un grand débat, de concilier ces notions lors du vote sur la loi récente… de décentralisation.
JACQUERIE
Jacques a depuis longtemps été donné comme surnom au paysan français et les expressions l’utilisant sont nombreuses. Ne dit-on pas un Jacques Bonhomme, Maître Jacques, faire le Jacques ou le maître Jacques ?
En 1358 éclata l’insurrection des Jacques, pendant la captivité de Jean le Bon en Angleterre. Étienne Marcel se rebella contre le Dauphin. Les paysans du Beauvaisis, du Laonnais, du Soissonnais, de Picardie et de Champagne, ulcérés par leur misère et les ravages occasionnés par les bandes armées, se soulevèrent également, non contre le Dauphin, mais contre les nobles. Guillaume Karle les menait et les violences s’exercèrent, plus contre les biens que contre les hommes. Étienne Marcel s’allia même à eux. Mais ils furent défaits par Gaston de Foix qui, avec l’aide de Charles le Mauvais, les extermina devant Clermont d’Oise.
La jacquerie se termina par des exécutions en masse.
Dès 1369, on parla officiellement de jacquerie, mais le mot n’est entré au Dictionnaire de l’Académie qu’en 1878.
JANSÉNISTE
Le Jansénisme, dont le fondateur fut l’évêque d’Ypres Jansen, fut par deux fois, aux XVII eet XVIII esiècles, condamné par le pape. Ses adeptes passèrent pour des partisans de principes rigides et austères ; c’est en référence à cette image que l’on qualifie de janséniste une personne dont la rigueur est affectée.
JÉRÉMIADE
Parmi les quatre grands prophètes d’Israël, se trouvait Jérémie, qui vécut de 650 à 590 av. J.-C. Doué de qualités particulières il prophétisa les malheurs de la ville de Jérusalem, qui fut détruite par Nabuchodonosor.
De telles prédictions effrayèrent les Juifs qui, craignant les reproches de Jérémie, faillirent le mettre à mort. Il composa sur la ruine de Jérusalem de grands chants de deuil, qui furent appelés Lamentations de Jérémie .
Quant aux prophéties de Jérémie, elles annoncent la punition d’Israël, rejeté de Dieu en raison de ses crimes, ainsi que celle des peuples qui se laissent aller à adorer de faux dieux. Elles donnent également des précisions sur la vie même du prophète.
Voltaire semble avoir donné son essor à ce mot en l’utilisant vers 1738 dans L’Enfant prodigue ; la « prophétie » avait du bon, puisque le passage au dictionnaire suivit en 1762.
JÉSUITE
La Société de Jésus, fondée en 1539 par Ignace de Loyola, connut tout au long de son histoire difficultés et persécutions. Les principes de la « direction d’intention » ou de « la restriction mentale » furent dénoncés comme favorisant l’hypocrisie. Aussi qualifie-t-on de jésuite une personne passée maître dans l’art de l’intrigue et de la dissimulation.
JOBARD
Bien que l’on indique dans quelques ouvrages spécialisés que le mot est cité dès l’année 1161, on ne connaît rien de ce monsieur Jobard dont le nom, pourtant, est entré en 1839 au dictionnaire pour décrire un personnage niais et naïf, qui se laisse facilement duper. A moins que l’origine ne soit Job, patriarche biblique, symbole de l’homme frappé par le malheur.
JOCRISSE
Déjà, en 1587, Nicolas de Cholières, qui voulait s’essayer à écrire comme Rabelais, utilisa le nom de Jocrisse pour désigner le type du benêt, du sot, du ridicule.
Dans son Après-dînées , Cholières écrivait : « c’est dommage que vous n’avez nom Jocrisse, je crois qu’il vous ferait fort bon voir mener les poules pisser » (sic) ». Le sens de nigaud en fut largement développé.
À la fin du XVIII esiècle, un auteur comique spécialisé dans les vaudevilles, Dorvigny, écrivit Le Désespoir de Jocrisse , qui redonna quelque ardeur à l’utilisation du mot. Pour autant, un jocrisse était toujours un personnage falot et faible et il passa ainsi au dictionnaire, sans relief, en 1718.
JUDAS
La tribu de Juda était la plus nombreuse et la plus importante des douze tribus historiques du peuple d’Israël.
Judas Iscariote était un des apôtres, le douzième ; il eut un sort bien peu envié. Né à Carioth, son nom était tout naturellement trouvé et il aurait pu le porter avec honneur. Hélas ! Il trahit le Christ et le vendit pour trente deniers…
Le baiser de Judas est tristement connu : selon le signe convenu pour désigner le Christ à ceux qui venaient se saisir de sa personne, Judas alla à lui, au jardin des Oliviers, et lui donna un baiser lorsque les prêtres arrivèrent. Pris de remords, Judas jeta l’argent et se pendit.
C’est dans la « Chronique des Ducs de Normandie » en 1175 que le terme de judas, au sens de traître, paraît, devenant ainsi nom commun.
LACONIQUE
La Laconie est une ancienne contrée de la Grèce, occupée par les Doriens au XII esiècle av. J.-C. ; la capitale était Lacédémone (c’est aujourd’hui un département du Péloponnèse). Les habitants avaient pour habitude d’employer le moins de mots possible.
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