Longtemps en lutte avec les Turcs, les Bulgares ne se sont affranchis de leur domination qu’en 1908. La république de Bulgarie a été établie à la suite du référendum de 1946.
À l’origine, les Bulgares — en bas-latin Bulgarus — étaient nommés boulgres ou bougres. Ce dernier mot connut une grande vogue lorsque certains hérétiques, que l’on assimilait aux Albigeois (cette secte religieuse qui se répandit en Allemagne, Flandre, Italie et dans le midi de la France du XI eau XIII esiècle), se manifestèrent à nouveau. Le mot est cité en 1172.
On croyait que ces hérétiques se livraient à la sodomie et — forme probable de racisme — reçurent l’appellation de bougres. C’est Rabelais qui, en 1534, relança le mot.
BOVARY
Emma Bovary représente le prototype de la femme romanesque et sentimentale. Lassée par une existence par trop commune, ses passions la mèneront au suicide. Ce personnage est bien sûr créé par Flaubert en 1857. Madame Bovary fut l’objet d’un procès retentissant, assurant la renommée de son auteur et provoquant la naissance du bovarysme.
CABOTIN
Bien que l’existence de monsieur Cabotin soit incertaine, on admet que ce bonimenteur et marchand ambulant connut une certaine célébrité au temps du roi Louis XIII. Directeur de troupe, charlatan, il s’exhibait sur les places publiques, vendant des élixirs miraculeux et des remèdes universels.
À l’occasion, Cabotin procédait à quelque opération ou arrachait quelque dent cariée. Mais son véritable talent résidait dans l’art de vanter ses flacons, déclamant en vers ou en un boniment pompeux mais, en tout cas, faisant l’admiration des badauds.
Depuis cette époque on qualifie de cabotin l’artiste de médiocre qualité qui sollicite les applaudissements plus qu’il ne les mérite et, dans la vie courante, celui qui joue la comédie pour attirer l’attention du public. Même si cette origine est controversée et si monsieur Cabotin est somme toute hypothétique, le terme de cabotin est connu, avec certitude, depuis 1875, après avoir été signalé en 1807.
CARTÉSIEN
René Descartes, gentilhomme, né en Indre-et-Loire, à La Haye (aujourd’hui La Haye-Descartes) en 1596, était d’une famille poitevine. Élève des Jésuites au collège de La Flèche, il étudia les lettres anciennes, les mathématiques et la philosophie. De 1618 à 1629, il passa son temps à voyager et surtout à philosopher.
Descartes se réfugia en Hollande en 1629 et y développa une philosophie nouvelle ; son séjour ne fut interrompu que par trois voyages en France et de 1629 à 1649 il construisit sa doctrine avec la publication en 1637, à Leyde, du Discours de la méthode puis des Meditationes de prima pbilosophia en 1641.
Il subit les attaques des partisans d’Aristote, Jésuites français et ministres protestants de Hollande ; en 1642, le Sénat d’Utrecht défendit d’enseigner la doctrine cartésienne, méthode de connaissance basée sur une métaphysique posant la nécessité de Dieu et la rationalité de l’homme. Son cogito, ergo sum (je pense, donc je suis) fonda une logique absolue expliquant tout en termes de cause et d’effet.
En 1649, Descartes partit pour la Suède, invité par la reine Christine ; mais la rigueur du climat ne lui convint pas et il mourut d’une congestion pulmonaire à Stockholm, le 11 février 1650.
Quinze ans après sa mort, son œuvre était toujours l’objet d’âpres débats et commentaires, publiés en latin. La transcription latine de Descartes étant Cartésius, le terme cartésien fut appliqué à ses théories, avec une connotation sur l’implacable logique et la nécessaire rationalité qui ont donné l’impression que la théorie de Descartes refusait toute sensibilité, toute émotion, toute intuition.
C’est dans le commentaire d’un médecin de Caen, André de Graindorge, qu’apparut en 1665 le terme de cartésien ; celui de cartésianisme venant en 1667 et l’entrée des deux mots dans le Dictionnaire de l’Académie s’effectuant vers 1762.
CASANOVA
Fils d’acteurs, Jean Jacques Casanova de Seingalt naquit à Venise en 1725, commença des études de droit, s’intégra à la société vénitienne et connut très vite des intrigues amoureuses à scandale. Après un premier séjour en prison, il devint secrétaire du cardinal Acquaviva, mais de nouveaux scandales l’amenèrent à s’engager dans l’armée.
Ses voyages sont nombreux : Rome, Naples, Corfou, Constantinople ; ses métiers également : prédicateur, séminariste, abbé, magicien, violoniste.
Voyage à Paris. Retour à Venise. Prison. Évasion. Nouveau voyage à Paris. Tout va vite chez Casanova. À peine a-t-il le temps de connaître plusieurs femmes que ce sont autant de scandales ; en même temps, il crée la première loterie publique française (qui fonctionnera pendant soixante-quatorze ans).
Pays d’Europe. Aventures galantes. Écrits satiriques. Il devient agent secret… puis bibliothécaire du comte Waldstein, seigneur de Bohême. Sciences occultes, alchimie, publication de Mémoires , c’est un tourbillon. La mort seule l’arrêtera, à Dux, en Bohême, en 1798. Son nom, bien sûr, est passé à la postérité, comme synonyme de séducteur.
CASSANDRE
Ce nom qualifie un vieillard sot, personnage ridicule des anciennes comédies, berné par tous, y compris par ses enfants. Ce n’est toutefois pas ce cassandre qui nous intéresse ici, dont le terme est cité en 1798, mais le personnage féminin.
Dans la mythologie, Cassandre était fille de Priam, le roi de Troie et d’Hécube. Apollon lui avait donné le don de prophétie. Hélas, il fut trompé par elle !
Apollon, pour se venger, condamna Cassandre à n’être jamais crue dans ses prédictions. Captive d’Agamemnon auquel elle donna deux jumeaux, elle revint avec lui à Mycènes où elle fut tuée par Clytemnestre, la femme de ce roi, qui était fort jalouse. On compare parfois à Cassandre les gens clairvoyants mais dont on n’écoute pas les avertissements.
CATIN
Au XVII esiècle le prénom Catherine était fort apprécié et on le donnait fréquemment comme surnom, de manière affectueuse ; des diminutifs en sont sortis et ont fini par former celui de catin dont, à partir de 1740, le sens s’est transformé pour désigner une femme de mœurs très dissolues.
CERBÈRE
Dans la mythologie gréco-romaine, Cerbère était le gardien des Enfers ; plus précisément il montait la garde à la porte de ces lieux. Né de l’union de deux monstres, Typhon et Echidna, Cerbère était un chien à trois têtes, dont le cou était hérissé de serpents. Il était établi au bord du Styx, le fleuve des Enfers. C’était un redoutable gardien, car son arme plus que dissuasive était ses dents, dont la morsure était empoisonnée.
Orphée, descendant aux Enfers pour ramener Eurydice, réussit à l’assoupir par les sons de sa lyre et Énée, selon Virgile, l’amadoua avec un gâteau de miel. Seul Héraklès parvint à l’enchaîner.
Malgré ces deux échecs, la réputation de Cerbère était redoutable et le sens d’un gardien à la sévérité intraitable se développa à partir d’une citation de Marguerite de Valois, en 1576. Par dérision, le sens s’est déplacé vers le gardien de la maison, qu’il soit portier, suisse ou concierge.
CHARLATAN
Que ce soit dans la région de Rome, de Florence, d’Alexandrie ou de Cunéo, les villages sont nombreux qui portent le nom de Cerreto ; l’un d’entre eux avait une particularité : ses habitants vendaient des drogues sur les marchés.
Bientôt, le cerretano fut un « crieur de marché » ou « imposteur » et à partir de 1668, le mot désigna celui qui, du haut de ses tréteaux, débitait ses drogues sur la place publique.
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