Plus tard, vers 1550, on baptisa du nom de pythie toute personne qui présentait apparemment des dons de prédiction ou, plus simplement, qui proférait des vérités futures.
RABELAISIEN
Qui rappelle le genre de Rabelais (1494–1553). Rire rabelaisien ; rire largement épanoui. Plaisanterie rabelaisienne : plaisanterie grasse.
Aujourd’hui un caractère rabelaisien désigne une personne qui aime les plaisirs de la vie, et ceci sans complexe. Bel hommage rendu au « père du français moderne ».
RAMINAGROBIS
François Rabelais, dans son ouvrage Gargantua , a mis en scène un juge fort habile et matois, pris pour arbitre par Pantagruel et Panurge, qu’il a appelé Raminagrobis ; ce nom, qui pouvait signifier « gros matou » et évoquait « rominer » terme du Berry et « gros bis » (la farine), désigne bien l’extérieur du personnage et était un hommage de Rabelais à Lemaire de Belges.
Quoi qu’il en soit, le terme a fait fortune et désigne fort plaisamment un juge habile et hypocrite, qui tire profit du litige qui lui est soumis.
RASTAQUOUÈRE
En Amérique du Sud, on nommait « rastacuera » un parvenu enrichi dans le commerce des cuirs. Le mot s’est transformé en rastaquouère, en raison des difficultés de prononciation et qualifie dorénavant un personnage « exotique » étalant un luxe pour le moins suspect. Certains avancent que le marquis Yago Rastacuero, connu au Café de Paris, a contribué à l’essor du mot.
On a même aujourd’hui une abréviation : rasta.
RASTIGNAC
Personnage de La Comédie humaine créé par Honoré de Balzac, Eugène de Rastignac apparaît dans Le Père Goriot (1834).
Rastignac, que l’on continue de suivre dans Les Illusions perdues, Étude de femme, La Peau de chagrin, La Maison Nucingen , est le modèle du jeune étudiant pauvre qui devient député et ministre, par le seul pouvoir d’une ambition bien menée.
La conscience de Rastignac, un temps s’est révoltée, puis s’est de moins en moins indignée. Il devient un « condottiere politique ». Grâce à Balzac, un rastignac est dorénavant un subtil et habile intrigant venu de sa province pour conquérir Paris.
RODOMONTADE
Voilà un personnage qui commença sa carrière dans les poèmes chevaleresques italiens, en guerrier sarrasin, doué d’une force surhumaine et d’un orgueil démesuré, comme dans le Roland amoureux de Boiardo, donné en 1486.
Roi de Sarza en Afrique, il participe à l’expédition contre Charlemagne, défiant d’abord les flots en tempête et luttant seul et bravement contre les Français.
Repris par l’Arioste, dans son Roland furieux (en 1532), il est tout aussi brave, face aux valeureux guerriers chrétiens de Paris ; mais sa femme est ravie par Mandricard, un guerrier sarrasin qu’elle finit par lui préférer. Rodomont, plein de colère, quitte son roi, sa femme, retourne en Afrique, désillusionné. Il défendra l’entrée du mausolée qu’il a construit et que Roland veut, à son tour, prendre.
Peu à peu, le sens de rodomont s’est altéré et lorsqu’il est passé en France, a perdu de cette force et de cette fierté réellement portées par le personnage ; à partir de 1594, un rodomont fut un bravache, un fier-à-bras, hâbleur et fanfaron. On parle plus volontiers aujourd’hui d’une rodomontade.
SACRIPANT
Décidément, l’Arioste n’eut pas de chance avec ses personnages, du moins lorsqu’ils passèrent en France. Qu’on en juge. Sacripant était à l’origine, comme Rodomont, un personnage des poèmes chevaleresques italiens. Roi de Circassie, il fut l’un de ces guerriers sarrasins au nom sonore, à l’ardeur démesurée que Boiardo mit en scène dans son Roland amoureux (1486). Sacripant était le défenseur de la ville assiégée d’Albraca et voulait épouser Angélique, fille du roi de la ville. On le retrouve en 1532 dans le Roland furieux de l’Arioste, pleurant sur le sort d’Angélique qu’il croyait perdue et devenant le jouet des événements et des hommes.
Un nouveau profil s’en dégagea : le sens de fanfaron se fixa en 1600 et le sacripant devint bientôt le synonyme de bandit, vaurien, mauvais sujet capable des coups les plus pendables. Le mot reprit vigueur en 1713. Rodomont et Sacripant, mêmes combats, même sort, pourrait-on dire.
SADIQUE
Quelle étrange figure que celle d’Alphonse François, marquis de Sade, né à Paris en 1740 ! Bien qu’il ait été pendant quelque temps lieutenant-général de Bresse-Bugey, il est plus connu par sa vie de débauche, scandaleuse pour beaucoup.
Ce descendant d’une vieille famille d’Avignon poussa jusqu’aux extrêmes les revendications du libertinage. Défendant luxure et cruauté comme illustrant l’érotisme et la liberté du désir, ses écrits et la hargne de sa caste lui vaudront de passer vingt-sept années dans treize prisons différentes.
Ses romans s’intitulent Justine ou les infortunes de la vertu (1797), Juliette ou les prospérités du vice (1798), Les Cent Vingt Journées de Sodome , entre autres titres. Son existence s’acheva en 1814 à l’hospice de Charenton, où Napoléon l’avait fait interner.
C’est à partir de 1836 que l’on appela sadisme, la « perversion sexuelle dans laquelle le plaisir érotique dépend de la souffrance infligée à autrui ».
Mais tous les sentiments, comme les idées, ayant une vie fluctuante, on notera que le surréalisme a fait de Sade le symbole de l’homme en révolte contre toutes les contraintes.
SARDONIQUE
On sacrifiait au roi Moloch, le plus souvent, des enfants vivants en les faisant brûler sur l’autel, ou dans les flancs même de la statue de la divinité.
Plutarque rapporta ces sinistres procédés, ajoutant que les victimes faisaient — on le comprend aisément — des grimaces atroces ; comme il décrivait les habitants de la ville d’Asie Mineure nommée Sardes, la capitale de la Lydie, pillée par Cyrus le Grand en 547 av. J.-C. le terme sardonique s’attacha au rictus de douleur visible chez les brûlés.
Toutefois, si ce sens semble avoir été retenu dès le XVI esiècle, Ambroise Paré pensa qu’il venait d’une plante passant pour avoir la propriété de contracter la bouche. Or, cette plante venait de Sardaigne et le « Sardonikos » des érudits subit peut-être une interprétation.
SATRAPE
Dans l’ancien empire Perse, la satrapie était une région administrée par un gouverneur ; ce dernier, appelé satrape, était un vice-roi chargé de l’autorité civile et judiciaire et de l’administration des finances. Seule, l’armée lui échappait.
Dès 1485, on qualifiait de satrape tout personnage puissant à l’instar du gouverneur persan ; le sens s’est fixé ensuite sur tout personnage jouant au grand seigneur orgueilleux et despote.
SATYRE
La mythologie grecque appelait satyre un être fantastique, de la suite de Dionysos. Ces sortes de demi-dieux furent confondus à Rome avec diverses divinités champêtres symbolisant les forces de la nature, comme les faunes et les sylvains.
Dans les fêtes de Bacchus, les hommes déguisés en satyres avaient le principal rôle et apparaissaient en brandissant des coupes, en agitant le thyrse, en exécutant des danses indécentes, qui furent appelées danses satyriques.
En tant que divinité, le satyre est mentionné en 1372 mais c’est Scarron qui, au XVIII esiècle, le cite dans le sens d’un homme cynique et débauché.
Un autre sens, plus récent, s’est dégagé, qualifiant un homme obscène s’attaquant aux femmes.
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