C’est pourquoi, en 1873, on appela « linnéon » ce qui désigne « l’espèce », suivant la conception même du botaniste suédois, utilisant les caractères morphologiques pour distinguer les différentes variétés les unes des autres. Le mot semble ne s’être officialisé qu’en 1932.
Un linnéon est aussi synonyme d’espèce linnéenne.
BÉGONIA
Michel Bégon naquit à Blois en 1638 et connut une fort belle carrière car il était apparenté à la femme de Colbert : conseiller au présidial de Blois, subdélégué de l’intendant d’Orléans, commissaire à Brest (1680), intendant des Îles d’Amériques en mission à Saint-Domingue entre 1682 et 1684, intendant des galères à Marseille (1685) puis de la marine à Rochefort (1688), enfin de la généralité d’Aunis et Saintonge (1694). Il mourut à Rochefort le 14 mars 1710.
La renommée de Michel Bégon vint de son passage à Saint-Domingue marqué par une remise en ordre sérieuse, par l’importante bibliothèque qu’il réunit ainsi que par la création d’un cabinet d’antiquités égyptiennes. Il rassembla également de multiples portraits et des recueils de plantes rares.
C’est pourquoi le botaniste Charles Plumier (1646–1706), qui avait connu et apprécié Bégon comme intendant, appela Bégonia une plante découverte au cours de ses expéditions dans les pays chauds. Dès 1706, le bégonia, belle plante au feuillage décoratif et aux fleurs colorées, connut le succès.
En 1777, des spécimens arrivèrent des Antilles en Grande-Bretagne, puis d’autres suivirent, en provenance du Brésil ; de nombreuses variétés furent ensuite créées par hybridation.
BIGNONIA
Jean-Paul Bignon, petit-fils d’un avocat général, naquit à Paris en 1662 reçut une éducation très complète. Il écrivit de nombreux sermons dont la trace ne nous est cependant pas parvenue.
Ce fut également un ami des hommes de lettres et de sciences. Entré dans la congrégation de l’Oratoire, il devint prédicateur du roi puis, en 1718, son bibliothécaire.
Il fut Académicien français, membre honoraire de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, en même temps que conseiller d’État. À tous égards, le bibliothécaire de Louis XV remplissait bien son rôle.
Lorsque Joseph de Tournefort, le vrai restaurateur de la botanique, élabora ses Éléments de botanique , il voulut rendre hommage à cet abbé Bignon qui avait tant fait pour les hommes de savoir.
C’est ainsi que Tournefort baptisa en 1694 du nom de bignone, ou bignonia, une nouvelle plante découverte en Amérique et qui s’adaptait bien au climat français.
Si Tournefort s’éteignit en 1708, l’abbé Bignon lui survécut jusqu’en 1743, très fier d’avoir vu, de son vivant, son nom passer à la postérité. Il fallut attendre 1798 pour voir le mot entrer dans le Dictionnaire de l’Académie.
BOUGAINVILLÉE
Louis-Antoine de Bougainville naquit en 1729, fit de solides études, publia à 25 ans un traité de calcul intégral, devint avocat, puis fit carrière dans la diplomatie en commençant comme secrétaire d’ambassade à Londres.
En 1756, il participa, sous les ordres de Montcalm, à l’expédition canadienne ; deux ans plus tard, il fut chargé d’une mission aux colonies et en 1759, fut promu colonel. Entrant alors dans la marine, il s’embarqua pour un voyage autour du monde, qui dura de 1766 à 1769. Ce voyage le mena à Tahiti, aux Nouvelles-Hébrides, à l’archipel des Salomon, aux îles Moluques. Bougainville relata ce voyage en 1771, dans un livre resté fameux.
Membre de la Société Royale Anglaise, de l’Institut de France, il devait être nommé sénateur et fait comte de l’Empire par Napoléon, avant de mourir en 1811.
Peu de temps avant cette mort, en 1809, le botaniste Philibert Commerson, qui avait accompagné Bougainville dans son périple, voulut lui rendre hommage et baptisa une plante grimpante sud-américaine du nom de Bougainvillea glabra ou bougainvillée.
On peut utiliser le terme au féminin ou au masculin (bougainvillier) ; le navigateur s’en moquerait, car son nom « Bougainville » a été aussi donné, à la plus grande île de l’archipel des Salomon, en Mélanésie, découverte en 1768 par Bougainville et intégrée en 1975 dans le nouvel État de Papouasie. Le passage à la postérité était assuré.
CAMÉLIA
Avec son héroïne Marguerite Gautier, Alexandre Dumas a immortalisé, dans La Dame aux camélias (tant avec son roman en 1848 qu’avec sa pièce en 1852) cette plante ornementale à feuilles luisantes et aux fleurs d’un si tendre rose ou si aimable blanc.
On a souvent donné pour origine à cette plante le nom propre de Camelli, qui introduisit cette variété du Japon en Europe.
Il semble plus probable que la véritable origine se situe, comme pour d’autres plantes, dans l’immense travail accompli par Charles de Linné, l’illustre botaniste suédois du XVIII esiècle.
On fera de nouveau confiance à son système de classification, acceptant ainsi que, en l’honneur de G.J. Kamel, un jésuite moravien, botaniste lui aussi, qui vivait à la fin du XVII esiècle, Linné ait donné son nom à ce si bel arbuste, en 1760.
COBÉA
Barnabé Cobo naquit à Lopéra (Espagne) en 1582. Devenu jésuite, il vécut pendant cinquante ans au Mexique et au Pérou.
Outre sa mission d’évangélisation qu’il menait avec ardeur, le père Cobo s’intéressa de près à l’histoire naturelle du pays auquel il s’était attaché.
Il rédigea d’ailleurs dix volumes sur ce sujet. Une telle œuvre faillit tomber dans l’oubli, car on ne la retrouva qu’au siècle dernier, à la bibliothèque de Séville.
C’est pourquoi le directeur du Jardin royal de botanique de Madrid, nommé Cavanillès, voulant baptiser un nouveau genre de plante, un arbrisseau du Mexique à grandes fleurs bleues en forme de cloches, décida, en hommage au missionnaire espagnol, de lui donner ce nom de cobéa, faisant ainsi passer à la postérité le patronyme d’un de ses valeureux compatriotes. C’était en 1811.
COLCHIQUE
Médée était la fille du roi de Colchide, sœur de Circé et réputée magicienne ainsi qu’empoisonneuse. Elle aida Jason à enlever la Toison d’or et l’épousa ; abandonnée par lui, elle s’en vengea en tuant ses enfants.
Une plante vénéneuse, à fleurs mauves, de la famille des liliacées croissait dans les prairies marécageuses ; en souvenir du pays de l’empoisonneuse Médée, cette Colchide située près de la mer Noire, elle fut appelée colchique.
DAHLIA
Est-ce réellement le botaniste suédois Andréas Dahl qui rapporta une plante originaire du Mexique en Europe à la fin du XVIII esiècle et lui laissa son nom ?
Est-ce Cavanillès, directeur du Jardin botanique de Madrid, déjà « inventeur » du cobéa, qui baptisa cette plante du nom de dahlia, pour honorer celui qui avait été l’élève du grand Linné ? Toujours est-il que c’est bien par rapport à Andréas Dahl, qui vécut de 1751 à 1789, que se situe l’origine de cette plante à racines tubéreuses, rondes ou ovales, parfois comestibles, à longues tiges et grandes feuilles, à belles fleurs.
Venant du Mexique, le dahlia fut acclimaté en Espagne en 1788 et introduit en Angleterre en 1802. À partir de 1809, de nombreux jardiniers-botanistes se sont évertués — avec succès — à donner des variétés de couleur permettant d’offrir toutes les nuances possibles, dans les tailles les plus diverses.
Depuis 1804, en tout cas, le mot dahlia était devenu nom commun.
FORSYTHIA
On connaît peu les événements de la vie de G. Forsyth, sinon qu’il vécut de 1737 à 1804, qu’il fut un botaniste de talent et un horticulteur de qualité.
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