En 1672, on raconta qu’il s’agissait de l’invention d’un imprimeur nommé Guillaume et le terme « guillemet » naquit de cet usage ; peu après l’écrivain Gilles Ménage approuva cette origine dans son livre paru en 1672, intitulé Observations sur la langue française .
Dorénavant, « monsieur Guillemet » passait à la postérité : il entra au Dictionnaire de l’Académie en 1718.
ITALIQUE
Cet adjectif, qui devient substantif (masculin ou féminin, d’ailleurs), selon que l’on considère le mot comme étant lettre ou caractère, signifie, bien sûr, « qui est relatif à l’Italie ». Cette Italie dont la production dans le domaine des arts et de la culture est immense.
Elle a donc largement contribué à l’essor de l’imprimerie : en typographie, des lettres ou des caractères étaient, dès 1488, réputés « ytaliques » puis italiques dans le Dictionnaire d’architecture de Philibert Delorme, paru en 1568. Leur utilisation avait été accentuée en 1501 sur les presses d’Aldo Manuzio, à Venise, qui sortirent, entre 1494 et 1597, plus de neuf cents ouvrages.
Le caractère penché, dit italique, est employé lorsqu’on reproduit une phrase textuellement ou que l’on veut mettre des termes de phrases en évidence.
LÉONIN (VERS)
Léon, chanoine de Saint-Victor de Paris, mit à la mode, au XII esiècle, des vers latins dont la fin rime avec la césure du troisième pied. Cela assura le succès, développé au Moyen Age, des vers « léonins ».
Aujourd’hui les vers léonins ont une ou deux syllabes reproduisant la consonance de la rime.
MAZARINADE
Giulio Mazarini, dit Mazarin, est né à Pescina, en Italie, en 1602. Après avoir servi dans la diplomatie pontificale, il vint en France sous Richelieu (qui le fit nommer cardinal) et lui succéda en 1643. Il devait gouverner la France jusqu’en 1661.
Il termina la guerre de Trente Ans qui aboutit aux traités de Westphalie, lutta contre la Fronde, s’exila deux fois avant de triompher et imposa à l’Espagne la Paix des Pyrénées qui allait permettre à Louis XIV de faire valoir ses droits à la couronne d’Espagne.
Il fut très attaqué en raison de son origine italienne et de l’augmentation des impôts. Cela détermina de violents pamphlets et des chansons satiriques où il était traité de « seigneur faquin » ou de « gredin de Sicile ».
Sa ruse ajoutait encore au refus de sa personne : n’avait-il pas réussi à faire arrêter Condé, venu en confiance au palais du Louvre, par le capitaine des Gardes ?
Ces violentes oppositions, exacerbées par la misère du peuple et la richesse trop ostentatoire du pouvoir, éclatèrent sous la forme de « mazarinades » dont on a pu, au siècle passé, établir une bibliographie, tant elles étaient nombreuses ; la plus connue est celle de Scarron ; d’autres furent composées par Guy Patin et le cardinal de Retz.
Que de haine contenaient les mazarinades, pour un homme qui a tout de même laissé le Collège des Quatre-Nations (l’Institut) et la Bibliothèque Mazarine et donné au souverain Louis XIV l’éducation politique qui fit de ce dernier un Roi-Soleil ! Quoi qu’il en soit, dès 1648, en tout cas 1651 avec « la Mazarinade » de Scarron, le nom s’était fixé à tout jamais…
PAMPHLET
Un certain Pamphile vivait au XII esiècle, auteur comique écrivant également des poèmes en latin ; on lui attribua un diminutif : Pamphilet.
S’agissant de textes courts et quelque peu mordants, on prit l’habitude d’appeler certains écrits de littérature satirique, des pamphlets, mot qui entra au Dictionnaire en 1762 et dont la formation est analogue à celle d’ysopet (voir ce mot).
PÉTRARQUISER
Francesco Pétrarque naquit à Arezzo en 1304, d’un père notaire exilé de Florence et qui alla s’établir à la cour pontificale d’Avignon.
Il fit ses études à Carpentras, puis aux universités de Montpellier et de Bologne. Vers 1328, il retourna en Avignon, ayant reçu les ordres mineurs et vécut auprès des Colonna.
Il rencontra alors la femme que nous connaissons sous le nom de Laure de Noves : un amour violent et sans espoir et qu’il immortalisera dans des vers. Il s’installa après divers voyages dans sa petite maison près de Fontaine-de-Vaucluse, écrivit ses vers, vit sa renommée grandir à tel point qu’il reçut en 1341, à Rome, la couronne de lauriers.
En 1348, la mort de Laure lui arracha ses plus beaux vers comme Les Triomphes écrits à la manière du Roman de la rose , le faisant s’installer en Italie où il mourra, à Arqua près de Padoue, en 1374.
Plus tard, pétrarquiser a signifié : faire des compositions dans le genre du poète italien, puis célébrer un amour platonique, comme celui que Pétrarque vouait à Laure. C’est au cours du XVI esiècle que le mot se forgea.
PLÉIADE
Ce groupe de six étoiles étaient au nombre de sept pour les Grecs anciens, filles d’Atlas et de Pléione, les Pléiades désignèrent la réunion de sept personnes illustres.
Sous la Renaissance, du Bellay et Ronsard s’en inspirèrent pour baptiser le groupe poétique donc ils furent les instigateurs. Une pléiade c’est donc la réunion de sept personnes.
PRIAPÉE
Fils de Bacchus et de Vénus, Priape était le dieu des jardins et de la génération, honorant également la fécondité. Dès 1480, on insistait sur cette signification et l’on désigna du nom de priape le phallus, emblème du membre viril et, donc, de la fécondité ; les poèmes licencieux, dorénavant, furent des priapées.
ROMAN
Aux siècles des grandes invasions, la lingua romana Rustica, ou latin populaire déformé par les peuplades barbares qui commençaient à occuper l’Empire d’Occident, devint la langue la plus usitée.
Elle fut à l’origine du Roman : commun dénominateur des langues latines.
Le Moyen Age appela « romans » certains poèmes épiques ou chansons de geste. Puis ces « gestes » prirent le caractère de récits réservés à la lecture.
Le roman commençait sa. longue carrière.
SOLÉCISME
La syntaxe est, par définition, la disposition des mots dans une proposition, selon les règles de la grammaire.
À Soles, une ville de l’ancienne Cilicie, en Asie Mineure, fondée par les Athéniens, les habitants avaient une fâcheuse réputation. Ils avaient coutume, en parlant, de déformer la syntaxe, d’une manière personnelle et obstinée.
Finalement, ces fautes contre les règles de leur langue furent communément appelées… solécismes ; en 1488, le terme fut repris et resta en usage.
YSOPET
On connaît mal la vie d’Ésope, fabuliste grec du début du VI esiècle avant J.-C. : esclave phrygien, laid, bossu, difforme, il habitait Samos.
Avec son esprit vif et amusant, il racontait des apologues, des récits familiers, y ajoutant quelque sentence morale. C’est du moins ce que l’on croit, car il semble probable qu’il n’a lui-même écrit aucun des textes qui lui sont attribués. C’est vers 325 avant J.-C. que Démétrios de Phalère établit un recueil de récits d’Ésope, qui ne cessa, ensuite, d’être repris.
Au I ersiècle de notre ère, le poète latin Phèdre leur donna une nouvelle actualité, avant la charmante Marie de France, femme trouvère née vers 1180.
Avec sa Légende des deux amants , Marie de France renouvela le genre d’Ésope et ses recueils de textes, comme ceux des fables du Moyen Âge, devinrent, rappelant le nom d’Ésope, des ysopets (ou isopets).
Le nom d’ysopet sommeilla quelques siècles, pour resurgir au cours du XIX esiècle.
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