L’idée vint aux dirigeants de l’usine de Chedde de donner un débouché plus constructif à leur produit et bientôt furent créés des explosifs, qui prirent tout naturellement le nom de cheddites.
Dès 1908, le nom était fixé.
SHRAPNELL. « L’art » de la guerre consiste, entre autres, à toujours améliorer les armements confiés aux troupes afin de défaire l’ennemi. Si les premiers obus à balles furent essayés en France sous Louis XIV, c’est le général anglais Henry Shrapnell (né en 1761) qui leur apporta une amélioration considérable.
Les soldats de Napoléon I er, lors de la campagne d’Espagne, subirent les effets cruels de l’efficacité des premiers « shrapnells » car leur nom vint d’emblée qualifier le redoutable obus.
Le général avait imaginé (la première fabrication remontait à 1784) de remplir l’obus de milliers de boules métalliques qui, en explosant en l’air, au-dessus de l’objectif à atteindre, projetait dans tous les sens des masses meurtrières.
Le général Shrapnell est mort en 1842, mais le principe qu’il a défini a trouvé récemment, encore, une application toujours plus meurtrière dans des conflits récents : l’obus à bille d’acier explosant à une certaine hauteur afin d’être plus destructif est un véritable « shrapnell ».
YPÉRITE. La ville d’Ypres, en Flandre occidentale, construite autour d’un château fort du X esiècle, a connu une grande prospérité jusqu’au XV egrâce au textile. Elle déclina ensuite quelque peu.
De 1914 à 1918, Ypres fut une place disputée avec acharnement et connut de multiples bombardements. À la fin de 1914, au début de 1915, les Allemands, après une tentative d’assaut, durent reculer.
Les troupes belges, françaises et anglaises étaient victorieuses, mais à quel prix ! En effet, pendant ces combats, les Allemands utilisèrent pour la première fois un gaz asphyxiant, suffocant, toxique et lacrymogène, aux effets destructeurs considérables.
Ce gaz, sulfure d’éthyle bichloré, était appelé gaz moutarde, mais après son utilisation à Ypres, fut baptisé ypérite.
CHAPITRE VIII
ARTS ET LETTRES
« Verba volent, scripta manent », les paroles s’envolent, les écrits restent. Les arts et les lettres reflètent, eux aussi, l’influence des noms d’hommes, mais celle des personnages de la mythologie y est plus sensible.
Ainsi, trouve-t-on le héros d’Athènes, Académos, qui légua à la République un terrain sur lequel on bâtirait un gymnase permettant aux jeunes Athéniens de s’exercer aux activités sportives. Le gymnase reçut le nom du généreux donateur mais, à proximité, Platon réunissait ses disciples ; le lieu fut surnommé l’académie puis passa à l’école de Platon ; les élèves devinrent académiciens et il fallut Rabelais en 1532, pour réutiliser le terme.
Dans la ville d’Athènes, encore, se trouvaient des bustes d’Hermès, le messager et l’interprète des dieux ; ces bustes étaient coupés par des plans verticaux et devinrent des « bustes en hermès ». L’architecture du XVIIE les remit à l’honneur.
L’épouse du roi Mausole fit construire à ce dernier un superbe monument, pour lequel pas moins de cinq artistes travaillèrent. Ce gigantesque édifice devint l’une des sept merveilles du monde et à la Renaissance le goût pour les antiquités remit à la mode le mausolée, monument funéraire d’importance.
Primitivement, le musée était l’établissement consacré aux Muses, ces divinités allégoriques qui présidaient aux sciences et aux arts. C’est au XIII esiècle que le musée devint une sorte d’académie où l’on rassembla des collections d’objets d’art.
Les lettres ont leur porte-parole, on pourrait écrire leurs publicitaires, dans le langage médiatique d’aujourd’hui. Les exploits d’Alexandre le Grand ont nourri une riche littérature, particulièrement au XII esiècle, Le Roman d’Alexandre , écrit en dodécasyllabes ; par la suite, ce vers qui chantait Alexandre fut baptisé du nom d’alexandrin.
La ville de Byblos en Phénicie exportait bois et papyrus vers l’Égypte ; le commerce des livres sacrés s’y développa et les Saintes Écritures (Ancien et Nouveau Testament) prirent le nom de bible.
L’Italie a puissamment contribué au développement des arts, particulièrement de l’imprimerie ; en 1488, des caractères étaient créés pour le Dictionnaire d’Architecture de Philibert Delorme. Ces caractères, penchés, devinrent des italiques.
À Soles, ville ancienne de Cilicie, les habitants avaient la fâcheuse habitude de déformer la syntaxe ; ces fautes contre les règles de leur langue devinrent des solécismes.
Après l’invention de l’imprimerie, nombreuses furent les améliorations successives ; en 1527, un livre parut avec un signe nouveau, en forme de petits crochets anguleux placés au début et à la fin d’une citation ; on l’attribua à un certain Guillaume et le signe devint « guillemet ».
Mazarin mena la politique française de 1643 à 1661. Il fut très attaqué, en raison de son origine italienne et de sa gestion, dans de violents pamphlets ou chansons satiriques, qui prirent l’appellation de mazarinades. Que de haine contenaient-elles !
Pétrarque a longtemps étudié en Avignon avant de rencontrer la femme que nous connaissons sous le nom de Laure de Noves ; la mort de cette dernière lui inspirera des vers déchirants.
Il ne faudrait pas en cette page oublier la Pléiade ; à l’origine, les filles d’Atlas étaient sept ; leur réputation fit qu’on baptisa de leur nom des groupes de poètes, à la Renaissance ; puis le mot est resté au groupe de sept, quels qu’en soient les membres.
Enfin, la page des lettres ne saurait se terminer sans un hommage au roman. Avec les invasions barbares, la lingua romana rustica devint la langue usuelle ; au Moyen Âge, certains poèmes épiques furent appelés romans et enfin cela s’appliqua à une action écrite pour être lue et non plus récitée : le roman était né.
ACADÉMIE
Héros d’Athènes, Académos (qui révéla à Castor et Pollux le lieu où Thésée avait caché leur sœur Hélène) légua à la République un. terrain relativement considérable, à condition qu’on y construirait un gymnase dans lequel les jeunes Athéniens pourraient s’exercer aux activités corporelles.
Le gymnase fut construit et on lui donna le nom du généreux donateur. Tout près, Platon réunissait ses disciples et, chaque jour, venait se promener avec eux afin d’exposer sa doctrine. Le lieu, planté d’oliviers et de platanes, devint un but de promenade, « la promenade » favorite des Athéniens, et l’habitude se prit de nommer « académie » l’école de Platon et « académiciens » ses adeptes.
Les lieux restèrent en l’état jusqu’en 87 av. J.-C. Sylla, alors consul, fit raser les arbres… Heureusement, Charlemagne, puis Alfred le Grand, roi d’Angleterre, fondèrent des académies qui essaimèrent ensuite dans toute l’Europe. Le nom était sauvé et figurait dans une chronique de 1508. Ce fut Rabelais qui lui donna son essor en 1532.
ÉPINAL (IMAGE D’)
Située sur la Moselle, chef-lieu du département des Vosges, la ville d’Épinal est la patrie de Durckheim et possède de belles armoiries : de gueules à la tour crénelée de quatre merlons d’argent, ajourée et maçonnée de sable, accostée de deux fleurs de lis d’or.
Aujourd’hui siège d’une industrie textile et métallurgique à problèmes, elle voit son renom pérennisé par une activité remontant à 1636.
C’est en effet cette année-là que fut créée l’imagerie de la ville, l’imagerie d’Épinal. Après une relative éclipse, cette activité a repris vigueur (le Musée de l’Imagerie Populaire installé dans la ville n’y est pas pour rien) et relancé « l’image d’Épinal ».
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