Certains s’émurent de son cas et l’aidèrent à commencer des études, à Tours d’abord, à Paris ensuite. En 1821, il reçut les prix d’anatomie et de physiologie, magnifique récompense à son travail acharné. Il devint docteur en 1823, puis chirurgien en 1828, avant d’être élu en 1833 à l’Académie de Médecine. Chirurgien-chef de la Charité, il était élu en 1843 membre de l’Académie des Sciences.
Il écrivit un nombre impressionnant d’ouvrages, de traités et de thèses dans des domaines aussi divers que l’anatomie, l’obstétrique et les techniques chirurgicales. C’est vers 1860 qu’il créa ce qui n’allait pas tarder à devenir la bande de Velpeau , en crêpe, élastique, convenant pour les bandages à compression douce.
Velpeau mourut en 1867 et la « bande velpeau » allait, de plus en plus, rendre service et perpétuer le nom de ce grand chirurgien.
VERDUNISATION. À Verdun, au moment de la mobilisation du 1 eraoût 1914, l’eau potable était de bonne qualité, surveillée par des techniciens qualifiés, depuis qu’une crue, en 1910, avait entraîné des pollutions, obligeant à la javelliser.
Vers la mi-septembre 1914, on nota une affluence de cas de fièvre typhoïde dans les formations sanitaires de Verdun et la javellisation fut appliquée à l’aide de grandes bouteilles dites de Mariotte : 12 000 mètres cubes d’eau étaient pompés chaque jour pour les hommes en casernement, avec un titrage fort étudié.
Ainsi, les soldats, qui n’étaient plus dégoûtés par le trop fort goût de chlore, n’étaient plus tentés de boire l’eau polluée des flaques des trous d’obus.
Ce succès consacra la méthode de purification de l’eau potable, par incorporation de faibles doses de chlore, suffisamment titrées, au cours d’un brassage énergique. Depuis 1916, c’est la verdunisation.
Si le promoteur de l’opération fut Bunau-Varilla, encore de nos jours réputé pour avoir élaboré l’ensemble du traitement, des voix de l’époque se sont élevées pour le critiquer, d’autres savants ayant eu l’antériorité de l’idée, comme Émile Roux.
VERNIER. Pierre Vernier naquit à Ornans en 1580. Son père, solide Bourguignon, lui fit donner une formation mathématique des plus sérieuses. La carrière de Vernier, pourtant, se déroula dans les finances, l’administration — il fut directeur des Monnaies du comté de Bourgogne — et la diplomatie.
Malheureusement, la maladie interrompit ce beau parcours. Vernier, ne restant pas inactif, écrivit un ouvrage en 1631, intitulé : Construction, usage et propriétés du quadrant nouveau de mathématiques . Dans ce livre, figurait en bonne place un instrument que son auteur avait mis au point pour les dessinateurs et les mathématiciens ; un dispositif de mesure, joint à une règle droite ou circulaire et permettant de lire plus facilement les fractions de division.
Pierre Vernier mourut en 1637 ; son dispositif de mesure fut repris vers 1797 et baptisé simplement « vernier » : la postérité cent soixante ans après sa mort…
VERNIS. La Cyrénaïque est cette contrée du nord de l’Afrique, comprise entre l’Égypte et le golfe de la Grande Syrte ; les Grecs y avaient plusieurs colonies (dont la ville Cyrène) au VII esiècle av. J.-C. Elle a longtemps été soumise aux Turcs.
Il semble qu’il y ait eu, parmi les autres villes, une cité du nom de Berenike, qui se caractérisait par la fabrication d’une résine odoriférante, la sandaraque, extraite d’une sorte de thuya.
Le mot grec beronike paraît avoir donné celui de veronice en latin, au Moyen Âge et celui de vernice, en italien. De là est venu le mot vernis, puisque la substance venant de la ville de Berenike servait à passer une couche se solidifiant sur certaines surfaces.
Un détour assez long, pour une situation figée : le vernis a pris. Dire qu’au XII esiècle déjà, des prédicateurs dénonçaient les femmes qui « se peignent et vernissent le visage » !
VESPASIENNE. Préfet de la Seine de 1833 à 1846, Claude Berthelot, comte de Rambuteau, fit percer ou élargir certaines rues de Paris, planter des arbres, installer l’éclairage au gaz… et des urinoirs en forme de colonnes creuses à tous les coins de rue. Bientôt, on surnomma ces édicules du nom du créateur, des « rambuteaux ».
Puis, vers 1834–1835, un autre nom leur fut attribué, qui détrôna le premier ; le rambuteau devint une colonne vespasienne, puis une vespasienne. Pourquoi ?
L’empereur romain Titus Flavius Vespasianus, né près de Rieti (Italie) en 9 ap. J.-C., régna de 69 à 79 et rétablit l’ordre et la discipline après la mort de Néron. Énergique, voire cruel sur le plan du maintien de l’ordre, il apporta la même énergie à réorganiser les finances. Entre autres réformes, il créa un impôt sur les urinoirs publics… qui devinrent une première fois des vespasiennes, même si, en réalité, il avait institué un impôt sur la collecte d’urine, utilisée par les foulons comme source d’ammoniac.
En 1834, l’occasion était trop belle de sortir cet empereur de l’oubli et il réapparut de cette bien curieuse manière.
WALLACE (FONTAINE). Sir Richard Wallace naquit en Angleterre en 1818, fils et héritier du marquis d’Hertford. Sa fortune lui permit de devenir philanthrope et collectionneur.
Il subventionna les ambulances militaires, fonda l’ambulance Hertford et fut lui-même ambulancier. Pendant la Commune, son matériel servit à distribuer des vivres et des secours. En 1872, il fit installer à Paris des petites fontaines d’eau potable, dessinées par le sculpteur Lebourg. Elles étaient formées d’une coupole supportée par des cariatides, soutenant elles-mêmes un « dôme à écaille de dragon ». Un petit gobelet en fer-blanc permettait de recueillir l’eau qui jaillissait au centre de cette construction. La « fontaine Wallace » fut un grand succès : une centaine furent installées dans les rues de Paris.
Sir Richard Wallace, en vrai philanthrope, savoura ce beau geste jusqu’en 1890, année où il mourut ; pour maintenir la tradition familiale, sa veuve légua à l’Angleterre sa collection de tableaux et d’objets d’art, une des plus magnifiques.
BAÏONNETTE. On s’est interrogé pour savoir si cette « tige de fer pointue qui s’ajuste au bout du fusil » tirait bien son origine de la ville de Bayonne. C’est que le mot aurait été relevé dans des écrits militaires avant la première mention d’une fabrique à Bayonne.
De tout temps, la ferronnerie bayonnaise a été réputée. Peut-être le vieux mot « baïoniero » désigne-t-il des fabricants d’arbalètes installés dans la ville. Quoi qu’il en soit, on sait que Bayonne fabriquait de meilleures dagues « que partout ailleurs » et que sa réputation n’était pas usurpée.
La première attestation du mot date de 1572 et la qualification des couteliers bayonnais, chantée plus tard dans le Poème de l’Art par Frédéric II de Prusse ou Voltaire, évoque les forgerons du Moyen Âge.
Quoi qu’il en soit, les « couteaux de Bayonne », « couteaux bayonnais » ou les « poignards de Bayonne » cités aux XVI eet XVII esiècles, ont engendré, dans une lente transformation, la baïonnette.
Bayonne a revendiqué l’appellation en laissant authentifier ses armoiries en 1696, par d’Hozier : « un écu de sable à une baïonnette d’argent mis en pal, la poignée d’or la tête en bas. »
CARABINE. En se reportant au mot carabin, on constate que l’origine du nom provient des bandits de Calabre ; le carabin était armé, pas seulement d’armes blanches, et dès 1694, l’« arme des carabins » s’appela carabine.
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