Aujourd’hui, on désigne sous ce nom diverses sortes de fusils, courts ou légers, dont les plus connus se nomment Winchester.
CHASSEPOT. Antoine Alphonse Chassepot a vu le jour en 1833 à Mutzig, dans le Bas-Rhin. Était-ce une prédestination ? Son père travaillait comme contrôleur d’armes à la Manufacture Nationale…
Doué d’une vive intelligence, possédant bientôt à fond la mécanique, Chassepot entra comme ouvrier au Dépôt Central de l’Artillerie à Paris, puis fut nommé Contrôleur d’Armes.
Sa profession l’amenait à s’intéresser aux armements et à essayer d’améliorer, si cela se pouvait, le matériel dont on dotait les soldats français.
Chassepot se pencha sur le fusil à aiguille Dreyse , que la Prusse avait adopté dès 1841 et qui avait permis des succès militaires contre l’Autriche. De fréquents essais eurent lieu en 1858, à l’École de tir de Vincennes où Chassepot présenta un modèle à aiguille, de calibre 11 millimètres, rapide au tir et plus maniable que le fusil prussien.
Le 27 août 1866, il fit breveter son fusil sous le n° 79-699 et le 30 août, le « fusil modèle 1866 » était adopté. Le chassepot venait de naître et fit merveille le 3 novembre 1867 à la bataille de Mentana, près de Rome, où les troupes françaises du 5 eCorps livrèrent un combat de quatre heures aux troupes de Garibaldi.
M. Chassepot devint chevalier de la Légion d’honneur et mourut en 1905 à Gagny. Si son nom est passé à la postérité, il faut ajouter que son fameux fusil fut remplacé par le « modèle Gras » en 1874.
COLT. C’est à Hartford, dans le Connecticut, que Samuel Colt naquit en 1814. À l’âge de 21 ans, il déposa le brevet d’invention du pistolet à barillet automatique, dit revolver.
Le colt 45 est un de ces pistolets (chargeur de sept cartouches), d’un calibre de 11,4 mm et qui pèse environ 1 kg.
En fait, Samuel Colt développait une invention européenne datant du XVI esiècle, mais qui reçut son label grâce à l’invention de la capsule fulminante.
Après avoir créé le pistolet automatique, Colt ouvrit des usines d’armement, spécialisées dans la fabrication d’armes portatives. Il mourut dans sa chère ville d’Hartford en 1862 : depuis plus de dix ans, son nom était passé à la postérité puisque le langage populaire connaissait « l’arme à feu de Colt » depuis 1846.
EUSTACHE. Sans que cela soit certain, il est probable qu’il y a bien eu à Saint-Étienne un maître-coutelier nommé Eustache Dubois. Les registres de la paroisse Notre-Dame mentionnent la naissance de huit de ses enfants et de sa femme, Philiberte Férréol, entre 1861 et 1696. Eustache Dubois lui-même est probablement mort le 20 mars 1721, à l’âge de 68 ans, qualifié dans la paroisse de « marchand bourgeois ». En quoi s’était-il illustré ?
Dans la région du Chambon, la production d’articles manufacturés, à partir du fer, est très variée et, vers le XV esiècle, une famille Palle aurait mis sur le marché une variété de couteaux. D’emblée, ce modèle aurait été appelé Eustache, prénom de l’un des membres de la famille : l’eustache était un petit couteau à lame de fer et au manche de bois.
Il est à penser qu’Eustache Dubois a développé commercialement un produit quelque peu tombé dans l’oubli et que son propre prénom devait à nouveau faire valoir un instrument apprécié pour sa robustesse.
Le modèle proposé par le maître-coutelier fut doté d’une virole et l’eustache devait connaître dans le Forez et les régions avoisinantes un excellent succès. Le mot fut officialisé en 1782.
PISTOLET. La ville de Pistoia se trouve en Toscane, dans une plaine fertile arrosée par l’Ombrone, dominée par l’Apennin et le mont Albano.
La ville possède une longue histoire : Catalina y mourut en 62 avant J.-C. et elle fut soumise à Florence en 1351, après une longue lutte entre Guelfes et Gibelins.
Pistoia était spécialisée dans la fabrication d’armes blanches, particulièrement de courts poignards.
On prit l’habitude d’appeler le produit fabriqué de l’endroit d’où il venait ; Pistoia devint pistoyer ou pistolier et, en 1565, pistolet. L’arme à feu, quant à elle, a pour origine le mot tchèque pist’al (arme à feu) et ne dérive donc pas du nom de la ville de Pistoia.
WINCHESTER. Oliver Fisher Winchester est né en 1810 à Boston (Massachusets). Il connut une enfance difficile. Employé de ferme puis maçon, il décida en 1833 de changer d’activité en se lançant dans le négoce.
Bien lui en prit, ses affaires se développèrent. En 1847, il déposa un brevet pour des chemises d’hommes cintrées sur les épaules, qui lui assura une honnête fortune. Il eut bientôt une usine et de très nombreux ouvriers.
Il prit ensuite des actions dans une compagnie de machines à coudre, afin d’augmenter le rendement… et les bénéfices. Mais cette société allait faire faillite et son responsable, pour s’en sortir, déposa un brevet d’un tout autre « calibre » puisque concernant un nouveau modèle de balle métallique, puis de carabine.
La guerre de Sécession aidant, Oliver Winchester fonda en 1866 sa propre manufacture d’armes, sortant très vite la Winchester que les westerns ont popularisée.
Légère, de tir rapide, ce modèle 1866 fut ensuite remplacé par le modèle 1873, qui pouvait tirer douze coups avec éjection automatique des cartouches.
D’autres modèles virent le jour, pour finir avec la Winchester 1895. Oliver, le créateur, était mort en 1880, laissant un empire industriel, mais surtout cette fameuse Winchester que Buffalo Bill a, pour toujours, immortalisée.
BICKFORD. C’est l’ingénieur anglais William Bickford (né en 1774) qui inventa en 1831 la mèche de sûreté ou cordon portant dorénavant son nom.
Cette invention modifia totalement les techniques d’abattage tant dans les mines que dans les carrières, en apportant une facilité et une sécurité inconnues auparavant.
En effet, il ne fallait pas manquer de courage pour allumer la mèche des explosifs ! Entre l’instant où l’on mettait le feu au cordon et celui de l’explosion, le temps était compté et la moindre erreur ou le moindre incident souvent mortel.
Comme toute invention, son application militaire ne tarda pas à apparaître ; le cordon ou cordeau Bickford — ou le bickford — se présentant sous forme d’une pièce de chanvre goudronné garni d’une matière fusante à combustion lente, il était possible de l’employer comme charge enterrée que l’on faisait exploser sous les pas de l’ennemi.
William Bickford, quant à lui, disparut en 1834.
CHEDDITE. Dans la commune de Passy, en Haute-Savoie, se trouve un lieu appelé Chedde ; à proximité, le barrage de l’Arve et une usine électrométallurgique. La construction de l’usine de Chedde, commencée en juillet 1895, fut achevée quinze mois après, grâce à l’activité de deux hommes, Paul Corbin et Georges Bergès.
Leur but était d’appliquer industriellement les procédés nouveaux de fabrication des chlorates mis au point par Corbin dans une usine de pâte à papier fondée par le père de Georges, appelé plus tard « le père de la houille blanche ».
Il fallait d’importantes quantités d’énergie. L’usine, située entre Servoz et Chedde, commença dès octobre 1896 la réalisation et l’industrialisation de chlorates.
Il y avait alors une utilisation des chlorates de potasse et de soude inattendue : les attentats anarchistes ; la facilité de fabrication des explosifs à base de chlorates intéressant ces derniers.
Читать дальше