Jean-Claude Carrière - N'espérez pas vous débarrasser des livres
Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Claude Carrière - N'espérez pas vous débarrasser des livres» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Культурология, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:N'espérez pas vous débarrasser des livres
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:3 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 60
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
N'espérez pas vous débarrasser des livres: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «N'espérez pas vous débarrasser des livres»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
N'espérez pas vous débarrasser des livres — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «N'espérez pas vous débarrasser des livres», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Comme pour la littérature, nous connaissons au cinéma un « langage noble », volontiers grandiloquent et pompier, un langage ordinaire, banal, et même un argot. Nous savons aussi, comme Proust le disait des grands écrivains, que chaque grand cinéaste invente, au moins en partie, son propre langage.
U.E. : Dans une interview, l'homme politique italien Amintore Fanfani, né au début du siècle passé et donc à une époque où le cinéma n'était encore pas vraiment populaire, expliquait qu'il n'allait pas souvent au cinéma parce que tout simplement il ne comprenait pas que le personnage qu'il voyait en contrechamp était le même qu'il avait vu de face à l'instant précédent.
J.-C.C. : Il fallait prendre en effet des précautions considérables pour ne pas égarer le spectateur, qui entrait dans un nouveau territoire d'expression. Dans tout le théâtre classique, l'action a la même durée que ce que nous voyons. Il n'y a pas de coupure à l'intérieur d'une scène de Shakespeare ou de Racine. Sur scène et dans la salle, le temps est le même. Godard a été un des premiers, je crois, dans A bout de souffle , à filmer une scène dans une chambre avec deux personnages et à ne retenir au montage que des moments, des fragments de cette longue scène.
U.E. : La bande dessinée avait depuis longtemps, me semble-t-il, pensé cette construction artificielle du temps de la narration. Mais pour moi qui suis un amateur et collectionneur de bandes dessinées des années trente, je suis incapable de lire les albums les plus récents, disons les plus avant-gardistes. En même temps, il ne faut pas se voiler la face. J'ai joué avec mon petit-fils qui, à sept ans, s'essayait à un de ces jeux électroniques qu'il affectionne et j'ai été sévèrement battu sur le score de 10 à 280. Pourtant je suis un ancien joueur de flipper et souvent, quand j'ai un moment, je joue sur mon ordinateur à tuer des monstres venus de l'espace, dans toutes sortes de guerres galactiques, avec même un certain succès. Mais là, j'ai dû m'incliner. Pourtant même mon petit-fils, aussi doué soit-il, ne sera peut-être plus capable à vingt ans de comprendre la nouvelle technologie de son temps. Il y a ainsi des domaines de la connaissance où il est impossible de prétendre se maintenir très longtemps au fait des nouvelles évolutions. Vous ne pouvez pas être un chercheur d'exception en physique nucléaire au-delà des efforts que vous avez dû déployer, quelques années durant, pour absorber toutes les données et vous maintenir à flot. Après, vous devenez enseignant ou vous rentrez dans les affaires. Vous êtes un génie à vingt-deux ans parce que vous avez tout compris. Mais à vingt-cinq ans, vous devez passer la main. Même chose pour le joueur de foot. Après un certain âge, vous devenez entraîneur.
J.-C.C. : J'étais allé voir Lévi-Strauss sur la suggestion d'Odile Jacob, qui souhaitait que nous fassions ensemble un livre d'entretiens. Mais il a très aimablement refusé en me disant : « Je ne veux pas redire ce que j'ai mieux dit autrefois. » Belle lucidité. Même en anthropologie, vient un temps où les jeux, vos jeux, nos jeux, sont faits. Lévi-Strauss, qui a tout de même fêté ses cent ans !
U.E. : Je suis incapable d'enseigner aujourd'hui, pour les mêmes raisons. Notre insolente longévité ne doit pas nous masquer le fait que le monde des connaissances est en révolution permanente et que nous n'avons pu en saisir pleinement quelque chose que l'espace d'un temps nécessairement limité.
J.-C.C. : Comment pouvez-vous expliquer maintenant cette faculté d'adaptation de votre petit-fils, capable à sept ans de maîtriser ces nouveaux langages qui nous demeurent, malgré tous nos efforts, étrangers ?
U.E. : Voilà un enfant, semblable aux autres enfants de son âge, qui dès l'âge de deux ans a été exposé quotidiennement à toutes sortes d'excitations que nous ne connaissions pas à ma génération. Lorsque j'ai apporté mon premier ordinateur à la maison, en 1983, mon fils avait exactement vingt ans. Je lui ai montré ma nouvelle acquisition, lui proposant de lui en expliquer le fonctionnement. Il m'a répondu qu'il n'était pas intéressé. Je me suis donc mis dans un coin pour me lancer dans l'exploration de mon nouveau jouet et j'ai rencontré, bien entendu, toutes sortes de difficultés (souvenez-vous qu'à l'époque nous écrivions en DOS, avec des langages de programmation comme Basic ou Pascal, nous ne disposions pas de Windows qui a changé notre vie). Mon fils, me voyant un jour dans l'embarras, s'est approché de mon ordinateur et m'a dit : « Tu devrais plutôt faire comme ça. » L'ordinateur a fonctionné.
J'ai résolu en partie ce mystère en imaginant que, lorsque j'étais absent, il s'en servait à loisir. Mais demeurait la question de savoir comment, alors que nous avions eu l'un et l'autre accès à la machine, il avait fait pour apprendre plus vite que moi. Il avait donc déjà le pouce informatique. Vous et moi, nous avions intégré certains gestes comme tourner la clé pour faire démarrer la voiture, tourner l'interrupteur. Là il s'agissait de cliquer, de simplement appuyer. Mon fils avait une longueur d'avance.
J.-C.C. : Tourner ou cliquer. La remarque est pleine d'enseignement. Si je pense à notre usage du livre, notre œil va de gauche à droite et de haut en bas. Avec l'écriture arabe et persane, avec l'hébreu, c'est le contraire. L'œil va de droite à gauche. Je me suis demandé si ces deux mouvements n'avaient pas eu une influence sur les mouvements de caméra au cinéma. La plupart des travellings, dans le cinéma occidental, vont de gauche à droite, alors que j'ai souvent vérifié le contraire dans le cinéma iranien, pour ne citer que celui-là. Pourquoi ne pas imaginer que des habitudes de lecture puissent conditionner nos modes de vision ? Les mouvements instinctifs de nos yeux ?
U.E. : Alors il faudrait s'assurer qu'un agriculteur occidental commence à labourer son champ en allant de gauche à droite pour revenir de droite à gauche, et un agriculteur égyptien ou iranien de droite à gauche pour revenir de gauche à droite. Parce que le tracé du labour correspond exactement à l'écriture en boustrophédon. Sauf que dans un cas on commencerait par la droite et dans l'autre par la gauche. C'est une question très importante qui à mon sens n'a pas été suffisamment étudiée. Les nazis auraient pu immédiatement identifier un paysan juif. Mais revenons à nos moutons. Nous avons parlé du changement et de son accélération. Mais nous avons dit aussi qu'il existait des nouveautés techniques qui ne changeaient pas, à savoir le livre. Nous pourrions y ajouter la bicyclette et même les lunettes. Pour ne pas parler de l'écriture alphabétique. Une fois la perfection atteinte, impossible d'aller plus loin.
J.-C.C. : Je reviens, si vous me permettez, au cinéma et à cette étonnante fidélité à lui-même. Vous dites qu'avec Internet nous revenons à l'ère alphabétique ? Je dirais que le cinéma est toujours un rectangle projeté sur une surface plane, et cela depuis plus de cent ans. Il est une lanterne magique perfectionnée. Le langage a évolué, mais la forme reste la même. Les salles s'équipent de plus en plus pour accueillir le cinéma en relief, et aussi la « vision globale ». Espérons qu'il ne s'agit pas de simples procédés de foire…
Est-ce que nous pourrons un jour, pour ne parler que de la forme, aller plus loin ? Est-ce que le cinéma est jeune ou vieux ? Je n'ai pas de réponse. Je sais que la littérature est vieille. C'est ce qu'on me dit. Mais peut-être n'est-elle pas si vieille que ça, au fond… Peut-être devrions-nous éviter de jouer ici les Nostradamus au risque de voir nos propos bientôt démentis.
U.E. : A propos de prévisions démenties, j'ai reçu une grande leçon dans ma vie. Je travaillais à l'époque, je parle des années soixante, pour une maison d'édition. Nous parvient alors l'ouvrage d'un sociologue américain présentant une analyse très intéressante des nouvelles générations et annonçant l'émergence d'une nouvelle génération en col blanc et cheveux crew cut, à la militaire, totalement désintéressée de la politique, etc. Nous décidons de le faire traduire, mais la traduction est mauvaise et je consacre plus de six mois à la réviser. Mais pendant ces six mois, nous étions passés du début de l'année 67 aux émeutes de Berkeley et à celles de mai 68, et les analyses du sociologue nous paraissaient singulièrement caduques. Alors j'ai pris le manuscrit et je l'ai jeté à la poubelle.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «N'espérez pas vous débarrasser des livres»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «N'espérez pas vous débarrasser des livres» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «N'espérez pas vous débarrasser des livres» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.