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Jean-Claude Carrière: N'espérez pas vous débarrasser des livres

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Jean-Claude Carrière N'espérez pas vous débarrasser des livres

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U.E. : En Italie, au début du XX e siècle, un grand poète comme Gabriele D'Annunzio écrit déjà pour le cinéma. Il participe à l'écriture du scénario de Cabiria avec Giovanni Pastrone. En Amérique, il n'aurait pas été pris au sérieux.

J.-C.C. : Ne parlons même pas de la télévision. Conserver les archives de la télévision paraissait au début une absurdité. La création de l'INA, chargé de conserver les archives audiovisuelles, a représenté un changement radical de perspective.

U.E. : J'ai travaillé à la télévision en 1954 et je me souviens que tout était en direct et qu'on n'utilisait pas alors d'enregistrement magnétique. Il y avait un machin qu'ils appelaient Transcriber, avant de découvrir que ce mot n'existait pas dans les télés anglo-saxonnes. Il s'agissait tout simplement de filmer l'écran avec une caméra. Mais comme il s'agissait un dispositif fastidieux et coûteux, on devait opérer des choix. Beaucoup de choses ont été ainsi perdues.

J.-C.C. : Je peux vous donner un bel exemple dans ce domaine. C'est presque un incunable de la télévision. Dans les années 1951 ou 1952, Peter Brook a tourné pour la télévision américaine un King Lear avec Orson Welles dans le rôle principal. Mais ces émissions étaient diffusées sans aucun support et rien ne pouvait être conservé. Il se trouve que le King Lear de Brook a été filmé. En d'autres termes, là aussi, quelqu'un a filmé l'écran de télévision au moment où le film était programmé. C'est maintenant une pièce maîtresse du musée de la Télévision à New York. Par bien des aspects, cela me rappelle l'histoire du livre.

U.E. : Jusqu'à un certain point. L'idée de collectionner les livres est très ancienne. Il n'est donc pas arrivé aux livres ce qui est arrivé aux films. Le culte de la page écrite, et plus tard du livre, est aussi ancien que l'écriture. Les Romains déjà voulaient posséder des rouleaux et les collectionner. Si nous avons perdu des livres, c'est pour d'autres raisons. On en a fait disparaître pour des raisons de censure religieuse, ou bien parce que les bibliothèques avaient tendance à brûler à la première occasion, de la même façon que les cathédrales, parce que les unes et les autres étaient en grande partie construites en bois. Une cathédrale ou une bibliothèque qui brûle, au Moyen Age, c'est à peu près comme un film sur la guerre dans le Pacifique qui montre un avion qui tombe. C'était normal. Le fait que la bibliothèque dans Le Nom de la rose finisse par brûler n'est en aucune manière un événement extraordinaire à cette période.

Mais les raisons pour lesquelles les livres brûlaient étaient en même temps celles qui vous invitaient à les mettre en lieu sûr et donc à les collectionner. C'est ce qui fonde le monachisme. C'est probablement la venue des barbares à Rome à plusieurs reprises, et leur habitude d'incendier la ville avant de repartir, qui a fait songer à trouver un lieu sûr pour y placer les livres. Et quoi de plus sûr qu'un monastère ? On a donc commencé à placer certains livres hors d'atteinte des menaces qui pesaient sur la mémoire. Mais en même temps, naturellement, en faisant le choix de sauver certains livres et pas d'autres, on a commencé à filtrer.

J.-C.C. : Alors que le culte des films rares commence seulement à exister. Vous trouverez même des collectionneurs de scénarios. A la fin d'un tournage, le scénario finissait autrefois, la plupart du temps, dans la poubelle, comme les planches de bandes dessinées dont vous parliez. Cependant, dès les années quarante, certains ont commencé à se demander si, le film achevé, le scénario ne conservait pas malgré tout une certaine valeur. Au moins marchande.

U.E. : Maintenant nous connaissons le culte des scénarios célèbres, comme celui de Casablanca.

J.-C.C. : Surtout, évidemment, lorsque le scénario porte des indications manuscrites du metteur en scène. J'ai vu des scénarios de Fritz Lang avec ses propres annotations devenir, par une dévotion proche du fétichisme, objets de bibliophilie, et d'autres que les amateurs faisaient précieusement relier. Mais je reviens un instant à la question que j'évoquais plus tôt. Comment, aujourd'hui, se constituer une filmothèque, quel support choisir ? Impossible de conserver chez soi des copies de films sur support argentique. Il faudrait une cabine de projection, une salle spéciale, des locaux de stockage. Les cassettes magnétiques, nous le savons, perdent leurs couleurs, leur définition et s'effacent vite. Les CD-ROM sont terminés. Les DVD ne feront pas long feu. Et d'ailleurs, comme nous l'avons dit, il n'est même pas certain que nous disposions dans l'avenir de l'énergie suffisante pour faire fonctionner toutes nos machines. Pensons à la grande panne d'électricité à New York, en juillet 2006. Imaginons qu'elle s'étende et se prolonge. Sans électricité, tout est irrémédiablement perdu. En revanche, nous pourrons encore lire des livres, dans la journée, ou le soir à la bougie, quand tout l'héritage audiovisuel aura disparu. Le XX e siècle est le premier siècle à laisser des images en mouvement de lui-même, de sa propre histoire, et des sons enregistrés – mais sur des supports encore mal assurés. Etrange : nous n'avons aucun son du passé. Nous pouvons imaginer sans doute que le chant des oiseaux était le même, le bruit des ruisseaux…

U.E. : Mais pas les voix humaines. Nous découvrons dans les musées que les lits de nos ancêtres étaient de petites dimensions : donc les gens étaient plus petits. Ce qui implique, nécessairement, un autre timbre de voix. Lorsque j'écoute un vieux disque de Caruso, je me demande toujours si la différence entre sa voix et celle des grands ténors contemporains est due seulement à la qualité technique de l'enregistrement et du support, ou bien au fait que les voix humaines du début du XX eétaient différentes des nôtres. Entre la voix de Caruso et celle de Pavarotti, il y a des décennies de protéines et de développement de la médecine. Les immigrés italiens aux Etats-Unis au début du XX e siècle mesuraient, disons, un mètre soixante, tandis que leurs petits-fils atteignaient déjà un mètre quatre-vingts.

J.-C.C. : Lorsque je m'occupais de la Fémis, j'ai demandé une fois aux étudiants en son, comme exercice, de reconstituer certains bruits, certaines ambiances sonores du passé. A partir d'une satire de Boileau, « Les Embarras de Paris », je proposais aux étudiants d'en établir la bande sonore. En précisant que les pavés étaient en bois, les roues des carrosses en fer, les maisons plus basses, etc.

Le poème commence ainsi : « Qui frappe l'air bon Dieu de ces lugubres cris ? » Qu'est-ce qu'un cri « lugubre » au XVII e siècle, à Paris, la nuit ? Cette expérience, plonger dans le passé par les sons, est assez fascinante, bien que difficile. Comment vérifier ?

En tout cas, si la mémoire visuelle et sonore du XX e siècle s'efface lors d'une gigantesque panne d'électricité, ou de toute autre manière, il nous restera encore et toujours le livre. Nous trouverons toujours le moyen d'apprendre à lire à un enfant. Cette idée de la culture en perdition, de la mémoire en péril, est ancienne, nous le savons. Sans doute aussi ancienne que la chose écrite elle-même. Je vous en donne une autre illustration, empruntée à l'histoire de l'Iran. Nous savons qu'un des foyers de la culture persane a été l'Afghanistan d'aujourd'hui. Or, lorsque la menace mongole se précise à partir du XI eet du XII e siècle – et les Mongols détruisaient tout sur leur passage –, les intellectuels et les artistes de Balkh, par exemple, parmi lesquels le père du futur Rumi, s'en vont en emportant leurs manuscrits les plus précieux. Ils partent vers l'ouest, vers la Turquie. Rumi vivra jusqu'à sa mort, comme beaucoup d'exilés iraniens, à Konya, en Anatolie. Une anecdote montre un de ces fugitifs, réduit sur la route de l'exil à la plus extrême misère et se servant des livres précieux qu'il a emportés comme oreiller. Livres qui doivent valoir aujourd'hui une petite fortune. J'ai vu à Téhéran, chez un amateur, une collection de manuscrits anciens illustrés. Une merveille. Donc la même question s'est posée à toutes les grandes civilisations : que fait-on d'une culture menacée ? Comment la sauver ? Et que sauver ?

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