Benoît Duteurtre - Le Retour du Général

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Le Retour du Général: краткое содержание, описание и аннотация

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Le général de Gaulle est de retour. Après un appel à la résistance, prononcé lors d’un piratage télévisuel, il se lance dans une ultime bataille pour la « grandeur de la France ». Toujours vaillant sous son képi à deux étoiles, ce revenant passionne l’opinion publique. A-t-il vécu jusqu’à cent vingt ans ? S’est-il fait hiberner comme le héros de Louis de Funès ? S’agit-il d’un imposteur ?
Dans cette fantaisie romanesque, Benoît Duteurtre revisite la mythologie française et sa dernière figure légendaire — confrontés aux urgences de la mondialisation. Réflexions et observations sur l’époque alternent avec le portrait de ce Général un peu foutraque qui reprend le pouvoir, parle comme un révolutionnaire et ranime jusqu’à l’absurde les idéaux de la vieille Europe.
Après
(prix Médicis 2001),
(2003) ou
(2004), traduits dans plus de vingt langues, Benoît Duteurtre a publié récemment
(2008) et
(2009). Biographie de l'auteur

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Chaque matin, comme tout le monde, je pianotais sur mon clavier. Avec jubilation, je remplissais des pages que je pouvais aussitôt corriger en vérifiant certains détails sur internet. Le soir, je répondais à mon courrier des quatre coins du monde. N’étais-je pas plutôt chanceux de vivre en un temps où chacun, jusqu’au fin fond des campagnes, disposait de moyens de connaissance extraordinaires ? Au milieu des vacances, une nouvelle forme d’inquiétude commença pourtant à m’envahir.

Deux mois plus tôt, j’avais entrepris cette recherche sur l’histoire musicale de la côte normande. Ma conférence, dans une station balnéaire voisine, ferait courir quelques douzaines de vieilles filles qui trouvaient important de savoir que, vers 1890, le compositeur André Messager se rendait fréquemment du Havre à Étretat à bicyclette ; et que, vingt ans plus tôt, Jacques Offenbach allait boire du chocolat chaud dans une auberge située à quelques kilomètres du cap d’Antifer. À la fin de cet exposé, relevé par des citations bien choisies, les bourgeois en vacances et les retraités endimanchés m’applaudiraient frénétiquement, ravis de faire leurs emplettes culturelles auprès d’un écrivain tellement érudit (moi), tandis que, du coin de l’œil, par la fenêtre du casino, je regarderais avec mélancolie la mer, les vagues, les galets où s’ébattraient des éphèbes et des nymphettes indifférents à tout ce passé.

Ils avaient peut-être raison. Rien cependant ne pouvait réfréner mon attirance pour une époque où le monde entier ne portait pas encore des noms de marques, où le casino de Deauville ne s’appelait pas Casino Barrière de Deauville, et où le Prix d’Amérique n’était pas devenu d’ Amérique Marionnaud . Avant mon départ, j’avais donc rassemblé quantité d’informations sur les concerts du casino de Dieppe au temps de la duchesse de Berry ; sur les séjours de Massenet à Étretat ou sur la villa d’Albert Roussel à Varengeville. N’ayant pas le temps de tout lire, j’avais entassé dans mes valises plusieurs kilos d’ouvrages rares qui avaient contribué à la démolition de mon dos. Ces derniers jours, occupé à fignoler ma conférence, je m’avisai toutefois que la proportion de renseignements disponibles sur le réseau augmentait continuellement.

Il faudrait être absurdement pessimiste pour déplorer cette évolution. Jeune homme, je trimbalais en vacances une bibliothèque entière — dont je ne lisais pas la moitié, mais qui m’apparaissait comme le nécessaire de culture portable. Devenu journaliste, je devais parfois emporter plusieurs lourds volumes en prévision d’un seul article. J’en étais même venu à doubler les usuels de ma bibliothèque parisienne dans les lieux où j’allais régulièrement, comme cette villa au bord de la mer ; mais je n’avais jamais le bon livre sous la main. Désormais, Wikipedia et quantité de pages spécialisées m’apportaient l’essentiel du savoir courant, ce qui marquait objectivement un progrès. Je pouvais goûter en outre la satisfaction de demeurer supérieur à internet sur certains sujets pointus. Mais cet été, pour la première fois, je voyais se multiplier les informations savantes, diffusées en ligne par des érudits qui semblaient connaître les plus rares volumes de ma collection.

Ce progrès supplémentaire suscita chez moi une vague de de mélancolie. Patiemment constituée au fil des ans, ma bibliothèque s’était organisée comme un miroir de mes ambitions. Année après année, je l’avais agrandie, faisant fabriquer de solides étagères où j’accumulais mes trésors littéraires et musicaux : souvenirs glanés chez les bouquinistes, almanachs et revues d’époque, partitions rares, journaux intimes et correspondances classés par sujets ; sans parler des archives héritées de vieux témoins dont les familles connaissaient mon intérêt pour ces questions minuscules. À cela s’ajoutaient les rayonnages où je conservais mes propres livres dans différentes éditions ; et ces rangées de revues dans lesquelles j’avais publié… Bref : ma vie, mon œuvre, mon château de sable tenaient tout entiers sur les murs de mon bureau, que je contemplais avec une fierté enfantine. J’avais d’ailleurs prévu de léguer un jour ce trésor à la bibliothèque municipale de ma ville natale, où d’obscurs chercheurs découvriraient mes traces comme j’avais retrouvé celles d’artistes oubliés.

Pour moi qui étais né en 1960 et qui appartenais à la catégorie dite des « intellectuels », l’essentiel tenait donc dans ces objets imprimés qui racontent l’histoire des hommes. Et je n’étais pas moins attaché à mes autres collections, comme ces milliers de disques alignés dans mon appartement, où des œuvres rarissimes figuraient dans les meilleures interprétations. Qui étais-je sur cette terre ? Je n’aurais su répondre, sauf en expliquant : « Je suis cette bibliothèque, je suis cette discothèque, je suis ces tableaux amoureusement choisis, qui constituent le cadre de mon existence. » Ce fétichisme n’avait rien d’extraordinaire pour un homme de ma génération. Même sans en faire leur métier, la plupart de mes contemporains consacraient leur argent et leurs loisirs à constituer ces sélections personnelles de disques de rythm’n blues ou de films japonais qu’ils montraient fièrement aux autres comme un double de leur identité.

Or, depuis quelques années, cet édifice semblait sur le point de perdre toute valeur. Je l’avais senti une première fois lorsqu’un bon camarade, féru d’informatique, avait entrepris de copier sur internet les enregistrements des musiciens qui m’intéressaient. Chaque fois que je lui citais un chanteur, un compositeur, un interprète, il m’envoyait illico l’œuvre intégral de l’artiste en question — me procurant en un clin d’œil ce qu’il m’aurait fallu des années et beaucoup de moyens pour glaner dans les magasins. Le coût et la patience qu’avaient requis mes collections paraissaient soudain dérisoires.

À quelques jours de la conférence, un autre détail renforça ma tristesse. Chaque matin, j’appelais un vieil ami attentif à mes travaux. Ayant presque tout lu, cet érudit adorait m’apporter des compléments d’information. Quand je lui parlais d’une anecdote ou d’un personnage, il savait toujours me dire : « Tu devrais regarder dans les Mémoires d’untel », ou encore : « Il me semble que cette chanteuse a également tourné dans ce film en 1927… » Mais, ces derniers temps, lorsqu’il cherchait une précision dont personnellement j’ignorais tout, il me suffisait de taper des mots clés sur Google pour obtenir la réponse avant lui . Tandis qu’il réfléchissait à voix haute au téléphone, mon ordinateur le doublait ; et j’avais honte de dénicher ainsi le détail qu’une vie de lectures lui permettait de retrouver plus lentement.

Alors, pour la première fois, j’ai supposé que ce qui avait constitué le sel de ma vie — et, avant moi, de celle de mon père, de mon grand-père, de mon arrière-grand-père — allait perdre tout caractère sacré. Ces livres et ces disques n’étaient pas des objets extraordinaires mais des supports périmés. Mes précieuses archives ne constitueraient bientôt plus qu’un tas de papier numérisé : bon à bazarder. Le monde avait tellement changé en quelques décennies que mes neveux, équipés de leurs téléphones dernier cri, pourraient télécharger n’importe où, n’importe quand, les œuvres, les sensations, les informations, les trésors qu’il fallait, hier, une existence entière pour accumuler. Chaque homme seul devant son ordinateur accéderait à une connaissance infinie — comme l’avait prédit Jean- Marie Messier, pdg de Vivendi Universal, juste avant de faire faillite.

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