Isaac Asimov - Tyrann

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Tyrann: краткое содержание, описание и аннотация

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Ce roman d’Isaac Asimov, inédit en français, appartient au cycle de Trantor.
Dans l’Empire galactique décli­nant, les despotes de la planète Tyrann contrôlent de nombreux mondes, dont la Terre. Biron Farrill, le fils d’un de leurs principaux opposants qu’ils ont assassiné, échappe de peu à un attentat et réussit à quitter la Terre. Il y est aidé par son vieux maître, Sander Jonti et, en compagnie de la jolie Artémisia, gagne alors Lingane, une planète où s’organise la résistance contre Tyrann. Là, il découvre que le chef des opposants et l’auteur de l’attentat qui faillit lui coûter la vie sont un seul et même homme : Sander Jonti.
Comment parviendra-t-il à dis­tinguer ses amis véritables de ses ennemis ? Lui reste-t-il une chance de sauver sa vie et d’anéantir les maîtres de Tyrann pour venger son père ?

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Ils avaient déjà atteint les couches supérieures de l’atmosphère de Rhodia. Le ciel était d’un violet profond, et le frottement avait tellement échauffé l’extérieur du vaisseau que la température intérieure avait sensiblement augmenté.

Par la suite, il fallut des heures pour mettre le vaisseau en orbite. Malgré de multiples essais, Biron ne parvenait pas à calculer la vitesse nécessaire pour contre-balancer la gravité de Rhodia. Il dut travailler au jugé, alternant les poussées et les freinages, tout en surveillant le massomètre, instrument qui indiquait la distance par rapport à la planète en mesurant l’intensité du champ gravitationnel. Heureusement le massomètre était déjà calibré en fonction de la masse et du rayon de Rhodia ; Biron n’y serait sans doute pas parvenu.

Il réussit enfin à stabiliser le vaisseau. Pendant au moins deux heures, le massomètre n’indiqua aucune variation appréciable. Biron put quitter son fauteuil, et les autres, ôter leurs ceintures.

— Votre pilotage manque un peu de souplesse, Rancher, lui fit observer Artémisia.

— Si vous vous sentez capable de faire mieux, Altesse, je vous cède volontiers ma place, répondit Biron assez sèchement. Mais je demande à débarquer auparavant.

Gillbret s’interposa :

— Allons, du calme, du calme. Nous sommes trop à l’étroit pour donner libre cours à notre mauvaise humeur. De plus, comme nous serons sans doute contraints de partager cette prison volante pendant un certain temps, je suggère que nous laissions tomber les « sire », et autres « altesse », sans quoi la conversation risque de s’encroûter de façon parfaitement intolérable. Je suis Gillbret vous êtes Biron et elle est Artémisia. Bien entendu, nous pourrons utiliser tous les diminutifs et variations que notre fantaisie nous dictera. Pour en revenir à la question du pilotage, pourquoi ne pas demander l’aide de notre ami Tyrannien ?

Le prisonnier lui lança un regard furibond, mais Biron décida :

— Non. Nous ne pouvons pas lui faire confiance, et mon pilotage ira en s’améliorant au fur et à mesure que je m’habituerai au vaisseau. Nous sommes encore en vie, après tout !

Son épaule le faisait souffrir, et comme toujours, la douleur le rendait irritable.

— Qu’allons-nous faire de cet individu, dans ce cas ? demanda Gillbret.

— J’avoue que je ne me sens pas capable de le tuer de sang-froid. De plus, cela enragerait encore davantage les Tyranni. Tuer un membre de la race des maîtres, c’est le péché capital par excellence.

— Quelle alternative proposez-vous ?

— Le déposer quelque part.

— Soit, mais où ?

— Quelque part sur Rhodia.

— Quoi !

— C’est le seul endroit où ils ne nous chercheront pas. De toute façon, nous devrons nous poser assez bientôt.

— Pourquoi ?

— C’est le vaisseau du commissaire, n’est-ce pas, et il ne s’en servait que pour faire des sauts de puce sur la planète. Avant de partir plus loin, il faudra faire un inventaire complet pour nous assurer qu’il y a au moins assez d’eau et de vivres à bord.

Artémisia approuva chaleureusement :

— Très bien, Biron ! Je n’y aurais jamais pensé. Bravo !

Biron fit un geste de dénégation, ce qui ne l’empêcha d’ailleurs pas de rougir de confusion. C’était la première fois qu’elle l’appelait par son prénom. Elle pouvait être vraiment charmante, quand elle se donnait un peu de mal.

— Hum, fit Gillbret en regardant le prisonnier. Il ne tardera sûrement pas à signaler notre position.

— Je ne pense pas, dit Biron. Il doit y avoir des régions désolées, sur Rhodia. Nous ne sommes pas obligés de le lâcher au milieu d’une ville. Par ailleurs, il n’est peut-être pas tellement pressé de contacter ses supérieurs… Dites, soldat, qu’arriverait-il à un homme qui a laissé voler le cuirassé du commissaire du Khan ?

Le Tyrannien ne répondit pas, mais ses lèvres devinrent exsangues. Biron n’aurait pas voulu être à sa place.

En fait, on ne pouvait guère le blâmer. Il s’était montré poli envers des membres de la famille royale, ce qui était normal ; il n’avait aucune raison de se méfier. Appliquant à la lettre le code militaire Tyrannien, il leur avait refusé l’autorisation de visiter le vaisseau, expliquant que, faute d’une autorisation de son commandant en chef il aurait été contraint de la refuser au Directeur en personne. Mais ils étaient déjà très près et, lorsqu’il avait voulu dégainer, il était trop tard : on le menaçait d’un fouet neuronique à moins d’un mètre.

Il ne s’était d’ailleurs pas rendu sans combattre, et il avait fallu lui envoyer une décharge en pleine poitrine pour l’immobiliser. En tout état de cause, il risquait la cour martiale et une lourde peine. Tous le savaient, et lui le premier.

* * *

Ils s’étaient posés deux jours auparavant non loin de la ville de Southwark. Ils avaient choisi cette région parce qu’elle était éloignée de tout centre important. Vêtu d’une unité de répulsion le soldat Tyrannien avait été lâché dans les airs à quelque cent kilomètres de l’agglomération la plus proche.

L’atterrissage, sur une plage déserte, n’avait pas été trop brutal. Biron, qui ne risquait pas d’être reconnu, alla faire les achats nécessaires. Le peu d’argent liquide que Gillbret avait eu la présence d’esprit d’emporter suffit à peine à leurs besoins élémentaires, d’autant plus qu’il avait fallu acheter un deux-roues pourvus d’une petite remorque pour les transporter.

— Vous auriez pu acheter bien plus de choses, lui fit observer Artémisia, si vous n’aviez pas tant dépensé pour cette affreuse bouillie Tyrannienne.

— C’était la meilleure solution, répondit-il vivement. Affreuse bouillie ou pas, c’est un aliment parfaitement équilibré ; je n’aurais rien pu trouver de mieux.

Il était visiblement contrarié. Ç’avait été une corvée non seulement pénible, mais dangereuse, car il avait dû acheter l’aliment complet dans un magasin de l’intendance tyrannienne. Il s’était attendu à un minimum de reconnaissance de la part des autres.

Il n’y avait d’ailleurs aucune alternative. Les Tyranniens avaient adapté leurs fournitures à la petite taille de leurs vaisseaux. Ne pouvant s’offrir le luxe, comme dans les paquebots spatiaux, d’emporter des carcasses entières d’animaux, suspendues dans d’immenses chambres froides, ils avaient mis au point un concentré alimentaire standard contenant tout ce qui était nécessaire à la vie, des calories aux éléments. Il prenait vingt fois moins de place que l’équivalent en aliments naturels d’origine animale, et pouvait s’empiler comme des briques.

— En tout cas, explosa Artémisia, je déteste ça !

— Eh bien, vous vous y habituerez ! rétorqua Biron en mimant sa grimace de dégoût.

Vexée, elle se détourna en rougissant. Biron savait parfaitement que ce qui l’ennuyait, ce n’était pas tellement la nourriture, que le manque d’espace en général, et tout ce que cela entraînait. En dehors de la cabine de pilotage et de la soute aux vivres, il n’y avait qu’une unique cabine avec six couchettes, superposées trois par trois. Quant aux toilettes, elles se trouvaient dans une sorte d’alcôve juste en face de la cabine. Après tout, c’était un petit vaisseau de guerre, pas un yacht.

Il fallait donc vivre entassés les uns sur les autres, dans une absence totale de confort. Il n’y avait rien pour se laver, et pas un seul miroir, ce qu’Artémisia devait ressentir durement.

Oh, puis après tout, elle n’avait qu’à s’y faire ! Si elle prenait cela du bon côté, au moins, et daignait sourire de temps en temps ! Elle avait un adorable sourire, et il devait admettre qu’elle n’était pas mal du tout. Mais quel caractère !

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