Julian May - Les conquérants du Pliocène

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Les conquérants du Pliocène: краткое содержание, описание и аннотация

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Les cerveaux humains furent submergés par des images fulgurantes et douloureuses, des visions de menace, de torture et de massacre. Les exotiques scintillants dans leur harnachement de couleur semblaient affluer de tous les horizons, invulnérables, splendides, féroces…
Par la Porte du Temps, des milliers d’humains ont gagné le Pliocène, le Pays Multicolore d’il y a six millions d’années. Partis pour retrouver l’aven­ture et la liberté sur une Terre méconnaissable et sauvage, ils se retrouvent sous la domination des Tanu, des exotiques venus d’une autre galaxie qui ont colonisé l’Europe et fait des exilés du Temps des esclaves soumis à leur joug psychique.
Pour ceux qui ont rêvé d’être les conquérants du Pliocène, le combat commence…

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— Et quelle est-elle ? demanda Anna-Maria.

— Ils possèdent une substance psycho-active qu’ils nomment la Peau, dit le chef Burke. Cela ressemble à une membrane plastique très fine. Les guérisseurs Tanu doués de pouvoirs psychokinétiques et rédactifs sont capables d’utiliser cette Peau en utilisant une méthode apparemment métapsychique. Le patient est enveloppé dans la membrane, tout simplement, et ensuite ils se concentrent. Les résultats qu’ils obtiennent sont tout à fait comparables à un traitement dans une cuve de régénération du Milieu, mais la différence c’est qu’ils n’utilisent aucune technologie. La Peau, semble-t-il, est également efficace sur les êtres humains, mais elle ne sert à rien si l’on ne dispose pas d’un opérateur Tanu.

— Et les Firvulag ? demanda Anna-Maria. S’en servent-ils ?

Burke secoua la tête.

— Non, pour cela, ils sont plutôt retardataires. Mais ce sont de sacrés petits démons.

— Comme nous, dit Felice en riant.

— Les exotiques peuvent aussi mourir par noyade, ajouta madame Guderian. Les Firvulag, eux, sont d’excellents nageurs. Les Tanu, eux, sont encore plus sensibles que les humains aux effets de l’immersion. Mais ils ne se noient que très rarement. Les cas les plus fréquents ont été relevés chez les sportifs de Goriah, en Bretagne. Ils ont l’habitude de poursuivre leur Chasse dans la mer et, quelquefois, les léviathans sont les plus forts et les emportent dans les abysses.

— Je ne crois pas que nous ayons beaucoup de chance de leur tenir la tête sous l’eau, grommela Felice. Alors, quel est votre plan pour en finir avec ces salauds ?

— Il est compliqué et comporte plusieurs phases. La collaboration des Firvulag nous est nécessaire, mais notre alliance avec eux est précaire. En bref, nous espérons attaquer et prendre Finiah avec les forces du Petit Peuple comme allié. Finiah est un enjeu stratégique de premier ordre et elle se trouve éloignée de tous les autres centres Tanu. A proximité se trouve la seule mine de baryum de l’Exil, qui dépend des défenses de la cité. Le minerai est pauvre et difficile à extraire. Ce sont les ramas qui font le travail. Le baryum est essentiel à la fabrication des torques. De tous les torques. Si nous détruisons la mine, ce sera toute l’économie des Tanu qui s’effondrera.

— C’est un désastre qui semble plutôt lointain, non ? fit remarquer Richard. Je penserais qu’ils ont déjà stocké du baryum quelque part.

— Je vous ai dit que ce plan était complexe, répliqua madame Guderian d’un ton irrité. Il faut également que nous trouvions un moyen d’interrompre le flot des voyageurs du Temps. Comme vous le constaterez, c’est l’arrivée des humains qui a permis aux Tanu d’établir leur domination sur le Pliocène. Avant mon intervention, le pouvoir était relativement équilibré entre les Tanu et les Firvulag. Ce sont les humains qui l’ont déstabilisé.

— Je comprends, dit Richard, en vieil intrigant. Les Firvulag vous soutiennent, vous et votre bande, dans l’espoir de retrouver le bon vieux temps. Mais qu’est-ce qui vous fait croire que ces petits démons ne vont pas se retourner contre vous ensuite ?

— C’est une hypothèse qui exige quelque réflexion, marmonna Angélique Guderian.

Richard eut un reniflement de mépris.

— Encore un détail à propos de notre plan, dit Peopeo Moxmox Burke. Et ne tirez pas dessus à boulets rouges avant d’avoir tout entendu… Au sud, dans la capitale…

Le petit chat sauvage gronda.

Tous les regards se tournèrent vers la crevasse d’entrée. Un petit personnage trapu, aux épaules larges, enveloppé dans une cape trempée venait de faire son apparition. Il était coiffé d’un haut chapeau couvert de moisissure qui s’inclinait dangereusement sur le côté. Il souriait à l’assemblée mais son visage n’était qu’un masque boueux dans lequel seuls brillaient ses yeux et ses dents.

— Pegleg ! [1] Jambe-de-bois, mais nous avons préféré conserver le terme anglais. (N.d.T.) s’exclama Burke. Pour l’amour de Dieu, où t’es-tu fourré ?

— J’ai dû m’enterrer. J’avais les chiens-ours à mes trousses.

Comme le nouveau-venu s’approchait en claudiquant, madame Guderian chuchota :

— Pas un mot à propos du fer.

Pegleg ne dépassait pas un mètre cinquante de taille. Son torse était semblable à un tonneau et, quand il s’essuya le visage, ses joues apparurent rubicondes de part et d’autre d’un drôle de nez pointu. Il avait perdu une jambe mais se déplaçait agilement sur un pilon bizarre de bois sculpté. Quand il s’assit près du feu, chacun put voir que la prothèse était décorée de serpents, de belettes et autres rongeurs et ophidiens dont les yeux étaient des pierres précieuses.

— Quelles nouvelles nous apportes-tu ? demanda Burke.

— Oh, ils arrivent, grommela Pegleg entre deux bouchées. Les gars sont tombés sur une grosse patrouille qui remontait l’Ognon [2] Un affluent de la Saône qui prend sa source dans les « collines vosgiennes », entre Vesoul et Belfort. (N.d.T.) . Ils en ont liquidé une dizaine et les autres ont fichu le camp la queue entre les jambes. Ils sont allés chercher Papa Velteyn. Mais notre Haut Seigneur ne s’est pas montré, Té merci… Peut-être qu’il ne tenait pas à mouiller sa belle armure avec cette foutue pluie. Ça s’est gâté pour moi quand les chiens-ours m’ont filé le train. Ces saloperies ont bien failli m’avoir par surprise, mais je suis tombé dans un bon trou merdeux et j’ai attendu qu’ils se fatiguent.

Il tendit sa chope à Anna-Maria. Le petit chat sauvage n’était pas revenu sur les genoux de la nonne, en dépit des claquements de doigt qui l’attiraient toujours d’ordinaire. Il observait Pegleg avec des yeux pleins de méfiance, à demi dissimulé derrière une pile de sacs, à quelque distance du feu, grondant sourdement.

— Il faut que nous te présentions nos nouveaux compagnons, dit madame Guderian d’un air enjoué. Voici la révérende sœur Anna-Maria, le professeur Claude, le capitaine Richard… et Felice.

— Que la Bonne Déesse vous soit favorable, dit le petit homme en réponse. Je me nomme Fitharn. Mais tout le monde m’appelle Pegleg.

Richard faillit s’étouffer.

— Seigneur ! Vous… vous êtes un Firvulag !

L’unijambiste se dressa en riant. Et brusquement, près du feu, ils virent une affreuse apparition noirâtre, entourée de tentacules, avec des yeux qui n’étaient que des fentes rougeoyantes et une gueule bavante emplie de dents aiguës.

Le chat sauvage feula. Le monstre s’effaça et Pegleg apparut à nouveau, buvant nonchalamment son vin.

— Impressionnant, dit Felice. Vous savez faire autre chose ?

Des étincelles pétillèrent dans les yeux du Firvulag.

— Mais oui, petite, nous avons nos formes favorites. Mais les visions sont parmi les moindres, savez-vous.

— Oui, je comprends. Etant donné que vous avez été obligé de fuir devant les amphicyons, j’en conclus qu’ils sont indifférents à vos pouvoirs.

Il soupira.

— Une espèce perverse, je dois dire. Il faut également nous garder des hyaenidés, encore que l’Ennemi, lui non plus, n’ait pas su les dompter.

— Moi, je peux contrôler les chiens-ours, dit Felice d’une voix douce. Si je disposais d’un torque d’or, je pourrais vous faire gagner cette guerre. Pourquoi ne pas me donner ce que vous avez déjà donné à madame Guderian ?

— Il faut le mériter, dit le Firvulag en passant la langue sur ses lèvres.

Felice serra nerveusement les poings et réussit à sourire.

— Vous avez peur. Mais je ne me servirai pas de mes métafonctions contre vous. Je le jure !

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