Ray Bradbury - Fahrenheit 451

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Fahrenheit 451: краткое содержание, описание и аннотация

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«… un nez si sensible qu’il est capable d’identifier et de retenir dix mille constituants olfactifs sur dix mille personnes sans être reprogrammé!» Faber se mit à trembler de tous ses membres et parcourut sa maison des yeux, regarda les murs, la porte, la poignée de la porte et le fauteuil où Montag était main tenant assis. Montag surprit son regard. Il jeta à son tour de rapides coups d’œil autour de lui, sentit ses narines se dilater et se rendit compte qu’il essayait de se flairer lui-même, qu’il avait soudain le nez assez fin pour percevoir la trace qu’il avait laissée dans l’air de la pièce, l’odeur de sa transpiration sur la poignée de la porte; invisible, mais aussi foisonnant que les brillants d’un petit lustre, il était partout, en toute chose, sur toute chose, tel un nuage lumineux, un fantôme qui rendait l’air irrespirable. Il vit Faber retenir sa respiration de peur d’attirer ce spectre à l’intérieur de son propre corps, d’être contaminé par les exhalaisons et les odeurs fantomatiques d’un homme en fuite.

«Le Limier robot est à présent déposé par hélicoptère sur les lieux de l’Incendie!» Et là, sur le minuscule écran, apparut la maison calcinée, la foule, une forme recouverte d’un drap, et l’hélicoptère surgit du ciel pour se laisser flotter jusqu’à terre comme une fleur grotesque.

Ainsi il leur faut débusquer leur gibier, songea Montag. Le cirque doit continuer, même si on entre en guerre dans moins d’une heure…

Il regardait la scène, fasciné, cloué sur place. Elle lui semblait si lointaine, sans rapport avec lui; c’était une pièce à part, indépendante, un spectacle extraordinaire auquel il assistait non sans un plaisir étrange. Et dire que tout cela est pour moi! Bon Dieu, tout ce remue-ménage rien que pour moi!

S’il le voulait, il pouvait s’attarder ici pour suivre tranquillement la chasse dans toutes ses étapes éclairs, ruelles dévalées, rues, grandes avenues désertes, lotissements et terrains de jeux traversés, le tout entrecoupé des inévitables pauses publicitaires, nouvelles ruelles remontées jusqu’à la maison en flammes de M. et Mme Black, et ainsi de suite jusqu’à cette maison où Faber et lui-même étaient installés, en train de boire, tandis que le Limier électrique flairait les derniers mètres de la piste, silencieux comme une traînée de mort, et s’arrêtait en dérapant de l’autre côté de cette fenêtre. Ensuite, s’il le voulait, Montag pourrait se lever, aller jusqu’à la fenêtre tout en gardant un œil sur l’écran, l’ouvrir, se pencher au-dehors, se retourner et se voir reproduit, représenté, là, sur le petit écran, transformé en image, héros d’un drame à regarder en toute objectivité, sachant que dans d’autres salons il apparaissait grandeur nature, en couleurs, dans sa perfection dimensionnelle! Et s’il gardait l’œil ouvert, il se verrait, un instant avant l’oubli, piqué pour le plaisir de combien de téléphages qui, arrachés au sommeil quelques minutes plus tôt par les sirènes hurlantes des murs de leurs salons, s’étaient précipités pour assister au grand jeu, à la chasse, au one man show.

Aurait-il le temps de faire une déclaration? Lorsque le Limier le saisirait, sous les yeux de dix, vingt, trente millions de personnes, ne pourrait-il pas résumer toute sa vie au cours de cette dernière semaine en une phrase unique ou un mot qui les accompagnerait longtemps après que le Limier aurait fait demi-tour, le tenant dans ses mâchoires-tenailles, et serait reparti au petit trot dans les ténèbres sous l’œil de la caméra, en plan fixe, silhouette de plus en plus indistincte — splendide fermeture en fondu! Que pourrait-il dire en un seul mot, quelques mots, qui leur roussirait la face et les réveillerait?

«Le voilà», murmura Faber.

De l’hélicoptère jaillit quelque chose qui n’était ni machine ni animal, ni mort ni vivant: une luminescence vert pâle. Le Limier se planta près des ruines fumantes de la maison de Montag, on apporta le lance-flammes qu’il avait abandonné et on le lui mit sous le museau. Il y eut un ronronnement, une suite de déclics, un bourdonnement.

Montag secoua la tête, se leva et vida son verre. «Il faut que j’y aille. Excusez-moi pour tout.

— Tout quoi? Moi? Ma maison? C’est bien fait pour moi. Filez, pour l’amour de Dieu. J’arriverai peut-être à les retenir ici…

— Attendez. Il ne sert à rien qu’on vous découvre.

Après mon départ, brûlez ce couvre-lit que j’ai touché.

Brûlez le fauteuil du salon. Jetez tout ça dans l’incinérateur mural. Essuyez les meubles à l’alcool, les poignées de portes. Brûlez le tapis du salon. Mettez la climatisation à fond dans toutes les pièces et vaporisez de l’insecticide si vous en avez. Ensuite, branchez vos arroseurs, faites-les jaillir aussi haut que possible, qu’ils aspergent les trottoirs. Avec un peu de chance, on peut au moins effacer toute trace jusqu’ici.» Faber lui serra la main. «Je vais m’en occuper. Bonne chance. Si ça va bien pour nous deux, la semaine prochaine, ou celle d’après, contactez-moi. Poste restante à Saint Louis. Je regrette de pas pouvoir vous accompagner par écouteur cette fois. C’était bien pour nous deux.

Mais mon matériel était limité. Voyez-vous, je n’ai jamais pensé que je m’en servirais. Quel vieil idiot je fais. Je ne pense à rien. C’est stupide, stupide. Je n’ai donc pas d’autre balle verte adéquate à vous offrir. Partez, à présent! — Une dernière chose. Vite. Une valise, allez chercher une valise, fourrez-y vos vêtements les plus sales, un vieux costume, le plus crasseux possible, une chemise, de vieilles tennis et de vieilles chaussettes…» Faber avait déjà disparu pour revenir une minute plus tard. Ils scellèrent la valise en carton avec du ruban adhésif transparent. «Pour conserver l’ancienne odeur de M. Faber, bien sûr», dit Faber, que l’opération avait mis en nage.

Montag arrosa de whisky l’extérieur de la valise. «Je ne veux pas que le Limier repère tout de suite les deux odeurs. Je peux emporter ce whisky? J’en aurai besoin plus tard. Bon Dieu, j’espère que ça va marcher!» Ils échangèrent une nouvelle poignée de mains et, sur le pas de la porte, jetèrent un dernier coup d’œil à l’écran télé. Le Limier était en route, suivi par les hélicoptèrescaméras, silencieux, silencieux, reniflant le grand vent nocturne. Il dévalait la première ruelle.

«Au revoir!» Et Montag de sortir discrètement par-derrière et de s’élancer, la valise à moitié vide à la main. Derrière lui il entendit le système d’arrosage se mettre en route et remplir l’obscurité d’une légère bruine, puis d’une solide averse qui mondait les trottoirs avant de s’écouler dans la ruelle. Il emporta quelques gouttes de cette pluie sur son visage. Il crut entendre le vieil homme lui lancer un dernier au revoir, mais sans en être vraiment sûr.

Il s’éloigna de la maison à toutes jambes, en direction du fleuve.

Montag courait.

Il sentait le Limier approcher comme l’automne, froid, sec et vif, tel un vent qui n’agitait pas un brin d’herbe, ne secouait pas les fenêtres, ne dérangeait pas l’ombre des feuilles sur les trottoirs blancs. Le Limier ne touchait pas le monde. Il transportait son silence avec lui, un silence dont on percevait le poids derrière soi sur toute la ville. Montag sentait ce poids augmenter et courait.

Il s’arrêta pour reprendre haleine, le temps de regarder par les fenêtres faiblement éclairées des maisons éveillées, et vit les silhouettes des habitants en train de regarder les murs de leur salon, et là, sur ces murs, le Limier robot, simple vapeur de néon, qui galopait sur ses pattes d’araignée, aussitôt arrivé ici, aussitôt reparti!

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