James Ballard - La forêt de cristal

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La forêt de cristal: краткое содержание, описание и аннотация

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Des arbres entièrement cristallisés, des feuilles transformées en joyaux, des oiseaux sculptés dans du quartz, des hommes recouverts de pierres précieuses… et heureux dans la mort…
C’est ce que recèle la forêt de cristal où l’unité du temps et de l’espace sont la signature de chaque feuille et de chaque fleur.
Une « science-fiction » d’une beauté fantastique, qui nous révèle un univers où le temps a une dimension inversée et où la mort semble plus séduisante que la vie.

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— Suzanne sera heureuse de vous voir, Edward, dit Max en rejoignant Sanders. Il paraît plus soucieux que naguère, se dit Sanders. Nous avons beaucoup parlé de vous. Je suis désolé, pour hier après-midi. Suzanne avait promis de visiter un des dispensaires des mines et quand Thorensen m’a prévenu de votre arrivée, nos lignes ne fonctionnaient plus. C’était évidemment une mauvaise excuse et Max sourit comme pour se justifier.

Ils entrèrent dans la cour intérieure et la traversèrent pour aller vers un long chalet au fond.

Sanders s’arrêta et jeta un coup d’œil à travers les fenêtres dans les salles vides. Quelque part, un générateur ronronnait et quelques lampes brillaient au fond des couloirs, mais l’hôpital paraissait désert.

— Max, j’ai fait une épouvantable erreur, dit Sanders rapidement en espérant que Suzanne n’arriverait pas pour l’interrompre. Une demi-heure plus tard, quand ils seraient tous les trois détendus, à boire dans le salon confortable des Clair, la tragédie de Radek cesserait de paraître réelle. Ce capitaine Radek, un médecin militaire, je l’ai découvert au centre de la forêt, complètement cristallisé. Vous voyez ce que je veux dire ? Max acquiesça de la tête, observant Sanders d’un regard plus attentif que d’ordinaire. J’ai cru que la seule façon de le sauver était de le plonger dans le fleuve. Mais il a fallu que je l’arrache au sol, des cristaux se sont détachés, je n’avais pas compris !

— Edward ! Max lui prit le bras et essaya de le guider le long du sentier. Il n’y a aucune…

— Max, fit Sanders, en le repoussant, Max, je l’ai retrouvé ensuite. J’avais arraché la moitié de son visage et de sa poitrine !

— Voyons, fit Max en serrant les poings, je vous en prie, vous n’êtes pas le premier à vous tromper, cessez de vous faire des reproches.

— Max, comprenez-moi, il ne s’agit pas seulement de cela. Sanders hésita. L’important, c’est qu’il voulait retourner dans la forêt et être de nouveau cristallisé ! Il savait, Max, il savait !

Clair baissa la tête et s’éloigna de quelques pas. Il jeta un coup d’œil aux portes-fenêtres sombres du chalet et aperçut la haute silhouette de sa femme.

— Suzanne est là, dit-il, elle sera contente de vous voir, Edward, mais et d’un air vague, comme distrait par des sujets autres que ceux décrits par Sanders, il ajouta : « Vous voulez sûrement vous changer, j’ai un costume qui vous ira, celui d’un malade européen, décédé, si cela ne vous fait rien. Il faudra manger quelque chose, il fait diablement froid dans la forêt. »

Sanders regardait Suzanne Clair. Au lieu de s’avancer pour l’accueillir, elle avait reculé dans l’obscurité du salon et Sanders se demanda d’abord s’il restait encore entre eux quelque chose de l’embarras de naguère. Sanders avait beau croire que son aventure passée avec Suzanne les avaient liés, Max et lui, bien plus qu’elle ne les avait séparés, Max semblait distant, nerveux, on eût dit que l’arrivée de Sanders l’irritait, lui déplaisait.

Mais Sanders vit alors le sourire accueillant sur le visage de Suzanne. Elle portait une robe d’intérieur de soie noire qui rendait sa haute silhouette presque invisible dans les ombres du salon et la pâle lampe de son visage flottait au-dessus comme un nuage.

— Suzanne, enfin je vous revois. Sanders lui prit la main et se mit à rire. J’avais peur que vous n’ayez été tous les deux avalés par la forêt. Comment allez-vous ?

— Je suis très heureuse, Edward. Tenant toujours le bras de Sanders, Suzanne se tourna vers son mari. Je suis ravie que vous soyez venu. Vous pourrez partager la forêt avec nous maintenant.

— Ma chère, je crois que le pauvre homme en a déjà eu plus que sa part. Max se baissa derrière le divan poussé contre les rayons de livres et alluma la lampe de bureau qu’on avait posée par terre. Une lumière tamisée illumina les lettres d’or au dos des reliures de cuir, mais le reste de la pièce resta dans une demi-obscurité. Te rends-tu compte qu’il est resté emprisonné dans la forêt depuis hier après-midi ?

— Emprisonné ? Suzanne se détourna de Sanders, alla vers les portes-fenêtres, ferma celle qui était restée ouverte. Elle regarda un instant le ciel nocturne brillant au-dessus de la forêt puis s’assit dans un fauteuil près du petit meuble d’ébène le long du mur du fond. Est-ce bien là le mot à employer ? Je vous envie, Edward, cela a dû être une merveilleuse expérience.

Sanders prit le verre que lui tendait Max, puis le Dr Clair se versa un whisky. Sanders s’appuyait à la cheminée, Suzanne, cachée dans l’ombre du meuble d’ébène, lui souriait toujours, mais ce reflet de son ancienne bonne humeur semblait terni par l’atmosphère ambiguë du salon. Il se demanda si cela était dû à sa propre fatigue, mais il semblait y avoir une fausse note dans cette réunion, comme si quelque dimension inconnue se fût introduite obliquement dans la pièce. Il portait toujours les vêtements dans lesquels il avait traversé le fleuve à la nage, mais Max ne lui proposait point de se changer. Sanders leva enfin son verre et répondit à Suzanne.

— Je suppose qu’on pourrait qualifier cette expérience de merveilleuse. C’est une question de degré. Je n’étais pas préparé à tout ce qui se passe ici.

— C’est heureux, ainsi vous n’oublierez jamais. Suzanne se redressa dans son fauteuil. Ses longs cheveux noirs étaient coiffés de façon inhabituelle ; tombant en avant, ils cachaient ses joues. « Racontez-moi tout, Edward, je… »

— Ma chère, fit Max en levant la main, laisse-lui le temps de reprendre haleine. D’ailleurs, je suis sûr qu’il veut manger à présent et aller se coucher. Nous discuterons de tout cela au petit déjeuner. Et il ajouta pour Sanders : Suzanne passe beaucoup de temps à se promener dans la forêt.

— À se promener ? répéta Sanders. Que voulez-vous dire ?

— À la lisière seulement, Edward, dit Suzanne, nous sommes à l’orée de la forêt ici, mais cela suffit, j’ai vu ces cavernes de pierres précieuses. Et elle continua avec animation : Il y a quelques jours, je suis sortie avant l’aube et mes sandales commençaient à se cristalliser, mes pieds se transformaient en diamants et en émeraudes !

— Ma chère, tu es la princesse dans le bois enchanté, dit Max avec un sourire.

Suzanne fit un signe de tête, ses yeux s’attardèrent sur son mari qui regardait le tapis. Puis elle se tourna vers Sanders.

— Edward, nous ne pourrons plus jamais partir d’ici maintenant.

— Je comprends, Suzanne, fit Sanders en haussant les épaules, mais vous y serez peut-être obligée. La cristallisation ne cesse de s’étendre. Dieu seul sait quelle est la source de tout cela, mais il n’y a guère de chance d’y mettre fin.

— Pourquoi essayer ? Suzanne leva les yeux vers Sanders. Ne devrions-nous point être reconnaissants envers la forêt de nous donner un tel trésor ?

— Suzanne, fit Max, finissant son verre, tu nous fais de la morale comme une missionnaire. Tout ce que veut Edward pour l’instant, c’est changer de vêtement et manger. Il se dirigea vers la porte. Je reviens dans un instant, Edward. Votre chambre est prête. Versez-vous un autre verre.

Quand il fut sorti, Sanders remplit son verre de whisky et de soda en parlant à Suzanne.

— Vous devez être fatiguée, je suis désolé de vous avoir fait veiller.

— Pas du tout, je dors le jour à présent, Edward, j’ai décidé que nous devrions garder le dispensaire ouvert nuit et jour. Elle se rendit compte que son explication n’était guère convaincante et ajouta : À vrai dire, je préfère la nuit, on voit mieux la forêt.

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