Hal Clement - Le microbe détective

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  Dans un univers d'infiniment petits, un microbe a commis un crime et pour échapper aux foudres de la justice se sauve vers la terre.     Un microbe détective se lance à la poursuite du criminel, mais comment le retrouver ? Les microbes ne peuvent pas vivre seuls sur la terre, ils doivent se glisser dans un corps humain pour y subsister comme des parasites.     Parmi les jeunes graçons courant sur cette île du Pacifique, qui donne asile sans le savoir au microbe assassin ?     Bâtie comme un roman policier, cette histoire extraordinaire ne s'oublie pas de sitôt. On pense longtemps après l'avoir lus au microbe se glissant derrière la rétine de Bob pour surveiller les alentours. On revoit la poursuite des deux microbes dans l'eau alors qu'ils viennent de quitter les corps respectifs qui les abritaient.     Quel comportement étrange de la part de Bob, qui parle sans s'en apercevoir, dont les blessures se cicatrisent seules et qui court dans le noir sans même trébucher. Heureusement, le microbe chasseur parvient à entrer en contact avec son « abri » et a finalement le dessus, mais de peu…

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Le Chasseur estima que le samedi était une journée gâchée, à son point de vue du moins, car par la suite il devait changer d’avis. Les garçons se retrouvèrent à l’endroit prévu. Norman portait un long morceau de grillage, mais personne n’avait songé à apporter un outil capable de venir à bout des bouchons de ciment que Hay avait mis à toutes les ouvertures de son aquarium.

À l’autre bout de l’île, un nouveau réservoir était en construction et ils décidèrent de pousser une pointe jusque-là afin de voir si par hasard ils ne trouveraient pas l’outil désiré. Ils s’engagèrent donc tous ensemble sur la route qui faisait le tour de la plus grande des anses en passant devant l’école et la maison de Teroa. Mais là, au lieu de tourner vers l’appontement, ils continuèrent tout droit et, laissant derrière eux les hangars, poursuivirent leur randonnée jusqu’à l’extrémité de la route pavée. Ils arrivèrent ainsi au sommet de la plus haute des collines sans toutefois passer de l’autre côté. Devant eux et légèrement en contrebas apparaissait une rangée de petits réservoirs, construits longtemps auparavant et abandonnés depuis. Un peu plus loin, on apercevait une construction neuve, au moins aussi grande que celles qui jalonnaient le bord du lagon. Elle avait été achevée à peine un mois ou deux plus tôt et les garçons savaient que l’on était en train d’en édifier une autre tout à côté. C’était le but de leur expédition.

Aux derniers hangars la route s’arrêtait pour devenir une sorte de piste faite peu à peu sous les charrois de matériaux. Les ornières étaient si profondes que les garçons préférèrent parcourir ces quelques derniers mètres à pied et abandonnèrent leurs bicyclettes sous les buissons. Parvenus au-dessus du réservoir, ils descendirent à flanc de colline et longèrent la haute paroi pour atteindre le chantier où ils savaient trouver les ouvriers.

Comme les autres réservoirs, celui-ci était construit dans la colline qui avait été profondément entaillée. Le sol avait été aplani et recouvert de béton. Pour le moment, les terrassiers étaient occupés à construire le mur qui prenait appui sur le fond de la brèche. Les garçons constatèrent avec satisfaction que les fondations semblaient terminées, ce qui laissait supposer qu’on accepterait de leur prêter les outils dont ils avaient besoin. Tout se passa beaucoup plus facilement qu’ils ne l’espéraient. Le père de Rice accéda à leur désir et leur montra les barres à mine en les autorisant à les prendre. M. Rice avait sans doute des raisons personnelles de leur donner ce qu’ils voulaient, car la plupart des enfants de l’île entre quatre et dix-sept ans n’avaient rien à faire ce jour-là et les hommes qui travaillaient n’avaient qu’une idée : s’en débarrasser par n’importe quel moyen. Certains avaient même proposé que la classe soit rendue obligatoire sept jours sur sept afin d’être tranquilles ! Les garçons ne cherchèrent pas à analyser les raisons de leur succès et prirent les barres à mine sans tarder pour revenir à leur point de départ.

La matinée commençait bien, mais la suite des événements devait se révéler moins satisfaisante. Sans perdre de temps, ils gagnèrent le lagon et se mirent à l’œuvre. À tour de rôle ils plongeaient pour essayer d’entamer le ciment à l’aide des barres. On ne pouvait pas attaquer les bouchons de ciment du côté de la mer libre, car quiconque s’y serait risqué avait de forte chance d’être sérieusement blessé en se voyant projeté contre les arêtes aiguës des coraux. À l’heure du déjeuner, ils avaient réussi à écailler assez sérieusement le ciment pour ne pas perdre tout à fait courage, mais les résultats n’étaient guère sensibles.

Après le repas, ils se retrouvèrent, malgré tout, au même endroit, et eurent la surprise de découvrir qu’une Jeep était arrêtée non loin du lieu où leur bateau était caché. Rice et son père étaient assis dans la voiture dont l’arrière était occupé par du matériel qu’ils reconnurent au premier coup d’œil.

« Papa va nous faire sauter le ciment qui bouche les passages », cria le jeune Rice à l’approche de ses camarades. Son explication était d’ailleurs parfaitement inutile, car tous avaient compris ce qui allait se passer. « Il a pu quitter le chantier pour quelques heures pour nous aider, précisa Rice.

— Je suis prêt à tout faire pour avoir la paix, déclara alors le père. Vous allez tous rester auprès de vos vélos… Toi aussi, Kinnaird. Je vais porter les cartouches tout seul.

— Il n’y a pas de danger, répondit Bob qui voulait voir de plus près tout le matériel d’extraction et les explosifs.

— Pas de réflexion de ce genre, veux-tu ! lança M. Rice. Ton père tient essentiellement à ce que vous restiez tous assez loin pendant qu’il posera les charges et qu’il reviendra avec la boîte des détonateurs. Et il a rudement raison de ne pas vouloir vous voir traîner autour de lui. »

Sur ces paroles, M. Rice mit la voiture en marche et Bob, qui sentait qu’au fond M. Rice avait dit la vérité au sujet des volontés de son père, remonta à bicyclette et s’éloigna suivi du reste de la troupe.

La Jeep fut rangée devant la maison de Hay et le matériel débarqué. M. Rice insista pour porter lui-même les cartouches de dynamite ainsi que les détonateurs, bien que Bob ait déclaré qu’il était imprudent de tout transporter à la fois. Bob et Malmstrom se chargèrent des fils et du flotteur, puis la petite troupe partit à pied en direction de la plage. Ils s’en gagèrent nettement plus à gauche du chemin qu’ils avaient suivi le mercredi et se retrouvèrent bientôt à l’extrémité de la longue bande de sable.

À cet endroit, les récifs, de nouveau visibles, dessinaient une courbe très marquée qui, du sud à l’est, encerclait presque complètement la petite île. Vers le sud, le lagon était moins large, car les récifs n’étaient jamais à plus de cinq cents mètres de la terre et personne n’avait jamais songé à construire la moindre installation de ce côté-là. Au sud de la petite plage, à l’endroit où les coraux réapparaissaient, un passage étroit conduisant à la mer libre isolait la petite île, mais la passe était si exiguë que même une embarcation ne pouvait s’y aventurer.

C’était la « porte » dont Rice avait parlé. De loin on avait l’impression que le passage était facile, mais en regardant de plus près, on s’apercevait, comme Rice n’avait pas manqué de le faire remarquer, qu’il y avait un obstacle. Du côté de la plage, l’extrémité du passage qui recevait en plein les vagues était obstrué par un bloc de corail de plus de deux mètres de diamètre. Les tempêtes successives avaient dû l’amener d’un autre point de la côte et le rouler jusqu’au moment où il s’était calé entre des branches du récif. Les garçons n’eurent pas à regarder deux fois pour se rendre compte qu’il était impossible de bouger le bloc à la main, quoiqu’ils aient essayé de casser des morceaux de corail de chaque côté pour le faire glisser.

On pouvait, bien sûr, aller en barque dans le lagon du sud en faisant le tour de l’île, mais la route était longue et tous les garçons étaient d’accord pour estimer que l’ouverture du passage valait largement les efforts qu’ils déployaient.

M. Rice s’écarta un peu pour permettre à Colby de placer la charge. Il n’avait aucune envie de descendre sous l’eau et se contenta de donner des instructions très précises. Puis il obligea tout le monde à le suivre sous les cocotiers et à s’abriter derrière les troncs avant d’appuyer sur le détonateur. L’explosion se produisit comme souhaité. Une haute colonne d’embruns et de morceaux de corail s’éleva dans l’air, accompagnée d’un bruit sourd qui parut assez faible aux garçons. Lorsque la pluie de fragments eut cessé, tous se précipitèrent vers le passage et virent tout de suite qu’il ne serait pas nécessaire de recourir à une deuxième charge de dynamite. Du bloc qui obstruait l’entrée on n’apercevait plus qu’un morceau assez petit qui avait glissé au fond. Le reste semblait s’être dissous dans l’eau. À présent un bateau pouvait largement passer.

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