Frédéric Beigbeder - Premier bilan après l'apocalypse

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Premier bilan après l'apocalypse: краткое содержание, описание и аннотация

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L'apocalypse, serait-ce donc l'édition numérique, ou comme dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, la température à laquelle le papier se consume ? Frédéric Beigbeder sauve ici du brasier les 100 œuvres qu'il souhaite conserver au XXIe siècle, sous la forme d'un hit-parade intime. C'est un classement totalement personnel, égotiste, joyeux, inattendu, parfois classique (André Gide, Fitzgerald, Paul Jean Toulet, Salinger et d'autres grands), souvent surprenant (Patrick Besson, Bret Easton Ellis, Régis Jauffret, Simon Liberati, Gabriel Matzneff, et d'autres perturbateurs). Avec ce manifeste, c'est le Beigbeder livresque que nous découvrons, en même temps qu'une autobiographie en fragments, un autoportrait en lecteur.
Vincent Jaury, Transfuge.

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Page 133, André Blanchard nous livre son secret : « Être écrivain, c’est croire que tout peut finir en mots, et le doit, sinon ce serait invivable. » Un styliste n’a rien à raconter d’autre que son style. Son sacerdoce consiste à tordre les lieux communs, à changer les mots pour franchir les mêmes étapes que ses prédécesseurs. Le journal intime de Blanchard fait évidemment penser à ceux de Jules Renard et Paul Léautaud : pourquoi certains journaux sont-ils tellement mieux troussés que ce qu’on lit dans les journaux ? Parce que Blanchard est inactuel et se nourrit de lectures, de paysages et de souvenirs. Il raconte comment il a perdu son emploi et son éditeur, et ses vertiges, ses tremblements, et une franche maigreur (58 kilos pour 1,80 m). Il parvient à être un écrivain pauvre, maudit et provincial sans devenir bigot comme Bobin, fade comme Delerm ou prétentieux comme Michon. Il prouve que l’on peut être diariste sans être nombriliste. Confronté à l’insuccès, au dégoût de vivre, aux fins de mois difficiles et à un deuil félin (un chat de 23 ans qui aura tout de même enterré Mitterrand, Duras et Lady Di), Blanchard n’en perd pas sa capacité d’émerveillement. Ni fielleux, ni bilieux, il joue jusqu’au bout du rouleau la partition du désespoir gai, du nihilisme fugueur. Il est rare qu’on sente autant, en pleine lecture, la chance qu’on a d’être un lecteur. Le stylo d’André Blanchard est une baguette magique qui réveille les critiques blasés : tiens ? Il existe encore des livres comme ça ? Une mélancolie aussi élégante ? Une liberté aussi nonchalante ?

Réac sans être grincheux, ce misanthrope observe paisiblement la fin d’un monde, la disparition d’un savoir-vivre français qui était surtout un vouloir-vivre. Il en profite pour moissonner les phrases, narrer l’histoire d’un lent crépuscule, celui d’un Art qui disparaît. « J’en étais donc là, cahin-caha, de mon aventure ici-bas tandis qu’en cette fin 2000 le siècle achevait la sienne en un triple zéro qui, mon Dieu, n’était pas volé. » « C’est l’heure indécise de la nuit, quand en son numéro romantique la lune fatigue. Bientôt les étoiles retourneront à leur anonymat, d’où l’obscurité les a tirées. » « Cette mort qui serait parfaite si elle ne contrariait une habitude. » « Toute fidélité à soi-même part d’un refus. »

Je vais vous dire les choses carrément : j’ai honte de faire partie d’un milieu littéraire qui ignore aussi superbement ce prosateur exceptionnel. Lui-même se qualifie d’« écrivain sous le manteau » (comme Vialatte se disait « notoirement méconnu »). Diantre, qu’est-il arrivé à ce pays pour qu’un auteur de cette importance soit aussi fauché, seul et abandonné ? Tous les jours, il devrait y avoir une procession devant la maison de Blanchard (impasse de la Défense à Vesoul), une cérémonie durant laquelle tous les critiques littéraires s’agenouilleraient pour baiser les pieds de ce maître, en implorant son pardon. La littérature n’est pas un hobby désuet, car elle donne du sens à une vie qui n’en a pas.

André Blanchard, une vie

Ex-pion, ex-employé d’une galerie d’art, André Blanchard se définit lui-même comme « l’écrivain le moins lu de France ». En 2002, il avait 51 ans : un rapide calcul mental nous induit donc à penser qu’il doit avoir 60 ans en 2011. Il postule au titre de Flaubert de Vesoul (Haute-Saône) alors qu’il est plutôt un Henri-Frédéric Amiel franc-comtois. Ermite revenu de tout sans y être vraiment parti, André Blanchard tient depuis 1987 un remarquable journal littéraire qui fut d’abord publié par Le Dilettante (Entre chien et loup, 1989), puis par les courageuses éditions Erti (De littérature et d’eau fraîche, 1992 ; Messe basse, 1995 ; Impasse de la Défense , 1998 ; Petits Nuits, 2004) avant de revenir au Dilettante (Contrebande, 2007 et Autres directions , 2011). Courageuses éditions, disons-nous, car ces malheureux carnets qui regorgent de bonheurs d’expression ne se vendent pas des masses. André Blanchard n’en conçoit aucune aigreur alors qu’il a tout de même une héritière (Pauline) et un nouveau chat (Nougat) à nourrir. Participez au Blancharthon : achetez Petites Nuits afin d’aider son auteur à vivre le jour. Au passage, son livre vous y aidera aussi.

Numéro 89 : « Rapport sur moi » de Grégoire Bouillier (2002)

Ce qui rend la vie si ennuyeuse, c’est qu’elle se déroule dans l’ordre chronologique. Le passé est avant le présent qui précède le futur. 1980 ne sera jamais postérieur à 1999. Le matin a lieu avant le soir. Notre vie souffre de cette continuité. C’est ce qui rend si pénibles les récits, mémoires, confessions et autres déballages autobiographiques : ils sont souvent classés dans le même ordre que la vie. Grégoire Bouillier a trouvé un truc simple pour sortir de la banalité : déranger ses souvenirs. Il choisit de les piocher comme des photographies retrouvées dans une boîte à chaussures.

Dedans, il trouve de tout : une mère hystérique qui menace de se jeter par la fenêtre, un père qui n’était peut-être pas le vrai, un frère mort, une absence d’odorat, des fiancées folles, des partouzes incestueuses. Cette construction faussement dispersée rappelle Mon grand-père de Valérie Mréjen (peut-être à cause de l’éditeur, de la typo, de la distance triste, des drames familiaux). Elle séduit par ses constants coq-à-l’âne, ses décalages blasés, ses incongruités attachantes. Ce Rapport sur moi aurait une mauvaise note à Sciences-Po : son plan n’est pas assez orthodoxe. C’est comme si Grégoire Bouillier se regardait dans une boule à facettes de discothèque : son reflet est morcelé, éparpillé en mille miroirs miniatures, mais il suffit d’y envoyer un coup de laser et toute la piste est éblouie. Le laser, c’est son écriture ; on sent que Bouillier aime les mots. Il les savoure, les tord, les ausculte. Parfois il en fait trop, prenant certains calembours débiles pour de l’aphorisme lacanien : à quarante ans, on est en quarantaine, « Tu me plais… De quelle plaie parlez-vous ? », etc. Mais il sait les manier pour dompter sa douleur. Il a pigé que le but de la littérature n’est pas de gratter nos plaies mais de les muer en style.

De toute façon, qu’on ne s’y trompe pas : Rapport sur moi ne parle pas de Grégoire Bouillier. Rapport sur moi est un livre sur toi. On stigmatise beaucoup l’autofiction parce qu’on ne comprend pas que les écrivains qui racontent leur vie nous parlent surtout de nous-mêmes. Il y a longtemps, Blaise Pascal a déclaré : « Le moi est haïssable » et l’opinion nationale en souffre encore ; deux siècles plus tard, Victor Hugo lui a pourtant claqué le beignet en lançant : « Insensé qui crois que je ne suis pas toi » ; il a fallu attendre encore une centaine d’années pour que Louis Aragon mette tout le monde d’accord en posant la grande question : « Quel est celui qu’on prend pour moi ? » Écrire une autofiction, c’est chercher à savoir qui se cache derrière le nom imprimé en couverture du livre.

Dans cette aventure littéraire très française, Grégoire Bouillier débarque avec sa montagne de modestie (c’est une sorte de « Diet Nabe ») pour continuer le combat. Son rapport nous fait voir du pays, traverser des femmes troublantes, flirter avec la mort des autres. Mais heureusement pour lui, il ne répond pas à la question d’Aragon. Car, si l’on sait y répondre, c’est qu’on n’est pas écrivain.

Grégoire Bouillier, une vie

Grégoire Bouillier est un mec de gauche qui écrit comme un mec de droite. Sur le rabat de couverture, il affirme avoir 40 ans. Or, dans son texte, il écrit qu’il est né le 22 juin 1960, ce qui devait mathématiquement lui faire 42 ans l’année de publication de Rapport sur moi. Cela confirme ce que je pensais : la coquetterie est le principal obstacle à la vérité autobiographique. Grégoire Bouillier fait partie des trop nombreux auteurs de premiers romans noyés dans la masse de septembre 2002 (663 romans, et moi, et moi, et moi ?). Il a survécu au flot grâce à une presse unanime et au prix de Flore : rarement a-t-on vu première œuvre autant acclamée. Auparavant, on avait pu croiser sa signature dans des revues mal famées : L’Infini, la NRV… Grégoire Bouillier a passé son enfance dans le quartier des Champs-Élysées. Après Rapport sur moi, il a publié deux autres livres chez Allia : L’Invité mystère (mettant en scène notamment Sophie Calle) en 2004 et Cap Canaveral en 2008. Surveillez-le de près : il aura le prix Goncourt en 2016.

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