Fabrice Luchini - Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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Comédie française — Ça a débuté comme ça…: краткое содержание, описание и аннотация

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Il nous a fait redécouvrir La Fontaine, Rimbaud et Céline. Il incarne l'esprit et le panache de la langue française.
En prose, en vers et même en verlan, il a donné sa voix à d'immenses auteurs, auxquels il sait faire respirer l'air de notre temps — en racontant la fureur du
à l'ère du téléphone portable, ou la sensualité de
sur l'air d'une publicité pour Dim.
Il a quitté l'école à quatorze ans pour devenir apprenti coiffeur. Il est aujourd'hui l'un de nos plus grands comédiens, célébré pour ses lectures-spectacles, couronné par la Mostra de Venise pour son rôle dans son dernier film, Dans son autobiographie, Fabrice Luchini livre le récit d'une vie placée sous le signe de la littérature, à la recherche de la note parfaite.
Fabrice Luchini est né à Paris en 1951. Comédie française — Ça a débuté comme ça…

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En une heure et demie, je ne comprends pas tout mais j’entends des phrases magnifiques dont la plus belle m’a anéanti : « Le classement, le classement, le pouvoir classer, la possibilité de classer est une activité fortement socialisante. » Je sens le grain de sa voix, lui qui a écrit comme Paul Valéry sur la beauté de la voix. Le cours est terminé. Je m’approche. J’essaye de lui parler. Il y a une queue énorme. Tous les plus grands psychiatres de Paris. On se croirait à Vienne. Il ne manque que Sigmund Freud. On attend trente minutes, trente-cinq minutes. Je m’approche du bureau. Je suis à un mètre du bureau, de la chaire de Roland Barthes :

— Monsieur Roland Barthes…

— Oui ?

— Vous avez dit du bien de Perceval le Gallois

— Oui, je crois que l’époque n’a pas bien saisi le raffinement de ce film.

Je lui fais un geste pour dire que j’étais l’acteur…

— Vous êtes Perceval ?

— Oui, je suis Perceval.

Et là, il me dit :

— J’aimerais beaucoup parler avec vous. Quel est votre rapport au téléphone ?

Trente ans plus tard, dans une émission vulgaire, il y a une Miss France qui m’a donné en direct son numéro de téléphone. Tous les mecs en moto me disaient : « T’as son téléphone, tu vas la niquer ! »

Et là, je me suis souvenu de Roland Barthes qui se préoccupait de mon rapport au téléphone.

Si j’avais été cabot, j’aurais répondu : « Ambigu, Roland ! »

Mais j’ai répondu : « Normal, monsieur Barthes, hypernormal. »

Il prend un crayon, puis un papier. Il note sur la page son numéro de téléphone. Tout le Collège de France murmure : « Il a le téléphone de Roland Barthes. » Le papier arrive à ma main. Je le mets dans ma poche : « J’ai le téléphone de Roland Barthes ! »

Je n’ai jamais éprouvé une sensation comme ça. Je ne l’éprouverai plus jamais. Depuis, j’ai monté les marches à Cannes, j’ai fait soixante-quinze films, tout ça n’est rien. J’ai passé un mois et demi avec Alain Delon, c’est peu à côté du téléphone de Roland Barthes. Je quitte le Collège de France d’un pas conquérant. Un je-ne-sais-quoi de satisfait, de supérieur m’accompagne.

Trois semaines plus tard exactement. Le jour, l’heure, la minute à laquelle il m’a dit d’appeler, j’appelle. Il me répond : « Je vous attends. »

Je me précipite rue Servandoni, elle n’a pas bougé de place, elle part toujours de la place Saint-Sulpice et elle va toujours au jardin du Luxembourg. Je traverse la rue, je suis fébrile, la concierge me laisse rentrer. Je rentre, je monte les trois étages. Je frappe. La porte s’ouvre : Roland Barthes ! Roland Barthes !

Roland Barthes ! Pour comprendre, imaginez Arlette Laguiller face à Léon Trotski, ou Louis Jouvet devant Molière.

J’entre. Quelques bougies parfumées. Appartement d’un austère universitaire qui n’est pas compromis par le capital. Un appartement d’intello très haut de gamme. Simple. Pas une faute de goût. Rien d’ostentatoire. Quelques bougies parfumées comme seuls symboles d’excès. Un appartement sublime de simplicité. Je réalise, assez rapidement, que Roland Barthes, ce n’est pas un « fou des meufs ». Il ne m’accueille pas comme Jean Genet dans Miracle de la rose en me disant : « Assieds-toi sur ma bite et causons » [61] Jean Genet, Miracle de la rose, L’Arbalète, 1993. , mais je comprends très vite. J’ai les cheveux très longs. J’ai passé sept ans dans les salons de coiffure où les coiffeurs se regardaient dans la glace le matin en disant : « J’ai cent ans, c’est affreux. » Je connais cette confrérie.

Je m’assois sur une chaise. Je lui demande ce qu’il pense de la psychanalyse, du structuralisme, du matérialisme. Je lui demande ce qu’il pense de Guy Debord. Je l’accable de questions. À un moment, il me répond : « Fabrice, donnez-moi le droit de ne pas avoir d’opinion… »

Et là je fais un truc très étrange. Je lui dis : « Vous savez ce qu’il y a de génial chez vous, Roland ? » (Quel épisode de langage incroyable que de dire « Roland » à Roland Barthes) :

— Vous savez ce qu’il y a de génial chez vous, Roland ?

— Non.

— Levez-vous !

Il se lève. Je l’emmène dans l’entrée de son appartement. J’y avais repéré un portemanteau avec une veste et deux imperméables. Et sur cette veste avec les imperméables : un assez gros béret. Un béret qui m’a halluciné. Je me suis dit : « Pourquoi cet homme, ce grand raffiné a un béret, un béret de cette taille ? » Et là, au lieu d’être simple, je lui fais un truc délirant et je lui dis :

— Ça, Roland, ça monsieur Barthes, ça : ça fait sens !

Et là, il me répond :

— Quel sens ça fait ?

Et je lui dis :

— C’est dichotomique avec vous qui êtes le plus grand spécialiste de Proust, l’homme du Palace, de la mode. Quel signifiant pour ce béret ?

Il me répond :

— Mais, Fabrice, je suis basque.

Une évidence. Une platitude. J’ai fait dire à Roland Barthes « mais je suis basque ». Un truisme. Dans son appartement, je lui ai imposé un trafic associatif normal.

Retour à Paris, 18 août 2015

Gare d’Avignon TGV — 17 h 43

Croisé Olivier Besancenot et sa compagne. Apparemment, nous sommes dans le même train, mais la famille se dirige vers des compartiments très éloignés du mien. Échange très chaleureux avec Besancenot. Il est doux, sympathique, direct, fluide aussi (décidément). D’emblée, échange léger sur la question qui m’obsède : est-ce que l’épreuve de l’analyse l’éclaircirait sur sa détermination militante, Olivier Besancenot ? Première fois que je le croise. Je lui ai même fait une bise. Sorte de mini Marais dans cette gare absurde. Il le prend bien. Je scénarise la rencontre. Un gros réac qui rencontre un marxiste-léniniste, tout ça très détendu, convoquant même Daniel Bensaïd et l’hypothèse communiste développée par Alain Badiou. Tout ça sur le quai.

Le mot « hypothèse communiste » me fascine. Finie la propriété privée. L’individualisme. L’exploitation de l’homme par l’homme. Finie l’arrogance de la bourgeoisie. Finie la famille. Finies l’aliénation, l’horreur de l’injustice.

Épaté du chantier qui attend les révolutionnaires. Je glisse encore une fois le vieux Freud. Il n’est pas hostile, le Besancenot. Vraiment sympathique et vivant.

La famille est repartie dans son wagon. Je les ai trouvés assez beaux, comme ça, sur ce quai de gare d’Avignon.

Je me suis assis sur le quai avec ma compagne Emmanuelle et ma chienne Illia. J’ai repensé à l’hypothèse communiste de Badiou. Fasciné mais complètement fasciné par la tâche qui attend les révolutionnaires. Avec en prime peu d’exemples super réjouissants. Je veux bien que l’hypothèse communiste selon Badiou, ce soit finalement une idée neuve qui a à peine un siècle et que toutes les horreurs, les pogroms, les goulags, les destructions, les crimes et les millions de morts — qu’Alain Badiou reconnaît, d’ailleurs — ne doivent pas entraîner le rejet définitif de cette fameuse hypothèse communiste. C’est ce qu’il pense, Badiou. Plus nuancé, plus argumenté et plus pointu philosophiquement que ma pauvre caricature. Mais c’est comme ça qu’il voit les choses. Ça a même de l’écho, on m’a dit, aux États-Unis.

Moi, je suis mal placé ; l’idée qu’on détruise la propriété privée me produit un effroi, je dirais même une angoisse… Je ne vois pas quel autre sens à ma vie que d’avoir une maison où l’Autre ne rentre pas. C’est tellement fort que quand je vois un homme ouvrir la porte de sa baraque, même modeste, je sens qu’il veut la refermer très vite pour que, même par le regard, on ne rentre pas chez lui. Et je me dis en plus qu’il a raison de défendre jalousement son habitation. Car qui supporterait ses régressions, ses négligences, son désarroi, sa folie, sa libido ?

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